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Nous n'avons traité plus haut que le cas particulier de navires n'ayant d'autre cargaison que les passagers, l'appareil moteur et le combustible nécessaire pour la traversée, il faudrait donc se garder de généraliser les résultats de nos calculs en les appliquant au cas où les bâtiments sont construits pour porter du frêt : tels sont ceux qui desservent les lignes d'ailleurs notablement plus longues d'Anvers à Londres et Harwich, de Flessingue à Queensborough, du Havre à Southampton; tous sont munis de machines Compound oscillantes ou inclinées, mais les navires neufs des lignes de Holyhead à Dublin (Violet et Lili) et de Boulogne à Folkestone (Albert-Victor et Louise-Dagmar), rentrent dans la classe des bateaux dont nous nous sommes occupés, et bien qu'étant de construction toute récente, ils ont reçu des machines ordinaires qui leur ont permis d'atteindre des vitesses qu'on dépasse rarement à la mer, qui s'accordent, du reste, entièrement avec les résultats de nos calculs et démontrent leur exactitude.

NOTE

SUR UN PLANCHER SUSPENDU

SERVANT AU

MURAILLEMENT DES PUITS DE MINES

PAR

M. F. GUCHEZ,

INGÉNIEUR DES MINES, ATTACHÉ AU MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR.

Dans le mode de muraillement des puits de mines usité au Borinage, les maçons sont installés sur un plancher de travail, en dessous duquel se trouve un second plancher, dit de sûreté, destiné à suppléer au besoin à l'insuffisance du premier. Ces deux échafauds, vulgairement appelés hourds, sont formés de solives de brin (pilots) reposant dans des vides ménagés dans la maçonnerie et recouvertes de planches amovibles jointives.

Lorsque les maçons ont élevé le muraillement jusqu'à une certaine hauteur au-dessus du plancher de travail (généralement cette hauteur est de 1m, 20), on démonte le hourd de sûreté et on le reporte sur la crête de la maçonnerie on y obtient un nouveau plancher de tra

vail en remplacement du précédent, qui devient plancher de sûreté.

Cette façon de procéder est peu économique, à cause de sa lenteur, et surtout elle est peu sûre. L'enlèvement et le remontage d'un hourd, qui se répètent à chaque reprise de 1,20, réclament environ une heure dans les puits de dimensions ordinaires, et ne sont pas sans péril pour les ouvriers qui en sont chargés. Ajoutons que ceux-ci reçoivent aux mains des brûlures d'une certaine gravité, en manoeuvrant des pièces de bois recouvertes de mortier. D'ailleurs l'emploi des hourds dressés sur la maçonnerie présente en lui-même des causes nombreuses d'accident. La construction peut être défectueuse si le choix des matériaux et leur mise en œuvre n'ont pas été bien surveillés : les pilots, par exemple, seront trop faibles, ou auront une assise insuffisante. D'autre part, ces pilots, ainsi que les planches, peuvent être déforcés par des défauts cachés ou recevoir, au cours d'un travail de longue durée, des avaries difficiles à apercevoir sous la couche de mortier qui recouvre le bois. Enfin, on a vu s'effondrer des hourds parfaitement construits, à la suite d'une désorganisation de la maçonnerie produite, soit par une poussée de terrain, soit par des infiltrations d'eau qui avaient entraîné ou délayé le mortier.

Nous ne parlerons pas du danger que crée le déplacement latéral ou un mouvement de bascule d'une planche de hourd, malgré l'emploi de ronds-coins (1), ni de la dépense supplémentaire que nécessite le bouchage des boulins, c'est-à-dire des trous laissés par les pilots dans la maçonnerie.

(1) On nomme ainsi, au Couchant de Mons, des segments en bois épousant la section du puits et ayant environ un mètre de corde, dont on recouvre les extrémités des planches des hourds.

M. P. Plumat, ingénieur des charbonnages du Grand-Hornu, près de Mons, a introduit dans ces mines un système très simple de palier suspendu qui écarte tous ces inconvénients et qui mérite d'être signalé.

Ce palier (fig. 1 et 2 pl. II) est formé d'un grillage en chêne, composé de deux longerons l et de quatre traverses t, sur lequel sont clouées des planches en bois blanc. Il est circulaire et ne laisse entre son pourtour et la paroi du puits qu'un intervalle de 0,05.

Les longerons et les deux traverses extrêmes forment un carré inscrit; près des sommets de ce carré le plancher est percé de quatre ouvertures circulaires a, de 0,06 à 0, 07 de diamètre.

Le système est suspendu à quatre câbles ronds C, solidement amarrés à deux forts baliveaux B scellés dans la maçonnerie supérieure. Ces câbles pendent librement dans le puits jusque près du fond et traversent le plancher par les ouvertures a : ce plancher peut donc couler le long des câbles sans en altérer la verticalité.

Aux sommets du carré prémentionné sont fixés quatre ceillets, pourvus chacun de deux chaînettes ayant 0,30 et 1,50 de longueur respectivement. Chaque paire de chaînettes s'accroche au câble correspondant, par l'intermédiaire de mâchoires ou bottes pinçant ce câble et portant un anneau de suspension. Il existe donc deux groupes de quatre bottes chacun, compris dans deux plans horizontaux distants de 1,20.

Il n'est pas inutile d'entrer ici dans quelques détails pratiques.

Les baliveaux B sont disposés de façon à ce que les câbles C soient noués près de leurs points d'encas

trement. Quant à ces câbles, ils peuvent être en chanvre ou en aloès; toutefois, le dernier textile est préférable dans les puits humides. Dans une application récente faite au Grand-Hornu, les câbles de suspension avaient 0,05 de diamètre (1) et pouvaient supporter isolément, avant de rompre, une charge de 0,7854.25.700 = 13744 kilogrammes. Précédem-、 ment on avait fait usage de cordes de plans automoteurs, ayant 0,035 de diamètre.

Les œillets occupent l'épaisseur d'un longeron et d'une traverse. Ils présentent vers le bas une mortaise verticale, dans laquelle s'engage une clavette à queue fendue on ouvre celle-ci et on en recourbe les deux branches en sens contraires. Les longerons du plancher s'appuient sur ces clavettes, avec interposition de rondelles en fer.

Les figures 3, 4 et 5 reproduisent une paire de bottes en demi-grandeur naturelle. Ce sont deux parallélipipèdes en frêne, mesurant 0,21 de longueur, Om, 10 de hauteur et 0,07 de largeur, légèrement échancrés en gorge de loup vers leur milieu pour emprisonner le câble, et susceptibles d'être rapprochés l'un de l'autre à l'aide de deux boulons à écrous. D'un rapprochement suffisant naît un serrage énergique. Afin d'augmenter encore l'adhérence, on a creusé, dans les gorges, des cannelures à ondulations parallèles, qui produisent un serpentement du câble (voir la coupe figure 3), et on les a armées de pointes aiguës qui mordent celui-ci.

Les faces externes des bottes sont revêtues de clames en fer cc et c'c', contre lesquelles s'exerce la pression des têtes des boulons et des écrous de serrage. Ces clames affleurent du côté des écrous, ce qui dis

(1) C'étaient des aussières d'un élevage de câble d'extraction.

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