Paris, Guillaume Chaudière, 1578, in-4 de 32 feuillets. Réimpression presque fac-simile d'un ouvrage devenu assez rare, et tirée à 102 exemplaires, dont 8 sur papier de couleur. Prix : 3 fr.; papier de couleur, 4 fr. Le grand travail qui occupait Colomb de Batines dans les derniers temps, était un Dizionario manuale di Bibliografia, qui devait former 3 vol. in-8 à deux colonnes, et qu'il allait livrer à l'imprimeur, quand la mort le surprit. A en juger par les antécédents favorables de l'auteur, on pouvait augurer que ce travail eût été plus profitable pour la bibliographie italienne que ne l'a été pour l'Angleterre le Manuel encore si incomplet de Lowndes. L'abondance des matières de ce numéro nous force à rejeter au prochain les nombreuses nécrologies des mois de février et de mars. Le rédacteur en chef, gérant, LES LETTRES FRANÇAISES EN EUROPE ET LES HISTORIENS ÉTRANGERS DE LA FRANCE. Aperçu mensuel. Les livres de provenances étrangères annoncés dans ce Bulletin se trouvent à Paris, aux adresses suivantes : Allemands. A. Franck, r. Richelieu, 67. — Fréd. Klincksieck, r. de Lille, 11. Gavelot jeune, r. des Bons-Enfants, 26. - A. Franck. Voltaire, 31 bis. Anglais. Xavier et Stassin, r. de la Banque, 22. Fréd. Klincksieck. Aug. Aubry, r. Dauphine, 16. Suisses. Joël Cherbuliez, r. de la Monnaie, 10.- Ch. Meyrueis et Cie, r. Tronchet, 2. - Grassart, r. de la Paix, 11. Les prix portés sont ceux des éditeurs étrangers. PRINCIPALES PUBLICATIONS PENDANT LE MOIS DE MARS, D'APRÈS LES FEUILLES QUOTIDIENNES. I. EN FRANCE. MM. Roret et Ce, éditeurs des Contemporains, viennent de céder leurs droits à M. Gustave Havard, qui restera dorénavant chargé de la publication de l'œuvre de M. Eugène de Mirecourt. La biographie de Mme de Girardin a paru chez le nouvel éditeur. On annonce pour la première quinzaine de mars celle de Rossini. Les Mémoires d'un Bourgeois de Paris, en six volumes, forment aujourd'hui un ouvrage complet. Ils sont remplis de détails neufs et curieux sur les événements politiques les plus récents: sur la révolution de Février, sur les hommes et sur les actes de la République de 1848, et surtout sur le coup d'État du 2 décembre 1851. On trouve dans les deux derniers volumes des documents inédits et entièrement inconnus : deux lettres de M. Guizot à M. le duc de Broglie, sur la question d'Orient; des papiers intimes et secrets de la famille d'Orléans plusieurs lettres du duc d'Orléans au duc de Ne mours; un journal de la duchesse d'Orléans, des réflexions écrites par elle sur l'éducation du comte de Paris; un rapport du général Aupick sur l'emploi que fit le duc d'Orléans du dernier jour et des dernières heures de sa vie; cinq lettres du prince de Talleyrand, une lettre du roi Louis-Philippe, datée de Dreux, le 24 février 1848, à onze heures du soir. On y remarque aussi une Notice biographique sur M. le comte de Morny; un chapitre sur les femmes et sur les salons de l'Empire, de la Restauration et de la monarchie de Juillet; enfin, une Notice biographique du peintre Decamps, écrite par lui-même. « La Presse et « le Siècle » ont accueilli des réclamations et des dénégations de MM. les généraux Bedeau et Changarnier, ainsi que de M. Thiers. D'un autre côté, MM. le général Trezel et le comte de Morny ont reconnu exacts les faits rapportés par M. Véron, dans le VIe volume de ses Mémoires d'un Bourgeois de Paris, pendant les journées de février 1848, et vers la fin de la seconde république. Le libraire Didier a publié le Discours de réception de M. Berryer et la réponse de M. de Salvandy, réunis dans une même brochure. Les deux discours ont été revus avec de nouveaux soins par leurs illustres auteurs. Le troisième volume du Cours de Littérature dramatique de M. SaintMarc Girardin a paru chez Charpentier, libraire. Voy. le compte-rendu de ce volume par M. H. Rigault, dans le « Journal des Débats » du 29 mars. Le même éditeur vient aussi de publier dans sa collection une traduction nouvelle des Mémoires de Goethe, par Mme la baronne de Carlowitz, auteur de travaux estimés, entre