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DOCUMENTS ADMINISTRATIFS

III. EXPOSITION INTERNATIONALE D'ÉLECTRICITÉ A VIENNE. - RAPPORT A MONSIEUR G. ROLIN-JAEQUEMYNS, MINISTRE DE L'INTÉRIEUR.

Vienne, le 5 septembre 1883.

MONSIEUR LE MINISTRE,

En acquit de la mission que vous avez bien voulu me confier par votre dépêche du 16 mai dernier, no 12718 c, en me déléguant comme Représentant du Gouvernement belge à l'Exposition internationale d'électricité à Vienne, j'ai l'honneur de vous adresser un premier rapport indiquant sommairement les principales lignes de cette importante exhibition.

On sait que l'Exposition est installée dans le pala's du Prater, qui fixe à Vienne le souvenir de l'Exposition universelle de 1873, comme à Paris la colonnade du Trocadéro conserve celui de l'Exhibition de 1878, comme chez nous, le palais du Champ des Manoeuvres perpétue la trace des manifes ations qui ont célébré le cinquantenaire de l'indépendance et de la prospérité nationales.

Le palais du Prater se prête très heureusement à l'aménagement des objets et des machines.

Il comprend une grande rotonde circulaire couverte par une toiture de forme tronc conique, surmontée d'un tambour avec coupole vitrée.

La superstructure métallique est soutenue par 28 piliers carrés en pierre, reliés par des voltes en plein cintre; extérieurement à ces piliers, règne une galerie circulaire surélevée de quelques marches, au dessus du parterre central.

Cet ensemble est circonscrit par quatre galeries droites — les transepts

formant, par leur réunion, une construction carréc, dont chacune des façades est, en son milieu, percée d'un portail donnant accès à l'intérieur.

Les angles que font entre eux les transepts, comprennent quatre cours intérieures limitées par la périphérie extérieure de la rotonde.

Dans le parterre central et la galerie circulaire sont disposés, sur le sol et contre les quatre faces de chacun des piliers, les objets divers du matériel télégraphique et téléphonique, les instruments de mesures électriques, les appareils de démonstration scientifique, les fabricats utilisés dans les applications: fils de cuivre, de bronze phosphoreux et siliceux, câbles en plomb et autres, les voitures de chemins de fer et de tramways, ainsi que beaucoup d'appareils réalisant de multiples applications de l'électricité,

On y remarque particulièrement le salon impérial, éclairé par des lustres de lampes à incandescence, et, à l'opposite l'un de l'autre, les pavillons du ministère du commerce d'Autriche et du ministère des postes et des télégraphes français.

C'est dans cette partie du palais que se trouvent les intéressantes expositions du ministère de la guerre et du ministère des travaux publics de Belgique, les fils téléphoniques et télégraphiques de bronze phosphoreux exposés par M. G. Montefiore-Levy, les isolateurs de M. F. de Fuisseaux, à Baudour, les appareils chronographiques du lieutenant-colonel Le Boulengé, le régulateur si répandu et si apprécié de M. Jaspar, les spécimens des éléments du paratonnerre de M. Melsens, l'accumulateur de MM. Arnould et Tamine, la lampe de mineur de MM. Hubert et Durant et les instruments et produits divers exposés par MM. Mourlon et Cie, de Bruxelles, Joseph Gérard, de Liège, Emile Closset, de Bruxelles, F. Libin, de Gand, L. Evely et F. Leduc, de Bruxelles, et Pieper, de Liège.

Dans les transepts du nord et de l'ouest se trouvent alignés à la suite l'un de l'autre, les moteurs à vapeur et à gaz auquels sont attelées les machines magnéto et dynamo-électriques qui alimentent soit directe

ment, soit par l'intermédiaire des accumulateurs, les appareils d'éclairage dont l'exposition est abondamment pourvue et qui actionnent les appareils mécaniques mus par la force électrique.

