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Tous ces organes sont enfermés dans un solide bâti, et sont mûs par une série d'engrenages placés à l'extérieur de ce bâti. La laine est pesée par quantités régulières et est étendue sur la toile sans fin qui l'amène dans l'intérieur de la batterie, où elle est reçue par les dents du grand tambour.

Le principe de la machine est le suivant : le grand tambour, placé au centre, et tournant à raison de 400 à 500 révolutions à la minute, est chargé de laine, et se meut en sens contraire d'une série de trois cylindres plus petits qui font de 30 à 40 révolutions par minute. De cette façon, aussitôt que la laine a été sai sie par les dents du grand tambour, elle arrive en contact des dents des travailleurs qui ouvrent d'une façon complète les mèches feutrées ou emmêlées. Ce travail non seulement ouvre la laine, l'assouplit et la prépare pour le graissage et pour la carde, mais encore enlève toute trace d'ordures ou d'autres impuretés que les fibres ont pu retenir après le dégraissage.

Echardonnage ou égrateronnage. A cette période du travail, certains genres de laines, les Buenos-Ayres, par exemple, sont soumis à une opération spéciale nécessitée par la présence dans la toison d'une graine appelée grateron. Cette graine, qui a la forme et les dimensions d'une fève ordinaire, est couverte de très petites épines qui s'accrochent d'une manière tenace aux fibres de la laine. Le but de l'échardonnage ou égrateronnage est d'enlever ces graterons avec peu ou point de déchets et sans nuire à la solidité et aux autres caractère de la fibre. Si l'on cardait la laine sans extraire ces graterons, il se produirait un sérieux déchet au cardage et dans le travail ultérieur. Quand l'échardonnage est imparfait, les graterons sont sujets à passer dans le boudin en portions menues et nuisent à la solidité du fil.

L'échardonnage se pratique de deux façons, soit chimiquement ou mécaniquement. Dans le premier cas, on fait tremper la laine pendant une demi-heure dans de l'eau acidulée à 4o environ au pèse-acide, après quoi on la sort du bain, on l'essore et on la soumet dans un séchoir à une température de 80° environ. Quand l'humidité de la matière est complètement évaporée, l'acide attaque les graterons, pailles, etc. et les carbonise; la laine est passée ensuite dans une dissolution alcaline (carbonate de soude) afin de neutraliser l'acide, puis séchée; dans cet état elle est prête pour l'ensimage. On remarquera que ce procédé est basé sur ce que l'acide sulfurique attaque les substances végétales et est sans action sur les fibres animales. Dans le procédé mécanique, les graterons ne sont pas détruits mais enlevés par l'action d'un battage.

La machine à égrateronner généralement en usage se compose des parties suivantes : toile et cylindres d'alimentation, ventilateur,

tablier sans fin, brosse à mouvement de rotation continu qui porte la laine sur le cylindre principal; cylindre principal armé de dents, rouleaux échardonneurs, gril, grand rouleau destiné à briser les graterons sur ce gril; et enfin, une seconde brosse pour débarrasser le cylindre de la laine échardonnée. Tous ces organes sont enfermés dans un solide bâti, ressemblant quelque peu au bâti de la batterie. La laine placée sur la toile sans fin est amenée dans l'intérieur de la machine par les cylindres d'alimentation, d'où l'action du ventilateur la pousse sur le tablier sans fin. Elle est portée ainsi devant la brosse à mouvement de rotation continu, qui s'en empare pour la céer aux dents du cylindre Pendant les révolutions de ce cylindre, le rouleau échardonneur, qui tourne en sens contraire, vient battre, fouetter et ouvrir la laine; sous cette action, les plus gros graterons viennent bientôt prendre librement à la surface du cylindre et sont brisés contre le gril par un rouleau garni à cet effet de bras armés de pointes. La distance du rouleau échardonneur au cylindre varie avec la longueur de brin de la matière. Au fur et à mesure que la laine est débarrassée des graterons elle est retirée de la machine par la brosse de sortie.

