Page images
PDF
EPUB

strument par le manche, et appuyant fortement dessus dans une direction un peu inclinée, il l'enfonce daus la tourbe; ensuite il appuie sur le second manche, et fait agir le tranchant mobile qui, en descendant, détache le lopin de tourbe et sert à le rete nir dans la boîte. Ce second manche, qui est parallèle au premier, coule dans des anneaux de fer solidement fixés de distance en distance sur le premier manche.

L'opération achevée, l'ouvrier retire la boîte remplie de tourbe, et après avoir remonté le côté mobile, il la renverse, et en fait sortir deux lopins de tourbe, qu'on peut diviser ensuite d'un coup de bêche. Cette opération est analogue à celle qui se pratique avec le grand louchet, mais elle est plus facile.

L'emploi de cette machine exige un peu d'habitude de la part de l'ouvrier; mais une fois au fait du travail il la manoeuvre avec facilité, et peut l'enfoncer et la retirer pleine plusieurs fois dans une minute. Elle produit à-peu-près autant que le grand louchet, mais peut descendre à de plus grandes profondeurs. Elle offre l'avantage de pouvoir exploiter la tourbe au milieu des excavations, tandis qu'au moyen du grand louchet on ne peut l'extraire que sur les berges baignées par l'eau ; et elle est préférable à la drague: 1o..en ce qu'elle exploite la tourbe en morceaux réguliers; 2°. qu'elle peut servir dans des trous de toutes profondeurs et dimensions, tandis que la drague ne peut agir que sur un grand espace.

C'est à ceux qui s'occupent de l'exploitation des

tourbières à en constater les effets et à en propager l'usage, si elle leur semble préférable aux instrumens dont on se sert habituellement.

M. Jullien offre de donner à ceux qui le désirent tous les renseignemens nécessaires sur la construction et l'emploi de sa machine. (Bulletin de la Société d'encouragement, no 88.)

Machine emploiée au curage des ports et canaux de Venise, et applicable à l'extraction des tourbes limoneuses, et compactes.

La description de cette machine a été communiquée à la Société d'encouragement par M. de Prony.

La machine est formée d'une poutre verticale de 5 mètres environ de longueur, et armée à sa partie inférieure d'une ferrure plate, cu espèce de bêche ou pelle destinée à être enfoncée dans le terrein à la profondeur de 15 à 18 décimètres. Vers l'assemblage de la poutre et de la bêche est un axe horizontal en fer, autour duquel tourne la caisse ou cuiller destinée à ramener les matières qu'on veut extraire du fond. Cette caisse est une portion de cylindre qui a pour axe l'axe de rotation dont on vient de parler; et qui est de dimensions telles que lorsqu'elle est abaissée et juxta - posée contre la pelle, celle-ci la ferme exactement. La caisse se ment par le moyen d'un levier de 5 à 6 mètres de longueur, auquel elle est assemblée très-solidement.

Lorsqu'on veut curer, on enfonce verticalement

la bêche dans le fond du lit du canal par les moyens ci-après indiqués. La cuiller est tenue ouverte par un crochet adapté à sa partie postérieure, auquel tient une chaîne tirée par une mouffle. Lorsque la pelle est suffisamment enfoncée, on lache la mouffle d'un côté, et de l'autre on tire l'extrémité du levier avec une corde enroulée sur le cylindre d'un cabestan. Ce mouvement tend à faire fermer la cuiller, ce qui ne se peut opérer sans qu'elle ne se remplisse. des matières dans lesquelles la bêche est enfoncée, et lorsqu'elle vient à être juxta-posée contre cette bêche, les matières ne peuvent plus en sortir; on enlève alors tout l'équipage au-dessus de la surface de l'eau, on rouvre la pelle, et les matières tombent dans un bateau qui vient se placer au-dessous.

L'enfoncement et l'extraction de la bêche s'opèrent au moyen d'un grand levier extrêmement solide, dont chaque branche a 6 mètres et demi de longueur. A l'une des extrémités de ce levier est attachée la poutre, à laquelle tiennent la pelle et la cuiller ; l'autre extrémité porte un taraud dans lequel tourne une forte vis, dont le bout inférieur, non taraudé, est maintenu, et tourne dans un collier, de manière à ne pas se mouvoir parallèlement à l'axe de ce collier. D'après cette disposition, en faisant tourner la vis au moyen, des leviers qui y sont adaptés, soit dans un sens, soit dans l'autre, on fait lever ou ba sser les extrémités du levier, et par conséquent la bêche et la cuiller.

Les pièces qui unissent les extrémités du levier au

manche de la pelle et à la vis, et le collier du bout inférieur de cette vis, tournent sur des tourillons horizontaux, afin de former des articulations, telles que rien ne soit forcé pendant le mouvement du levier.

Ce levier et son équipage sont portés sur un bateau fixé pendant l'opération avec les précautions ordinaires. La machine est manoeuvrée par cinq hommes, qui peuvent travailler pendant six heures de suite, en enlevant 60 pieds cubes de matières en cinq minutes, à une élévation de 14 à 15 pieds. Si l'on suppose le poids d'un pied cube de gravier et de sable de 120 ou 125 livres, c'est-à-dire, d'environ 50 livres de plus que le poids du pied cube d'eau, ce travail équivaut à-peu-près à un effort de 30 livres, avec une vitesse d'un pied par seconde pour chaque homme.

La construction de cette machine est d'ailleurs fort simple; elle égale au moins en solidité, et surpasse peut-être en facilité dans la manoeuvre et en produit, les machines emploiées au curage dans les ports de France; et elle doit exiger moins de réparations que celles emploiées communément dans nos travaux hydrauliques. On n'y trouvera pas cependant comme dans la machine à draguer, décrite par Regemortes, la commodité de pouvoir être placée et manœuvrée dans un batardeau de 5 à 4 mètres de largeur, mais cet inconvénient est compensé, dans les lieux où l'on peut disposer d'un grand emplacement, par plusieurs autres avantages,

La machine dont il est ici question est figurée dans l'ouvrage de M. Kraft, intitulé: Plans, coupes et élévations de diverses productions de l'Art de la Charpente, exécutés tant en France que dans les pays étrangers. 1 vol. in-folio. Paris, Schoell. 1805. Une description s'en trouve dans le n° 56 du Bulletin de la Société d'encouragemeut.

Améliorations dans le procédé suivi pour le char→ bonnage de la tourbe, par M. BLAVIER.

La méthode de charbonner la tourbe est connue et décrite dans le n° 283 du Journal des Mines, mais les observations suivantes de M. Blavier tendent directement à améliorer le procédé, et à lui donner un plus grand degré d'utilité dans les arts.

I. On ne doit jamais charbonner de la tourbe mousseuse, mais bien de la tourbe compacte, ou du moins rendue telle par des manipulations préparatoires, consistant principalement à la pétrir, s'il y a lieu, à la mouler en même temps qu'on la frappe, et à lui faire subir une dessiccation complète dans une étuve semblable à celles dont on se sert dans les grandes briqueteries.

II. La suffocation de la tourbe charbonnée ne doit commencer qu'immédiatement après que la distillation est achevée; il paraît aussi plus avantageux de l'exécuter dans l'appareil lui-même que dans des étouffoirs qui ont été d'abord proposés à cet effet. On évite par-là un remanîment, et souvent même une

« PreviousContinue »