Le transept du nord renferme, en outre, une galerie de tableaux et de sculptures éclairée par des lampes Edison à incandescence et par la lampe soleil de la Compagnie générale belge de lumière électrique; dans le transept de l'ouest sont aussi installés les auditoires téléphoniques en communication avec l'Opéra et plusieurs autres établissements; dans l'un d'eux, notamment, le public est admis à entendre la conversation et la musique de chant et d'accompagnement que font ensemble deux personnes dont l'une se trouve à Korneuburg, à 18 kilomètres au nord-ouest de Vienne, et l'autre à Baden, à 24 kilomètres au Sud de la ville.

Le transept de l'est a été réservé aux intérieurs et au théâtre.

Les intérieurs mettent en évidence l'application de l'électricité à l'éclairage domestique. Ils comprennent une enfilade de petits salons, salles à manger, salle de billard, fumoir, jardin d'hiver, et mème une cuisine. L'élégance et la coquetterie des ameublements font ici, à la lumière électrique, un cadre dont le charme est vivement apprécié, si l'on en juge par la foule des visiteurs dont ne désemplissent pas ces intéressants réduits.

Dans le théâtre, aménagé pour des représentations théâtrales proprement dites, ainsi que pour des projections au microscope, se trouvent des appareils d'éclairage à arc voltaïque et à incandescence de différents systèmes.

Le transept du sud est réservé aux locaux de la direction et de la commission scientifique technique. Les aménagements préparés pour les travaux de celle-ci, consistent principalement en une chambre obscure de 20 mètres de longueur, spécialement destinée aux mesures photométriques et six laboratoires pour les observations scientifiques, où sont installés les instruments de mesure. Ces laboratoires sont isolés de la grande rotonde, de manière à soustraire les appareils d'observation à l'influence des masses de fer qui constituent la superstructure du palais de l'Exposition.

Des fils de cuivre et des câbles à grande section réunissent les laboratoires aux galeries des machines, d'un bout à l'autre, de telle sorte que tous les appareils électriques pourront être mis en connexion avec les instruments de mesure.

Les générateurs à vapeur et les accumulateurs sont établis dans les cours intérieures. On y remarque particulièrement la belle installation de MM. de Naeyer et Cie, à Willebroeck, aménagée par M. l'ingénieur Stein, comprenant cinq générateurs à tubes d'eau de leur système, d'une superficie globale d'un millier de mètres carrés de surface de chauffe.

Quant aux accumulateurs, ils comprennent principalement deux batteries (dont une de réserve) de soixante piles grand module et une batterie de cinquante piles petit module, du type de l' « Electrical power Storage Company à Londres » (système Faure-Sellon-Volckmar). Ces appareils fournissent l'électricité à 150 bees à incandescence, dont cinquante dans le pavillon de l'empereur et cent dans les intérieurs.

Chacun sait que, dans une exposition, le desideratum essentiel comme aussi la grosse difficulté est d'aménager les objets de manière que le visiteur les rencontre dans un ordre qui lui permette, sans recherches laborieuses et sans courses inutiles, de n'en omettre aucun et d'aller directement à ceux qui appellent spécialement son attention.

Il ne paraît guère possible de résoudre mieux ce problème que ne l'ont fait les directeurs de l'Exposition, M. le chevalier de Grimburg et M. le professeur Pfaff, par une utilisation rationnelle et méthodique de la disposition géométrique des locaux.

Qu'il me soit permis de dire, en passant, que l'un des ingénieurs distingués dont je viens de citer les noms, n'est pas un étranger pour notre pays. Ainsi qu'il me le rappelait, M. de Grimburg appartient à cette pléiade d'ingénieurs qui vinrent, il y a quelque trente ans, chercher en Belgique, principalement à la Société Cockerill, l'initiation pratique à l'art des constructions mécaniques, et parmi lesquels se trouvait, on s'en souvient, le célèbre ingénieur italien Sommeiller.

L'ordonnance architecturale du palais a permis de grouper de la manière la plus heureuse les appareils d'éclairage qui occupent une place prépondérante dans les expositions d'élec

sait tricité.

comme on

Tandis que les transepts présentent de longues enfilades où les lampes à arc se mêlent aux appareils à incandescence multicolores, la grande corniche circulaire qui règne à la base de la toiture et celle de diamètre moindre qui dessine la périphérie du tambour de la coupole,

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