Page images
PDF
EPUB

» Dans une petite cavité pratiquée avec soin au sein d'un autre cigare, on introduisit 1 demi-gramme d'acide cyanhydrique dissous dans l'eau que j'avais reconnu contenir 0,177 d'acide anhydre; après quinze heures, on en opéra la combustion par le mode que j'ai exposé. Le cigare récemment préparé répandait une forte odeur d'amandes amères, qui disparut peu à peu et qui s'était entièrement dissipée au moment de la combustion.

› Cependant l'eau de lavage, qui était fortement alcaline, fournit encore des traces sensibles d'acide cyanhydrique.

› On opéra subitement la combustion d'un autre cigare préparé avec la même quantité d'acide cyanhydrique. Dès les premières aspirations, outre la quantité d'acide cyanhydrique que pouvait retenir l'eau distillée du premier tube, il se manifesta dans le second renfermant du nitrate d'argent, un abondant précipité blanc offrant tous les caractères du cyanure qui passa successivement au violet. Le cyanure recueilli dans ce seul tube correspondait à 50-75 milligrammes d'acide cyanhydrique. Le gaz recueilli dans l'aspirateur offrait, outre l'odeur empyreumatique, celle d'acide cyanhydrique. La quantité de cendres obtenues, y compris le poids de l'acide cyanhydrique correspond à 24,814 pour 400.

» Dans un autre cigare, on a introduit 70 centigrammes du même acide cyanhydrique en faisant communiquer le cigare avec un tube renfermant une solution de nitrate d'argent. Après deux aspirations seulement, il se produisit un abondant précipité blanc de cyanure qui, recueilli, lavé et séché, a pesé 0,042 correspondant à 8milligr, 56 d'acide cyanhydrique, quantité suffisante pour occasionner un empoisonnement avec des conséquences graves. >> En allumant les cigares renfermant de l'acide cyanhydrique, quand il se produisait un peu de flamme, elle était colorée en rouge, comme celle du cyanogène.

» Dans une ouverture pratiquée au sein d'un autre cigare, on introduisit 45 centigrammes de bichlorure de mercure; la combustion fut opérée et les produits recueillis comme précédemment.

> Pendant la combustion, on a placé une capsule de porcelaine au-dessus de la fumée, il s'y forma une tache jaune qui fut traitée par l'acide nitrique; la liqueur obtenue fournit très sensiblement avec les réactifs les caractères du chlore et du mercure; l'eau distillée et le nitrate d'argent qui, après quelques aspirations, était devenu trouble et blanc, fournirent l'un et l'autre les caractères du chlorure de mercure.

D

» Il ne fut pas possible de découvrir de traces de mercure dans les cendres.

>> De mes expériences et des résultats signalés, je crois pouvoir conclure avec certitude:

D

» 4° Qu'en introduisant de l'acide arsénieux ou un autre composé

arsenical en poudre dans une cavité de 3 à 4 millimètres de longueur pratiquée au sein d'un cigare, à une certaine distance de la partie que l'on place dans la bouche, quelle qu'en soit la quantité, en le fumant, il n'est pas facile qu'il en résulte aucun accident, si même cela n'est pas impossible.

» 2° Qu'en fumant un cigare imbibé d'une solution saturée d'acide arsénieux, sans porte-cigare, une petite quantité introduite dans l'estomac avec la salive par l'extrémité placée dans la bouche, outre celle qui aurait pénétré avec la fumée, peut occasionner plus probablement des accidents, ou du moins des malaises plus ou moins graves;

» 3° Que, quelle que soit celle de ces deux causes qui occasionne les accidents, la quantité d'arsenic que l'on trouvera dans les organes sera toujours très petite, mais isolée, jamais associée à d'autres métaux, excepté le cas dans lequel on aurait administré de l'émétique, de l'oxyde de fer, ou tout autre produit pharmaceutique ;

» 4° Que le produit arsenical qui traverse le cigare dans l'action de fumer, est gazeux;

>> 5° Qu'en fumant des cigares avec l'acide arsénieux ou l'arsénite de cuivre, la combustion est plus lente qu'avec un cigare ordinaire; la proportion de produits huileux pyrogénés et celle d'arsenic qui passe au travers du cigare pendant les aspirations, moindre; qu'une partie se réduit à l'état métallique dans le cigare même et que celui qui parvient dans la bouche est rejeté en presque totalité;

>> 6° Que la plus grande proportion de l'arsenic reste dans les cendres, et qu'outre la démonstration provenant de l'appareil de Marsh, la proportion de cendres que l'on obtient est plus grande que celle d'un cigare semblable sans arsenic ;

>>7° Qu'en fumant un cigare avec 15 centigrammes d'acide arsénieux ou un autre composé arsenical, il se manifeste une odeur alliacée plus ou moins sensible, de nature à avertir du danger celui qui fume, outre que dans une telle circonstance l'oxygène de l'acide arsénieux forme avec l'hydrogène et le carbone des produits pyrogénés; que l'odeur empyreumatique et celle de nicotine propres au tabac sont moins intenses et masquent par suite moins facilement celle des composés arsénieux ;

la

» 8° Que si, dans la cavité d'un cigare, on a placé un morceau d'un cigare suspect dans lequel on avait introduit de l'arsenic à quelque distance de l'extrémité que l'on place dans la bouche, et que partie qui renfermait de l'arsenic soit entièrement brûlée, l'expert peut trouver de l'arsenic métallique dans ce morceau, de manière à constater la tentative de crime;

