THE NEW YORK ASTOR LENOX AND LE JACQUARD 22e ANNEE JOURNAL Abonnements: France. . . . 15 francs par ali DE L'INDUSTRIE Paraissant à ELBEUF le 15 et le 30 de chaque mois SOMMAIRE: Chronique. 1. Perfectionnements aux cardes, 2. Système « preumo-injecteur » LES ABONNEMENTS SONT REÇUS DANS LES BUREAUX No 1 CHRONIQUE Elbeuf, 15 Janvier 1895 La dernière note de la Chambre de commerce d'Elbeuf constate que, pendant le mois de décembre, la fabrication a conservé l'activité signalée dans le mois précédent. Les draps noirs ont été peu demandés. Les draps de couleur et d'administration ont conservé leur excellente situation, et les tissus cheviot et les draps pour dames ont été très en faveur. Il est sorti d'Elbeuf en décembre dernier, 346.700 kil. de draperies, et il en est entré 95.200 kil. soit un excédent de 251.500 kil. 15 JANVIER 1895. Pendant le même mois de 1893, il était sorti 352.100 kil. de draperies, et il en était entré 104.600 kil., soit un excédent de 247.500 kil., d'où une différence de 4.000 kil. en faveur de décembre 1894. Quelques affaires en exportation. A Fourmies, on a traité peu d'affaires en laines peignées pendant cette quinzaine, aux prix inchangés. Il n'y a pas encore d'arrivages en façons de peignage. On dit que les broches en façons de filature sont mieux alimentées, et les prix soutenus. Les blousses s'enlèvent facilement avec cours fermes, surtout sur les belles qualités blanches et propres encore rares. On a proposé quelques affaires en fils, mais à de mauvais prix. Ily une légère amélioration dans la demande en tissus, l'ex LAINIÈRE portation commençant à envoyer quelques propositions. A Reims, le calme s'est accentué pendant la quinzaine de la fin d'année; les prix des peignés sont restés sans changement. Les cours sont fermes pour les blousses genres propres et blanc, sans changement pour les autres sortes. L'alimentation du peignage est toujours très incomplète. Les affaires sont un peu moins actives dans la filature en laine peignée, mais les prix sont inchangés. L'alimentation de la filature à façon est à peu près normale; les prix sont soutenus. La situation de la filature en laine cardée est sans modification sur la quinzaine précédente. Les affaires en cachemires et mérinos sont peu importantes, et les prix sans changement. L'exportation continue à remettre des ordres dans les qualités communes. Petit courant d'affaires en nouveautés de laine peignée. La situation est toujours bonne en nouveautés, surtout si on envisage l'appoint apporté cette saison par l'exportation aux Etats-Unis. It s'est traité quelques affaires en flanelles, mais à des conditions toujours mauvaises pour le producteur. La situation industrielle et commerciale de Roubaix Tourcoing présente peu d'intérêt à cette époque. La vente de tissus a été à peu près nulle cette semaine. Nos fabricants ne restent cependant pas inactifs et déjà l'échantillonnage de l'article draperie pour l'hiver 1895-96 est terminé la cheviotte est entré maintenant dans la consommation courante. Pendant le mois de décembre, il a été expédié de la région de Mazamet (Labastide, Lacabarède, St Amans, Labruguière) 103.961 kil. de draps, molletons et flanelles, 622.807 kil. de laine lavée et 313.755 kil. de peaux brutes. Il est arrivé 4.674.413 kil. de peaux en laine et 137.617 kil. de laine en suint. Le mouvement commercial de la Belgique avec les pays étrangers, pendant les onze premiers mois de 1894, 1893 et 1892, s'est produit comme suit: M. de Bailliencourt donne d'abord quelques indications sur le peignage en général et analyse le travail du peigneur à la main. Il passe ensuite en revue tous les systèmes de machines qui ont été employés jusqu'ici pour le peignage. I constate qu'aucune d'elles ne réalise complètement le desideratum formulé dans un des ouvrages de M. Renouard, qui serait de produire en même temps le parallélisme des filaments, leur division et leur éparation. M. de Bailliencourt s'est proposé d'arriver à ce résultat en faisant cheminer d'une façon particulière la matière dans sa machine, de manière à lui faire subir successivement avant sa sortie les trois opérations ci-dessus mentionnées, avec le minimum de déchet possible. M. de Bailliencourt, avant d'arriver à la description de cette machine, cite les tentatives qui ont été faites dans le but qu'il poursuit, et il décrit à ce propos les peigneuses Feray d'Essonnes, Nenton, Cardon, Dossche, Cotton. - Il arrive ensuite à la peigneuse rationnelle proprement dite et il donne tous les détails relatifs à sa construction et à son fonctionnement. Les négociants et les élégants, qui exagèrent tout et croient qu'un caractère de tissu en vogue tue infailliblement tous les autres, avaient trop vite et trop généralement condamné le carreau. Il fallait, disaient-ils, le supprimer du pantalon, le diminuer