Page images
PDF
EPUB

à la limite opposée du système s'anastomosent rarement avec les canalicules des systèmes voisins; le plus souvent, ils reviennent sur eux-mêmes en décrivant une courbe et s'anastomosent avec des canalicules appartenant à leur propre système.

[graphic][subsumed]

FIG. 63 et 64.

C.N.DEL

Décomposition des lamelles osseuses en zone claire ct zone striée (Ranvier).

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]

Il suit de là qu'un système de Havers, avec son canal vasculaire central, ses couches de lamelles, ses ostéoplastes et ses canalicules, forme un ensemble qui jouit d'une certaine individualité; il représente en quelque sorte l'os élémentaire.

Tel est l'aspect général que présente le tissu compacte dans le corps des os longs.

La même disposition se reproduit, légèrement modifiée, dans les couches plus ou moins épaisses qui constituent les deux surfaces opposées, les deux tables d'un os large. Ce qui diffère presque uniquement, c'est l'orientation des lamelles, qui dans le corps des os longs sont parallèles à l'axe, tandis que dans les os larges elles rayonnent du centre à la circonférence.

b. Tissu spongieux. Mais lorsqu'on pratique une coupe en travers de l'une des extrémités articulaires des os longs, d'un os court ou d'un os large d'une certaine épaisseur, la conformation intérieure offre un aspect tout différent. La substance fondamentale ne s'y présente plus en couches serrées, épaisses, régulièrement stratifiées; elle s'y résout au contraire en une infinité de lamelles fines, étroites, de minces cloisons, de trabécules déliées, circonscrivant des cavités ou aréoles de dimensions variables, mais toujours visibles à l'oeil nu, qui communiquent toutes entre elles. L'ensemble de ces cloisons et de ces cavités porte le nom de tissu spongieux. Lorsque les cloisons sont excessivement déliées et les aréoles trèslargement ouvertes, on désigne quelquefois cette variété sous le nom de tissu réticulaire (Gerdy).

NOUV. DICT. DE MÉD. ET CHIR.

XXV.

14

Au fond, les deux substances, compacte et spongieuse, ne diffèrent que par la forme condensée de l'une, làche et aréolaire de l'autre. La même structure se retrouve dans les lamelles qui les constituent. Pour mieux exprimer cette relation, on a dit que la substance spongieuse est à la substance compacte ce qu'un fragment de mie de pain est à la masse condensée et serrée qu'il forme, après avoir été pétri.

Les mailles du tissu spongieux renferment, à l'état frais, un tissu particulier, le tissu médullaire dont l'étude nous occupera plus loin (voy. p. 215).

c. Répartition des deux substances. Sauf un petit nombre d'exceptions, les diverses pièces du squelette renferment à la fois du tissu compacte et du tissu spongieux; mais les deux substances sont réparties d'une manière spéciale dans les os longs, les os larges et les os courts, et la disposition qu'elles y affectent offre un certain intérêt au point de vue des applications chirurgicales et pathologiques.

[ocr errors]

1o Os longs. Diaphyse. Ainsi, les os longs ont un corps prismatique plus ou moins arrondi et deux extrémités généralement renflées. Le corps ou diaphyse est formé presque en totalité de substance compacte: le tissu spongieux y est remplacé dans la partie centrale par une cavité allongée, canal medullaire, dont la formation semble résulter de la disparition des trabécules et de la fusion des alvéoles. De forme irrégulièrement cylindrique, la cavité diaphysaire des os longs ne reproduit que très-imparfaitement la forme générale de l'organe. Elle acquiert ses plus grandes dimensions à la partie moyenne de l'os et diminue progressivement de diamètre à mesure qu'on s'avance vers les extrémités. Cette modification progressive du calibre du canal médullaire tient à l'interposition de lamelles osseuses qui, naissant de ses parois, subissent les unes avec les autres un enchevêtrement de plus en plus serré et forment cette variété spéciale désignée sous le nom de tissu réticulaire, dont les aréoles, larges d'abord. étroites plus loin, établissent une transition graduelle entre le vide de la diaphyse et le tissu spongieux des extrémités ou épiphyses.

