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C'est l'accroissement de la partie vasculaire, c'est-à-dire du bulbe, qu donne à l'ovaire sa forme définitive. Le bulbe formant une masse ovoïde, la couche ovigène, qui avait l'aspect d'une masse allongée en ruban, s'incurve pour recouvrir cet ovoïde: à cet effet, cette couche s'étend en surface sans augmenter d'épaisseur; elle enserre le bulbe comme dans une bourse dont l'ouverture est représentée par ce qu'on appelle le hile de l'oraire. (ci-dessus p. 465). Quant aux vésicules de cette couche ovigène, elles n'éprouvent, en général, que des modifications peu sensibles. Les ovisars, dit Sappey, sont encore, chez la jeune fille de douze à quatorze ans, ce qu'ils étaient à la fin du neuvième mois de la vie intra-utérine: leur volume cependant s'est un peu accru.

Cet accroissement est très-sensible pour quelques-uns. Il semble mene qu'au commencement de la vie extra-utérine, l'ovaire du nouveau-ne soit le siége d'une poussée analogue à celle qui se produira en lui d'une manière constante et régulière à partir de l'époque de la puberté.

De Sinety a observé que, dans les quelques jours qui suivent la naissance, on voit assez souvent un certain nombre de follicules de de Graaf qu acquièrent des dimensions considérables et forment une série de véritables kystes. Dans tous ces kystes, de Sinety a toujours trouvé des ovules; il es porté à admettre que cette poussée du côté de l'ovaire, au moment de la naissance, est en rapport avec ce qui ce produit alors du côté de la glan mammaire. Récemment, Merkel a montré que les cellules des canalicules séminifères, au moment de la naissance, présentent une augment tion de volume passagère, c'est-à-dire qu'il se manifeste vers la naissanc un phénomène semblable à celui qui s'offrira de nouveau et d'une manier complète au début de la puberté. Il se fait donc chez le male, à la na sance, une poussée toute semblable à celle qui a lieu chez la femme du co de l'ovaire et de la mamelle.

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Ces faits ne sont pas sans importance au point de vue de l'évolution ul!-rieure de l'ovaire; c'est-à-dire que l'exagération de cette poussée à l'époq de la naissance est peut-être de nature à compromettre les fonctions riques: telle est du moins la théorie de Haussmann. D'après cet auteur, « développement exagéré de follicules chez le foetus à terme déterminerait L... compression considérable pour le faible volume de l'organe et une destruct. des follicules primordiaux; cette précocité d'un phénomène physiologi pourrait donc être, dans ce cas, une cause encore inconnue d'amenorr: c'est-à-dire de stérilité.

Mais les ovisacs qui subissent cette évolution prématurée sont une ever tion ; l'immense majorité demeure jusqu'à la puberté dans l'état rudime. taire de l'ovisac à la naissance. Vu le nombre immense de ces ovis · (ci-dessus, p. 468), on est porté à se demander s'ils existent déjà à la ta sance en aussi grand nombre que chez la femme adulte, c'est-à-dire s'il n's a pas après la naissance production, par segmentation ou par tout a processus, de nouveaux ovisacs. La plupart des auteurs, Sappey, W deyer, etc., nient ce fait et considèrent la couche ovigène comme cun – nant, dès la première année de la vie, la somme totale des vésicules qu ca

est appelée à renfermer. Cependant, d'après les recherches de Kölliker, Gerlach, Balbiani, la question serait encore à revoir : Pflüger, entre autres, aurait constaté sur l'ovaire d'une jeune chatte la segmentation et la multiplication des vésicules ovariennes.

