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à bas bruit, sans réaction, et après un refroidissement. Dira-t-on que la diphthérie est une affection locale? Que devient d'ailleurs cette doctrine. dans le cas où des accidents sérieux ou même graves se développent au début ou dans le cours de la maladie (symptômes cérébraux, typhoïdes, etc.), et qu'est-ce que cette affection locale qui peut atteindre successivement ou en même temps un bon nombre d'organes analogues par leur structure ou leurs fonctions, et dispersés dans toute l'économie? Pour d'autres pathologistes, l'oreillon est une maladie générale, et ses différentes expressions sont les manifestations multiples d'un agent unique. Le fait de la contagion, qui nous paraît indéniable, donne raison à ces derniers. On a voulu serrer le problème de plus près et rapprocher les oreillons de telle ou telle maladie générale. C'est avec les fièvres éruptives que la maladie a les analogies les plus frappantes. Colin a réuni et discuté, dans un récent travail, les arguments que l'on peut faire valoir en faveur de cette opinion comme dans les fièvres éruptives, contagion, immunité conférée par une première atteinte, fréquence chez les jeunes sujets, évolution lente, successive des épidémies au milieu d'une population. Un argument très-sérieux est la simultanéité entre les épidémies de fièvres éruptives et celles d'oreillons, et la communauté de conditions. météorologiques qui favorisent leur développement. Les constitutions médicales au milieu desquelles se développe la maladie à oreillons, présentent des analogies frappantes avec celles d'où procèdent les fièvres éruptives, et l'état catarrhal coïncide avec la première comme avec les autres; de plus, dans les deux cas, les manifestations se rapprochent plus de la fluxion, de l'hyperhémie que de la phlegmasie. L'affinité des oreillons et des fièvres éruptives avait été pressentie au siècle dernier, et à propos d'une bien rare complication, l'anasarque, Pratolongo demande à Borsieri si l'on ne peut mettre les ourles au rang des fièvres éruptives. C'est à tort que l'on essaierait d'établir un rapprochement plus complet; il y a affinité entre les ourles et les fièvres éruptives, c'est forcer les analogies que de tenter une assimilation absolue.

Ainsi, l'existence d'accidents nerveux graves au début, la présence d'une rougeur de la gorge rarement signalée, le fait également rare d'une desquamation à la fin de la maladie, l'anasarque, notée autrefois par Pratolongo, récemment par Léon Colin et L. Renard, avec ou sans albuminurie, tous ces symptômes, groupés artificiellement, ont suggéré l'idée d'une parenté étroite ou d'une identité des oreillons et de la scarlatine. Cette opinion ne soutient pas l'examen, non plus que celle qui rapproche les oreillons de la fièvre typhoïde, ou même les identifie, en se fondant sur l'apparition des accidents typhoïdes.

Pour Bergeron, l'oreillon est une affection rhumatismale. « Singulière maladie, dont on pourrait dire, si elle n'était contagieuse, qu'elle affecte toutes les allures du rhumatisme articulaire aigu, se localisant, commelui, de préférence sur les tissus cellulo-fibreux et fibro-séreux, et particulièrement sur celui qui enveloppe les glandes superficielles; douée, comme lui, d'une mobilité qui, des parotides, son siége de prédilection, la fait

passer brusquement tantôt sur les enveloppes du testicule, et c'est le cas le plus ordinaire, ou sur celles de la glande vulvo-vaginale, parfois même sur la glande mammaire elle-même; tantôt sur les bourses synoviales, sur le tissu fibreux des muscles et sur les méninges; comme lui enfin, n'étant le plus souvent qu'une simple fluxion, mais pouvant aussi se transformer en une phlegmasie franche, et se terminer par suppuration.» (Bergeron, Rapport, à l'Académie de médecine, sur les épidémies qui ont régné en France pendant l'année 1865.) Ajoutons, en faveur de cette hypothèse, qu'on a noté, dans quelques cas d'oreillons, des douleurs articulaires et que les conditions atmosphériques favorables à l'éclosion des oreillons sont également propices au développement des affections rhumastismales. Ce rapprochement ingénieux autant que séduisant, et qui a pour lui l'autorité d'un médecin éminent, est néanmoins passible de sérieuses objections. La dyscrasie urique n'a jamais, que nous sachions, été signalée chez les sujets atteints d'oreillons, comme elle l'a été si souvent dans le rhumatisme; lorsqu'on les a saignés, on n'a pas constaté l'état couenneux du sang; dans les oreillons, le cœur n'est jamais pris, ce qui n'est pas moins opposé aux allures habituelles du rhumatisme que l'absence si nettement établie des récidives. Le rhumatisme est diathésique, constitutionnel, souvent héréditaire, lié à une dyscrasie permanente; il n'est pas l'attribut d'un àge limité, et n'est ni épidémique ni contagieux.