autres d'une excellente traduction française de la Messiade de Klopstock, que l'Académie française a couronnée il y a quelques années. Les Mémoires de Goethe n'ont jamais été traduits complétement chez nous; les premiers interprètes ont craint de les offrir in extenso aux lecteurs français, en raison des détails où l'auteur est entré sur la composition de ses ouvrages et des développements qu'il a donnés à ses théories sur l'art en général. Goethe, le plus réaliste des poètes modernes, s'est en effet complu dans ses Mémoires à indiquer minutieusement les sources de ses inspirations et les mouvements de son esprit, jusqu'à la complète production de chaque œuvre. Mais c'est précisément ce travail intérieur de l'âme et du cerveau du grand poète allemand qu'il est curieux pour nous de connaître, et auquel on attache un grand prix aujourd'hui. Aucune œuvre de Goethe n'a été composée fortuitement, chacune a eu sa raison d'être, que l'auteur fait connaître, et qui a donné à toutes une si profonde réalité. Les Mémoires de Goethe sont curieux par d'autres côtés. Ses voyages, son long séjour à la cour de Weymar, ses rapports avec tous les hommes remarquables de son temps et ses jugements sur eux, en un mot le tableau de cette longue existence à la fois si calme et si remplie, tout dans ses Mémoires est d'un grand et puissant intérêt. C'est le commentaire obligé, la clef de toutes ses œuvres. F. CAMUS (J. des Déb., 28 févr.). C'est une œuvre de grand courage et de grande force que d'écrire une histoire de France, une œuvre que beaucoup avaient commencée, « que personne encore n'avait achevée », a dit M. Villemain en couronnant au nom de l'Académie française l'Histoire de France de M. Henri Martin. Ce livre, deux fois honoré du prix Gobert comme l'ouvrage le plus savant et le plus éloquent sur l'histoire de France, est aujourd'hui complétement terminé, et l'éditeur en commence une quatrième édition. Cette édition, qui a été revue avec le plus grand soin et entièrement refondue dans plusieurs de ses parties, formera 16 volumes in-8 (cavalier) qui paraîtront de mois en mois à partir du 1er mars. Le premier volume, qui contient un tableau absolument neuf des idées, des mœurs, de la religion de l'ancienne Gaule, vient d'être mis en vente à la librairie Furne et Ce. F. CAMUS (Journ. des Débats, 6 mars. ). C'est au sixième siècle de nos annales que M. Henri Martin s'arrête dans le premier volume de son Histoire de France. Le tome second, qui a paru à la librairie Furne le 1er avril, comprend les sixième, septième, huitième, neuvième et dixième siècles, et en partie par conséquent le tableau de la France féodale. Ainsi se continuera, par volumes publiés de mois en mois la quatrième édition de ce beau livre, couronné par deux sections de l'Institut. Le troisième volume, contenant un tableau entièrement nouveau de la chevalerie, paraîtra le 1er mai. -Le 3 mars a paru chez M. Amyot, libraire-éditeur, rue de la Paix, une brochure fort curieuse sur les Origines de Werther et la Vie de Charlotte, par M. Armand Baschet. Les Mémoires de lady Blessington, qui viennent de paraître à Londres, et que nous annonçons dans la partie bibliographique de ce numéro, éveillent un intérêt général. Ils sont remplis de lettres très-intéressantes de Byron, Moore, Southey, Landor, Bulwer, etc., etc. Voici un simple billet de lord John Russell, de qui lady Blessington aurait voulu obtenir quelques lignes pour un de ces Keepsakes qu'elle éditait annuellement : << Ma chère lady Blessington, quoique je sois dans l'opposition (5 février 1838), j'ai la tête si embrouillée de politique que je ne puis en distraire mon esprit et le diriger vers des études plus hautes et plus agréables. Bref, je me sens tout à fait incapable de collaborer au livre de la Belle, étant presque réduit au rôle de la bête..... Voilà ce que c'est que de s'atteler au char de l'Etat ». On trouve plus loin une lettre de Bulwer, datée de Paris, et où l'illustre romancier raconte à lady Blessington comment Louis-Philippe avait à combattre une