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Magdebourg possède aussi un établissement de bains-douches fondé par la municipalité et ouvert en mai 1848, dans une propriété dépendant de l'hôpital. Il est muni de 20 cabines, dont 12 pour les hommes. L'affluence y est telle surtout le samedi et le dimanche, que la ville se propose d'en créer d'autres analogues.

A Mayence, l'initiative des bains-douches revient également à la municipalité. L'établissement comprend trois salles; l'une pour les hommes, l'autre pour les femmes, la troisième pour les enfants des écoles; le tout renferme 21 cabines.

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La ville d'Altona a remplacé le caissier par un distributeur automatique. On y introduit une pièce de 10 pfenning et il vous rend en échange un billet d'admission et un morceau de savon. On donne ce billet au garçon de bain qui vous remet une serviette et la comparaison entre le nombre de morceaux de savon et celui des serviettes fournit un contrôle très sinple. L'établissement renferme 15 cabines: il ne reçoit que des hommes et n'est ouvert que le matin.

Le bain-douche de Brunswick a été établi par la société pour le bienêtre des classes laborieuses. Il contient 15 cellules à douches et 2 baignoires pour les hommes, 6 cellules à douches et 1 baignoire pour les femmes. Les prix sont fixés à Omare, 10 pour un bain d'aspersion, y compris l'essuie-mains et un morceau de savon, à Omare, 20 pour un bain de bai

gnoire, y compris les mêmes accessoires. Toute l'installation a coûté 27.000 mares, soit 1.125 fr. par cellule (1).

L'intérêt de premier ordre qui s'attache à la question des bains nous paraît justifier les détails un peu minutieux dans lesquels nous venons d'entrer.

2o LES DIFFÉRENTS SYSTÈMES DE BALNÉATION. Nous ne les envisagerons qu'au point de vue de l'hygiène populaire et des établissements publics. Bains en baignoires. Ce sont les seuls qui soient usités en France et, comme nous l'avons dit, ils ne résolvent pas le problème. Ils laissent

Section des Femmes

Section des Hommes

Fig. 88.

presque partout à désirer, ainsi que l'a montré M. Colin, dans sa remarquable étude sur la ville de Paris (2). L'ordonnance de la préfecture de police du 25 novembre 1885 et celle du 29 avril 1887 ont réglementé les établissements de bains, d'une façon très suffisante; il est facile de tenir la main à ce que ses prescriptions soient observées; mais on ne parviendra jamais à mettre le bain en baignoire à la disposition des classes inférieures. Il est trop dispendieux pour cela. Il faut 200t d'eau pour un grand bain en France et 227 en Angleterre. Cela suppose une dépense notable de

(1) Curt RANDEL, Das Volksbrauebad am Withelnuthor zu Braunschweig, traduit par ARNOULD in Revue d'hygiène, 1892, t. XIV, p. 489).

(2) Léon COLIN, Paris, Etude hygiénique et médicale, extrait du Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, 1885, p. 139.

combustible. Avec les frais d'installation et de personnel, la détérioration rapide des baignoires et des cabinets, l'usure et le blanchissage du linge, le prix d'un bain atteint toujours un prix très élevé. A Brunswick, comme nous venons de le voir, on parvient à en donner à Omare,20, soit 25cent, à Liverpool, ils ne coûtent que 2 pence, soit 22cent; mais ce sont là des tours de force qu'on n'est pas parvenu à réaliser en France, où le bain chaud coute au minimum, avec le linge, 30cent. C'est le prix de l'établissement de la Tour de Cysoing à Lille, qui donne 18,000 bains par an, A Paris, il est de 50cent

Piscines. Elles commencent à se vulgariser en Angleterre où l'exercice de la natation est devenu obligatoire dans les écoles de filles et de garçons; elles sont moins répandues en Allemagne, en France, en dehors de celles de Paris, on n'en trouve que dans de très rares lycées. C'est une innovation qu'on ne saurait trop recommander, comme moyen de propreté et comme exercice du corps. L'installation n'est pas très coûteuse, si l'on songe au nombre des personnes qui peuvent en profiter. Mille personnes se baignent par jour dans une piscine de moyenne dimension. Il suffit de renouveler l'eau deux fois par jour pour éviter la formation de la pellicule grasse qu'on voit flotter à la surface du bassin, quand on ne les vide qu'une fois par semaine, comme à Bruxelles. Elle ne se produit du reste, que si les baigneurs se servent de savon et son usage doit ètre sévèrement interdit. Il doit y avoir, en aval de la piscine, un petit. bassin, avec issue directe à l'égout, dans lequel on se savonne avant de passer dans le grand. C'est dans ce dernier qu'on se livre au plaisir de la natation. l'exercice le plus hygiénique et le plus utile qui soit, ainsi que nous le montrerons au chapitre de l'éducation. Les piscines de natation couvertes doivent être l'objet d'une faveur toute spéciale des administrations municipales dans toutes les villes assez importantes pour en faire

les frais.

Bains par aspersion. Ce sont les plus simples, les plus économiques et les plus pratiques. Ils permettent de se savonner et de se laver le corps à grande eau, en toute saison et à peu de frais. Ils n'exposent pas aux refroidissements parce qu'ils sont très courts; on peut même les rendre toniques parce qu'on peut les faire suivre d'une affusion froide de quelques secondes. Ils résolvent de la façon la plus heureuse, l'important problème de la propreté corporelle, pour les classes ouvrières qui en ont le plus besoin, pour les soldats, les lycéens, les prisonniers, etc.

