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15°. COULEURS.

Fabrication du blanc de plomb, d'après le procédé de MONTGOLFIER.

Ce procédé est d'une grande simplicité, et présente de l'avantage sur celui que l'on suit encore partout.

La première opération est le laminage du plomb. Montgolfier avait reconnu qu'en le coulant sur coutil, les lames pouvaient être aussi minces qu'on le désirait, et qu'il suffisait d'incliner plus ou moins le cadre qui porte le chassis, pour faire varier à volonté l'épaisseur. La surface du plomb reste un peu irrégulière et hérissée de pointes, disposition très-favorable à l'oxidation du plomb que l'on doit opérer ensuite. Ce laminage sur coutil étant déjà connu, il est inutile de s'y arrêter plus long-temps. On suppose donc que l'on saura facilement réduire le plomb en lames trèsminces et de surface raboteuse.

La seconde opération consiste à oxider et à carbonater le plomb, et voici comment était disposé l'appareil de Montgolfier.

On avait un fourneau dit à réverbère ordinaire, qu'on chauffait avec du charbon de bois. La cheminée, placée sur le dôme du fourneau, s'élevait à 4 ou 5 mètres, et, en prenant une direction horizontale, elle se rendait dans un tonneau couché par terre; elle était adaptée à un orifice fait au fond du tonneau, un peu au-dessus de son centre; du vinaigre séjournait dans la partie inférieure de ce tonneau, et un tuyau

égal à la cheminée se trouvait ajusté vers le centre du second fond du tonneau. Il communiquait avec une grande caisse rectangulaire dans laquelle on suspendait les lames de plomb alternativement haut et bas, pour déterminer le courant d'air à parcourir entièrement la surface des lames. L'autre extrémité de la caisse était ouverte, pour donner issue aux gaz qui ne se combinaient pas avec le plomb. La caisse avait un couvercle mobile, que l'on enlevait pour poser les lames de plomb sur les petits bâtons qui les atten¬ daient.

On conçoit que l'air qui s'élevait du fourneau pour entrer dans le tonneau où se trouvait le vinaigre, devait chauffer cet acide et en emporter en vapeur ; il

arrivait donc dans la caisse où étaient les lames de plomb un courant composé, 1°. d'acide carbonique produit par la combustion du charbon; 2°. d'oxigène échappé à l'action de ce combustible, que l'on pouvait augmenter à volonté, en laissant quelques trous vers le milieu de la cheminée par où de nouvel air atmosphérique était aspiré; 3°. de vapeur de vinaigre, et enfin, 4°. du gaz azote de l'air atmosphérique.

Toutes les circonstances reconnues nécessaires à la production du carbonate de plomb sont donc réunies dans cet appareil. Oxigène, acide carbonique, vinaigre, chaleur, tout s'y trouve rassemblé.

Les lames de plomb se chargent assez promptement d'une couche de carbonate; si on ne veut pas les laisser se convertir entièrement en une seule opération, on les retire de la caisse, et on les suspend dans l'eau; le

blanc de plomb se détache facilement, et tombe au fond du vase. Si on laisse les lames un temps suffisant pour être converties complètement en carbonate, on les met de même dans l'eau, mais alors il faut léviger le dépôt, pour en séparer les parties métalliques qui ont pu échapper à l'oxidation, et qui terniraient la couleur du blanc.

Quant aux dimensions de la caisse, il sera trèsfacile de les établir par le calcul, et de les vérifier par un essai.

Ce procédé a été publié par MM. Clément et Desormes, dans les Annales de Chimie, cahier de décembre 1811, et dans le 91o numéro du Bulletin de la Société d'encouragement.

Deux méthodes brevetées de fabrication du blanc de céruse, par MM. CHAILLOT DE PRUSSE, de Paris, et M. CASAURANE DE SAINT-PAUL.

I. Méthode de M. Chaillot de Prusse.

Il faut préparer des étuves en manière de serres. chaudes, c'est-à-dire, un conduit de chaleur, fait en briques, de six pieds de large sur un pied d'élévation. On peut même, selon la quantité de céruse que l'on veut faire, réunir deux, trois ou quatre conduits de çe genre.

Ces conduits seront chauffés par un poêle que l'on placera au centre. Au-dessus des conduits on formera des caissons de la même longueur et de la même lar

geur que les conduits, c'est-à-dire, six pieds. La base qui posera sur la voûte des conduits sera en briques; on élèvera sur les côtés des petits murs d'appui, à la hauteur de quatre pieds, et on leur donnera un pied d'épaisseur.

Pour faire le blanc de céruse on prend des pots de grès, de forme oblongue, avec des supports sur les côtés, et ayant aux deux tiers de leur profondeur une grille de même matière que les pots.

Sur ces grilles on posera des lames de plomb, de deux lignes d'épaisseur, à la distance de quatre lignes l'une de l'autre, afin que l'évaporation ne soit pas interceptée.

Cela fait, on prend du fort vinaigre bouillant dans lequel on aura dissous du vitriol romain. Sur deux pintes de vinaigre, on met deux onces de vitriol, et on verse ce mélange sur le plomb. Le vinaigre ne doit pas monter dans les pots jusqu'à la grille et toucher le plomb, mais en rester éloigné de deux pouces. On couvre ensuite le pot de son couvercle, et on le bouche bien hermétiquement.

Alors on pose les pots dans les encaissemens indiqués, autant qu'ils pourront en contenir, en mettant dessous six pouces de tan, autant entre les pots, et dix-huit pouces par-dessus, afin que la chaleur soit bien concentrée. On aura soin de chauffer le poêle de manière que la température soit maintenue à vingt degrés.

On laisse les pots pendant un mois dans cette cha

leur, au bout de ce temps on les retire, et on a soin que le blanc qui s'est formé reste toujours liquide. Ensuite on prend de la craie de Champagne, parce que toutes les craies ne sont pas bonnes pour cette opération, bien blanche, bien fine et très-lourde. On la casse en très-petits morceaux, pour choisir ceux où il n'y aura pas de rouille, ni d'autres corps étrangers qui pourraient ternir le blanc; ensuite on la passe au moulin pour la pulvériser.

On infusera toute cette poudre dans des cuves pleines d'eau bien limpide, pour la laver. On l'y laisse déposer, et on n'en prend que la superficie ; de cette manière on la lave sept fois et même plus si on le juge nécessaire.

Après cette opération on laisse bien essuier le blanc, jusqu'à ce qu'il se soit formé en pâte. Alors on mettra deux tiers de blanc de plomb et un tiers de blanc de craie bien épuré, et on mêle bien le tout; ensuite on passe ce mélange dans un moulin pour le bien broier. On lave une seconde fois toute cette masse pour la bien blanchir, puis on la laisse dans des cuves bien couvertes à l'abri de la poussière, et on ne découvre les cuves que quand le blanc est formé en pâte épaisse. Alors on le met dans des moules, où on le fait entrer en pressant, puis on met les moules sur des planches dans des pièces formant étuves. Ce blanc doit y rester un mois, afin d'y durcir; car plus le blanc de céruse est vieux fabriqué, plus il est beau.

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