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peu trop réduite à sa plus simple plus simple expression.» Quelque estime qu'on professe pour la haute capacité que d'Eckmühl a montrée maintes fois, on ne peut se refuser à croire qu'il eût pu rendre moins acerbe l'exécution des mesures qu'il ne dépendait pas de lui de modifier au fond; mais malheureusement l'idée première lui en était attribuée dans les plaintes amères que les habitants des villes anséatiques ont exhalées contre lui; ils ne lui tenaient aucun compte des difficultés d'une position tout exceptionnelle l'apreté des récriminations ressort de toutes parts dans le libelle intitulé le Robespierre de Hambourg dévoilé, Paris, 1814, et dans le mémoire imprimé, signé d'un grand nombre de Hambourgeois; mais on ne peut trop répéter que Davoust n'était qu'un instrument, et qu'il ne méritait pas l'épithète injurieuse dont Bourrienne l'a stigmatisé, en le surnommant le fléau de Hambourg Nous avons eu la preuve qu'il était loin d'exercer une dictature sans contrôle, puisque, au temps où il gouvernait les Hambourgeois, Barnier, chet de division, au ministère de la guerre, nous fit voir un rapport signé du duc de Feltre, et en marge duquel était griffonnée de la plume impériale cette note: Dire à Davoust qu'il ne se méle pas de discuter des choses qu'il ne peut pas comprendre... Sous un tel maître, bien des serviteurs pourraient se laver de plus d'un che que le public toujours mal informé hasarde aveuglément. Quelques jours avant le 20 mars 1815, et alors que Bourrienne était préfet de police, le prince d'Eckmühl, jusque la paisiblement retiré à Savigny, était à la veille de voir son exil se changer en incarcération; il figurait

repro

le second sur une liste de proscription dont le nom de Fouché tenait la tête. Vainement Bourrienne se prononça, à ce qu'il affirme, contre une mesure qui rappelait le temps des suspects. Louis XVIII tenait obstinément à l'arrestation de ces deux personnages, les soupçonnant complices ou coopérateurs du retour, alors imminent, de Napoléon. Fouché parvint à tromper les sbires, et à leur échapper; le temps manqua pour s'emparer de Davoust qui, le lendemain de la réintronisation de Bonaparte, était ministre de la guerre; le 26, il signait l'adresse que les ministres présentaient à Napoléon. Il y a peu à dire d'un ministère bien plus occupé de guerre et de politique que d'économie et de législation; ses bureaux n'étaient plus en réalité que le quartier-général d'un chef d'état-major; une bizarre fiction gouvernementale a déclaré les centjours une page blanche de nos annales; recherchons cependant quelques traits caractéristiques de l'époque. Le 13 avril, le prince d'Eckmühl publiait la proclamation qu'il adressait aux militaires rappelés sous leurs anciens drapeaux. Elle était conçue en ces termes: « Vous avez « voulu votre empereur, il est ar«< rivé; vous l'avez secondé de tous « vos efforts, venez afin d'être tous

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reproches en vers qui mirent fin à l'incrédulité de celle-ci. Son biographe nous apprend qu'avant sa douzième année, elle avait lu la plupart des poètes classiques de l'Angleterre, un grand nombre de livres d'histoire sacrée et profane, et toutes les œuvres dramatiques de Shakspeare, de Kotzebue et de Goldsmith. Au moment d'acheter de nouveaux livres, elle abandonna à sa mère malade un billet de vingt dollars, première somme dont ses jeunes mains eussent pu disposer, et premier cadeau d'un étranger aussi délicat que généreux. Après beaucoup d'essais écrits avec une rapidité étonnante, et parmi lesquels il faut compter Bodri, poème dont il ne reste qu'un chant, Maria Davidson entra, en 1824, dans une maison d'éducation, où on la laissa se livrer trop ardemment à l'étude. Rétablie d'une première maladie, elle fut reçue à Albany, dans un pensionnat de demoiselles; mais aussitôt elle eut une rechute, et elle ne fit plus que lutter contre un dépérissement inévitable. Le danger d'être privée de la raison l'alligeait beaucoup plus que celui de perdre la vie. Toute lecture lui fut interdite; mais elle avait ses livres auprès de son lit, et souvent elle les baisait. Particulièrement sensible à la musique, elle avait une prédilection marquée pour l'Adieu de Thomas Moore à sa harpe. Elle ne voulait l'entendre qu'au déclin du jour; mais il produisait en elle des effets extraordinaires : elle devenait froide, pâle, et perdait presque connaissance. Elle a décrit tous ces effets dans une pièce de vers adressée à sœur, et qui, malgré quelques imperfections, paraît l'euvre d'une ame essentiellement poétique. On peut en dire autant des stances qu'elle com