Les bains par aspersion, quoique les Allemands en réclament l'invention (1), ont été imaginés en France. La première idée appartient au médecin-major Dunal qui la mit en pratique en 1861, à Marseille, dans son régiment. Les hommes se plaçaient par trois sous une douche froide

1) Otto LEONHARD, ingénieur à Berlin, Les nouvelles installations de bains (Gesundheits ingenieur, 1890, Nos 20, 21, 23 et 1891, No 4. Extrait dans la Revue d'hygiène, 1891, t. XIII, p. 646).

en arrosoir, se savonnaient et se lavaient pendant trois minutes (1). Ces aspersions hydrothérapiques n'étaient possibles que pendant l'été; il fallait trouver le moyen de donner le bain-douche chaud et l'honneur en revient à Merry-Delabost qui, dès 1873, en fit l'application aux détenus de la prison de Rouen et en proposa l'adoption pour tous les établissements pénitentiaires. Il n'y réussit pas, mais son heureuse invention fut reprise quelques années après par le Dr Haro, qui, de concert avec le colonel Louis, institua, au 69e régiment de ligne, un mode d'ablution analogue. Peu à peu cette pratique se répandit dans l'armée; dès 1877, M. Tollet introduisit, dans ses projets de casernements nouveaux, des installations pour bains par aspersion; enfin ils ont été rendus réglementaires par les circulaires du ministre de la guerre en date des 31 juillet 1879, 18 et 21 mai 1880, 12 août 1882, 8 mars 1886.

On s'est ingénié dans l'armée à trouver les moyens d'économiser le temps, le savon et l'eau chaude. Avec dix pommes d'arrosoir accouplées deux à deux, on peut, dans une salle de 7m sur 55m, laver de 100 à 150 hommes par heure, et ne dépenser que 6 à 10t d'eau par homme. On peut ainsi baigner tout un régiment à raison d'un centime par tête (2 .

Dans la caserne modèle de Dresde, la consommation d'eau n'est que de 2 à 3 par tête et on lave les soldats tous les huit jours. D'autres casernes ont adopté des systèmes analogues. Le ministre de la guerre prussien, par un arrêté en date du 3 décembre 1883, a réglé, dans le plus minutieux détail, le mode d'installation et le fonctionnement de ces bains et fixé l'allocation du combustible. L'eau n'est chauffée qu'en hiver.

Les bains par aspersion se sont introduits dans les écoles allemandes et notamment à Gættingue (3), à Munich, à Nuremberg, à Carlsruhe, à Altona, etc.; il en existe également dans beaucoup de villes d'Angleterre; on en établira prochainement dans les écoles de Paris; mais nous reviendrons sur cette question au chapitre consacré à l'éducation. L'administration pénitentiaire qui s'était d'abord montrée peu favorable à l'invention de Merry Delabost s'est décidée à l'appliquer dans quelquesunes de ses maisons centrales et notamment à Fontevrault. Dans les asiles de nuit de la Société Philantropique, fondés en 1879, pour les femmes et les enfants et dans ceux de la ville de Paris, on administre une douche d'eau tiède à toute personne qui y entre, on lui donne du

(1) ARNOULD, Nouveaux éléments d'hygiène (loc. cit., p. 836.

(2) C'est également dans l'armée qu'on a imaginé, pour ménager le combustible, de chauffer l'eau à l'aide de la chaleur que dégage le fumier de cheval. L'essai en a été fait au fer regi ment de chasseurs d'Afrique à Mascara et plus tard au 21o régiment de dragons à Evreux On renferme l'eau Cans des bonbonnes de grès ou de verre qu'on plonge dans le fumier. On obtient ainsi de 500 à 1.200 litres d'eau variant de 35 à 70 degrés. Cet expédient n'est plus nécessaire aujourd'hui, puisque le ministre a réglementé l'installation des bains par affusion et alloué les crédits nécessaires. La dépense est d'ailleurs minime.

(1) Pour le fonctionnement des bains-douches de l'Ecole de Gættingue, voyez: Encyclopédie d'hygiène, t. III, p. 734.

linge pour s'essuyer et on lui prête des vêtements pendant qu'on désinfecte les siens. Un hectolitre d'eau tiède chauffée par le fourneau de la cuisine suffit pour laver dix personnes. Les femmes malades ou récemment accouchées sont seules exemptes de cette ablution.

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Les bains par aspersion doivent être donnés d'une manière méthodique et expéditive. Il faut d'abord une bonne installation. La figure que nous donnons ci-contre représente celle qui a été adoptée par le jury de concours de l'Exposition de Berlin en 1890 (fig. 89) (1).

L'ajutage le plus usité est la pomme d'arrosoir. Elle ne doit pas être conique, pour que la gerbe ne s'éparpille pas. La direction de la douche ne doit être ni horizontale ni verticale. Horizontale, elle aveugle la personne qu'on douche, verticale, elle tombe d'aplomb sur la tête et rejaillit tout autour sans mouiller le corps. Le jet doit arriver obliquement de haut en bas; il ne faut pas qu'il ait une grande puissance, ni qu'il soit percutant; le nettoyage doit s'opérer par la friction et non par la force du jet. La salle d'aspersion doit

ètre maintenue à une température de 14 à 20 degrés et être pourvue d'une conduite pour l'évacuation des buées. Le baigneur commence par laisser couler l'eau, pendant quelques secondes, pour se mouiller tout le corps, puis il se savonne et achève l'ablution, en faisant de nouveau fonctionner la douche pour enlever la mousse de savon. Il se lave ensuite les pieds dans le tub et tout doit être fini en trois ou quatre minutes, de manière à ce que 15 à 20 personnes puissent passer sous la douche en

4. Ce concours auquel vingt concurrents prirent part, a fait l'objet d'une brochure intitulée: Bains pour travailleurs, vues et principes du jury pour le prix fondé par l'Union des brasseurs Allemands, par B. Knoblauch, directeur des brasseries de Bohême chez Karl Heymann, Berlin W).

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