(Extrait des Tableaux statistiques dressés par M. J. H. MUNNIK, COMMISSION DU GRISOU. A RAPPORT FAIT AU NOM DE LA COMMISSION DU GRISOU SUR L'EMPLOI DES EXPLOSIFS DE SURETÉ DANS LES MINES A GRISOU Par M. L. AGUILLON, Inspecteur général des Mines. L'Administration supérieure a saisi la Commission du grisou des dossiers de deux affaires. L'un est l'enquête administrative à laquelle il vient d'être procédé auprès des services locaux dont dépendent les mines à grisou les plus importantes (*) sur l'emploi des explosifs de sûreté dans les mines, et plus spécialement sur la réglementation dont ils ont été l'objet, en conformité de la circulaire du Ministre des Travaux publics du 1er août 1890. L'autre dossier concerne une proposition spéciale, formulée par le Service des Mines de Saint-Étienne au sujet de l'inscription de la composition de l'explosif sur toutes les cartouches employées dans les mines à grisou et notamment sur les cartouches d'explosifs Favier. Nous nous proposons de rendre compte de ces deux affaires, à raison de leur connexité, dans ce même rapport où nous présenterons, après avoir fait l'exposé des questions, les conclusions que la Commission du grisou a été amenée à prendre à la suite de leur discussion. (*) Les services consultés ont été ceux des arrondissements minéralogiques de Alais, Arras, Chalon, Douai, Saint-Etienne et Toulouse. Tome XVI, 12o livraison, 1899. 37 I Lorsqu'on examine la statistique des accidents mortels survenus dans les mines de France durant ces vingt dernières années et que nous rappelons dans le tableau cidessous (*), on ne laisse pas d'être frappé de l'accroissement considérable de sécurité qu'elle dénote dans les mines de combustibles depuis et y compris l'année 1892. Si l'on distingue, d'ailleurs, les accidents dus au grisou seul de ceux provenant de toutes autres causes, on constate, pour les années écoulées depuis cette date, que cette amélioration porte à peu près exclusivement. sur les premiers. Dans cette dernière période, il y a eu quatre années sans un seul accident mortel de ce chef; dans les trois autres, on n'en relève que 0,2 ou 0,4 par 10.000 ouvriers, tandis que, de 1883 à 1891, on n'était jamais descendu au-dessous de 2 et qu'on s'était élevé jusqu'à 20,3. Ce résultat remarquable provient essentiellement à coup sûr de tout l'ensemble de mesures importantes. et énergiques prises par l'Administration depuis 1890: emploi des explosifs de sûreté (Circulaire du 1er août 1890), interdiction de certains types de lampes (Circulaire du 8 août 1889), mode de fermeture des lampes de sûreté (Circulaire du 8 août 1890), emploi d'appareils pour l'analyse et le jaugeage des courants d'air; et à côté de ces mesures réglementaires. générales, il faut mentionner l'intervention pressante des services locaux pour augmenter le nombre des ventilateurs, accroître l'aérage et assurer sa bonne répartition. Les résultats auxquels on est arrivé ne permettent de toucher à cette réglementation qu'avec beaucoup de prudence et de circonspection. Aussi bien les exploitants sont entrés résolument dans les vues de l'Administration, et ils semblent avoir partout accepté sans se plaindre des dispositions dont l'application n'a pas laissé généralement d'être tout d'abord onéreuse pour eux. Une réclamation a été toutefois produite par la Compagnie houillère de Bessèges (Gard) contre l'emploi des explosifs de sûreté dans l'exploitation de ses couches minces de Molières. On exploite là des couches de 0,50 de puissance par une méthode assez spéciale. L'abatage se fait par une grande taille menée transversalement à la direction de la couche et s'appuyant à son extrême avancement à la voie de fond du quartier. Les charbons. sont amenés à cette voie par des galeries de trainage ouvertes tous les 10 mètres, et, pour établir ces galeries, on doit en faire sauter les murs par un système particulier. On procède par coups de mine de 3 à 4 mètres de longueur que l'on charge de 2 à 3,5 d'explosifs. Avant la réglementation de 1890, on n'employait que la dyna |