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L'épaillage chimique est généralement adop té pour les laines qui contiennent une grande quantité de graterons fins et menus, petites graines, pailles, etc. Mais on emploie presque toujours la machine à égrateronner pour les laines fines qui contiennent de gros graterons. Ce dernier procédé a l'avantage de conserver la solidité et la couleur naturelle des fibres. Graissage ou ensimage. Le dégraissage a débarrassé les fibres de leur lubrifiant naturel, le suint; si l'on passait actuellement la laine aux cardes il se produirait un déchet considérable. Après le dégraissage et le séchage, les fibres manquent d'adhésion et, sans le graissage, une grande partie serait rejetée sous forme d'évent par les différents cylindres de la machine à carder. On ensime où graisse la laine afin de réduire au minimum la production de ces déchets et aussi pour adoucir les fibres. L'addition d'un liquide onctueux facilite le glissement des filaments pendent le cardage, et par suite, préserve jusqu'à un certain point la longueur naturelle du brin.

On emploie différentes émulsions au graissage des laines. Mais l'un des meilleurs lubrifiants est l'huile d'olive. Comme elle est onctueuse au toucher et presque sans couleur, elle convient bien à cet usage. La proportion usitée est environ 16 0/0 du poids de la laine.

L'oléine ou acide oléique est aussi largement employée. Cette huile est produite en quantité considérable dans la fabrication des bougies stéariques par pression on obtient l'oléine, tandis que la stéarine sert à la confection de la bougie. Si l'oléine ainsi obtenue n'est pas bien épuréc elle contient des traces d'acide

sulfurique employé à la saponification des graisses. Cet acide a une action corrosive sur les cardes et sa présence oblige à de fréquents aiguisages et débourrages; de plus, il attaque la laine et détériore la nuance. L'emploi de bonnes huiles est donc recommandé, puisque la laine est l'élément le plus coûteux d'une étoffe et que ses propriétés doivent être préservées autant que possible dans les diverses opérations.

Le graissage de la laine se pratique le plus généralement à l'aide d'un arrosoir dont la pomme a la forme d'un grand T. On étend par terre une couche de matière que l'on arrose d'huile le plus uniformément possible; après quoi, l'on couvre d'une seconde couche que l'on huile de la même façon; et ainsi de suite jusqu'à ce que l'on ait formé un tas suffisamment élevé.

Mélange. Dans la pratique, on mélange très fréquemment à la laine une ou plusieurs matières inférieures, telles que du coton; du mungo et du coton; des bourres, etc. Le but de tels mélanges est évidemment de réduire le coût du fil et par suite le coût de l'article manufacturé. Le tissu n'est pas amélioré par l'addition à la laine de ces matières; bien au contraire, sa valeur est généralement d'autant moindre que leur proportion est plus grande. Malgré cela, les mélanges de cette nature forment la base de nombreuses variétés de tissus qui se rapprochent en caractères des étoffes de laine cardée et de laine peignée, mais qui en sont suffisamment différents pour être classés comme articles inférieurs.

Dans d'autres cas, comme dans les mélangés laine et soie, le mélange est effectué dans le but de rehausser la valeur du tissu et non dans celui de réduire son prix de revient.

Fréquemment, enfin, le mélange sert à la production de fils composés de diverses nuances de la même ou de différentes matières. Les fils mélangés que l'on obtient ainsi sont fréquemment employés par le dessinateur de nouveautés dans la fabrication d'articles de fantaisie cheviots, peignés, etc. Ces tissus tirent leur caractère spécial de la nature même des fils, qui varient en coloris avec les proportions des différentes nuances du mélange, et avec l'intensité et la richesse des teintes.

L'on voit donc que par l'opération préliminaire du mélange l'on peut varier considérablement les produits de la fabrication des tissus, d'abord comme prix de revient, puis comme diversité d'effets de nuançage.

