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franchi sa première période. Les malades atteints de tubercu lisation commençante ont été plus heureux. Sur 35, il en est 26 qui ont quitté l'île dans un état satisfaisant, et chez lesquels cette amélioration a paru se maintenir.

États-Unis.

X.-Amérique.

La plus grande partie des États-Unis est située en dehors de la zone à laquelle nous avons borné nos recherches. Les provinces du sud y sont seules comprises, et doivent seules nous occuper. Le climat ne paraît pas devoir y être très favorable aux tuberculeux. On éprouve parfois aux États-Unis les quatre saisons dans l'espace de vingt-quatre heures, dit Chervin (lettre à M. Latour), et les personnes d'une constitution faible et dont la poitrine est très irritable résistent difficilement à des transitions aussi brusques du chaud au froid. Et pour qu'on ne croie pas que ceci s'applique seulement aux provinces du nord, il ajoute :

Étant à la Nouvelle-Orléans le jour de Pâques, en 1820, je vis le mercure éprouver un abaissement de 41 à 42 degrés du thermomètre de Fahrenheit dans un espace de douze à quinze heures. En avril 1824, me trouvant à Washington-City, j'y fus témoin aussi d'un abaissement de température aussi considérable, et ces transitions rapides ne sont pas les plus marquées que l'on aurait éprouvées.

Malgré cette circonstance du climat et ces variations si dangereuses, les provinces du sud sont considérées comme plus favorables aux affections de poitrine que les États de l'est et du milieu. Telle est du moins l'opinion du docteur Johnson et de Chervin. Elle est fondée, dit ce dernier, sur la rareté relative de la phthisie dans les provinces du sud, et il cite pour le prouver quelques statistiques qui ne démontrent pas le moins du monde cette supériorité. Ainsi, d'après les tables publiées par MM. les docteurs Niles et Russ, la mortalité causée par la phthisie à New-York, à Baltimore, à Boston et à Philadelphie, pendant un certain nombre d'années, a été, terme moyen,

dans la proportion de 1 à 6,03. Or à Charleston, situé dans le sud, par le 33° degré de latitude à peu près, le nombre total des morts fut de 807, dont 145 dues à la phthisie et 6 à l'inflammation aiguë des poumons. La phthisie, à Charleston, a donc été à la totalité des décès comme 1 est à 5,56, proportion d'un sixième plus forte que celle des villes précédemment citées. Les chiffres produits par Chervin prouvent donc le contraire de ce qu'il avance. M. Johnson fait observer, il est vrai, que beaucoup de ces décès ont eu lieu chez des malades venus des États du nord pour hiverner à Charleston. Cette manière de disculper la localité ne me paraît pas très encourageante pour les phthisiques qui seraient tentés de renouveler l'expérience. Le docteur Jumell a fait connaître (1) le chiffre des décès survenus en 1852 à Philadelphie. Ils concordent assez bien avec ceux qui précèdent; ils tendent cependant à abaisser encore le chiffre de la phthisie dans cette ville. Philadelphie compte 409,000 habitants. Pendant le 1er semestre 1852, il y a eu 2,785 morts, dont 358 phthisiques, 1 sur 7,77, proportion inférieure de plus d'un quart à celle de Charleston. Il y a eu 6 morts, 1 décès dû à la phthisie sur 1,140 habitants, ou 1 pour 570 par an.

En somme donc, les États-Unis renferment beaucoup de phthisiques; il n'est pas prouvé que les provinces du sud soient plus favorisées que celles du nord, et si les chiffres produits en faveur de cette opinion étaient suffisants pour trancher la question, ce serait plutôt en sens contraire. Ils confirmeraient plutôt l'assertion de M. Godineau (rapport déjà cité), d'après laquelle les phthisiques seraient plus communs dans le sud que dans le nord (2). Quoi qu'il en soit, nous

(1) Gazette médicale, 1853.

(2) Les pertes causées par la phthisie sont moins considérables dans la zone septentrionale des États-Unis que dans la zone méridionale, puisqu'elles sont réduites à 2,1 pour 1000 hommes d'effectif dans la première division, et qu'elles atteignent 4,4 dans la seconde.

laisserons les Américains y envoyer leurs phthisiques, et nous ne suivrons pas leur exemple.

