Page images
PDF
EPUB
[subsumed][merged small][graphic][subsumed][ocr errors][subsumed][ocr errors]

DES DOCVMENTS

HISTORIQVES

SVITE DE PIÈCES CVRIEVSES ET INÉDITES
PVBLIÉES AVEC

DES NOTES ET DES COMMENTAIRES

[merged small][merged small][merged small][merged small][graphic][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

REVUE

DES

DOCUMENTS HISTORIQUES

ANTOINE DE CHABANNES

COMTE DE DAMMARTIN

Depuis les traités de Conflans et de Saint-Maur (5 et 29 octobre 1465), qui, au prix de sacrifices momentanés, brisèrent la Ligue du bien public et sauvèrent la monarchie française, jusqu'à la mort du duc Philippe le Bon (15 juin 1467), la paix avec la Bourgogne ne fut pas ouvertement rompue.

Le comte de Charolais, qui, maintes fois du vivant de son père, s'était montré l'ennemi de Louis XI, n'était pas homme à respecter la foi des traités. Son caractère emporté et son humeur belliqueuse allaient se trouver directement aux prises avec l'esprit prudent et rusé et le tempérament éminemment politique du Roi de France. A peine Louis XI eut-il été informé officiellement de l'avénement du nouveau duc, qu'il se prépara à la lutte. Il fit réunir son artillerie, plaça des garnisons sur les marches de Bretagne et envoya le comte de Dammartin avec plusieurs compagnies sur les frontières des pays de Luxembourg et de Liége. Antoine de Chabannes, comte de Dammartin, avait été, à l'époque de la Praguerie, ardent partisan du Dauphin. Il avait rejoint ce prince assiégé dans Niort et l'avait empêché de capituler (1). Plus tard il avait secondé fidèlement Charles VII dans ses entreprises contre son fils rebelle et avait été chargé d'aller occuper le Dauphiné. Louis XI, à son avénement, dépouilla de ses biens son ancien ami et le bannit du royaume. « Comme il se trouva grand et

(1) Cf. Les vies de messire Jacques et Antoine de Chabannes, tous deux grands mais tres de France, par le sieur Du Plessis; Paris, Libert, 1617, in-12, p. 31.

[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

roi couronné, dit Commynes (1), d'entrée ne pensa qu'aux vengeances, mais tost luy en vint le dommage, et quand et quand la repentance. »> Aussi par le traité de Conflans il rendit au comte de Dammartin les biens qu'il avait confisqués et lui confia cent lances. Dès lors Antoine de Chabannes fut un des plus fidèles serviteurs de Louis XI. Il venait d'être créé grand maître de France (23 avril 1467) lorsqu'il fut chargé de veiller sur les frontières liégeoises.

Charles le Téméraire avait, dès son avénement, vu se révolter contre lui les Gantois et les Liégeois. Il pacifia d'abord Gand et marcha ensuite contre les Liégeois qui avaient chassé leur évêque et venaient de prendre la ville d'Huy (2). Ces derniers étaient alliés de Louis XI qui chargea Dammartin et l'évêque de Langres d'essayer de rétablir la paix entre le duc et ses sujets. Les ambassadeurs attendirent vainement à Rethel le moment favorable pour entrer en négociation. Ni les Bourguignons ni les Liégeois ne montrèrent d'empressement à accepter la médiation de la France. On accusait Louis XI de fomenter l'insurrection. Charles le Téméraire entra, le 23 octobre 1467, sur les terres des Liégeois et assiégea Saint-Tron. Les Liégeois, venus au secours de cette place, furent battus, le 28, à Bruystein, et le 1er novembre, Saint-Tron se rendit à discrétion. On rasa ses fortifications. C'est peu après ces événements que le comte de Dammartin, alors à Louches, en Artois, écrivit, le 12 novembre 1467, la lettre suivante à Louis XI (3). Mandé par son souverain qui, trahi par le duc d'Alençon et attaqué par le duc de Bretagne, voulait faire justice de ses vassaux, il répond qu'il va se rendre aux ordres du Roi.

Sire, le plus humblement que je puis me recommande à vostre bonne grâce. Et vous plaise savoir que je receuz unez lectres lundi neufviesme jour de ce moys qui vous a pleu moy rescripre, escriptes le premier jour dudict mois, contenant que incontinent ces lectres vehues je montasse à cheval et que je vensisses devers vous, toutes aultres choses lessées. Et pareillement m'a rescript mons" le seneschal de Poitou. En semblable sustance, Sire, incontinent vos lectres receues, je me suis délibéré d'acomplir vostre commandement et ay

(1) Mémoires, liv. I, ch. X.

(2) Mémoires de Commynes, liv. II, chap. II.

(3) Cette lettre fait partie de ma collection personnelle de documents sur le règne dé Louis XI.

« PreviousContinue »