Un ou deux exemples montreront clairement. l'influence du mélange sur le caractère du fil. Supposons que l'on demande de produire les trois mélangés suivants: gris foncé, gris moyen et gris clair. Comme le mélange de blanc et de noir donne un gris, il suffit de varier les proportions des deux nuances suivant le ton que l'on veut obtenir. Ainsi un mélange de 3 kilogr. de laine noire et ua kilogr. de laine

blanche donne le gris foncé; de 2 kilogr. de laine noire et 2 kilogr. de laine blanche le gris moyen; tandis que le gris clair s'obtient par le mélange de 3 kilogr. de laine blanche et un kilogr. de laine noire. Dans la pratique, on ajouterait probablement une petite proportion d'autres nuances afin de communiquer un ton chaud et riche au mélangé; mais ces exemples suffisent pour montrer l'effet des différentes proportions de blanc et de noir dans la production de nuances grises.

Considérons un autre exemple de caractère quelque peu différent, un mélangé olive, par exemple. On peut aisément obtenir cetle nuance en mélangeant du noir et du jaune. olive en proportions égales; le résultat ne varie pas, quelle que soit la nature de la fibre employée, laine, mungo, extract, etc. D'autres exemples sont superflus, car le coloriste le plus élémentaire comprendra qu'il n'y a pas plus de limite à la variété des filés mélangés qu'à la diversité des teintes et nuances obtenues sur la palette par la combinaison de différentes couleurs.

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Préparation du mélange. L'objet du mélange est d'entremêler les différentes fibres de façon à faciliter l'obtention d'un fil de composition uniforme; cette préparation a une grande importance et doit être soigneusement executée. Chaque fibre conserve ses caractères propres et cependant leur amalgation doit former un tout parfaitement homogène. Les différentes matières à mélanger sont passées à la batterie, puis disposées en couches régulières et successives.

Ainsi, si le mélange est composé de différentes espèces de laines d'une même nuance, l'on commence par étendre une couche régulière de plusieurs centimètres d'épaisseur d'une des laines. L'on graisse cette première couche et l'on étend une couche de la seconde laine; on graisse la seconde couche, et l'on continue ainsi de suite jusqu'à achèvement du lit. Afin de faciliter la formation d'un mélange uniforme lors du passage dans le loup, on coupe le lit verticalement à l'aide d'une fourche, et non transversalement.

Lorsqu'on fait un mélange ou teint de deux ou plusieurs nuances, soit, par exemple, de noir, de marron et de vert, l'on procede comme suit l'on étend une première couche régulière de noir; ensuite une couche de marron, puis une couche de vert; l'on répète dans le même ordre jusqu'à épuisement. L'épaisseur des couches varie avec la proportion des nuances dans le mélange; chaque couche reçoit de même un graissage proportionné à son épaisseur. Afin d'obtenir un fil régulier l'on fera bien de passer un mélange de cette nature deux ou trois fois dans le loup.

Si l'on se propose de mélanger ultérieure ment le teint ainsi obtenu à d'autres matières, telles que du coton, des déchets de soie, etc.,

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AVIS AU COMMERCE FRANÇAIS

On signale de nouveau la présence à Amsterdam d'individus qui tentent d'exploiter le commerce français, auquel ils s'adressent sous le couvert de raisons sociales imaginaires.

Nos négociants agiront donc sagement en n'accueillant qu'après enquête les commandes. qui leur seraient adressées par des personnes résidant à l'étranger et sur la situation desqutlles ils disposent d'informations incomplètes.

Cet avertissement d'un caractère général ne s'applique pas seulement à la place d'Amsterdam et l'on ne peut qu'engager les commerçants français à prendre à cet égard des renseignements complémentaires au Ministère du Commerce et de l'Industrie (Direction du Commerce Bureau des renseignements commerciaux), 80, rue de Varenne.

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FRANCE

TARIF. SURTAXE D'ENTREPOTS Laines en masse et en peaux du Cap. - Aux termes de la loi du 11 janvier 1892 (tableau C, no 682), les laines en masse et en peaux du Cap sont exemptes de la surtaxe d'entrepôt à l'importation des pays d'Europe.

