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ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE YPROISE.

ÉTUDE SUR LES IMPRIMEURS YPROIS DU XVI SIÈCLE, Par ALPHONSE DIEGERICK,

Archiviste et Bibliothécaire-adjoint de la ville d'Ypres.

On connaît la part active et glorieuse que prit la Belgique au développement et au progrès de l'art typographique aux xve et xvIe siècles en cet art, comme en beaucoup d'autres, notre pays occupa jadis un rang des plus distingués. En effet, seize années s'étaient à peine écoulées depuis que Mayence avait vu naître en ses murs la typographie, et un petit nombre seulement de localités de l'Allemagne, de la France et de l'Italie étaient dotées de presses mobiles, lorsque Thierry Martens, d'Alost, établit en 1473, dans sa ville. natale, un atelier typographique, et fit cette même année sortir de ses presses le Speculum conversionis peccatorum, que l'on considère comme le premier livre imprimé en Belgique. En l'espace de quelques années, Louvain, Anvers, Bruges, Bruxelles, Audenarde, Gand virent s'élever dans leurs murs. des imprimeries à juste titre célèbres et dont les produits rivalisèrent avec ceux des autres imprimeries contemporaines dans le reste de l'Europe. Non-seulement dans notre pays l'art typographique se trouva porié à un haut degré de perfection, mais, fait digne de remarque, un grand nombre de typographes belges allèrent encore propager à l'étranger cette précieuse découverte, ce puissant levier d'une civilisation nouvelle (1). C'est à des belges que l'Italie et l'Espagne sont redevables, sinon de l'introduction, du moins du rapide essor de leur imprimerie.

Une renommée typographique et bibliographique aussi glorieuse devait nécessairement attirer l'attention des amis des études historiques et littéraires dans notre pays. Aussi

(1) Voir dans le Messager des sciences historiques de Gand, les notices que M. P. C. Vander Meersch a consacrées aux imprimeurs belges établis en pays étrangers pendant les xve et XVIe siècles.

dans ces derniers temps, vit-on les études bibliographiques marcher de pair avec les études historiques. On comprit que l'histoire bibliographique d'une cité ou d'un pays était le critérium le plus sûr de son degré de développement intellectuel. Alors furent tirés de l'oubli les noms de ces artistes qui se firent les champions d'une invention éminemment civilisatrice. On esquissa leur vie, vie parfois pleine de déboires et d'infortunes, parfois glorieuse et justement appréciée : on analysa leurs productions. Dans presque chaque ville, les dates de l'introduction de l'imprimerie, la vie des premiers imprimeurs, leurs premières impressions devinrent l'objet de recherches, d'études et de discussions aussi intéressantes qu'utiles. Bientôt on vit paraître des bibliographies locales complètes. Gand, Audenarde, Mons, Liége, etc. possèdent les leurs, œuvres de patience et de talent, appelées à jeter le plus grand jour sur notre histoire littéraire.

Jusqu'ici les débuts de l'imprimerie à Ypres ont été fort peu étudiés, de même que les premiers livres sortis des presses yproises sont presque totalement inconnus. Et cependant, Ypres occupe, chronologiquement parlant, un rang distingué parmi les villes de la Belgique qui se virent doter de presses dès le xvIe siècle. En fixant à l'année 1544, ainsi que nous sommes amené à le faire, la date de l'établissement du premier atelier typographique à Ypres, notre ville vient en huitième ligne et se voit seulement distancée par Alost (1473) (1), Louvain (1474), Anvers (1476), Bruges (1476), Bruxelles (1479), Audenarde (1479), et Gand (1483). Comme on le voit, bien des villes importantes de la Belgique doivent, sous ce rapport, nous céder le pas, et nous pouvons à ce sujet constater une fois de plus ce fait déjà reconnu, c'est que les provinces wallonnes n'ont été favorisées des bienfaits de l'imprimerie qu'assez longtemps après les provinces flamandes.

(1) Les dates entre parenthèses indiquent l'époque de l'introduction de l'imprimerie dans chacune des villes que nous citons.

Entraîné par notre genre d'études et nos goûts personnels à jeter quelque lumière, si faire se peut, sur les origines de la typographie yproise, nous avions réuni un certain nombre de notes sur les imprimeurs yprois du xvie siècle, en même temps que nous avións dressé une liste de ceux des ouvrages sortis de leurs presses, dont nous avions pu avoir connais

sance.

Nous livrons aujourd'hui au public ce premier fruit de nos recherches, avec l'espoir que notre modeste essai attirera sur ce commencement de bibliographie yproise l'attention de ceux qu'anime l'amour de notre histoire locale, et que leur bienveillant concours nous permettra un jour de combler les lacunes que renferme notre travail. S'il en est parmi nos lecteurs qui possède quelque impression yproise du xvIe siècle, à nous encore inconnue, nous les prions de vouloir bien nous la signaler, afin de rendre aussi complète que possible la liste des premières productions de l'imprimerie yproise. Nous leur en adressons ici d'avance nos remerciments les plus vifs.

Il nous reste aussi à exprimer toute notre gratitude à ceux qui ont bien voulu mettre à notre disposition les raretés bibliographiques de leurs collections, et en particulier à M. Alphonse Vandenpeereboom, Ministre d'État, président de la Société archéologique d'Ypres et à M. F. Vanderhaeghen, bibliothécaire de l'Université de Gand, dont la bienveillante obligeance et les savantes communications ont grandement contribué à faciliter notre tâche.

Alphonse DieGERICK,

XVI SIÈCLE.

I.

JOSSE DESTRÉE.

Nonobstant de nombreuses recherches faites aux archives communales d'Ypres, nous ne sommes point parvenu jus

qu'ici à découvrir quelque document établissant d'une manière positive la date exacte de l'introduction de la typographie en notre ville. Nous pouvons seulement affirmer, sans crainte d'être contredit, que c'est à Josse Destrée que revient l'honneur d'avoir introduit en nos murs l'art que Thierry Martens, d'Alost, implanta en 1473 en Belgique, et qu'en 1544 Ypres possédait déjà un établissement typographique, comme nous le prouverons plus loin. Nous devons constater la même absence de données sur le lieu d'origine de notre premier imprimeur; même silence au sujet de l'époque de sa

mort.

La question de l'introduction de l'imprimerie à Ypres avait déjà été, en 1834, l'objet de quelques recherches de la part de M. J. J. Lambin. Dans une courte notice insérée au tome II, du Messager des sciences et des arts en Belgique, M. Lambin, se basant sur l'attestation d'orthodoxie et de moralité accordée le 3 septembre 1546 par le magistrat d'Ypres à J. Destrée, constata que celui-ci exerçait déjà son art en 1546, qu'il reçut des encouragements pécuniaires de la part de la ville, afin de l'aider à maintenir et à augmenter son officine typographique, et qu'enfin vers 1573, époque présumée de sa mort, Antoine Van Volden vint reprendre son atelier et sa librairie.

Nous verrons plus loin qu'il convient de reculer de deux années l'époque à laquelle M. Lambin crut pouvoir fixer l'introduction de l'imprimerie à Ypres.

(A continuer.)

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