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propice que le nôtre s'offre au déchaînement brutal des passions! La lutte des classes est prêchée comme un dogme, la haine sociale a pénétré les âmes, et si, en maints pays, le socialisme montre fièrement ses chefs, son programme, ses armées, il n'y en a aucun où l'appui de l'autorité civile. lui soit plus ouvertement accordé qu'en France, depuis quelques années.

CONCLUSION

Ce serait une illusion de croire que la réglementation du travail, si parfaite qu'on la conçoive, puisse ramener dans le monde industriel la stabilité et l'harmonie. L'organisation du travail, variable suivant les milieux et les périodes historiques, met en présence deux classes d'hommes, les maîtres et les ouvriers, dont les intérêts sont solidaires, mais que séparent trop souvent les malentendus, les préjugés et les passions. Les rapports entre ces deux classes constituent le grand problème de l'économie sociale dont la solution dépend de trois facteurs : l'initiative individuelle, les associations, et le gouvernement local, provincial et central. Nous n'avons eu à examiner ici qu'une faible part de l'intervention du pouvoir : la législation du travail. A vouloir résoudre le problème, selon le vœu de l'école socialiste, par la toute-puissance de l'État, on poursuit une œuvre chimérique contre laquelle protestent l'expérience du passé et l'observation impartiale des faits contemporains. C'est ce qui ressort de toutes les enquêtes individuelles ou collectives, officielles ou privées. Telle est aussi la conclusion qui se déga

geait en 1900 de l'exposition d'économie sociale, où les trois éléments de la stabilité et du bien-être furent excellemment mis en lumière : le patronage, l'association, l'État. Nombre de « sociologues >> enseignent aujourd'hui que le recul du patronage volontaire et de l'association libre est un progrès. Ils voient avec satisfaction les monopoles se substituer aux libertés du travail, de la bienfaisance et de l'éducation. Ils méconnaissent ainsi les conditions mêmes de la vie et du progrès social.

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Quelles que soient du reste les transformations. matérielles des sociétés, si équitable qu'apparaisse la répartition des richesses, si heureusement ordonnée que soit la vie publique, un peuple ne garde le bien-être qu'en y joignant la fidèle observance des préceptes divins. C'est pourquoi tant d'esprits divisés de croyances et de partis proclament aujourd'hui que les questions sociales sont par excellence des questions morales. Tel pays qui offre à l'observateur des salaires élevés, un travail facile et de courte durée, des institutions économiques florissantes, est souvent miné par l'alcoolisme, l'immoralité et mille besoins factices, sources de malaise prochain, d'antagonisme et de ruine. Aujourd'hui, comme à toutes les périodes de l'histoire, les mêmes causes de souffrance produisent les mêmes effets. On peut les observer chez les peuples les plus différents, anciens ou modernes, nomades ou sédentaires, agriculteurs ou industriels, rudimentaires ou policés. La nature morale de l'homme ne change pas et les conditions essentielles du bonheur sont invariables.

ANNEXES

La réglementation du travail et la
monographie d'atelier.

Afin d'apprécier la répercussion de la législation du travail sur l'industrie, il est nécessaire de joindre aux enquêtes générales les enquêtes spéciales ou monographiques; parmi celles-ci, la monographie d'atelier a déjà rendu et rend d'incontestables services. D'après le plan qu'en a tracé M. E. Cheysson, de l'Institut, la monographie d'atelier comprend deux parties : l'une économique, l'autre sociale, correspondant à deux ordres de phénomènes distincts.

Pour éclairer l'étude

1o Organisation commerciale. de l'exploitation particulière qu'il se propose de décrire et d'analyser, l'observateur doit d'abord jeter un coup d'œil d'ensemble sur le milieu, la contrée, la population. Avant de voir à l'œuvre les acteurs, il faut définir la scène et poser les décors. Le lecteur connaîtra ainsi le cadre où va se dérouler l'action, et une fois préparé par ces vues générales, il pourra mieux apprécier les détails. Après cette définition du milieu, interviendront utilement quelques notions sur l'industrie à laquelle

appartient l'exploitation dont il s'agit, sur son histoire, son acclimatation dans la contrée, sur ses transformations successives, ses fluctuations et ses crises avec l'indication sommaire de leurs causes et de leurs effets. Parmi ces causes, on s'attachera à discerner celles qui peuvent tenir à la concurrence internationale ou à la législation douanière, et l'on recherchera les indices qui permettent de conjecturer les tendances de cette industrie, ses chances d'évolution, de déclin ou de prospérité.

Après ces généralités qui dominent le sujet, on se renfermera dans l'établissement spécial qu'on étudie et l'on examinera d'abord son organisation financière, puis son organisation commerciale, avec tous les détails qu'elles comportent.

2o Organisation du travail. - Si, pour la première partie, on pouvait à la rigueur se borner à causer avec le directeur de l'usine dans son cabinet et à prendre des notes sous sa dictée, il devient au contraire indispensable, pour la seconde partie, d'entrer en contact, et en contact intime, avec l'atelier. C'est là en effet qu'on va rencontrer toutes ces questions, qui se lèvent à chaque pas devant l'observateur, et qui sont à la fois l'orgueil et l'angoisse de notre temps.

Le lecteur va pouvoir juger de l'ensemble par le cadre lui-même que nous plaçons sous ses yeux.

I.

ORGANISATION COMMERCIALE.

Généralités sur la région.

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Les lieux, le sol, l'air et

les eaux. Population. Données démographiques et ethnographiques. Répartition professionnelle des habitants. Réseau des voies de communication. Cartes.

Généralités sur l'industrie.

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Importance de cette

industrie, sa distribution géographique, son histoire,

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