Quant à l'évolution des follicules de de Graaf et aux phénomènes dont l'ovaire est le siége à l'époque de la puberté, ils ont été étudiés à l'article GÉNÉRATION (t. XX, p. 761); nous y avons dit comment l'ovaire semble alors prendre une vie nouvelle; comment, à certaines époques se succédant avec régularité, cet organe augmente considérablement de volume par suite d'une congestion vasculaire intense de tout l'appareil génital et du développement énorme d'un ovisac; comment celui-ci se rompt, laisse échapper l'ovule qu'il contenait et devient le siége d'une cicatrisation spéciale (corps jaunes). Nous avons vu enfin comment la congestion des organes génitaux, intimement liée à la maturité de l'œuf, détermine, à l'époque où s'accomplit cette rupture, une hémorrhagie connue sous le nom de flux menstruel. Nous avons, en un mot, montré les relations entre l'ovulation et la menstruation, et nous avons vu que la fonction ovarique est le point de départ de toute la série des phénomènes qui se passent dans la sphère génitale de la femme.

Pour expliquer les rapports qui lient la menstruation à l'ovulation, Pflüger a émis, dans ces derniers temps (1873), une théorie ingénieuse fondée sur les lois de la physiologie du système nerveux. Nous l'indiquerons en quelques mots sans la discuter. Pflüger pense que les follicules produisent, en s'accroissant, une certaine pression sur les terminaisons périphériques des nerfs de l'ovaire, en sorte qu'ils amènent une certaine irritation qui se transporte dans l'appareil nerveux central, s'y accumule, et, après avoir atteint un certain degré, produit une action réflexe sous la forme de menstruation, et amène, par turgescence du bulbe ovarique, la rupture du follicule mùr.

Nous ne saurions revenir ici sur l'étude de l'ensemble de ces actes fonctionnels nous nous contenterons donc, pour compléter cette étude de l'ovaire, d'insister plus particulièrement sur quelques détails des phénomènes évolutifs dont il est le siége; pour quelques autres actes qu'il commande et qui, comme la menstruation, ont été l'objet d'articles spéciaux (roy. t. XXII, p. 299), il nous suffira de faire remarquer au lecteur que nous avons eu soin d'indiquer, dans la note bibliographique qui termine le présent article, quelques travaux plus récents sur la menstruation, et plus particulièrement sur les hémorrhagies supplémentaires des règles.

Il est important, avant d'entrer dans les questions de détail, de faire remarquer combien, selon les époques, l'importance de l'ovaire, au point de vue de la physiologie normale ou pathologique, a été diversement comprise. Si de tout temps les médecins ont reconnu le retentissement général des troubles et lésions génitales sur l'ensemble de l'organisme de la femme, les anciens ont eu particulièrement en vue l'utérus lorsqu'ils ont parlé des conséquences que ces troubles peuvent exercer sur le système nerveux : Propter uterum mulier condita, dit Hippocrate; Propter solum uterum.

connu (2, fig. 104, côté B) sous le nom de parovaire (His). Chez les femelles de quelques mammifères (chez la truie), du parovaire part un canal, connu sous le nom de canal de Gaertner, qui, longeant les cornes utérines, va se perdre sur les côtés du vagin; ce canal représente le reste du canal de Wolff. Nous avons vu que le corps innominé de Giraldès (2, fig. 104, côté A) représente chez l'homme la portion urinaire du corps de Wolff; le corps innominé de Giraldès et le parovaire de His sont donc des organes homologues, et c'est à tort qu'on indique d'ordinaire, dans les traités classiques, une homologie entre le corps de Rosenmüller et le corps de Giraldès. Pour bien préciser ces homologies, Waldeyer a proposé de donner le nom de paradidyme au corps de Giraldès et celui de paroophoron au parovaire. Nous croyons que la science se mettrait définitivement à l'abri de faciles confusions, en adoptant ces dénominations, ainsi que celle d'époophore (homologue de l'épididyme), d'autant plus que le nom de parovaire, employé par His pour désigner le reste de la portion urinaire du corps de Wolff, a été d'autre part employé par Kobelt pour désigner le corps de Rosenmüller, c'est-à-dire la partie génitale du corps de Wolfl.