ou le dissimuler dans le complet. Bref, suivant eux, le carreau avait vécu. On restait donc en face de l'uni, du petit façonné et de la rayure. Après tous les tissus dans cet esprit que l'on faisait déjà et la trop grande similitude du caractère général que les détails ne parvenaient pas à varier suffisamment, cette exclusion ne pouvait durer longtemps aussi s'empresse-t-on de toutes parts de lever l'interdit et de réclamer du carreau. Les nouveaux assortiments de couleurs admises, les différentes natures de matières que l'on accouple, la recherche de dessins un peu plus fleuris, tout permet d'offrir aujourd'hu d'agréables variétés dans divers genres d'étoffes pour complet. On fera surtout des effets à petits motifs et des carreaux ou damiers très grands; ces derniers nuancés souvent avec des teintes harmonieusement assorties, ou combinées pour rester dans le bon goût. En peigné rasé pour complet d'hiver, la fantaisie est moins grande qu'avec les autres filés. Par exemple, on fera des pointillés de soie. fine, multicolores, sur fond foncés, avec diverses croisures, des petites combinaisons à plusieurs couleurs comme nous en avons indiqué dans nos précédentes causeries; des grandes dispositions par le jeu des croisures, en carreaux, d'une seule teinte ou ornées seulement de quelques filets fins, très légers. Il faut faire aussi quelques carreaux, fonds demi-ton en teintes pures ou retors à deux nuances, et filés en rapport clairs et foncés, le tout rehaussé de soie blanche grosse. Ces tissus en peigné, fins par la nature des fils employés, sont légèrement foulés, ce qui amène à la surface un léger voile de poils, plaqué ensuite par le pressage. Ce cachet spécial dont nous avons déjà parlé et la douceur au toucher sont quelque peu appréciés. Dans ce que l'on fait en cheviotte et en cardé d'aspect brut pour complet, il y a plus de fantaisie dans les dessins, plus d'originalité dans les filets employés et de vivacité dans les couleurs. Des fils mouchetés et des retors façonnés nouveaux sont encore en usage. Souvent on tire parti du contraste des matières, unissant la laine douce à la laine rigide, l'une contractible, l'autre non; le foulage de l'étoffe, cause de retrait de la première, fait produiré à la seconde des rugosités, des boucles que le jeu des nuances modifie encore plus. Il y dans ces marchandises de très petites et de très grandes dispositions dans lesquelles on incorpore de temps en temps quelques couleurs vives pour en rehausser l'effet. Ces nuances sont, pour la plupart, choisies parmi les teintes mortes: bois, acajou, abricot, grenat, bleu, vert, etc. Naturellement les étoffes en cardé auxquelles on veut donner l'apprêt rasé ou velouté ne peuvent être faites qu'avec des matières ne bouclant pas... La mode agit sur toute chose et influe même sur les moindres détails. Pour la satisfaire, tout se transforme; mais, quels que soient les produits, les objets qu'on lui offre, il n'est pas possible de faire succéder toujours de l'inédit à la nouveauté qui passe. Les progrès modernes dans les arts mécaniques, dans la chimie, permettent d'utiliser des produits nouveaux et d'en faire des applications autrefois inconnues, ou d'établir à bon marché et en grande quantité des choses précèdemment rares et chères. Mais cela ne suffit pas. Les changements fréquents, les usages, le goût, autant de points auxquels l'innovaleur doit répondre. A ce sujet il faut reconnaître que nos ancêtres avaient l'esprit très inventif, et sans être pourvus des res sources actuelles, ils réalisaient cependant de véritables prodiges remarquables d'originalité et de goût. De temps en temps, malgré leur science, un penchant irrésistible ramène les hommes vers ce qui fit le plaisir de leurs aïeux. Il est curieux, pour l'observateur, de suivre les métamorphoses qui se produisent petit à petit, et qui ne sont souvent qu'un simple retour vers le passé. Si nous regardons dans les milieux élégants, nous voyons que pour la forme des vêtements, on revient aux redingotes 1830 et empire. Puis pour pardessus, on veut ramener le manteau de la même époque, alors d'un si agréable cachet, délaissé en France depuis un demi-siècle, mais toujours adopté en Italie et en Espagne sous le nom de «< cappa ». Si nous examinons les tissus et les dessins des anciennes collections, nous y trouvons des étoffes et des dispositions en grand nombre, aussi bien traitées que maintenant et que l'on est heureux de copier. Si, alors, la vogue en était moins rapide, la consommation ni la production n'étaient point non plus aussi élendues. Parmi les dessins les plus rudimentaires l'antique carreau noir et blanc lui même est revenu en vogue. Longtemps rangé parmi les tissus classiques, il avait disparu peu à peu. On le fait maintenant avec toutes sortes de matières, finesses et