20 Epiphyses. Os courts. Les épiphyses sont constituées, comme les os courts, par une masse de tissu spongieux revêtue d'une couche mince de tissu compacte. Non-seulement les aréoles de chacune des extrémités communiquent entre elles, mais encore les deux épiphyses sont en libre communication par l'intermédiaire du canal médulkire, dans lequel l'une et l'autre s'abouchent. Si l'on pratique une perforation aux deux extrémités du fémur, par exemple, et qu'on verse du mercure dans l'une d'elles, ie métal s'écoule par l'autre. Cette disposition anatomique mérite d'être signalée; elle rend compte de la rapidité avec laquelle l'inflammation peut envahir non-seulement la totalité du tissu spongieux d'une épiphyse, mais encore se propager par l'intermédiaire du canal diaphysaire à l'épiphys opposée, en respectant, au moins pendant quelque temps, le tissu compacte de la diaphyse.

3o Os larges. Les os larges ou plats sont formés de deux couches de substance compacte, comprenant entre elles une quantité variable de substance spongieuse. Au crâne, les deux couches de tissu compacte prennent

les noms de table externe et de table interne ou vitrée, la substance spongieuse qui les sépare s'appelle le diploé. Les portions amincies et transparentes de l'os iliaque, de l'omoplate et de quelques os du cràne sont par exception uniquement formées de tissu compacte dont les deux lames se confondent. Enfin certains os, tels que les côtes, qui, par leur forme et leurs dimensions, sembleraient appartenir à la catégorie des os longs, présentent une texture analogue à celle des os larges.

d. Composition chimique. La substance osseuse résulte de la combinaison intime d'une matière organique et de sels minéraux. Sa composition est sensiblement la même, non-seulement dans les divers os, mais aussi dans le tissu compacte et le tissu spongieux; elle présente pourtant certaines variations dont les conditions sont encore assez mal déterminées. Pour séparer les deux parties constituantes des os, on a recours tour à tour à la calcination et à l'action d'un acide énergique, ordinairement l'acide chlorhydrique. Le résidu de la première opération représente les matériaux inorganiques, et la différence de poids donne la proportion des matériaux organiques qui entrent dans la composition du fragment d'os examiné. Lorsque celui-ci est au contraire soumis à l'action de l'acide chlorhydrique, l'acide s'empare des matières salines, l'os devient plus flexible, s'amollit et ne conserve plus alors que sa trame organique dont on détermine ainsi directement le poids.

L'analyse suivante, due à Berzélius, a servi de point de départ à toutes les recherches modernes :

[blocks in formation]

La matière organique de l'os représente donc, en poids, 1/3 environ de l'os desséché; les sels minéraux y comptent pour 2,3, et parmi ces derniers, le phosphate de chaux qui joue le principal rôle équivaut à environ la moitié du poids total de l'os.

Les opinions ont varié dans la science sur la nature du principe immédiat organique qui entre dans la composition du tissu osseux. Ici encore la question de fait était intimement liée à une question de doctrine. Ainsi, la plupart des os, comme nous le verrons bientôt, passent d'abord Tetat cartilagineux; on avait donc pensé que l'ossification consistait dans un simple dépôt de matières salines au sein de la substance fondamentale

par

du cartilage, et on avait coutume de désigner la matière organique des os sous le nom de base cartilagineuse. Müller a le premier démontré que cette matière diffère de la chondrine par ses propriétés; lorsqu'elle a été soumise à l'action de l'eau bouillante, elle se prend en masse par le refroidissement et fournit une gélatine présentant la plus grande analogie avec celle du tissu conjonctif. En sorte que l'ossification ne consiste pas seulement dans une simple calcification de la substance cartilagineuse, mais dans la substitution à cette dernière d'un nouveau principe immédiat, auquel Robin et Verdeil ont donné le nom d'osséine ou ostéine et qui est regardé comme isomérique avec la géline, principe immédiat du tissu conjonctif ou lamineux.

Quant aux sels calcaires, ils paraissent unis avec la trame organique de l'os d'une manière intime; ainsi, quand on fait bouillir dans l'eau du tissu osseux qui n'a pas été traité préalablement par des acides, la matière organique ne s'y dissout qu'avec une extrême lenteur et toujours d'une manière incomplète.

Cette combinaison dé la substance organique et des sels calcaires s'opère-t-elle toujours dans les mêmes proportions, de manière à fournir un composé défini, ou bien forme-t-elle un simple mélange susceptible de variations nombreuses en rapport avec l'àge, l'espèce animale, l'individu, le régime, l'état de santé ou de maladie, etc.?

Depuis Bichat, qui admettait que le principe organique prédomine dans le tissu osseux au début de la vie et l'élément inorganique à son déclin, comme si, « en accumulant ainsi dans nos organes une substance étrangère à la vie, la nature semblait vouloir les préparer insensiblement à la » mort», cette question a donné lieu à de nombreuses recherches, à des analyses multipliées, à des résultats en apparence contradictoires.

