Projet Gotto.

Dans le courant de 1876 un ingénieur spécialiste, M. E. Gotto, qui avait exécuté la canalisation de Rio de Janeiro, fut chargé par le gouvernement de l'élaboration d'un projet complet d'égouts et de collecteurs et de la préparation de tous les documents nécessaires à la mise en adjudication des travaux. La rémunération pour ce projet fut fixée, à forfait, à la somme de 160,000 francs. Les plans, devis estimatifs et cahiers des charges furent terminés en janvier 1877. D'après le projet de M. E. Gotto, la ville et le faubourg de Belem sont divisés en deux zones, respectivement supérieure et inférieure à l'altitude de 21 mètres au dessus du niveau moyen de la mer, et desservies chacune par deux collecteurs. Les deux collecteurs de la zone inférieure, l'un pour la ville, l'autre pour Belem, se rejoignent à proximité d'une usine élévatoire destinée à refouler les eaux d'égout dans un réservoir voisin, placé à la cote de 21 mètres, près du rocher do Conde de Abidos. Les machines, au nombre de quatre, accouplées deux à deux, ont une force de 75 chevaux-vapeur chacune et sont à basse pression et à balancier.

Les eaux pluviales de la zone inférieure sont conduites au Tage par une canalisation spéciale aboutissant au fleuve par cinq débouchés différents.

Le collecteur supérieur de Lisbonne se déverse dans le réservoir qui reçoit le débit des deux collecteurs de la zone basse. Les égouts affluant à ce collecteur sont disposés pour recevoir toutes les eaux pluviales; toutefois, en différents points de la canalisation, sont disposées des vannes qui permettent le déversement vers le Tage de l'eau provenant des pluies dépassant Om,025

par 24 heures. Ce déversement se fait par l'intermédiaire des mêmes cinq galeries qui reçoivent les eaux de pluie de la zone inférieure.

Du réservoir part un émissaire qui aboutit à la plage de Santinhos, un peu à l'ouest de la tour de SaintJulien. Du même réservoir part aussi une conduite de décharge pour mener directement au Tage les eaux des fortes pluies. Enfin, une autre conduite peut recevoir et déverser au fleuve le produit des pompes, au cas où le service de l'émissaire serait interrompu.

Le collecteur de la zone supérieure de Belem rejoint l'émissaire en un point d'où part un tuyau de décharge vers le Tage pour les eaux pluviales excédantes.

Les longueurs, dimensions, cotes, chutes et inclinaisons des différents collecteurs et de l'émissaire sont relatés dans le tableau suivant :

Comme l'indique ce tableau les sections des collecteurs sont en général de forme circulaire. Cette forme est proposée dans le but d'obtenir, pour un débit déterminé, la moindre dépense d'établissement. Les sections ovales n'existent que pour des longueurs relativement faibles.

L'émissaire comporte trois siphons en fonte dont le plus remarquable est le grand siphon de 8,520 mètres de longueur et 1,30 de diamètre, placé immédiatement en aval de l'usine élévatoire; les deux autres ont 2,773 et 827 mètres. Un quatrième siphon fait partie du collecteur supérieur de la ville et a 711 mètres. Enfin, les collecteurs inférieurs de Belem et de Lisbonne présentent deux galeries en fonte de 1,493 et 2,378 mètres.

Quant aux aqueducs spéciaux pour les eaux pluviales, ils présentent sept types ayant respectivement les diamètres suivants : 2,00, 1,675, 1",371, 1,219, 1,066, 0,609 et 0m,457 (en mesures anglaises 6,5, 4 1/4, 4, 3 1/3, 3, 2, et 1 1/4 pieds). Les parties en fonte de ces aqueducs varient entre 1,219 de diamètre avec 0,025 d'épaisseur et Om,457 de diamètre avec 0,019 d'épaisseur.

Les égouts de second ordre et les raccordements des maisons sont ou circulaires de 1m,371 à 0m,301 de diamètre ou de forme ovale de 1,143 X 0,762.

Les matériaux prévus pour toutes les galeries sont la brique avec revêtement intérieur de ciment et la fonte vernie à l'intérieur.

Les raccordements des maisons se terminent près des façades par un siphon et sont munis d'un tuyau d'évent s'élevant au dessus des toits des maisons.

Il résulte de ce qui précède que le projet Gotto est conçu d'après le système tubulaire, comportant des galeries calculées pour fonctionner à pleine section et même avec surcharge. Ce système exige, plus que le