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III. Migrations de l'ovaire. Nous avons décrit l'évolution embryonnaire de l'ovaire considéré en lui-même, comme s'il demeurait toujours sur le bord interne du corps de Wolff, dans la région où il a pris naissance (fig. 107); mais s'il en est ainsi pour les oiseaux et les vertébrés

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FIG. 107.

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Organes urinaires et sexuels d'un embryon de veau. Fig. A. Embryon femelle. 1, Corps de Wolff. 2, Conduit de Wolff et conduit de Muller acces 3. Ligament lombaire du corps de Wolff. 4, Ovaire. 5, Rein. 6, Capsule surrénale. génital formé par l'union du conduit de Wolff et du conduit de Muller. Fig. B. Embryon male plus âgé le testicule est enlevé à gauche. 8, Conduit de Mul'er. - 10, Test cule. 11, Ligament inférieur du testicule. 12, Ligament supericar du testicule. 13, Ligament diaphragmatique du corps de Wolf. 14, Artere ombilicale.-13, Vessie

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7. Cordal

1 à 7 comme ci-dessus.

Fig. C. Embryon femelle. 16, Ligament inférieur de l'ovaire. 18, Ouverture à l'extrémite sape rieure du conduit de Muller (d'après Kolliker).

mnférieurs, il n'en est pas de même pour les mammifères, et notamment pour l'espèce humaine. Chez l'embryon femelle, lorsque le corps de Wolff s'atrophie, ce qui a lieu dès le commencement du troisième mois ou la fin du second, l'ovaire, comme le testicule, devenus libres, quittent la région lombaire pour descendre vers le bassin; en même temps, les reins se forment derrière les corps de Wolff et se trouveront bientôt, par l'atrophie de ces derniers, occuper la place laissée libre par le départ de l'ovaire ou du testicule. Nous n'avons pas à nous occuper ici du rein, mais seulement à suivre la glande génitale dans son mouvement de descente l'ovaire s'arrête dans l'excavation du bassin, mais le testicule poursuit sa marche pour aller jusque dans les bourses. Il nous faut donc étudier ces migrations de l'ovaire, et, en même temps que sa situation, indiquer avec précision sa forme et ses rapports aux diverses périodes de la vie utérine.

De la cinquième à la sixième semaine, la glande génitale n'est représentée que par une ligne blanchâtre située à la partie interne du corps de Wolff, et à direction longitudinale, c'est-à-dire parallèle à l'axe du corps. A deux mois, la glande génitale, dont la masse saillante se dessine, prend une forme ovoïde, courte et large si elle doit évoluer selon le type måle, mais reste encore très-allongée si elle évolue selon le type femelle, si elle devient ovaire (fig. 107, A). Son grand axe est toujours parallèle à celui du corps. Mais vers la quatorzième semaine, à mesure que se fait l'atrophie du corps de Wolff, l'ovaire et la trompe changent légèrement de direction et de situation; leur axe devient oblique de haut en bas et de dehors en dedans, en même temps que l'ovaire descend pour se mettre en rapport avec la région iliaque par son extrémité inférieure, l'extrémité supérieure appartenant encore à la région lombaire. Vers la vingtième semaine, dit Puech, les changements sont encore plus accusés : la direction, d'oblique, est devenue presque horizontale, et l'organe, ayant totalement délaissé la région lombaire, descend presque complétement dans la fosse iliaque correspondante. A huit ou neuf mois, la direction de l'organe est tout à fait horizontale; l'ovaire n'occupe plus la fosse iliaque que par sa moitié externe, tandis que le reste est à l'entrée du petit bassin. Dans l'année qui suit la naissance, on a vu quelquefois l'ovaire abandonner la fosse iliaque; mais c'est habituellement vers la dixième année, et après l'élargissement rapide du bassin, que cet organe vient occuper sa place définitive et se loge complétement dans la cavité pelvienne. — D'après Puech, les deux organes accomplissent leur migration d'un pas inégal, et l'organe gauche est toujours en avance dans son mouvement de descente.