On a demandé si cette immunité est privative aux laines originaires de la colonie anglaise du Cap proprement dite ou si elle doit s'étendre d'une manière générale aux laines originaires des territoires placés en la possession ou sous le protectorat de l'Angleterre dans l'Afrique australe.

Consulté à ce sujet, le Département du commerce et de l'industrie a fait remarquer que le commerce des laines applique le nom de laines du Cap aux laines produites, non seulement dans la colonie du Cap, mais aussi dans les territoires qui constituent les possessions britanniques au sud de l'Afrique.

D'un autre côté, il est pratiquement impossible de distinguer entre elles les laines de ces contrées. Elles présentent les mêmes caractères et sont disposées dans des emballages identiques.

D'après ces considérations, il a été admis que la dénomination de laines du Cap inscrite au tableau C annexé à la loi du 11 janvier 1892 doit s'entendre des laines en masse et en peaux originaires des colonies, possessions et protectorats britanniques de la région du Cap (Le Cap, Natal, baie de Walfish, Poudoland el Zoulouland).

Envoi d'é hantillons de draps et de mongoli pour garnitures et vêtements de dames, de fabrication allemande

La Chambre de commerce française de Charleroi vient d'adresser à la Chambre de commerce de Roubaix une seconde collection de 105 échantillons de draps et de mongoli pour garnitures et vêtements de dames, de fabrication allemande.

Ces échantillons seront ensuite transmis, avec ceux qui ont fait l'objet du précédent envoi, aux Chambres de commerce de Tourcoing, Sedan, Elbeuf, Reims, Vienne, Mazamet, et aux Chambres consultatives de Louviers et Lisieux.

Si d'autres institutions commerciales, Chambres de commerce, musées, etc., désiraient consulter également cette collection, il leur suffirait d'écrire à M. le Président de la Chambre de commerce française de Charleroi (Belgique). Les seuls frais à supporter seraient ceux résultant du transport des échantillons d'une ville à l'autre.

ESPAGNE

LA PRODUCTION ET LE COMMERCE DES LAINES EN ESPAGNE

On écrit de Barcelone: Il n'existe dans ce pays aucune statistique officielle en la matière et il est bien difficile de trouver une base sérieuse permettant de déterminer, même approximativement, le chiffre de la production lainière en Espagne.

Tout ce que l'on peut assurer avec une certitude à peu près complète, c'est que le rendement de ce produit est loin d'atteindre les proportions qu'on lui attribue généralement; dans tous les cas, cette branche de l'industrie agricole a perdu, à l'heure actuelle, l'importance qu'elle avait acquise dans le passé. Cet état de choses a sa raison d'être dans la transformation des cultures. Les grandes prairies naturelles où paissaient d'innombrables troupeaux ont fait place à la vigne, à l'olivier et à d'autres cultures que les propriétaires fonciers ont considérées comme plus rémunératrices.

Il en est résulté non seulement une diminution considérable du nombre des bêtes à laine, mais encore une modification dans le système de l'élevage. Les riches éleveurs dont on constatait autrefois l'existence dans la plupart des provinces de la péninsule ont aujourd'hui à peu près disparu.

En général l'élevage n'est plus regardé que comme une industrie accessoire; beaucoup d'agriculteurs entretiennent sur leurs terres quelques têtes de petit bétail par routine plutôt que par esprit de lucre et de bénéfice.

Aussi a-t-on vu disparaitre peu à peu les anciennes races espagnoles qui étaient encore très appréciées au commencement de ce siècle; c'est en vain qu'on chercherait aujourd'hui les belles qualités de laine que le commerce demandait à ce pays, il y a une quarantaine d'années. L'attention du petit éleveur se porte naturellement sur les cultures plus lucratives auxquelles il consacre presque toute sa journée, et le temps lui manque pour donner les soins les plus élémentaires à ses moutons et à ses brebis.

