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vieille du fameux pot, mais cette fois elle dit: Un pot sans couvercle et quelque chose dedans. Le diable ne s'attendait pas à cette variante de la phrase, il est vaincu et tout rentre dans le devoir.

Voici quelques anecdotes prises au hasard dans ce livre :

Un jeune homme poursuit une femme de son amour. C'était à une fête; il la bloque dans un cabinet éloigné, la dame fait une longue résistence. Enfin elle faiblit! mais l'amant est à bout de force, il sent qu'il manque à son bonheur ce qu'il faut pour le sceller, alors il feint d'entendre du bruit.... Dieux! on vient!.... Il s'élance, rajuste tout, et disparaît. La dame rentre au salon. Il la querelle sur sa longue résistance, qui, ditil, a tout fait manquer. Elle le croît, et ne sut jamais qu'elle avait échappé à un affront auquel toutes les femmes sont sensibles, quoiqu'elles en disent.

La grande Almérine rit avec son petit amant de la phrase fatale. A force de rire des autres, on se monte l'imagination, le lieu était propice; au début de l'action, la belle avançant la tête vers son aimable nain: Petit, lui dit-elle, quand vous aurez fini, vous viendrez m'embrasser. Entendez-vous? Cette fois, le petit ne vint pas,....

car...

Car l'accident qui était le sujet des propos du jour trottait dans sa mémoire, et, ma foi!....

Mob, l'un des dignes amants de nos merveilleuses, jure qu'en rencontre pareille, il dirait tranquillement: Madame, en avez-vous un autre? Celui-ci ne me fait pas d'effet. Il est le même soir dans le cas d'employer ce mot insolent, mais loin d'avoir ce beau sang-froid, il fait des excuses plus sottes encore que sa position, et s'attire deux soufflets d'une beauté peu endurante.

Dans une compagnie de femmes où il s'en trouvait de goûts différents, on discutait la question de savoir quels sont les baisers les plus voluptueux. Moi, dit une adversaire des Lesbiennes, je suis pour les baisers qui ont un manche.

Un vieux seigneur florentin avait apporté à Paris les goûts de son pays. Vos fantaisies, lui dit son pourvoyeur, nous compromettent diablement. Que ne prenez-vous des filles? Vous en trouverez de bonne volonté, et qui auront pour vous toutes les complaisances.... Ah! fi done! mon ami, fi donc! c'est comme si tu me servais à table un gigot sans manche.....

En somme, le volume est assez original pour comporter une réimpression. Déjà l'Anthologie scatologique en avait reproduit une historiette (pages 134-135). Si on ne la fait pas, tout cela va passer, en changeant quelques noms propres et quelques phrases, sous les noms de nos chevaliers de lettres modernes, qui réclameront les bénéfices de la loi sur la propriété littéraire, précisément pour les choses qu'ils y auront puisées.

Recherches historiques sur la personne de Jésus-Christ, sur celle de Marie, sur les deux généalogies du Sauveur, et sur sa famille; avec des notes philologiques, des tableaux synoptiques, et une ample table de matières; par un ancien bibliothécaire (Et.-Gabr. Peignot). Dijon, Victor Lagier, 1829, in-8 de xx275 pp.

Publié vingt ans avant la mort de l'auteur et lorsque, pour prix de sa conversion à l'ultramontanisme, il eut obtenu la place de proviseur du collége royal de Dijon et d'inspecteur des études à l'académie de la même ville, ce volume est un pur hommage à la doctrine catholique. Or, on sait que les prêtres n'aiment pas beaucoup que d'autres qu'eux-mêmes se permettent d'enseigner les mêmes choses qu'eux, et que généralement, ils étouffent les ouvrages de ces concurrents dans le silence, ou bien ils y trouvent quelques graves défauts; aussi le livre de Peignot s'éteignit-il dans le silence. Il est devenu assez rare et n'a pas été réimprimé.

Dans sa préface, Peignot débite nombre de capucinades dont aucune ne vaut la peine d'être relevée; quelques détails sur Mahomet, tirés d'un ouvrage de M. Reinaud (Description des monuments du cabinet du duc de Blacas) pourraient seuls faire exception. Ainsi Mahomet (ou pour mieux dire Mohammed) n'était point, comme on l'a prétendu, un simple conducteur de chameaux;

il était d'une race illustre, de la tribu des Koraïsch. Il porta vaillamment les armes contre une autre tribu qui avait violé le territoire de la Mecque. Il n'était point non plus un homme obscur quand Kahadidjah le prit pour époux. Bien que les Musulmans lui donnent jusqu'à 99 noms et surnoms de vertus (chaste, clément, miséricordieux, etc.), il était loin de les mériter; à 58 ans, il avait douze femmes, et il en épousa un grand nombre de nouvelles. D'un autre côté, il ordonnait de massacrer tous ceux qui ne se soumettraient pas à sa loi, etc.

Les Musulmans appellent Jésus Issa; le Coran dit qu'il était né sans père, comme Adam avait été crée sans mère, et qu'il fut produit par la seule parole (verbe) de Dieu. Selon les Musulmans, Jésus opérait ses miracles avec son souffle; il n'a pas été crucifié. Les Juifs croyant le faire périr, ont attaché à la croix un corps humain qui lui ressemblait. Il a été enlevé au ciel au moment de la passion. Il reviendra vers la fin des siècles pour confirmer la loi de Mahomet, et alors les deux religions n'en feront plus qu'une seule. A l'époque où Mahomet commença ses prédications, en 610, les juifs et les chrétiens se disputaient vivement la préeminence en Arabie, et Mahomet ne voulait se mettre en contradiction ouverte ni avec les uns ni avec les autres, mais il prétendait, en les réunissant, fonder une religion nouvelle qui succédât aux deux anciennes. On ne peut disconvenir qu'il n'y ait réussi jusqu'à un certain point, puisque

l'islamisme est encore aujourd'hui pratiqué dans un grand nombre de pays. Peignot lui-même dit qu'on trouve dans le Coran des idées sublimes, et, comme exemple, il cite celle-ci : « Tout ce qui existe, je l'ai fait pour toi, dit Dieu en s'adressant à l'homme; mais toi, je t'ai créé pour moi. » Il en résulterait que l'homme jouerait le rôle d'une marionnette créée pour amuser Dieu qui s'ennuyait de toute éternité.

L'auteur commence ensuite son Introduction par ces mots : « De tous les livres qui existent, le plus beau, le plus curieux, le plus intéressant, le premier enfin pour un vrai chrétien, est sans contredit celui des Evangiles, ce livre par excellence qui renferme la vie et les instructions de N. S. Jésus-Christ. >> « Le cœur se nourrit avec délices du miel de ces pages sacrées...» Voilà un homme heureux s'il parle bien sincèrement!

Malheureusement, à la page suivante, Peignot avoue, que ni l'année de la naissance de Jésus, ni celle de sa mort, ne sont connues dans l'histoire. Les Evangiles font bien foi de son existence sous les règnes d'Auguste et de Tibère, mais ils ne furent admis qu'en l'an 325 par le concile de Nicée. Quant à Tacite, Suétone et Josèphe, historiens qui le nomment aussi, on conteste ces passages comme étant des interpolations.

Une lettre de Lentulus, produite seulement au XVe siècle, mais que l'on regarde comme fabriquée dans le moyen-âge, donne quelques

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