De Mars et de l'Amour ils dicteront les lois; Il n'est point de Lucrèce, il n'est point de soubrette A vanter leurs hauts faits ils trouvent des appas Tous ces châteaux en l'air, ces vaines espérances, Ces sylphes imposteurs de la félicité, Font sourire l'humanité Sans en augmenter les souffrances. Et voit tout ramper sur la terre. I forge ses projets dans le sang et l'horreur. Qu'il veut se faire un nom dans la postérité. J'ai vu l'ambition regorgeant de chimères, Nous pouvons maintenant, dans une douce erreur, Construire des châteaux et rêver le bonheur. Soyons sages pourtant, et que l'expérience Les Sciences, les Arts, la riche Agriculture, Beau sexe qui, sur la toilette, Et dont la douce main apprête Quelques bijoux, une ceinture, Ne doivent pas borner vos aimables souhaits. Mais ce n'est pour nous qu'une fleur Achève d'embellir l'ouvrage. Beau sexe, laissez donc habiter vos esprits Au milieu des amours, des grâces et des ris. Des chàteaux que vous voudrez faire Si nous sommes les constructeurs, Il est des songes imposteurs; Mais ce n'est pas une chimère, ENVOI A LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE, COMMERCE, SCIENCES ET ARTS de Mende. Et moi, qu'au sein de la Lozère Quels châteaux, quels vœux dois-je faire? De mon changement d'atmosphère ; QUESTIONS GRAMMATICALES, COMMUNIQUÉES A LA SOCIÉTÉ; PAR M. BOUYON, MEMBRE RÉSIDANT. D'AVANCE A L'AVANCE. Le Dictionnaire de l'Académie donne ces deux expressions : » Les bons écrivains du siècle de Louis XIV n'ont point dit à l'avance. Et M.me de Sévigné a reconnu l'expression pour un gasconisme. Voilà ce que nous savons; mais Voltaire, à coup sûr, le savait aussi, et il n'était pas des bords de la Garonne. D'où vient donc que ce grand écrivain, remarquable sur-tout par la pureté de sa diction, se sert si fréquemment de l'expression à l'avance? Dans sa correspondance, on dirait presque qu'il affecte de la mettre en usage. Ne semblerait-il pas que Voltaire n'y trouvait rien de défectueux; qu'à ses yeux, le silence de l'Académie n'était pas une preuve que l'expression fût mauvaise? Il se disait peut-être : Le Dictionnaire de l'Académie ne renferme pas tout ce qui est bon. Peut-être aussi avait-il connaissance que plusieurs académiciens ne blâmaient pas cette expression. Il est vraisemblable enfin qu'il a voulu la répandre, comme pouvant quelquefois être utile, ne fût-ce que pour l'euphonie. Ajoutons qu'il y a aujourd'hui des écrivains qui s'en servent, et qu'il n'est pas rare de la voir dans les journaux. Mais Gattel la condamne expressément, et elle figure dans les recueils de locutions vicieuses. Pour moi, je me suis fait une loi jusqu'ici de ne point l'employér, J'avoue cependant que plus d'une fois j'ai été tenté de me donner le plaisir d'être gascon à la manière de Voltaire. TANT IL EST VRAI DE DIRE. Quelques critiques ont attaqué cette expression. Tant il est vrai de dire. Ils la regardent comme vicieuse, les mots de dire n'ajoutant rien, selon eux, à tant il est vrai. Je ne me permettrai point de donner une règle. Il me semble cependant que lorsqu'il s'agit d'une de ces vérités premières, qu'en quelque sorte nous n'apprenons point, on doit se servir des seuls mots TANT IL EST VRAI : tant il est vrai que la pitié naquit avec l'homme, et je dis volontiers, par exemple: tant il est vrai de dire que les gens d'esprit sont bêtes. Mais laissant à part mon procédé, MM, les critiques n'ont-ils pas tort de traiter d'inutile ce qu'ont jugé utile les Pascal, les Fénélon, les Massillon, et |