L'espèce ovine compte en Espagne de 15 à 20 millions de têtes. Les provinces où paissent les plus nombreux troupeaux et où par conséquent la production de la laine est le plus considérable, sont les suivantes :

Badajoz et Cacérès, dans l'Estramadure, Séville en Andalousie. Soria dans la Castille, Léon, Zamora et Salamanca dans le royaume de Léon, Saragosse, Huesca et Teruel dans l'Aragon.

Voici d'ailleurs le nombre de têtes de bétail correspondant à chacune des douze provinces où l'élevage de l'espèce ovine a le plus d'importance:

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Les laines de la péninsule sont classés en trois catégories ou qualités bien distinctes. Celies de l'Estramadure et d'une partie de la Castille sont fines et très estimées. La laine d'Andalousie constitue un produit bien inférieur au précédent; elle se distingue cependant par un bon rendement et parfois par une bonne finesse, on la désigne ordinairement sous le nom d'entre-fine.

Enfin de l'Aragon et du nord de l'Espagne on retire des laines plus grossières, donnant des rendement de 40 et même de 50 0/0; elles ont une valeur de 95 à 115 piécettes les 100 kilogr., suivant le rendement et la qualité; le commerce les consacre en général aux fourni tures militaires et aux couvertures.

Les cours auxquels est coté ce produit subissent d'une année à autre de grandes fluctuations. En ce moment, les laines fines se vendent sur cette place, à quai, à des prix variant entre 125 et 130 piécettes les 100 kil. Avec un rendement, après lavage, de 32 à 34 pour 100, qui est le rendement maximum des laines fines, ces chiffres équivaudraient à ceux de 4 piécettes 20 à 4 piécettes 30 le kilog.

Comme on l'a déjà dit, ce prix est celui de la marchandise prise à quai de Barcelone; il y a lieu de le majorer des frais accessoires, tels que commission, frais de transport et tare; par contre, le commerçant français bénéficierait aujourd'hui de la différence du change qui est de 18 0/0 environ.

D'autre part, les affaires traitées directement avec les producteurs et même avec les intermédiaires nécessitent une connaissance parfaite de cet article en même temps que la plus grande circonspection. Les achats donnent naissance à beaucoup de difficultés.

Ainsi, il est d'usage dans ce pays de faire. entrer dans les balles 10 à 15'0/0 de laines d'agneaux qui sont d'un placement malaisé. En outre, les laines espagnoles sont presque toujours très sales.

Afin d'éviter toute discussion ultérieure, l'acheteur doit bien spécifier au préalable qu'il entend refuser toute laine livrée dans ces conditions. Une autre mauvaise habitude, contre laquelle il convient de prémunir le commerce étranger, consiste à introduire dans des piles de laine, offertes comme produit de l'année, des toisons ayant deux ou trois ans d'existence. Les qualités obtenues à l'aide de cette coutume déplorable restent toujours jaunes et feutrées.

MALAGA

L'importation des tissus a subi en 1895 une diminution de 114.000 francs; il est même à craindre que cette marchandise, frappée de droits énormes, ne soit remplacée par des similaires fabriqués en Catalogne dont l'industrie du tissage se trouve en réel progrès pour les soieries, lainages et la bonneterie.

ÉTATS-UNIS

Les manufacturiers étrangers n'ont pas d'adversaires plus résolus aux Etats-Unis que les producteurs de laine et les fabricants de lainages. Au fermier qui doit, après tout, supporter la double répercussion du tarif le droit du Trésor, le boni de l'industriel protégé - on a toujours offert comme compensation le droit sur la laine et, comme équivalent de ce droit, on a inventé pour les tissus de laine étrangers une surtaxe spécifique qui s'est parfois élevée, droit initial compris, à 125 et à 150 0/0 de la valeur.

L'exagération était tellement manifeste que la réforme douanière dernière s'est faite surtout au profit du lainage, le vêtement du pauvre absolument indispensable dans un climat aux variations très dangereuses et où le thermomètre descend souvent à 20 degrés au-dessous de zéro. Le tarif du 28 août 1894 a donné la franchise douanière aux laines étrangères et a ramené à un taux, normal ici, de 45 à 50 0/0 la taxe sur le tissu importé. Les manufacturiers avaient déclaré que cette réforme serait la ruine du pays. En ce qui nous concerne, l'expérience de la première année du tarif montre que nous avons veadu beaucoup plus de laines brutes et que nous avons placé moins de lainages qu'autrefois, ce qui établirait la justesse des vues de ceux qui pronaient la réforme et disaient qu'elle donnerait un développement considérable à l'industrie nationale.