Nous admettons donc que les oreillons constituent une affection générale, aiguë, spécifique, analogue aux fièvres éruptives. Quelle est la nature des déterminations locales? Siégent-elles dans la glande ou dans son enveloppe celluleuse? La mobilité des symptômes locaux, qui passent rapidement d'un point à un autre, et la rareté extrême de la suppuration ne permettent pas de s'arrêter à l'idée d'une phlegmasie franche; la mollesse de la tumeur parotidienne, le peu d'intensité de la douleur à la pression, sont plutôt le fait d'une fluxion active. Quant au siége de cette fluxion, il est très-discutable, l'anatomie pathologique n'a pas fait connaître la nature des tissus atteints; les autopsies sont infiniment rares, et d'ailleurs leurs résultats sont peu concluants. Dans un cas récent, rapporté par Jacob, et terminé par la mort, l'examen des glandes parotides, dù à Ranvier, fut négatif aucune trace d'inflammation dans la glande ni dans sa gangue conjonctive. Il est probable, comme le pense Rilliet, que la fluxion atteint non-seulement le tissu cellulaire, mais les vaisseaux et la glande elle-même. I paraît difficile d'accepter que la maladie à oreillons, dont toutes ou presque toutes les manifestations siégent au niveau des glandes, ne frappe que les éléments communs de la région et n'atteigne pas le tissu glandulaire. Dans quelques autopsies pratiquées par Virchow, on a trouvé les grains glanduleux de la parotide saillants et rougeâtres, leur cavité pleine de muco-pus, et le tissu cellulaire péri-glandulaire congestionné et infiltré de sérosité. La récente observation, publiée par Léon Colin, dans laquelle les oreillons ont abouti à une néphrite parenchymateuse constatée à l'autopsie, est favorable à l'hypothèse de lésions du tissu des glandes elles-mêmes.

Comment expliquer, dans l'hypothèse d'une maladie générale, la fluxion si fréquente, et si souvent exclusive des parotides? Par l'activité plus grande de ces glandes, de même que, dans le rhumatisme, les articulations. le plus souvent prises sont celles qui agissent le plus (Peter). Ce qui a lieu pour le testicule dans la maladie à oreillons, confirme cette explication: tant que la glande séminale ne fonctionne pas, avant la puberté, l'orchite épidémique est inconnue, et ce n'est qu'avec l'apparition des fonctions viriles que le testicule commence à jouer un rôle dans les oreillons.

Traitement. — Comme les fièvres éruptives, la maladie à oreillons se juge seule; elle n'attend de la thérapeutique qu'un faible secours, et l'on doit se garder d'en troubler l'évolution par une intervention intempestive. Dans les cas ordinaires, les malades seront tenus au lit, à l'abri du froid et de l'humidité. On soustraira les parties atteintes à l'action de l'air, en les enveloppant de flanelle ou d'ouate; dans le cas de douleurs vives des parties fluxionnées, on appliquerait des cataplasmes ou des liniments laudanisés ou belladonés. Un éméto-cathartique, de légers laxatifs (eau de Pullna, de Birmenstorf, huile de ricin) auront raison de l'embarras gastrique qui accompagne si souvent les oreillons. En présence d'accidents nerveux plus effrayants que dangereux, le médecin devra savoir attendre. et se garder d'une intervention trop active. L'indication des révulsifs est formelle, et dans beaucoup de cas leur efficacité est évidente; l'on tirera également de bons effets des excitants diffusibles et des sudorifiques (infusions aromatiques, acétate d'ammoniaque, Jaborandi, etc.). Les émissions sanguines n'ont pas donné de résultats très-satisfaisants et peuvent augmenter l'anémie de la convalescence.

La fluxion testiculaire exigera l'emploi de moyens analogues: fomentations émollientes, cataplasmes, etc. Il est important de maintenir, à l'aide d'une feuille de carton, les organes dans une position élevée, en évitant avec soin toute espèce de compression.

Quelle médication opposer à l'atrophie testiculaire? Grisolle conseille la stimulation des parties malades: applications topiques, excitantes, (baume de Fioraventi, liniment térébenthiné, eau-de-vie camphrée, etc.). L'électrisation a été employée; toutefois, comme l'a établi Duchenne (de Boulogne), on ne devra employer que des courants modérés et intermittents, sous peine de voir se développer des névralgies intenses et rebelles.

