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qui la possèdent. Si l'on sort du pays pour des études spéciales, dans le midi surtout, il faut s'observer contre l'accent. Partout il est convenable de fréquenter des gens qui parlent bien; il trace ensuite les règles que l'on doit suivre en écrivant, en lisant les grands auteurs, et recommande principalement de ne perdre jamais de vue la langue française.

A côté du précepte, votre collègue fournit l'exemple. D'abord, dans quelques questions grammaticales, qui ont pour but de corriger certaines locutions im

propres.

En second lieu, dans des pensées, que l'auteur a la modestie de donner comme un essai; je ne citerai que celle-ci :

« Je crois qu'en morale tout a été dit; mais il >> restera toujours à l'écrivain moderne la ressource » bien puissante de l'expression.

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En lisant ce petit recueil, on jugera que l'auteur a bien su profiter de cette ressource.

Enfin, Messieurs, dans un parallèle entre deux de nos orateurs chrétiens les plus illustres : Bourdaloue et Massillon. -- Votre collègue, après avoir dit que l'un est aussi riche que l'autre et que ce que l'esprit accorde de plus au premier, le second l'obtient toujours du cœur, établit les nuances qui les distinguent. Raisonneur par excellence, Bourdaloue entraîne l'esprit. Profondément pénétré des vérités qu'il annonce, il force tous les retranchemens, il faut que l'auditeur se rende.

Massillon ayant senti combien le ressort du cœur est puissant, chercha le secret de le faire mouvoir, et eut le rare avantage de le trouver; il sait instruire et persuader; mais surtout il sait toucher et plaire.

Allant de Massillon à Bourdaloue, de Bourdaloue à Massillon, je passe toujours, dit M. Bouyon, du regret au plaisir, du plaisir au regret, et il invite à essayer de ces petits voyages, qui sont bien inté

ressans.

Ce que je viens de rapporter de votre collègue, prouve qu'il ne se borne pas à exciter à l'amour de l'étude, mais qu'il met en pratique lui-même ce qu'il conseille.

Avantages de l'étude.

Votre Vice-Président, M. Guyot, est venu aussi ajouter l'exemple au précepte, dans un discours à l'occasion du don fait à la ville de Mende, par le Roi, du grand ouvrage sur l'Egypte.

Après avoir été l'interprète de la reconnaissance publique pour ce don magnifique, chef-d'œuvre de la typographie, du dessin et de la gravure; monument élevé à la gloire de nos armées et qui retrace avec tant de fidélité ce que cette contrée célèbre offre de remarquable, M. Guyot observe que, dans sa munificence, Sa Majesté a voulu favoriser dans notre département la culture des sciences et des arts utiles, encourager les travaux de la Société et inspirer à la jeunesse l'amour de l'étude, de cette passion si noble, qui procure tant de jouissances et ne donne jamais de remords.

Développant ensuite les avantages de l'étude, il présente l'homme qui s'y livre comme n'étant jamais isolé, se suffisant à lui-même, et arrivant au terme de la vie exempt de ce vide immense que traînent après elles les passions fougueuses. Il préfère la gloire des lettres à celle des armes, parce qu'elle ne coûte pas des larmes à l'humanité et que les monumens élevés au génie sont aussi durables que le monde.

Il ne partage pas l'opinion de certains esprits toujours disposés à faire l'éloge des tems passés au détriment de leurs contemporains, et il croit que la jeunesse de nos jours est plus portée que celle d'autrefois vers l'examen des choses sérieuses; il attribue cette amélioration à l'institution du gouvernement représentatif, à la publicité de ses délibérations, à l'admis sion des individus de toutes les classes aux emplois les plus éminens, causes qui excitent une émulation générale et une noble ambition pour acquérir les talens et la capacité qui mettent à même de parvenir aux honneurs.

Enfin, s'adressant à la jeunesse studieuse, il lui indique les modèles qu'elle a à suivre et les moyens propres à la seconder dans son goût pour les sciences, les belles-lettres et toutes les connaissances qui peuvent lui faire remplir les intentions bienfaisantes de notre Monarque, et concourir ainsi à la prospérité générale de notre patrie.

