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Retraversant l'église, je trouve un escalier qui débouche au-dessous vers un ancien promenoir obscur et humble, que je prends d'abord pour une crypte. Des maçons y travaillent dans un courant d'air glacial; ils vont bientôt serrer leurs outils; je cause quelques instants avec le plus âgé, un homme maigre, ayant un type de marin, une dure mâchoire et des favoris, mais les sourcils et les joues tellement gris de plâtre que ses prunelles ont l'air de deux braises sur des cendres.

— Voyez, me dit-il, si les religieux savaient travailler. Tenez, cette nervure fine comme une aiguille...

Je lui demande combien d'années encore dureront les travaux, avant que toute l'abbaye soit toute restaurée.

- Vingt ans au moins, si ce n'est pas cinquante ou cent, du train dont nous allons.

Il m'indique, pour redescendre au Châtelet, le grand Degré, une des plus fières choses du Mont-Saint-Michel. Les marches géantes de cet escalier se déploient depuis la terrasse de l'église, longeant une citerne au toit sculpté; elles se resserrent, tournent entre les soubassements de l'abside et les murs des logis abbatiaux. Le soir on a l'impression de s'enfoncer dans un puits dantesque. Une gargouille à tête de chien aboie contre une muraille; de recoins verdis suinte une humidité mortuaire; on passe sous un pont de bois, étroit et noir, tel qu'un cercueil.

Mais, tout en descendant, je ne pouvais penser qu'à la merveille, aux spectacles dont mes yeux s'étaient clarifiés là-haut et je me précisais la question de tout à l'heure Pour qui aura-t-on restauré?

Un monastère sans moines, sans cloches, sans messes, sans aumônes, c'est comme des os arides attendant le souffle de l'Esprit. D'ici vingt, trente ans, l'Église de France n'aura-t-elle pas achevé son temps de désolation? Oui, des moines reviendront dans l'abbaye qu'on leur prépare et des évêques avec eux pour consacrer les pierres neuves; dans des barques pavoisées d'oriflammes, ou par les grèves, depuis Carolles jusqu'à Granville, une multitude les suivra; sur les autels réédifiés on remettra d'insignes reliques; entre les plains-chants beaux comme à Solesmes les orgues répondront; les tables eucharistiques seront pleines d'affamés, tandis qu'en bas, dans l'aumônerie, on en dressera d'autres pour le repas des pèlerins; les cloches humiliées remonteront dans la tour et l'Archange, à la cime, battra des ailes. Ah! Seigneur, ce jour-là, faites que j'y sois ! »>

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BIBLIOGRAPHIE

BIER LITURGISCHE PLATEN.

Roomsch zaakonderwijs,

door H.-J. VAN DE VEN, Pastoor, en Chr.-L. WESSELING, Mzn. Uitgave van E. van der Vecht, Marnixstraat, 372, Amsterdam. Prix de chaque tableau (110 x 85 cm.):

4 florins; la série des quatre: 13 florins; collés sur toile,

respectivement 5.25 et 18 florins.

Au cours de ces dernières années, l'enseignement élémentaire de la religion a reçu une forme plus intuitive et plus intéressante, les efforts accomplis en vue de rendre la liturgie familière aux fidèles ont déjà beaucoup contribué à faire entrer les âmes en contact plus facile avec la doctrine et la pratique religieuse.

Les tableaux liturgiques à l'usage des classes, que viennent de publier MM. van de Ven et Wesseling, s'inspirent de la même pensée didactique : ils ont surtout pour but de faire connaître aux enfants, en excitant leur attention, les divers objets du culte : meubles, vêtements sacrés dont se sert l'Église romaine. On est tout d'abord tenté de faire des objections sur le choix des sujets, c'est: 1°ole bas de l'église où s'accomplit la bénédiction d'une cloche; 2o le chœur où a lieu le salut du mois de mai; 3o la vêture d'un moine bénédictin; 4o l'intérieur d'une sacristie avant la Messe solennelle. Mais le but poursuivi par les auteurs explique la raison qui leur a fait préférer ces sujets à d'autres qui sembleraient plus importants: ainsi dans le premier tableau ce n'est pas tant la consécration de la cloche qu'ils veulent expliquer aux enfants, ils visent plutôt à se servir de la réprésentation de cette cérémonie comme d'un moyen pour attirer l'attention sur les divers meubles de l'église, les instruments du culte, les vêtements liturgiques de l'évêque et de ses assistants. De même le second tableau n'a pas pour but de représenter le salut, mais bien l'autel et ses parties constitutives. Le tableau concernant la vêture d'un religieux bénédictin est peut-être le mieux exécuté, plusieurs le jugeront d'un intérêt trop spécial; cependant, nous ne pouvons qu'approuver l'idée de faire ressortir ainsi la place qu'occupent les ordres religieux dans l'Église catholique, et même sous un rapport ce tableau est plus utile que les autres : ceux-ci, en effet, représentent (sauf la bénédiction de la cloche) des objets qu'on peut tous les dimanches aller observer dans son église paroissiale, tandis que la scène et les personnages monastiques ne se voient pas partout. Le quatrième tableau, enfin, fait connaître les ustensiles et les vêtements nécessaires pour la Messe solennelle.

Au point de vue artistique, ces planches se recommandent par leur dessin bien soigné, leur coloris vivant et agréable; elles sont de beaucoup supérieures à celles qui servent communément pour l'enseignement de l'histoire ou des sciences; elles représentent les personnes et les choses saintes avec la dignité qui leur revient et constitueront, par conséquent, un ornement bien à sa place dans toute école catholique.

La liturgie, chacun le sait, est une matière qui prête aisément à la critique au tableau no 1 nous remarquons que l'évêque porte les sandales, ce

qui ne doit avoir lieu qu'à la Messe pontificale, quant au tableau no 2, l'autel qu'il représente n'est certes pas un idéal de conception liturgique. D'abord, cet autel est en bois et ne peut donc être consacré ni l'église non plus; ensuite le trône de l'exposition est directement appuyé sur le tabernacle, et la croix s'élève au sommet du vaste retable à clochetons, à une énorme distance des chandeliers. Dernière observation : le très saint Sacrement étant exposé, le luminaire représenté est insuffisant, alors que tout à côté il y a de nombreux cierges allumés devant la statue de la sainte Vierge.

La brochure illustrée qui accompagne les tableaux montre quel parti l'instituteur pourra en tirer à l'effet de mettre l'explication des choses du culte à la portée de ses élèves et en relation avec les autres branches de son enseignement. D. R. P.

JACQUEMIN (Abbé), Accompagnements nouveaux et très faciles du chant des Offices avec Notices explicatives sur les divers chants, par A. GASTOUÉ, Ier fascicule : Temps de l'Avent. Prix: fr. 1.50. Chez l'auteur. Institution Saint-Charles, Chauny (Aisne), 1912.

Les accompagnements sont à trois parties et fort bien faits; nous voudrions seulement y voir le mode de mi finir en mi. A mérite égal, nous les préférerions à quatre parties; d'autre part, ainsi construits, les doigts les moins exercés les exécuteront facilement : c'est ce qu'a voulu l'auteur. Les Notices du savant M. Gastoué enveloppent la partie musicale et cette disposition invite à la lecture. Instructives, édifiantes, elles ne peuvent manquer de former le goût de l'organiste et de stimuler son zèle.

D. A. D.

U. I. O. G. D.

Permissu Superiorum.

IMPRIMATUR :

Mechlinæ, 25 Octobris 1912.
† Dés.-Jos. Cardinal MERCIER,

Archevêque de Malines.

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