Indépendamment de la tonte indigène (126 mille 029 tonnes en suint ou 50.777 tonnes lavées) que cette industrie absorbe, celle-ci doit acheter 100 millions de kilogrammes de laine étrangère elle en a demandé 40 à l'Angleterre, 12 à la Chine, autant à la Plata, 6 en France, autant en Australie, 3 en Uruguay, 3 au Canada et 2 au Cap. Depuis 10 ans, nous n'avions pas vendu autant de laine sur les marchés de Boston et de Philadelphie. Nos laines et chiffons d'effilochage ont été moins recherchés, conséquence naturelle du meilleur marché des bonnes laines; nos déchets du peignage et du cardage se sont au contraire bien placés.

Nos tissus de laine, qui n'ont pu, du reste, s'importer aux nouvelles taxes qu'à partir du 1er janvier 1895, sont loin d'avoir retrouvé leur ancienne clientèle. Nous en vendions pour 54 millions en 1888, avant l'établissement du tarif Mac-Kinley; nous arrivions seulement à 44 3/4 millions en 1892-93; après être tombés à 22 millions l'année suivante, nous revenons au chiffre de 30 millions l'an dernier. Peut-être cette mévente tient-elle aux conditions générales du marché; peut-être aussi doit-elle être attribuée aux rivalités que nous avons dû subir.

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L'industrie américaine pourvoit, m'assuret-on, au 2/3 des besoins du pays, qui ne demande à l'étranger qu'un complément de fournitures s'élevant à près de 183 millions de

francs.

Pour la draperie d'homme, l'Angleterre est
à la tête des nations: 66 millions et demi
vendus ici par elle, contre 9 millions placés
par l'Allemagne et à peine 3 par nous. Plu
sieurs commissionnaires m'affirment que des
vendent comme draps anglais, en raison de lå
draps de Roubaix s'expédient à Londres et s'y
Vogue de ces derniers.

Les tailleurs parisiens semblent se faire un mérite de ne tenir que l'article anglais et contribuent ainsi à détourner de nos fabriques des ordres que nos ouvriers pourraient aussi bien exécuter que leurs collègues anglais en s'assurant ainsi travail et salaires. Ce qui nous reste, c'est la robe, la nouveauté pour femme, encore vonons-nous après l'Angleterre et l'Allemagne en quantités, les ventes de ces deux pays rivaux portant sur des articles de plus bas prix. Nos confections, notre bonneterie, nos tapisseries et nos passementeries de de laine conservent une assez fidèle clientèle.

Edmond BRUWAERT,

Consul Général de France.

NORWÈGE

L'abondance des laines brutes en 1894 a causé au commencement de l'année une baisse sérieuse (environ 5 0/0), suivie bientôt d'une hausse régulière et continue. En décembre, les prix étaient de 30 0/0 plus élevés qu'en janvier; cependant, les prix de vente n'ont pas suivi une marche ascendante proportionnelle. Malgré cela, on compte encore sur une situation favorable pour l'avenir.

L'importation s'est accrue et a atteint environ 1 600.000 kilog., dont un cinquième environ venant de Suède (marchandises légeres et relativement chères). L'exportation s'est élevée à 900.000 kilog. envoyés presque entièrement en Suède (marchandises lourdes et à bon marché). Une influence fâcheuse est exercée sur ces transactions par l'incertitude dans laquelle on se trouve au sujet du sort réservé à la loi douanière suédo-norwégienne.

Les fabriques de bonneterie ont travaillé. avec succès et ont soutenu avantageusement la concurrence étrangère.

(Extraits d'un rapport du Consul de

Belgique à Christi na)

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