sa

pas

posa, à l'âge de quinze ans, sur le mal de téte, affection à laquelle elle était alors sujette. Elle ne tarda à sentir que sa fin approchait. Resi gnée à son sort, elle s'éteignit dans sa dix septième année, en prononçant le nom de son bienfailent, le 27 août 1825. On la citait pour sa beauté non moins que pour ses talents. Elle a laissé trois esquisses de romans, une tragédie, et plus de deux cents morceaux en vers dans différents genres. M. Samuel Moore les a réunis sons ce titre : Amer-Khan et autres poèmes, ou OEuvres diverses de LucretiaMaria Davidson, New-York, 1829. On trouve une longue rolice sur Lucretia Davidson, par Southey, dans le Quarterly Review. F―ik.

dans

DAVOUST (LOUIS NICOLAS), prince d'Eckmühl, est un des mililaires que la révolution française a placés le plus haut, à qui la guerre a valo le plus de faveurs, de titres, de décorations, et qu'une destinée singulière appelait à influer puissamment, dans des circonstances graves, sur les destinées de la France. I n'est pas un seul des historiens modernes dont les récits n'articulent le nom de Davoust; il est devenu célè bre, trop célèbre peut-être, toute l'Allemagne; sa personne a eu quelques apologistes tièdes et des dé tracteurs violents : nous allons résu mer leurs opinions avec impartialité, sine ira, nee studio, et nous elforcer de faire sortir la vérité du fond de leurs écrits, presque tous passionnés. Disons le bien et le mal; car quel est l'homme de grand renom dont il n'y ait à dire da bien ou que que du mal ? C'est l'oubli de cette règle si simple qui rend si ridicules les éloges académiques et les nécrologies de complaisance.-Davoust, né

à Aunoux, en Bourgogne, le 10 mai 1770, étail issu d'une famille noble. Destiné de bonne heure à la carrière des armes, qui avait été celle de ses pères, il entra, comme cadet gentilhomme, à l'école de Brienne, le 27 sept. 1780, et se trouva le condisciple de Bonaparte, dont il devait être, un jour, la créature, l'allié, l'admirateur enthousiaste. Davoust, brevelé dans Royal-Champague, cavalerie, le 2 sept. 1788, y servit comme sous-lieutenant jusqu'en 1791. Il en fut renvoyé le 15 septembre, comme ayant été, en 1790, l'instigateur de la révolte des cavaliers contre leurs officiers. Déjà cette raideur de caractère, cette humeur batailleuse, qui l'ont dominé toute sa vie, s'étaient manifestées dans l'ardeur d. se, attaques contre l'ordre établi. A celte époque, les premiers bataillons des gardes nationaies volonaires s'organisaient dans les départements; les officiers étaient à la noination des soldats. Avoir déjà porté l'uniforme, avoir embrassé les opinions nouvelles, c'était partout un Lire à l'élection. Davoust rentré dans la classe des citoyens, retiré Cans son pays natal, et garde naticual ardent, fut nommé le 22 sept. 1791, à peine âgé de 22 ans, Latenant-colonel commandant du 3e bataillon de l'Yonne. A la tête ce ce corps, il faisait partie de l'armée du nord dans le mois de mai szivant. Les évènements qui agitaient la capitale amenèrent à Paris le lieutenant-colonel Davoust, et il se présenta à la barre de la Convention, apres le massacre du 10 août, pour yacifester son adhésion à la décséance de Louis XVI. Dans les premiers jours d'avril 1793, Dumourez, qui venait d'être sommé de comparaitre devant la Convention,

