Comme suite aux précédentes publications, nous donnons ci-dessous des extraits des rapports adressés à M. le Ministre des Travaux publics, par MM. les Ingénieurs en chef directeurs des mines, pour le second semestre 1882.

Extraits du rapport de M. l'Ingénieur en chef directeur, Ch. Lambert.

Province de Hainaut.

Premier arrondissement.

Puits no 3 (Sainte-Barbe).

Blaton. Divers travaux de réparation et d'appropriation ont été exécutés à ce siège dans le courant du semestre écoulé; on a construit de nouveaux bâtiments pour les machines et le moulinage et placé une belle-fleur en fer de 24 mètres de hauteur; on a remplacé par de nouvelles installations les estacades et les appareils de triage et de mise en tas des charbons; on a établi un nouveau jeu foulant à la pompe d'exhaure.

Les travaux ont nécessité un chômage du 21 juillet au 6 décembre. Divers. Le sondage n° 21, dont il est question dans mes précédents rapports, a été continué dans le terrain houiller jusqu'à la profondeur de 352m,85 et a traversé, à 338m,15, une veine de 0m,30 de charbon et à 350 mètres une autre veine paraissant composée comme suit :

Ce sondage a été arrêté le 9 août 1882 et les appareils ont été transportés à 800 mètres environ à l'est de l'église de Bernissart, près de la limite de la commune d'Harchies. Ce nouveau sondage, numéroté 22, est à la profondeur de 8 mètres dans des sables verts mouvants très difficiles à traverser.

Longterne-Ferrand. - La Société qui exploitait ce charbonnage à forfait est en liquidation. Les travaux ont été repris par les propriétaires de la concession.

Puits no 1. L'exploitation se fait principalement dans des parties de veine qui restaient dans les allures supérieures et fournit une extraction journalière moyenne d'un millier d'hectolitres de charbon.

Puits no 3 (en avaleresse). — On a commencé l'épuisement au moyen d'une pompe Tangye; le travail est contrarié par les forts niveaux de

cette année.

Puits no 4. Les bouveaux

Un puits d'aérage de 4 mètres de diamètre est en creusement. Grande- Veine du Bois d'Epinois. nord des niveaux de 710 et de 780 mètres ont atteint respectivement les longueurs de 473 et de 507 mètres, en recoupant, le premier, à 454 mètres de distance, une plateure de la couche Luquet.

Belle-Vue. Puits no 6. Les trois puits de ce siège définitivement abandonné, ainsi qu'il a été dit dans mon précédent rapport, ont été fermés par des plates-cuves établies vers la profondeur de 50 mètres, un peu en dessous de la première communication existant entre les trois puits à la profondeur de 43 mètres. Cette dernière a été elle-même bouchée par un massif de maçonnerie qui isole les trois puits.

Les plates-cuves ont été formées d'une voûte d'assise qui comprend quatre rouleaux d'une brique d'épaisseur pour les puits d'extraction et d'aérage, dont le diamètre est de 2m,80, et trois rouleaux pour celui aux échelles, dont le diamètre n'est que de 1,50. Avec les couches intercalaires de mortier hydraulique, chaque rouleau correspond à une épaisseur de 0,30; au dessus des voûtes on a tassé du béton sur une épaisseur de 4 mètres à 4,60.

On a installé dans les plates-cuves des tuyaux montant jusqu'au jour pour permettre au grisou de s'écouler dans l'atmosphère.

Les tuyaux placés pour l'écoulement des eaux pendant la construc

tion ont été fermés avec soin par des broches en bois de 0,50 de lon

gueur, chassées jusqu'à refus.

Bois de Boussu. — Puits no 4 (Alliance). Comme l'on compte développer les exploitations de ce siège sur lequel on fonde des espérances, on a établi, pour améliorer ses moyens d'aérage, un ventilateur de grande puissance sur l'ancien puits no 13. Ce ventilateur, du système Guibal, a une turbine de 12 mètres de diamètre et est actionné par une machine horizontale à détente Mayer d'une force de 120 chevaux. Grande Machine à feu de Dour. — Puits no 1. On a poursuivi le remplacement des guides dans le but de substituer l'assemblage bout à bout avec éclisses à l'ancien mode d'assemblage à traits de Jupiter. On a terminé le percement du bouveau sud de 538 mètres, dont le développement est de 388 mètres. A la longueur de 350 mètres on a recoupé le dressant de L'Angleuse et, à l'extrémité, celui de GrandRaton.

On a commencé l'enfoncement du puits d'extraction sous stot en dessous de l'étage de 536 mètres. La nouvelle « ravalle » a atteint le niveau de 580 mètres. A la profondeur de 569 mètres on a rencontré la Veine à forges en dressant.

On a terminé le

Midi de Dour. Puits no 2 (Saint-Charles). bouveau montant pris à l'extrémité de la costresse couchant de la couche Grands-Massets, au niveau de 594 mètres, en vue d'établir une nouvelle communication entre les puits nos 1 et 2.

Ainsi que je vous le disais dans mon dernier rapport semestriel, on a décidé l'essai, dans la couche des Grands-Massets, d'une méthode d'exploitation ayant pour but de combattre les dégagements instantanés de grisou, si fréquents dans le groupe des Godinettes et des Massets.