apprêts. Généralement la croisure d'endroit est en casimir (croisé 2 el 2). L'ourdissage et tissage sont 3 blancs, 3 noirs; ou 4 blancs, 4 noirs on 5 et 5; 6 et 6 ou encore 8 et 8, l'envers en plus. On emploie tour à tour du peigné très fin, de la cheviotte en fils ordinaires ou en retors très gros; la différence de finesse varie l'apparence des carreaux auxquels on donne l'apprêt rasé ou l'acpect brat. On molitie ces carreaux par des dessins dont une grande partie pour fond et en casimir et le reste (pour filet) en façonné ou par des croisures it régulières. Cela fait du noir et blanc pour tous les goûts, c'est-à-dire régulier ou en fantaisie. D'ailleurs on utilise passablement de carreaux de toutes formes pour le pantalon avec gilet en fils retors, couleurs vives en un mot, la plupart des dessins convenables pour complet, mais plus ornés, plus accentués, plus fleuris de nuances. La soie en fils relativement gros est souvent employée par groupes brillants. Elle est blanche et de teintes douces rapportant à une des couleurs sur laine employée avec. Les coloris éclatants sont peu utilisés. Comme toujours les genres excentriques de haute fantaisie sont en petit nombre. Cependant on essaie fréquemment des dessins de grande étendue aussi bien en rayures qu'en carreaux. Les tissus rayés à relief sont encore essayés sous quelques formes. Ces dessins foncés formant la suite naturelle des rayures dėjà si variées, on ne sait pas encore si le succès se prononcera tout à fait en leur faveur ; en tout cas, l'insistance des drapiers qui en demandent quelques genres à chaque saison doit éveiller l'attention des dessinateurs, car cela donnerait une voie à exploiter. (Les Tissus ). oɗ LES LAINES AU HAVRE EN 1894 La production des laines exotiques en 1894 pour Australie, Nouvelle Zélande, Cap et Plata est, suivant la circulaire de MM. H. Schkartz et Co, de Londres, en augmentation totale d'environ 4 0/0 sur l'année précédente et d'environ 2 1/2 0/0 sur 1892. On ne peut donc attribuer à ce léger accroissement, compensé du reste par la diminution évidente de l'élevage du mouton en Europe, la baisse d'environ 20 0/0 que nous constatons ce jour sur les prix de décembre 1893. La grande augmentation dans la production de plusieurs autres matières premières, telles que colons, blés, etc., l'avilissement de prix qui en résulta et la situation difficile des affaires furent les causes générales dont l'article laine cut à subir Pinfluence. tombé escomptent en plus une augmentation de production dont les prévisions ont, du reste, toujours été exagérées depuis quelques années. On peut donc penser que les débouchés attendus depuis quelques années devenant effectifs et la position de l'industrie s'améliorant par cela même, la baisse aura atteint son maximum. La position générale ne peut que s'améliorer et provoquer un mouvement d'opinion favorable à une reprise. Les transactions en disponible sur notre place ont sensiblement augnienté pendant l'année. Le peigne, tant français qu'étranger, s'approvisionna largement à notre tock de filières; la fabrique apporta également son contingent d'affaires. Le stock des laines Russie fut offert en vente publique et soldé à la parité des Plata. Les laines Buenos-Ayres de celle campagne ont été d'une ressortie inférieure à celle de l'année précédente, principalement au point de vue du conditionnement. Les provenances du Chili ont été, malgré la baisse, l'objet d'une demande régulière et continuent à être d'un facile débouché. La valeur du type tomba fin mai à 115.50 et, revenue vers le 15 août à 123 fr., sur l'annonce du vote définitif du Bill américain reperdit insensiblement l'avance acquise. Les causes générales dont il a été parlé ci-dessus ne permettant pas le relèvement de l'article, les engagements à terme se réalisèrent également en baisse sensible: octobre se liquida à 115/116 fr.; novembre à 108/109 fr.; décembre à 96/97 et janvier à 93/94 fr., cours minimum connu. Les prix aux pays de production, en présence de la demande limitée, s'établirent peu à peu à la parité des cours d'Europe. Nous clôturons l'année au cours de 98 fr. 59 pour février (nouvelle campagne). Tendance soutenue. Les ventes s'élèvent à 480.575 b. Le fonctionnement de notre marché à terme a été perfectionné par l'établissement d'un report fixe de 5 fr. d'une campagne sur la suivante (janvier-février) report établissant une détaxe fixe de 5 fr. pour toute filière de plus d'un an de tonte. Cette mesure, appliquée depuis le 1er février 1894, a contribué à augmenter nos débouchés; les acheteurs tant Français que Belges, Allemands, et Anglais visitèrent à nouveau notre place qu'ils avaient abandonnée depuis nombre d'années. Beaucoup d'affaires furent également traitées à livrer sur mois avec primes pour filières choisies permettant ainsi d'assurer la livrai |