avait quitté de grand matin son quartier - général de Sain! - Amand, pour se montrer à quelques cantonnements et souder l'esprit de son armée; il se dirigeait vers les quartiers du régiment de Deux-Ponts, qui lui était tout dévoué, quand il rencontra sur les bords de l'Escaut les volontaires de 1 Yonne que Davoust conduisait à Valencie nes pour les y mettre à la disposition des commissaires de la Convention. Celui-ci, tout imbu des idées répandues par les commissaires, ordonna à sa troupe de faire feu sur le général et sur le groupe qui lui servait d'escorte. Le cheval de Dumouriez fut tué, et ce général, d'abord obligé de se sauver à pied, n'échappa qu'en montant sur le cheval d'un cavalier de son escorte. Cet acle de révolte décida de son émigration s'il faut en croire ses Mémoires; car jusque-là il avait nourri l'espoir de faire marcher son armée coutre la Convention, et de venger la mort de Louis XVI (Voy. DUMOURIEZ au Supp., et les Mémoires de Me de Geulis qui racoute autrement cette émigration). Alors parut sur cet évènement, à ce que rapporte le colonel Eugène Labaume, une proclamation des plus énergiques que répandit dans l'armée Davoust, simple chef de bataillon. Au milieu de ce renversement de tous les principes, au milieu de cette conflagration des troupes insurgées, Dampierre eut assez de courage ou de témérité pour accepter de la main des commissaires de la Convention le commandement de l'armée. Davoust, qui avait été destitué pendant 24 heures, fut aussitôt réintégré, et dès-lors il eut dans les évènements une grande influence. Qui sait de quel poids a pesé dans la balance politique cette inexcu

sable équipée de jeune homme? qui
sait quelles chances tout-à-fait dif-
férentes fussent survenues, sans la
faite de Dumouriez, à qui cette
démonstration de révolte fit perdre
la téte? La présence de Davoust à la
Convention en 1792, la manifesta-
tion de son républicanisme en 1793,
n'étaient pas de nature à noire à son
avancement; il y travailla, en ou-
1re, lui-même, avec la persévérance
d'une ardente ambition aussi, dès
le mois de mars 1793, il était adja
dant général à la suite, avec rang de
chef de brigade, et, en juillet de la
même année, il était général de
brigade provisoire. Il allait fournir,
le 4 août, ses étais de service pour
être promu an grade de général de
division, quand parut le décret qui ex-
pulsait de l'armée tous les nobles. A
litre de gentilhomme, le républicain
Davoust fut destitué le 29 août 1793;
mais il recouvra son emploi après
Ja journée du 9 thermidor, et il était
en activité à l'armée de la Moselle,
le 3 vendém, an III (24 sept. 1794),
ea qualité de général de briga
de. Il assista ensuite an blocus de
Luxembourg; il passa à l'armée de
Thin-et-Moselle, le 2 fructid. an III
(19 août 1795), sous les ordres de
Pichegru, et il seconda le général
Montaign dans la défense de Man-
heim. Cette place étant tombée au
pouvoir de l'ennemi, il demeura
quelques mois prisonnier de guerre.
Après son échange, il servit sous
Moreau, se trouva a passage du
Rhin le 1er floréal
1796), et sur les ch
Diersheim, Honn

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da

les ordres duquel il avait déjà combattu; il mettait le pied sur ce notveau théâtre le 3 germinal an VI (23 mars 1798). Jusque-la le personnage qui nous occupe n'avait été qu'un général obscur; son nom n'avait pas retenti encore dans les bulletins ou les journaux, et même il ne passait pas pour habile dans le maniement des troupes. Il avait à peine servi dans l'infanterie, cette véritable et seule école do généralat; il n'avait jamais été colonel, grade où se puise la connaissance de l'art et des hommes. la science de l'obéissance et du commandement. La faiblesse de sa vue le jetait dans de fréquentes méprises sur le terrain; mais, en Orient, il se développa, grandit, brilla surtout par la ténacité et l'andace, quelquefois par l'a-propos, mais non pas toujours par la combi naison, la prévision, la prudence. Il accompagna Desaix dans la HauteEgypte; là, il se mesura glorieusement le 14 nivose an VII (3 janv. 1799), à Sonaguy, contre un corps nombreux de mameloocks dont il triompha. Il ne se comporta pas moins valeareusement le 19 nivose (7 janv.) à Gizé, et il tendit utilement la main, le 29 (17 janvier), à la flottille qui venait ravitailler l'armée, et qui allait tomber au pon voir de l'ennemi. Un peu plus tard, Davoust chargea, à la tête de la cavalerie, Mourad-Bey qui était veno, avec des forces nombreuses, présenter la bataille à l'armée française, sous les murs de Samanhonte. Il se distinaille de gua de nouveau aux sanglantes affai Has- res de Thèbes, de Kené, d'Aubonpension mans, d'Hesney, de Cophtos; an es guer- village de Bemadi il tailla en pièces les vaillantes troupes rassemblées de nouveau par Mourad-Bey, et ce fat là qu'il trouva, dit-on, des caisses

