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faire cristalliser le sirop de sucre de châtaignes, qui, livré à lui-même dans une étuve, s'y prend en masse gommeuse, sans donner aucun indice de cristallisation.

La moscouade qu'on obtient est sensiblement colorée, et retient toujours un peu de sirop non cristallisable; on l'en dépouille en grande partie si, après l'avoir comprimée dans des formes, on fait filtrer au travers une certaine quantité d'eau. En faisant servir cette eau à de nouveaux lavages, le sucre qu'elle aura dissous dans cette opération ne sera point perdu, le produit sera plus blanc et conservera moins la saveur de la châtaigne; enfin on pourrait terminer avanta→ geusement ce lavage avec l'alcool.

4°. La dessiccation tendant à diminuer les principes cristallisables contenus dans la châtaigne, il paraîtrait plus avantageux d'opérer sur la châtaigne fraîche que sur la châtaigne sèche; mais la châtaigne verte ne se conservant que six mois de l'année, les manufactures seraient obligées de suspendre leurs travaux pendant les autres six mois; tandis qu'en opérant sur la châtaigne sèche, elles pourront travailler l'année entière. D'ailleurs il est des années où plus de la moitié des récoltes sont détruites par la moisissure et la pourriture : la dessiccation prévient en grande partie cette perte.

Il est beaucoup de cas où l'économie des trois cinquièmes que la dessiccation apportera dans les frais de transport, sera plus grande que les avantages qu'on aurait à opérer sur la châtaigne verte; sous ce rapport

il est essentiel que la dessiccation se fasse à la campagne, elle présentera encore une économie de moitié dans la différence du prix du combustible.

5°. Le mode de dessiccation usité en Toscane est encore susceptible de perfectionnement; il est probable qu'une étuve à courant d'air chaud, dont la température pourra être graduée à volonté, remplira entièrement l'objet qu'on doit se proposer, en procurant la plus grande économie possible de temps et de combustible. C'est surtout en Limousin que cette méthode de dessiccation aura une influence doublement utile. La châtaigne n'étant plus exposée au contact de la fumée, ne contractera pas le goût d'empyreume qu'elle lui communique.

Les auteurs terminent leur Mémoire par des considérations sur l'importance de la culture des ch⬠taignes, principalement dans le ci-devant Limousin, On peut consulter ce Mémoire inséré dans le 94° no du Bulletin de la Société d'encouragement.

Sucre indigène, extrait de la sève du noyer, par M. BANON (pharmacien, à Toulon).

La quantité de sève fournie par chaque noyer varie par différentes circonstances, de sol, de localités, d'exposition, etc.; mais, d'après l'auteur, un quintal de sève fournit, terme moyen, deux livres et demie de sucre.

Cette sève est claire et limpide comme de l'eau, depuis le moment qu'on perce le noyer jusqu'à ce

pas

que ces arbres refusent d'en fournir. Ce liquide ne doit être conservé plus de vingt-quatre heures, sans quoi il passe à la fermentation alcoolique, et l'on obtiendrait un vin de noyer.

Procédé pour obtenir le sucre de la sève.

Après avoir passé ce liquide à travers une toile pour le débarrasser des impuretés qui pourraient y être mêlées, on le fait évaporer dans des chaudières très-évasées; on y ajoute un peu de chaux pour neutraliser l'acide qui se forme par l'action de la chaleur, et dont la présence nuirait à la cristallisation du sucre. On enlève les écumes avec soin, on clarifie avec les blancs d'œuf, ou le sang de boeuf; on filtre. On remet sur le feu, et l'on fait cuire en consistance de sirop.

On met alors le sirop dans de grands cônes d'argile non vernissés, et trempés préalablement dans l'eau ; le sucre cristallise au bout de quelques jours, en grains semblables au sucre brut de cannes; on l'emploie aux mêmes usages, et à la même dose, sans y trouver de goût étranger.

Il paraît contenir, d'après l'auteur, beaucoup moins de mucoso-sucré que le sucre de cannes, puisqu'on peut le faire cristalliser presque jusqu'à la dernière goutte.

Cette cassonade peut être rafinée, et convertie en pains très-blancs et très-sonores, par les procédés ordinaires; mais on éprouve un tiers de déchet. (Bul letin de Pharmacie, mars 1812.)

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Fabrication du sirop de maïs , par

M. DE LAPANOUSE.

L'auteur commence par saturer les acides que contient le suc des tiges de maïs, et coagule la matière végéto-animale qu'il recèle. Il emploie alternativement la craie, la potasse et la chaux vive; ses expériences l'ont porté à donner la préférence à cette dernière substance, et dans la proportion de deux onces sur cent livres de suc.

La quantité de suc que lui ont donné les tiges de maïs, est de 45 à 50 pour 100 ; et cette quantité de suc lui a fourni de neuf livres et demie à dix livres de sirop bien cuit. Il a ensuite comparé les produits en suc sucré de la canne à sucre cultivée en Amérique, avec celui du maïs cultivé dans son département (Gard). Il en résulte que la canne à sucre en fournit une double quantité ; mais, observe l'auteur, dans le temps nécessaire pour que la canne à sucre parvienne à sa maturité, on peut faire trois récoltes de maïs, puisque la canne reste en terre quinze à vingt mois, tandis que le maïs n'y reste que trois à quatre. (Annales de Chimie, juillet 1812.)

Arbre à sucre decouvert en Espagne par
M. ARMESTO.

Cet arbre a été découvert par M. Armesto, dans les montagnes de Navin, province d'Orena, où il

est très-multiplié, très-productif, et dont le fruit produit un sucre égal à celui de canne.

Cet arbrisseau est le madrono, arbousier (arbustus unedo Linnæi), fraisier en arbre. Il a huit à dix pieds de haut ; ses feuilles sont ovales-oblongues, dentées à leurs bords, glabres, dures et coriacées; les fleurs naissent en grappes à l'extrémité des rameaux, et les fruits rouges et hérissés de tubercules ressemblent à une grosse fraise. Il vient spontanément dans plusieurs contrées de l'Europe, et dans les parties méridionales. La nature l'a surtout répandu avec profusion en Espagne, où des montagnes entières du royaume de Léon en sont couvertes.

Il prend racine avec facilité, et fleurit au milieu de l'été. Ses feuilles et son port sont très-élégans, sa verdure est fraîche et pérenne, et les couleurs vives qui distinguent ses fruits, lorsqu'ils sont mûrs, le rendent un des plus beaux arbres d'ornement. On se sert de ses feuilles, dans quelques parties de la Grèce, pour tanner le cuir, ce qui indique un degré considérable d'astringence; aussi leur décoction est-elle recommandée dans les diarrhées. Son bois est solide et compacte, d'une jolie couleur d'amaranthe claire, très-propre à faire des meubles de luxe.

Le fruit fournit au moins un cinquième de son poids en sucre; le marc donne, par la distillation, nn rhum dont l'arome est délicieux; l'enveloppe du fruit desséchée est un excellent combustible, qui brûle sans flamme et sans fumée; il est particulièrement utile pour les fourneaux des étuves des brasseurs,

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