IV. Fonctions de l'ovaire : ovulation, etc. — Jusqu'à l'époque de la naissance, la couche ovigène constitue à peu près seule la masse de l'ovaire; c'est à peine si au-dessous d'elle on remarque une substance molle, d'un gris cendré, dans laquelle viennent se ramifier des artères et des veines, et qui représente le rudiment du bulbe. Mais à partir de l'époque de la naissance, le bulbe s'accroît considérablement, son tissu prend son développement spécial, tandis que les éléments de la couche ovigène ne présentent, jusqu'à l'époque de la puberté, que peu de modifications.

C'est l'accroissement de la partie vasculaire, c'est-à-dire du bulbe, qui donne à l'ovaire sa forme définitive. Le bulbe formant une masse ovoïde, la couche ovigène, qui avait l'aspect d'une masse allongée en ruban, s'incurve pour recouvrir cet ovoïde : à cet effet, cette couche s'étend en surface sans augmenter d'épaisseur; elle enserre le bulbe comme dans une bourse dont l'ouverture est représentée par ce qu'on appelle le hile de l'ovaire, (ci-dessus p. 465). Quant aux vésicules de cette couche ovigène, elles n'éprouvent, en général, que des modifications peu sensibles. Les ovisacs, dit Sappey, sont encore, chez la jeune fille de douze à quatorze ans, ce qu'ils étaient à la fin du neuvième mois de la vie intra-utérine leur volume cependant s'est un peu accru.

Cet accroissement est très-sensible pour quelques-uns. Il semble même qu'au commencement de la vie extra-utérine. l'ovaire du nouveau-né soit le siége d'une poussée analogue à celle qui se produira en lui d'une manière constante et régulière à partir de l'époque de la puberté.

De Sinety a observé que, dans les quelques jours qui suivent la naissance, on voit assez souvent un certain nombre de follicules de de Graaf qui acquièrent des dimensions considérables et forment une série de véritables kystes. Dans tous ces kystes, de Sinety a toujours trouvé des ovules: il est porté à admettre que cette poussée du côté de l'ovaire, au moment de la naissance, est en rapport avec ce qui ce produit alors du côté de la glande mammaire. Récemment, Merkel a montré que les cellules des canalicules séminifères, au moment de la naissance, présentent une augmentation de volume passagère, c'est-à-dire qu'il se manifeste vers la naissance un phénomène semblable à celui qui s'offrira de nouveau et d'une manière complète au début de la puberté. Il se fait donc chez le måle, à la naissance, une poussée toute semblable à celle qui a lieu chez la femme du côté de l'ovaire et de la mamelle.

Ces faits ne sont pas sans importance au point de vue de l'évolution ultérieure de l'ovaire; c'est-à-dire que l'exagération de cette poussée à l'époque de la naissance est peut-être de nature à compromettre les fonctions ova riques: telle est du moins la théorie de Haussmann. D'après cet auteur, le développement exagéré de follicules chez le foetus à terme déterminerait une compression considérable pour le faible volume de l'organe et une destruction des follicules primordiaux; cette précocité d'un phénomène physiologique pourrait donc être, dans ce cas, une cause encore inconnue d'aménorrher, c'est-à-dire de stérilité.

Mais les ovisacs qui subissent cette évolution prématurée sont une excep tion; l'immense majorité demeure jusqu'à la puberté dans l'état rudimentaire de l'ovisac à la naissance. Vu le nombre immense de ces ovisacs (ci-dessus, p. 468), on est porté à se demander s'ils existent déjà à la naissance en aussi grand nombre que chez la femme adulte, c'est-à-dire s'il n'y a pas après la naissance production, par segmentation ou par tout autre processus, de nouveaux ovisacs. La plupart des auteurs, Sappey, Waldeyer, etc., nient ce fait et considèrent la couche ovigène comme contenant, dès la première année de la vie, la somme totale des vésicules qu'elle

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