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pleines d'or. Davoust, quoique peu fancher avec les détails et les principes de l'art, se piquait pourtant d'être faiseur; il prétendit tirer parti, a casal. des facils de dragon, parce qu'il avait ero y réussir dans quel ges exercices en blanc; il pensait zsover, et me faisait que rajeunir la théorie ridicule des dernières guerres de Louis XIV. Il présenta sur le champ de bataille ses hommes, Farme haute, et les rênes passées dans le bras gauche; il leur avait, à l'avance, enjoint, aussitôt qu'ils auraient exécuté, en marchant au pas, un feu de bataillon, de passer le fuel à la grenadière, et de mettre le sabre à la main pour charger. Si Quelques balles de cette salve atteiLaurent des mameloucks, ceux qu'elles épargnérent, se précipitant sur les reurs, avec leur adresse et leur véaudité accoutumées, eurent bientôt rasos de leurs imprudents adversaires, et leur firent payer cher cet essai; ils les heurtèrent désarmés; les culbutèrent avant que le rideau de fumée fût éclairci, avant que le sabre eût pu être hors du four reau, et, à l'instant, cent têtes de tragons roulerent sur le sable. Dans The mélée de la même campagne, force de s'en rapporter à d'autres jeux que les siens, Davoust engagea taas on guêpier Lasalle et ses husaras. Tout autre que cet habile et répide colonel y eût perdu la vie dans une défaite. Tout guerrier moins beureux que Davoust y eut succombé, ivi qui avait en ses lunettes brisées par le damas des mameloucks et qui errat en aveugle. Il se trouva en core à la bataille d'Aboukir, et y combattit sous les ordres directs du général Bonaparte. C'est là que se développa en lui cette admiration qui devint un véritable culte, et

IXIL

qu'il parut professer sincèrement jusqu'au 10 juillet 1815; on verra plus tard pourquoi nous citous cette date. Davoust ne quitta l'Egypte qu'après la convention d'E'-Arish; il revenait en France avec Desaix, dans le mois de germinal an VIII (mars 1800). Contraint de relâcher en Sicile, il pensa y être massacré à Siaco dans une émeute populaire. A peine était-il échappé à ce danger que la flotte de l'amiral Keith captora le bâtiment qu'il montait : cet évènement retint pendant un mois Davoust à Livourne comme prisonnier de guerre. Il faut un instant revenir ici sur nos pas, pour expliquer les causes du prodigieux avancement auquel il allait être appelé : il avait pris une vive part aux dissensions survenues dans les derniers temps parmi les généraux d'Egypte; il s'était montré chaudement attaché à Bonaparte, et en se portact en toute circonstance son défenseur, il s'était mis en opposition avec Kléber. Davoust ne pardonnait pas à celui-ci la résolution qu'il prenait d'évacuer le pays, en déclarant, pour s'en excuser, que la colonie n'était plus tenable, et en s'appuyant pour la forme sur une délibération du conseil de guerre. Cependant il avait fini par apposer sa signature à cette délibération; mais en même temps il recommandait à Savary d'insinuer à Desaix de ne tenir aucun compte de la décision de ses collègues, et de pous-. ser dans le sens contraire les négociations alors entamées avec sir Sydney Smith et les Turcs. On voit que la ligne de conduite suivie par Davoust n'était pas toujours droite. Tandis que la position difficile où se trouvaient les Français en Orient se prolongeait, ce général, ayant sollicité et obtenu l'autorisation de partir

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