coalition de ministres déchus. Voici un extrait de cette curieuse correspondance: Les vieilles jalousies ont longtemps été assez fortes pour empêcher les grands hommes mis dehors de s'unir contre les petits hommes qui sont dedans. Mais l'ambition présente finit par l'emporter sur toutes les passions passées, et il vient de se former une ligue de tous les ministres d'hier contre les ministres d'aujourd'hui. Je veux vous dire un bon mot que m'a rapporté Mme de Lieven : prise, Je n'ai pas besoin, disait le roi en parlant des orateurs qu'il mé- Mais sire, répondit M..., s'ils ne chantent pas, ils siffleront. La publication des OEuvres complètes de Henri Heine n'est pas un fait littéraire sans importance. Disséminés par fragments dans les revues ou contenus dans des volumes complètement épuisés, les travaux de cet écrivain original, qui est à la fois un poète, un philosophe et un critique, faisait faute dans les bibliothèques. Aujourd'hui, grâce à l'édition in-18 que publie la li brairie Michel Lévy frères, cette lacune pourra être comblée, et les œuvres de Henri Heine viendront prendre place à côté des plus agréables, des plus fines et souvent des plus sérieuses. Les deux premiers volumes qui viennent de paraître contiennent en entier le livre de l'Allemagne, revu, refondu, augmenté d'un grand nombre de fragments inédits, parmi lesquels on remarque les Dieux en exil et les Aveux d'un Poète, deux curieux chapitres qui ont eu déjà un grand succès. Allemand par la naissance et presque Français par l'esprit, Henri Heine a écrit un livre supérieur sur la philosophie et la littérature de l'Allemagne. Le volume qui est sous presse et qui paraîtra très prochainement est intitulé Lutèce, et se compose de lettres inédites sur la vie sociale de Paris, sur le monde politique, littéraire, artiste, au milieu duquel l'auteur a vécu. Aussitôt après viendront les Poésies et Légendes, contenant plusieurs poèmes inédits; le volume de la France, composé de lettres sur la politique et les beaux-arts; un volume de contes et nouvelles, et les Reisebilder, ces délicieux récits de voyages, qui ont tant contribué à la renommée littéraire de l'auteur. F. CAMUS (Journ. des Débats, 9 mars). Le Musée français-anglais de M. Philippon compte déjà un nombre considérable d'abonnés. Ce journal est envoyé gratis à tous les abonnés du Journal pour rire, qui se trouvent ainsi posséder deux journaux pour le prix 'd'un seul. C'est un grand avantage pour les cafés et établissements publics. (Journ. des Débats, 9 mars.) Parmi les publications auxquelles ont donné lieu les évènements dont l'Orient est le théâtre, on cite comme particulièrement dignes d'attention les Lettres de M. Eugène Jouve, que publie M. Delhomme, libraire à Paris. Dans ses fatigantes et périlleuses pérégrinations, l'auteur a embrassé Malte, Smyrne, Constantinople, dont il donne la description la plus complète qui ait encore vu le jour; la Roumélie, les Balkans, la Bulgarie, Bucharest, les bords du Danube, et enfin le cap Chersonèse et Sébastopol. Il a séjourné pendant plus de deux mois sous les murs de cette forteresse dont le nom est destiné à vivre éternellement dans les fastes de la marine et de l'armée françaises. Il a assisté à la plupart des évènements de guerre qui ont marqué le cours de cette grande et mémorable expédition de Crimée. Les récits de l'auteur ont un cachet particulier de véracité. F. CAMUS (Journ. des Débats, 10 mars). M. Henri Prat vient de faire paraître à la librairie Didot, deux nouveaux volumes de ses Etudes littéraires et historiques, embrassant le seizième siècle. Deux ouvrages très intéressants viennent de paraître à la librairie Didier, l'un sur notre grand peintre Louis David (Louis David. Son école et son temps), par M. E.