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COMPTE - RENDU

DES

TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ,

A LA SÉANCE PUBLIQUE DU 5 NOVEMBRE 1829,

PAR J. J. M. IGNON, SECRÉTAIRE PERpétuel.

MESSIEURS

Le spectacle intéressant que présente chaque année votre séance publique, l'empressement toujours croissant d'un nombreux auditoire, qui se compose de la réunion de tout ce que le pays offre de plus élevé en dignité et de l'élite de vos concitoyens, sont autant de preuves de l'utilité de vos travaux et de l'intérêt qu'ils inspirent aux personnes les plus à même de les apprécier. Heureux si, en remplissant le devoir qui m'est imposé, d'en rendre compte, je puis justifier l'attente d'un auditoire aussi distingué, et mériter vos suffrages.

J'entre en matière :

AGRICULTURE.

D'après l'ordre suivi jusqu'à présent, j'ai à vous entretenir d'abord de cet art qui, à raison de son importance, doit avoir le pas sur tous les autres parce qu'il est le premier, et que son origine remonte presque au berceau du Monde.

Dans un discours, prononcé en séance publique

M. le baron Florens a appelé votre attention sur l'amélioration de l'etat actuel du département de la Lozère.

Après avoir indiqué, comme causes générales de prospérité, la population laborieuse et la population éclairée dans son travail; parce que le travail, quelqu'il soit, est la vie de l'homme, la vraie cause de la richesse, et que l'instruction ajoute à la facilité et à la perfection des produits, M. Florens aborde l'état du département et il trouve que la population y est laborieuse, mais non également partout; et que le travail est presque partout un travail aveugle, de routine, que les enfans ont reçu de leurs pères traditionnellement, par la seule habitude; le même que l'on faisait il y a un siècle; que le tems n'y a rien ou presque rien changé, parce que l'instruction n'a point suivi le tems.

D'où il résulte que le grand besoin du département est l'instruction, s'il ne veut rester stationnaire et même reculer, parce qu'il ne marchera pas, tandis que les autres s'avancent.

Considérant ensuite le département comme pays agricole et pastoral, il traite successivement de la culture des terres, de l'élève des bestiaux et de l'emploi de leurs produits; objets principaux qui peuvent et doivent occuper sa population.

Il pense qu'on peut reprocher plusieurs défauts à l'agriculture du pays.

Le premier est de cultiver trop; votre collègue vous observe qu'il ne veut pas dire de produire trop; mais d'abord d'aller chercher dans des terrains éloignés des produits trompeurs, au lieu de se

restréindré dans les alentours de la ferme et d'aban

donner le reste des terres à la production spontanée pour le pacage, et en second lieu de défricher des terrains en pente qui, après quelques récoltes toujours décroissantes, sont transformés en rocs nus, par les pluies et les orages.

Un autre défaut est de cultiver mal, en se servant d'instrumens peu propres à ameublir et diviser la terre, condition fondamentale de la bonne culture.

Enfin il signale la négligence que le cultivateur porte dans la qualité et la quantité des fumiers, et indique les moyens d'obtenir, sous ce double rapport, des résultats qui doivent donner aux terres merveilleuse fécondité.

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Bornant là ses observations sur les vices de notre agriculture, M. Florens estime que l'état du département, en ce qui concerne l'élève des bestiaux et l'emploi de leurs produits, n'est pas plus satisfaisant.

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L'élève des bestiaux, dit-il, est comme l'agriculture » dont il est une branche, un objet de routine où » l'amélioration a de la peine à pénétrer, parce qu'on vise plus à l'économie qu'à la qualité. »

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On en peut dire autant de l'emploi des produits des bestiaux, La fabrication du fromage n'a reçu aucune des améliorations que la pratique emploie si utilement ailleurs; mais la plaie la plus profonde qui afflige aujourd'hui ce département c'est l'abaissement excessif du prix des laines et des étoffes du pays qui ne peuvent soutenir la concurrence avec celles fabriquées par les mécaniques, à moins d'imiter ce mode de fabrication ou de se tourner vers une autre espèce de travail.

Parmi les moyens d'affaiblir ou de détruire les

causes qui nuisent à la prospérité du département, votre président indique, pour l'agriculture premièrement, l'établissement d'une ferme modèle qui, en éclairant l'agriculteur, met l'expérience sous ses yeux et le force à abandonner la routine par le succès de nouvelles pratiques;

Deuxièmement, un système de colonisation d'après lequel des propriétaires donneraient à une famille une partie de terrain de leurs domaines à cultiver par elle, presque toute en travail manuel, à des conditions pour indemniser le propriétaire et pour nourrir la famille.

Troisièmement, l'introduction de cultures nouvelles, inconnues ou peu en usage, et notamment celles du chanvre, du lin et du murier.

Quant aux travaux industriels, on devrait employer la navette volante, fabriquer des étoffes de qualités supérieures et adopter les mécaniques pour combattre ses adversaires à armes égales.

La préparation et la filature du chanvre et du lin, le tissage des toiles; l'élève des vers-à-soie et la préparation de leurs produits, seraient autant de travaux propres à remplacer ceux de la filature des laines.

Enfin les capitaux employés à des établissemens industriels par des particuliers ou des associations.

Tels sont les divers moyens d'améliorer l'état du département, auxquels, dit votre collègue il faut en ajouter un autre qui leur donnerait à tous une plus grande puissance; nous l'avons déjà signalé: c'est l'instruction.

Céréales:

La culture des céréales de ces plantes graminées

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