Avant de terminer ce qui a rapport aux belleslettres, je dois rappeler que des pièces de poésie vous ont été offertes par votre collègue M. Duparc, et par MM. de Bardel et Marmilor, que vous vous êtes associés comme correspondans.

Poésie.

C'est l'élégie que M. Duparc a choisie; ses vers sont consacrés à la perte d'une jeune personne moissonnée à la fleur de l'âge; et ses accens sont plaintifs.

Plus gais, MM. de Bardel et Marmilor ont fait choix du conte. Le premier parcourt la région des chimères et bâtit des châteaux en Espagne, Le second voyage tout bonnement en diligence, moyen fécond en aventures, l'un et l'autre sujets offraient un vaste

champ à l'imagination; ces Messieurs ont su en tirer bon parti et remplir le but du conte, celui d'amuser.

Beaux-Arts.

Dans la partie des Beaux-Arts, M. Bouyon vous a communiqué quelques observations sur la manière de jouer du violon. L'amitié et la reconnaissance les lui avaient inspirées pour l'usage du jeune fils du maréchal Masséna, qui l'honorait de sa protection et de sa bienveillance. Ses avis peuvent être utiles à nos jeunes amateurs. Amant passionné du violon, ses principes sont le fruit des leçons qu'il a reçues des meilleurs maîtres, des virtuoses de la Capitale. La pose de l'instrument, la manière de tenir l'archet et de s'en servir, de doigter et d'obtenir de beaux sons, font tour à tour le sujet de ses observations. Une de ses recommandations particulières, c'est de ne point faire de grimace en jouant du violon.

Antiquités de Javols.

Vous avez eu sous les yeux, Messieurs, une petite partie du produit des fouilles faites dans l'ancienne Gabalum; je dis une petite partie, parce que le plus grand nombre des objets découverts, les plus précieux et les mieux conservés, n'ont pas encore été déposés au Musée de Mende, senl local qui doive les réunir et où ils peuvent être de quelque utilité.

Ces fouilles ordonnées par arrêté de M. le Préfet offrent des résultats importans pour l'histoire du pays. Elles déposent de l'antiquité et de l'emplacement de la capitale des Gabali, [ Gabales ] et détruisent, d'une manière victorieuse, une opinion récente qui, sur de faux renseignemens, plaçait cette capitale hors des limites du territoire de ce peuple."

L'extraction de pierres pour la restauration de l'église paroissiale de Javols, faite dans un chainp visà-vis le pont qui va à cette église, sur la rive droite du Tréboulin, mit à découvert des murs en pierre calcaire, formant une enceinte circulaire, d'une assez grande étendue, apparemment une place publique, un cirque, au milieu duquel on trouva une colonne, aussi en pierre calcaire, dédiée par la cité des Gabales à Postume, qui, après avoir été Préfet des Ganles, prit la pourpre impériale vers l'an 258 de notre ère.

Cette colonne porte l'inscription suivante :

IMP. C. M. CASSI

ANIO LATINIO PO

STVMO INVICTO

P. F. AUG. POM. MA
XIMO T. P. P.P. COS IIII
CIVIT. GAB.

C'est-à-dire IMPeratori Cæsari Marco CASSIO ANIO LATINIO POSTVMO INVICTO Pio Felici AVGusto PONtifici MAXIMO Tribunitiâ Potestate Patri Patriæ COnSuli IIII CIVITas GABalorum.

Cette trouvaille donna l'éveil, d'autres fouilles furent entreprises sur divers points, et les vestiges de l'édifice le plus considérable découvert jusqu'à ce jour se trouve dans un champ appartenant à M. Portal, adjoint de M. le Maire de la commune, sur la rive gauche du Tréboulin. Son étendue et ses formes ne pourront être bien décrites, que lorsque le déblaiement du local sera terminé.

Je me contenterai de citer, pour le moment, que vers la fin d'avril dernier, on avait déjà trouvé dans

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