M. I'Ingénieur Marcette a donné de ce mode d'exploitation la description suivante :

«La méthode par tailles droites en gradins renversés, combinée « avec le forage de la couche et une organisation du travail tendant à <«< n'abattre que des parties saignées en soutenant la veine au moyen « d'un boisage très soigné, n'a pas donné dans les Grands-Massets une « sécurité suffisante, au point de vue des dégagements instantanés. «Malgré la surveillance active et intelligente des porions, malgré toute « la prudence avec laquelle on conduisait le travail, ces accidents « étaient toujours nombreux et faisaient chaque année plusieurs vic<<< times.

« Le point défectueux du système réside dans la disposition en gra« dins renversés qui fait agir le poids de la veine dans le sens de la « poussée du gaz; dans ces conditions, les éboulements se propagent << avec une grande facilité et mettent à découvert des zones où le grisou « atteint une pression suffisante pour produire des poussées dange

«reuses.

«Il est à remarquer que les dégagemenis se produisent le plus sou«vent dans l'angle rentrant des gradins, c'est-à-dire, dans la partie la <«moins bien saignée, et se propagent à peu près verticalement dans <<< la couche.

«Le coupement au sommet de la taille est la période la plus dan«gereuse du travail, et c'est surtout pendant son exécution ou peu de « temps après, que les accidents se produisent.

« Une preuve évidente de l'influence qu'exerce le poids de la veine, «c'est que, dans les plateures, où son action est presque nulle, les dégagements sont beaucoup moins fréquents; c'est en grande partie « pour la même raison que le creusement des vallées présente plus de « sécurité que celui des montages où l'on prend cependant plus de << précautions.

« La disposition en gradins droits s'imposait donc naturellement « pour soustraire l'exploitation à cette cause de danger, et c'est la « méthode qui est employée dans le chantier du couchant des Grands« Massets, à l'étage de 546 mètres.

<«<< La tranche, d'une hauteur verticale de 52 mètres, mesure « 56 mètres suivant l'inclinaison et est divisée en cinq tailles, dont la « première, celle de la coupure, mesure 12 mètres, et les quatre autres, « 11 mètres. La longueur des « bourres » varie de 5 à 6 mètres.

«Chaque taille occupe un ouvrier, sauf celle de la coupure, qui en « demande deux. L'abatage se fait en descendant sur une profondeur « de 1,50; quand la dureté de la veine est exceptionnelle, l'avance«ment est réduit de moitié. Il faut deux jours à l'ouvrier pour abattre «<le gradin sur toute sa hauteur. La mine est troussée le long du ferme. «Le charbon qui tombe au pied des tailles est chargé dans de petits <«< chariots en bois et conduit aux cheminées de « clicage»; les <«< fausses voies sont donc remplacées par des voies plates.

« Afin de protéger les ouvriers pendant leur travail, on fait contre «<le ferme un hourdage de 2 mètres, au dessus duquel passent les rails.

« Au point de vue des remblais, le système n'est pas modifié. Tous

« les deux mètres, on monte un « muriau » en pierres sèches, soutenu « par les boisages, et, derrière lui, on relève les terres du coupage des « voies. Il est à remarquer que l'ouverture des voies plates, donnant <«< plus de terres que celle des fausses voies, les remblais sont plus « serrés que précédemment.

«La distance entre le ferme et les remblais est de 3 à 4 mètres; «< cette distance qui, à première vue, paraît un peu forte, facilite la << retraite des ouvriers et le sauvetage en cas de dégagement instantané. « A cause de la solidité des terrains et des soins apportés au boisage, « elle ne présente pas de danger dans les Grands-Massets.

<<< On ne lui a pas non plus reconnu d'inconvénient au point de vue « de l'aérage. Par le fait même de la disposition des tailles et de la «marche qu'elle imprime à l'aérage, il ne peut séjourner de grisou « à la partie supérieure de celles-ci (pl. IX, fig. 4).

«Les résistances au mouvement de l'air sont moindres, du reste, dans ces tailles que dans celles en maintenages, où les nombreux << angles des gradins, les demi-paliers souvent installés par les «ouvriers, et l'obstruction, produite par un boutage parfois tardif dans « les cheminées, opposent à la ventilation des obstacles que rend plus « funestes la longueur en même temps plus grande des fronts de taille. « Pour éviter les pertes d'aérage, on élève un muriau de 4,50 sur « les bois de la costresse, et, au dessus de ce muriau, on tasse des fines <«< sur une hauteur de 4,50 à 2 mètres; cette mesure est d'autant plus « nécessaire que les roches encaissantes, étant très dures, fournissent « pour le remblayage des matériaux dont le foisonnement est considé<< rable.

« Les renseignements que j'ai recueillis pendant mes visites de tra<< vaux paraissent favorables au système adopté. La veine est beaucoup <«< mieux saignée; aussi est-elle beaucoup plus dure, et l'effet utile de «<l'ouvrier, qui auparavant variait de 55 à 60 hectolitres, est tombé de «<35 à 40 hectolitres; cependant il peut consacrer un temps plus long « à l'abatage, car, dans l'ancien système, il devait faire un coupement « et un boisage compliqué au sommet de chaque gradia, ce qui lui « prenait une grande partie de son temps.

« Il est rationnel que la partie supérieure de la tranche, qui est sai

gnée par le passage de la costresse de l'étage supérieur, soit poussée

<< en avant la première; la veine se saigne ainsi de proche en proche, «plus régulièrement et plus complètement.