» 9° Que si l'arsenic se trouve dans le cigare associé avec le cuivre, l'antimoine ou d'autres métaux, excepté le mercure, l'arsenic seul se retrouve dans la fumée et les autres métaux, avec la plus

graude partie de l'arsenic lui-même, restent dans les cendres;

» 40° Que dans la combustion d'un cigare simple de la Havane, on obtint beaucoup de carbonate d'ammoniaque, des produits pyrogénés huileux, de l'eau, divers gaz et une quantité notable de nicotine libre; par la même raison qu'en fumant du tabac, la nicotine qui est volatile, diffusible et vénéneuse, n'occasionne pas d'accidents funestes, je pense que les alcaloïdes fixes ou moins volatils, comme la strychnine, la brucine, la morphine, l'atropine et d'autres net peuvent en produire, et par suite, j'ai cru inutile d'entreprendre en ce moment des expériences à ce sujet, soit en fumant des cigares renfermant des alcaloïdes, soit des cigares formés des plantes qui les contiennent, mêlées avec des feuilles de tabac;

» 41° Qu'un cigare dans lequel on a introduit un demi-gramme d'acide cyanhydrique peut difficilement produire des accidents si on le fume après quinze heures, surtout s'il se trouve dans un lieu chaud. Que si une égale quantité d'acide cyanhydrique était introduite dans un cigare que l'on allumât immédiatement pour le fumer, une forte aspiration pourrait encore être fatale.

>> Que cependant des cigares ainsi préparés répandent une odeur assez intense d'amandes amères pour avertir qui que ce soit qu'ils ont subi une préparation artificielle et lui laisser soupConner que c'est dans le but d'attenter à sa vie, en n'excluant cependant pas le cas où l'on porterait ce cigare à la bouche par inadvertance, et qu'en produisant une aspiration pour le fumer, il pourrait déterminer un empoisonnement;

» 12° Que l'acide cyanhydrique introduit dans un cigare peut être en grande partie aspiré en fumant, sans être décomposé par la chaleur ;

» 43° Qu'en fumant des cigares renfermant du bichlorure de mercure, on trouve dans la fumée qui se répand dans l'air et dans celle que l'on aspire, les éléments du chlorure lui-même;

» 44° Que cependant, ce chlorure ayant une saveur métallique très désagréable, celui qui aurait fait une ou deux aspirations, ressentirait dans la bouche une impression si particulière, qu'il serait obligé de cesser de fumer, non sans courir quelque danger. Cependant, les expériences sur ce fait méritent d'être répétées, et formeront le sujet d'un travail que j'entreprendrai sur les diverses préparations de mercure. »

NOTA. Je publierai dans le prochain numéro des Annales des recherches sur le sujet traité par le professeur ABBENE.

H. GAULTIER de Claubry.

Tableaux de la situation des établissements français en Algérie, 1852-1854.2 volumes in-4. Imprimerie impériale. Paris,

1855.

L'administration de la guerre vient de publier deux nouveaux volumes des tableaux de la situation des établissements français en Algérie; les lecteurs des Annales d'hygiène ont été tenus au courant des documents contenus dans tous les volumes antérieurement publiés (Annales d'hygiène, 1853, t. L, p. 281). Nous n'avons donc aujourd'hui qu'à résumer le mouvement de la population des dernières années.

Au 31 décembre 1854, la population européenne de l'Algérie se composait de 143,387 individus, dont 86,017 dans les villes, et 57,268 dans les campagnes. En ajoutant 8,304 pour la population dite en bloc, on obtient un total de 151,694.

La population proprement dite se composait à la même date de:

[blocks in formation]

Enfants (1). . . . 51,613

Sous le rapport de l'origine, on comptait :

[merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

Au 31 décembre 1854, la population des tribus indigènes était de 2,056,098 individus, dont

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small]

On a compté dans la population européenne,

En 1852, 5,964 naissances et 6,552 décès.
En 1853, 5,615 naissances et 5,427 décès.
En 1854, 6,114 naissances et 7,025 décès.

(1) L'administration paraît ainsi désigner les individus âgés de moins de quinze ans.

Ces chiffres donnent un total

De 17,687 naissances et de 49,004 décès.

Il suit de là que dans les trois dernières années il y a eu un excédant de 1,317 du côté des décès, et que l'accroissement de la population tient exclusivement à l'arrivée de nouveaux immigrants.

Pour la première fois, les Tableaux distinguent les décès des deux sexes. Voici les résultats constatés :

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

Au premier aspect, on pourrait croire que la femme résiste mieux que l'homme au climat algérien ; mais si l'on considère que la population féminine est à l'élément masculin comme 30,112 à 50,662, ou comme 3 à 5, on voit que la mortalité des deux sexes reproduit très sensiblement cette même proportion.

En France, avec une proportion normale d'enfants et de vieillards, on compte, année moyenne, de 23 à 24 décès sur 1000 habitants; en 1849, année de choléra, cette proportion n'a pas dépassé 27.7 décès sur 1000.

En Algérie, la mortalité de la population européenne a été,

En 1854, de 50,8 décès sur 1000 habitants.

[blocks in formation]

Elle s'est élevée dans la province de Constantine,

En 1852, à 66,5 décès sur 4000 habitants.

[blocks in formation]

N'oublions pas que la population européenne ne saurait avoir une proportion normale de vieillards, et que les chiffres qui précèdent expriment le rapport des décès, non à la population moyenne de l'année, mais à la population du 31 décembre, dont le chiffre, plus élevé, tend à abaisser celui du nombre proportionnel des décès.

Cette proportion des décès s'est élevée, en 1852,

A Oran.

à 52,6 décès sur 4000 habitants.

[blocks in formation]
« PreviousContinue »