-J. Delécluse (des Débats); l'autre, sur le fameux Scanderbeg, le héros de l'Orient du quinzième siècle (l'Histoire de Scanderberg, ou Turks et Chrétiens au XVe siècle), par M. Camille Paganel. La deuxième partie des Souvenirs contemporains d'Histoire et de Littérature, par M. Villemain, dont le Journal des Débats a donné un extrait, est en vente à la librairie Didier. Ce second volume n'aura pas moins de succès que la première partie, qui vient d'être réimprimée. L'Ami des Sciences, dont le succès prend des proportions exceptionnelles, a transféré ses bureaux, 13, rue du Jardinet. S'adresser dorénavant à M. V. Meunier. Le premier volume des Mémoires de M. Dupin vient de paraître. L'auteur a joué un rôle trop important dans tous les événements politiques et dans la plupart des grandes affaires privées depuis cinquante ans pour que ses Mémoires n'obtiennent pas un véritable succès. Les Mémoires de M. Dupin ont pour éditeur et pour imprimeur M. Henri Plon, 8, rue Garancière. (Presse, 15 mars.) L'un des plus beaux monuments littéraires des anciens est l'ouvrage d'Hérodote. Ce livre embrasse l'histoire de tous les peuples connus cinq siècles avant l'ère chrétienne, et le sujet principal, celui auquel tout se rapporte dans le récit, est la première et terrible lutte de l'Asie contre la Grèce, c'està-dire contre la civilisation de l'époque. Aujourd'hui cette lutte se renouvelle. Ainsi, après vingt-trois siècles d'existence, l'Histoire d'Hérodote est presque un livre de circonstance. Tout au moins ce livre n'appartient plus seulement aux savants et aux érudits, mais encore aux curieux de notre temps qui aiment à remonter la chaîne des événements pour saisir l'esprit et la profondeur des causes. Hérodote est le père de l'Histoire. On sait comment il composa son livre. Il parcourut exprès tous les pays du monde alors connu pour rassembler sur les lieux mêmes les matériaux de son ouvrage. Se défiant du témoignage des autres, il ne s'en rapportait qu'au sien. Aussi est-il la véracité même, et les expéditions scientifiques des modernes, les découvertes récentes de l'archéologie ont confirmé la valeur et la sincérité de ses récits. L'Histoire d'Hérodote vient d'être réimprimée dans la bibliothèque Charpentier. L'éditeur a choisi la traduction du savant Larcher. C'est la meilleure. Larcher a passé sa vie à ce grand travail, qui nous permet de connaître un livre qui est à la fois la première composition historique et l'un des chefs-d'œuvre de l'antiquité. F. CAMUS (Journ. des Débats, 18 mars). Un grand scandale est donné par le Journal des Débats, dans son numéro du 17 mars, article signé Saint-Marc Girardin. Il recommande ouvertement, sans ambages, une œuvre intitulée: De l'Influence de Luther dans l'éducation du peuple, par M. Ad. Schoffer. M. Saint-Marc Girardin n'hésite pas à vanter la réforme et les réformateurs; il représente Luther comme animé de l'esprit du christianisme et du patriotisme; il va jusqu'à le comparer à Jean Gerson, et cite avec éloge ces paroles du moine de Wittemberg: « C'est faire cause commune avec le diable que d'attacher si peu d'importance aux écoles du peuple. Sont-ce les sacrifices pécuniaires qui vous effraient? Mais on dépense annuellement tant d'argent pour des arquebuses, pour des chemins, pour des digues! Pourquoi n'en dépenserait-on pas un peu pour donner à la jeunesse un ou deux maîtres d'école? Ce qui fait la prospérité d'une ville, ce n'est pas seulement que l'on assemble de grands trésors, que l'on bâtisse de fortes murailles, que l'on élève de belles maisons, que l'on possède des armes brillantes; le bien véritable d'une ville, son salut et sa force, c'est de compter beaucoup de citoyens savants, honnêtes et bien élevés ». Ainsi le Journal des Débats approuve la création d'écoles populaires; éclairer, moraliser le peuple, fût-ce dans un sens anti-catholique. Que d'orages vont s'élever contre lui dans le parti clérical! (Siècle, 18 mars.) Il vient de paraître, à la Librairie-Nouvelle, un nouvel écrit de M. Émile de Girardin, intitulé: la Paix. Cette brochure répond à la brochure qui a paru sous ce titre : le Journalisme actuel et la Lettre à l'Empereur. Ce que veut l'auteur anonyme de la Lettre à l'Empereur, c'est la grande guerre; ce que veut M. de Girardin, c'est la grande paix. Mais comment l'établir? C'est ce qu'il indique. (Ibid.) |