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La Californie n'est pas encore bien connue au point de vue médical. Ce n'est pas que les observateurs y fassent défaut, cät les médecins y fourmillent, mais il est difficile de saisir les caractères dominants de la pathologie d'un pays à travers les fluctuations incessantes de sa population. La salubrité du climat est un fait aujourd'hui reconnu : « Il est aussi sain qu'il est beau; c'est le climat de Rome, moins les variations de température causées par les vents de l'Apennin (1). » Lå température est généralement douce et à peu près la même à toutes les époques de l'année, mais elle varie suivant qu'on se trouve en plaine, dans les vallons ou sur les montagnes. Un vent assez violent règne tout le long de la côte, mais surtout à San-Francisco. A Monterey, les brises de la mer et les brouillards des montagnes entretiennent une humidité constante, tandis qu'à San-Jose, à Carmelo, à Salinas, l'air est doux et uniforme (2). » Dans l'hiver, l'atmosphère est humide et froide, dans l'été, les jours sont brûlants, les nuits fraiches, l'air est pur et sec. Les maladies y sont rares, ce qui a lieu de surprendre lorsqu'on songe aux déplorables conditions dans lesquelles sont placés la majeure partie des émigrants. Beaucoup de valetudinaires ont éprouvé, d'après M. Garnier, une àmélioration notable dans leur santé depuis leur arrivée dans le pays. Les fièvres intermittentes, les diarrhées, la dysentérie, sont les affections prédominantes. Les bronchites y sont très communes, les pleurésies, les pneumonies n'y sont pas rares. Quant à la phthisie, les médecins auxquels j'ai emprunté ce qui précède n'en parlent pas. Il faut donc attendre encore avant de porter un jugement sur ce dernier point.

(1) James Blake, Gazette médicale, 1853.

(2) Garnier, Voyage médical en Californie. Paris, 1854, in-8.

CHAPITRE III. PAYS CHAUDS SITUÉS DANS L'HÉMISPhère du Sud.

Entre le tropique du Capricorne et le 38° degré de latitude environ.

Cette zone, couverte par la mer dans la plus grande partie de son étendue, ne renferme que peu de pays qui soient dignes de fixer l'attention du médecin. Le cap de Bonne-Espérance, le Chili, les républiques situées sur les bords de la Plata, sont les seuls points assez connus pour que nous puissions nous en occuper.

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Le cap de Bonne-Espérance est le point que les Anglais ont choisi pour aller rétablir leur santé compromise par le séjour de leurs possessions de l'Inde. Ce n'est pas une raison pour que ce soit un lieu d'émigration convenable pour les phthisiques. Les maladies qui les y amènent sont, dans la majorité des cas, des fièvres intermittentes rebelles, des dysentéries, des hépatites, des affections des pays chauds en un mot, qui s'améliorent sous l'influence d'un climat plus froid; mais les variations de température qui y sont si fréquentes, les coups de vent si communs dans cette région des tempêtes, doivent en éloigner les tuberculeux. D'après la statistique du docteur M'Tulloch, à laquelle nous faisons un dernier emprunt; lä phthisie est assez répandue parmi les troupes anglaises qui à tiennent garnison. Sur 22,714 soldats européens qui y ont passé en dix-neuf ans, on à compté 22,506 malades, dont 125 phthisiques : 1 phthisique sur 181 soldats.

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La Nouvelle-Hollande est peu connue. Il serait intéressant de savoir quels ont été, au point de vue de la tuberculisation pulmonaire, les résultats de l'émigration sur les condamnés änglais déportés dans les colonies pénitentiaires de BotanyBay et de Port-Jackson; mais les renseignements nous manquent complétement au sujet de ces convicts.

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Il n'en est pas de même de la Nouvelle Zélande, qui n'est, il est vrai, comprise que pour une faible portion dans la zone de laquelle nous nous occupons.

Le docteur Raoul y a passé près de quatre ans en station. La science lui doit le premier travail qui ait été publié sur la flore de ce pays. D'après les renseignements contenus dans son rapport de fin de campagne, la température y est assez douce. Le thermomètre ne descend jamais au-dessous de 4 degrés, et cela n'arrive encore que pendant quelques nuits de la mauvaise saison, qui s'étend de juin jusqu'en septembre. Il y gèle rarement, et la neige ne séjourne pas sur le sol. A cette époque de l'année, la température varie de + 6 degrés à 12 degrés. Les vents du sud y amènent de brusques variations et des abaissements parfois considérables. Dans la belle saison, de septembre en juin, le thermomètre s'élève habituellement à + 15 ou 20 degrés, très rarement à 25

ou 29.

Les affections de poitrine y sont très communes et font de grands ravages parmi les naturels. On voit parfois disparaître sous leur influence des familles entières et même de petits villages. Les Européens n'en sont pas à l'abri. Sur 150 hommes d'équipage et sur 10 décès, l'Aube compta 5 phthisiques, dont 3 morts. Pas de marais, pas de fièvres intermittentes, pas de fièvres typhoïdes. La Nouvelle-Zélande présente, comme on le voit, à la température près, quelque analogie avec les îles de la Société.

IV. Chili.

Compris entre la mer et de hautes montagnes, le Chili, malgré son beau ciel, est soumis aux conditions climatériques inséparables de cette position. Sur la côte, le vent souffle le plus ordinairement, pendant la belle saison, de la partie de l'est ou du sud; il descend des Cordillères, ou provient des

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