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Eug. D'HEILLY.

OREZZA (Corse, canton de Piedicroce), à 30 kilomètres de Bastia, sur la rive droite du Fiumalto, à quelque distance de la mer.

Il n'y a point d'établissement sérieux; les gens du pays qui viennent boire à la source logent dans les villages. La distance et la nécessité de passer la mer sont des obstacles à la création d'une ville d'eaux. La prospérité d'Orezza, son avenir, reposent entièrement sur l'exportation qui a pris un grand développement à Paris, Lyon, Marseille, en Italie et jusqu'en Orient. On a atteint le chiffre de 4 à 500 000 bouteilles par an.

Le pays est montagneux, l'altitude de 600 mètres, le climat méridional; mais ces questions ont peu d'intérêt, du moment qu'on n'y envoie point de malades. L'origine des eaux mérite, au contraire, de nous arrêter.

On sait que la zone occidentale de la Corse est granitique, tandis que la

zone orientale est crétacée ou tertiaire, avec des roches éruptives de serpentine ou d'euphotide, comme en Toscane. Orezza est entre deux crètes serpentineuses. La source principale sort d'une fissure du calcaire marneux, à 1 mètre au-dessous du sol.

Cette source présente donc les conditions des ferrugineuses bicarbonatées; elle est en connexion avec l'activité volcanique dont témoignent les roches éruptives.

Un nouveau captage lui a donné plus de fixité, en la mettant à l'abri des infiltrations. L'embouteillage, exécuté avec plus de soin et sous pression, a beaucoup amélioré les conditions de l'eau transportée, en sorte qu'elle se trouble moins aujourd'hui; j'ai pu le constater sur les derniers échantillons.

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Propriétés physico-chimiques. L'eau présente les caractères physiques des eaux de table fortement gazeuses; sa température est de 15 degrés centigrades, moyenne du lieu; sa densité voisine de 1001; son débit de 144 mètres cubes en vingt-quatre heures, ce qui permettrait de donner des bains.

D'après l'analyse de M. Poggiale, 1853, elle renferme : acide carbonique libre ou des bicarbonates, 1248 centimètres cubes; carbonate de protoxyde de fer, 0,128; carbonates terreux, 0,676; quelques suifates et chlorures: traces de manganèse, de cobalt, de lithine; minéralisation totale, 0,819. Laprévotte et Naudin, opérant sur les lieux, avaient trouvé plus de gaz. C'est donc une source riche; Valentiner la désigne ainsi : Eine ausserordenlich gas und eisen reiche quelle.

Le mémoire de Poggiale attira l'attention de l'Académie de médecine et devint une bonne fortune pour l'eau ferrugineuse de la Corse. Depuis cette époque, il a paru quelques brochures et articles de journaux renfermant plus d'éloges exagérés que d'utiles renseignements. Poggiale avait, sans le vouloir, donné l'élan, en disant lui-même qu'aucune source ferrugineuse ne pouvait lui être comparée, qu'elle l'emportait sur Vichy en tant qu'eau gazeuse. Or, Vichy est loin d'offrir le type des eaux gazeuses. Les autres auteurs, enchérissant sur ces déclarations flatteuses, ont avancé qu'il n'existait pas, dans le monde connu, d'eau ferrugineuse pareille, etc., etc. Ils l'ont comparée à Forges, à Passy, à Cransac, qui appartiennent à une section d'eaux ferrugineuses différentes. Ils l'ont appelée eau de Seltz ferrugineuse; or, l'eau de Seltz est alcaline et chlorurée, tandis qu'Orezza est bicarbonatée calcique. Je m'arrête dans la voie de la critique; néanmoins je dois dire que tout ceci a été écrit légèrement.

Voici la vérité: Orezza appartient à la classe des eaux ferrugineuses bicarbonatées fortes; elle est notablement gazeuse, puisqu'elle renferme au delà d'un volume d'acide carbonique. Elle est moins gazeuse que Schwalbach, Pyrmont, Bocklet, etc.; elle est ferrugineuse au même degré que 'Bocklet et Konigswart; moins riche que Altwasser et surtout que Pouhon de Spa (nouvelle analyse, 0,19).

le

Comment supporte-t-elle le transport? un peu moins bien que Spa et Schwalbach. Du reste, les eaux ferrugineuses s'altèrent toutes. C'est une

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