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NOTE

SUR LE

PHARE FLOTTANT « WANDELAAR »

ET LES

MACHINES EMPLOYÉES POUR FAIRE LES SIGNAUX DE BRUME

PAR

M. J. BOULVIN,

INGENIEUR DE LA MARINE.

Jusqu'en septembre 1882, le marin qui, venant de la Manche, faisait route vers les bouches de l'Escaut, n'avait pour se guider sur la côte flamande, que les feux flottants Westhinder» et « Wielingen; la carte (pl. X, fig. 1) fait saisir les positions respectives de ces deux phares marqués F1 et F2. Il était depuis longtemps reconnu que la situation, en ce qui concerne l'entrée des Wielingen, n'était pas exempte de dangers; car au nord de cette passe, se trouve le banc « Wandelaar, où le jusant laisse à peine 7 mètres d'eau; les pilotes n'avaient, pour éviter ces récifs, que la grande bouée « Wandelaar », difficile à reconnaître la nuit, ou par les temps de brume; c'est ce qui a conduit. le pilotage à mouiller, vers l'intérieur du banc, un feu flottant de premier ordre F3. Ses relèvements sont :

Latitude nord.

Longitude est du méridien de Greenwich.

51° 22′ 16′′

3° 1' 15"

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On a en même temps déplacé vers l'est, afin d'en mieux tirer parti, le bateau-phare « Wielingen » F'2, dont le feu rouge à éclats est visible à 10 milles de distance.

Durant ces dernières années, un perfectionnement. d'une importance capitale s'est introduit dans l'outillage des phares flottants; nous voulons parler des appareils qui servent à émettre des signaux phoniques de grande portée. Par les temps de brouillards, on s'était borné jusqu'ici, à signaler la position des bateaux au moyen d'un gong ou d'une lourde cloche; ces sonneries n'ont, malheureusement, qu'une portée tout-à-fait insuffisante quand l'atmosphère est dans un état acoustique défavorable.

Des expériences faites aux Etats-Unis par le professeur Henry, et près des côtes anglaises par M. Tyndall (1873), sur la plupart des moyens employés pour produire le son, ont établi que les trompettes à sirène, actionnées par un courant forcé d'air ou de vapeur, donnent les meilleurs résultats au point de vue de la portée; le bâtiment de Seven-Stones (1), mouillé près des îles Scilly, est à notre connaissance le premier qui, en Europe, ait reçu ce genre de signal; il s'en trouve aujourd'hui sur les côtes d'Angleterre, d'Allemagne, des Pays-Bas, un nombre assez grand pour qu'on puisse considérer la sirène comme devant, à l'avenir, être l'auxiliaire indispensable des phares, dans les parages brumeux de notre littoral.

Mais par cela même qu'on décidait de munir le « Wandelaar d'une sirène de première classe, on se mettait dans l'impossibilité de relever ce bâtiment par le bateau de réserve, qui déjà servait de rechange pour

(1) Nous ne parlons pas des signaux établis à terre sur des jetées, dans des phares, etc.

les deux anciennes stations; il était donc nécessaire, pour parer à toute éventualité, de construire deux feux flottants identiques, malgré la grande dépense d'acquisition et d'entretien que devait occasionner ce matériel.

Les deux bâtiments nouveaux ont été mis en adjudication publique, en septembre 1881, sur les plans du génie maritime; la Société Cockerill a entrepris la construction des coques complètement gréées et munies. de tous leurs appareils et de leur inventaire; le Gouvernement a traité directement avec MM. Chance frères de Birmingham, pour la fourniture des appareils d'éclairage, et avec MM. A. et F. Brown de New-York pour les sirènes et les machines motrices. Les bateaux ont reçu à Anvers un supplément d'armement, puis, ils ont été remorqués à Flessingue, et l'un d'eux a été mouillé aussitôt (septembre 1882) dans ses amers, sur un fond de 9 mètres à marée basse; les deux bâtiments ont coûté complètement achevés 456,600 francs. Le Wandelaar » paraît, jusqu'ici, répondre parfaitement à sa destination; comme il présente, dans son ensemble, plusieurs dispositions qui le différencient du Seven-Stones (1) et des bateaux-feux néerlandais. Schouwen Bank et Terschelling, également munis de sirènes, nous allons en donner, dans ce qui va suivre, une description abrégée, pour laquelle nous renverrons aux planches fig. 1 à 13, où il est représenté dans ses parties essentielles.

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(1) Minutes of Proceedings of the Institution of Civil Engineers. Vol. LXII, 1879-80. Part. IV.

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10 9

30m,60

6,52

6,80

3,90

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9

On s'est attaché à lui donner une grande résistance, aussi bien dans le sens transversal que dans le sens longitudinal; les membrures, espacées de 0,50, ont 60 × 80 et sont munies de contre-membrures de x; elles sont renforcées par des varangues de 10 millimètres d'épaisseur et Om,35 de hauteur; les barrots sont à boudin, avec double fer d'angle, réunis pour le pont principal par une gouttière en tôle de 700 x 10, et pour le pont inférieur par un stringer continu de 300 × 10.

Les batayoles, formées de fers T de forte section assemblés par goussets, viennent s'asseoir sur la gouttière, ainsi qu'on le voit fig. 7 et 8; elles sont espacées de mètre en mètre, afin de fournir aux pavois un soutien résistant. Le bordé comporte de chaque côté dix virures, de 10 à 12 millimètres d'épaisseur, à l'exception du gabord et du contre-gabord qui ont 14 millimètres, et des virures de pavois qui ont 8 et 9 millimètres. Ces forts échantillons s'expliquent par la fatigue qui résulte d'un mouillage perpétuel sur un fond de 9 mètres, dans un endroit très exposé aux bourrasques. La raideur longitudinale est suffisante pour qu'il n'ait pas été nécessaire de placer des carlingues; il est vrai que les quilles de roulis, au nombre de deux de chaque bord, en tiennent lieu dans une certaine mesure.

La corporation du Trinity House, qui, en Angleterre, dirige tout ce qui concerne l'éclairage des côtes, emploie le bois de préférence au fer dans la construction de ses feux flottants; elle base ce choix sur la sécurité

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