D

L'influence de l'age a été surtout bien étudiée. Une première série d'expériences entreprises dans ce but conduisit Nelaton à émettre une conclusion opposée à celle de Bichat; mais comme le procédé d'analyse employé par lui était passible de certaines objections, il institua, avec le concours d'un anatomiste éminent, Sappey, une nouvelle série d'expériences, dont les résultats ont été formulés ainsi :

1° L'élément organique diminue et l'élément minéral augmente à me sure que les os approchent du terme de leur complet développement: 2° Ces deux éléments ne présentent plus alors ni diminution ni aug mentation et restent longtemps unis dans la même proportion;

3 Dans l'extrême vieillesse, l'élément organique augmente, tandis que l'élément minéral diminue, d'où il suit qu'ils reviennent à la proportion qu'ils offraient au début de la vie.

Non-seulement ces résultats different sensiblement de ceux recueillis par d'autres observateurs; mais, en outre, la troisième proposition semble en contradiction avec le fait bien connu de la fragilité du tissu osseux dans un âge avancé. Sappey explique ces différences et cette contradiction apparente, en faisant remarquer fort ingénieusement qu'elles peuvent être attribuées aux variations de proportion des parties molles qui sont melees

à la substance osseuse, et dont il est impossible de la débarrasser entièrement avant de la soumettre à l'analyse. Or, aux deux termes extrêmes de la vie, le système vasculaire de l'os a plus de développement que pendant l'âge adulte; dans l'enfance, pour suffire aux besoins de l'accroissement; dans la vieillesse, par suite de la raréfaction croissante du tissu osseux et de son envahissement par le tissu médullaire. Ces vaisseaux disparaissent par la calcination, et par conséquent leur poids est compté dans l'évaluation de la proportion de substance organique.

On a cherché également à établir l'influence du régime sur la composition du tissu osseux. Il était admis généralement, depuis les travaux de Chossat, que lorsqu'on prive un animal des sels calcaires qui entrent dans son alimentation normale, la proportion des principes minéraux de ses os diminue, et c'est à cette perte qu'on attribuait l'amincissement et la fragilité de leur système osseux. Les expériences instituées, en 1861, par Alphonse Milne Edwards ont ouvert la voie à une autre interprétation. Il a démontré, par ses analyses, que des oiseaux privés de sels calcaires dans leur nourriture présentaient un tissu osseux aussi riche en sels minéraux que des oiseaux de même espèce laissés au régime ordinaire, mais que le poids de leurs os avait diminué, ce qui semblerait indiquer qu'il se produit, dans les cas de ce genre, une sorte de résorption en masse de la substance osseuse, d'où un nouvel argument en faveur de l'opinion qui considère cette substance comme un composé défini.

II. Périoste. L'étude du périoste a acquis dans notre siècle une importance de premier ordre. Son rôle dans la production et la régénération du tissu osseux, exagéré par les uns, amoindri par les autres, est incontestable.

Il se présente sous l'aspect d'une membrane d'un blanc grisâtre, brillante et nacrée sur certains points; il forme l'enveloppe immédiate des os, comme le périchondre celle des cartilages temporaires et permanents.

Sa résistance est, en général, considérable; son épaisseur, variable suivant les régions, dépasse rarement 1 millimètre, à l'état sain, et atteint exceptionnellement 2 millimètres; c'est sur l'apophyse basilaire de l'occipital, siége des polypes naso-pharyngiens, qu'il est le plus épais et le plus résistant, tandis qu'il se réduit au contraire à sa plus extrême minceur sur les parois des cavités creusées dans les os de la face.

Le périoste, en s'appliquant à la périphérie des os, ne les entoure pas cependant d'une manière complète. Sur les points qui donnent attache aux aponévroses et aux tendons, il se confond avec ceux-ci pour adhérer intimement au tissu osseux. Arrivé sur la limite des surfaces articulaires, il abandonne l'os pour faire place au cartilage, et, après s'être confondu avec les ligaments péri-articulaires, se reconstitue en enveloppe autour de l'os voisin. Ces connexions étroites du périoste avec les tendons, les ligaments et les aponévroses l'ont fait regarder par Bichat comme étant à la fois le centre du système fibreux et une sorte d'étui qui renferme immédiatement tout le squelette.

Sur certains os superficiels, tels que le tibia, la surface externe du

« PreviousContinue »