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Un litre d'eau a laissé pour résidu 4,130 chauffé au rouge sombre. Une analyse faite en 1865 par M. Filhol a donné 3,688 de résidu.

L'analyse de l'eau faite au laboratoire de l'Académie par M. Bouis a donné pour un litre :

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L'eau de Coursan est donc une eau carbonatée alcaline et ferrugineuse. Il est fâcheux qu'aucun renseignement n'ait été fourni ni sur la quantité d'eau débitée par la source, ni sur la nature des terrains traversés, ni sur la constance de l'écoulement, ni sur l'époque du creusement du puits, etc.

Ces renseignements seraient de nature à éclairer la commission. Le régime de l'eau ne paraît pas d'ailleurs être régulier, car l'analyse de M. Bouis diffère complétement de celle de M. Filhol, jointe au dossier.

La commission pense donc, par tous ces motifs, qu'il n'y a pas lieu d'accorder l'autorisation tant que la constance de composition de l'eau n'aura pas été démontrée.

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LECTURES.

NOTICE BIOGRAPHIQUE sur le docteur Victor Bally, membre et ancien président de l'Académie impériale de médecine, par M. le professeur PIORRY.

Présenter le tableau fidèle de la vie d'un homme de bien est à coup sûr la plus utile leçon de morale qu'il soit possible de donner. Les préceptes théoriques, les assertions dogmatiques, les plus beaux axiomes philosophiques, ne font qu'effleurer l'intelligence sans y laisser de traces; les faits historiques propres à prouver que l'honneur, le dévouement, les sentiments généreux sont les fondements de l'estime publique et du bonheur, gravent avec le diamant dans la pensée et la mémoire la noble tendance au bien, au juste et à l'honnête qui a pour résultat la moralité. La justesse de cette réflexion ressortira tout d'abord de la lecture des phases variées de la vie de notre honorable collègue, M. le docteur François-Victor Bally.

Médecin en chef de l'armée française à Saint-Domingue, ancien président de l'Académie de médecine, chevalier de la Légion d'honneur, décoré des ordres de Saint-Michel et de Charles III d'Espagne, Bally naquit à Beaurepaire (Isère), le 22 avril 1775.

En 1792, après avoir terminé ses études à Grenoble, il entra comme élève dans les hôpitaux militaires, et le mois suivant, il fut attaché aux ambulances de l'armée. Il soutint sa thèse à Montpellier, sur la gangrène. Il servit ensuite à l'armée d'Italie, assista à la bataille de Marengo et fut successivement attaché aux hôpitaux de Pavie, de Toulon, puis de Valladolid et de Portugal. Bally partit pour Saint-Domingue avec le général Leclerc et devint à vingt-sept ans médecin en chef du service de santé civil et militaire de cette importante colonie. Dès lors commença pour lui cette longue série d'études si utiles mais si dangereuses auxquelles il consacra une partie de sa vie, études qui ont pour sujet les épidémies. La fièvre jaune vint décimer notre armée; Bally se réserva l'hôpital où elle était traitée, et, comme toujours, il se dévoua

au service des malades, dont il cherchait à soulager les souffrances et dont il interrogeait les restes pour éclairer l'histoire de la maladie. Il partagea ces périlleux travaux avec le docteur François, qui'devint bientôt son intime ami, et qui fut plus tard son compagnon de gloire. Après la capitulation de l'armée, Bally resta pendant quelque temps à la Jamaïque, prisonnier des Anglais; puis, rendu à la liberté, il revint en France après avoir parcouru la Havane, les États-Unis et la Hollande.

En 1805, notre collègue reçut la mission d'explorer les villes du littoral de l'Espagne qui avaient été ravagées par la fièvre jaune. Les faits pratiques qu'il avait observés à SaintDomingue le rendirent en quelque sorte l'âme de cette commission qui, depuis Barcelone jusqu'à Gibraltar, se livra pendant six mois à des recherches sérieuses, et qui établit qu'en cinq années la fièvre jaune avait enlevé à l'Espagne un million d'individus.

Le docteur Bally voyagea ensuite en Italie, en Angleterre et en France, non pas pour se distraire de ses travaux, mais dans l'intention de recueillir les opinions des médecins qui, ayant eu aussi l'occasion d'observer la fièvre jaune, pouvaient porter quelque lumière sur la contagion et l'importation des maladies pestilentielles. Ce fut alors qu'ayant donné sa démission du grade élevé qu'il avait dans l'armée, il revint à Paris et publia en 1814 son beau travail sur le typhus d'Occident ou Vomito negro, ouvrage aussi remarquable par l'érudition que par l'esprit d'observation de son auteur. Ce livre contient une histoire complète de la fièvre jaune depuis l'époque de la découverte de l'Amérique jusqu'à 1812. Il renferme d'immenses recherches étiologiques, pathologiques et thérapeutiques sur cette affection, dont il constitue encore une des meilleures monographies. L'auteur y défendait, avec une conviction que lui inspirait la sévérité de ses recherches, la nature contagieuse et l'importation du terrible fléau dont il avait si bien étudié l'histoire. Les recherches ultérieures sur ce sujet ne sont que trop d'accord avec les opinions alors professées par Bally.

Dans l'été de 1821, la fièvre jaune envahit Barcelone, ville avec laquelle Marseille et Cette ont des rapports commerciaux si fréquents. Le gouvernement français s'inquiéta à bon droit de ce dangereux voisinage. Il se décida à envoyer en Catalogne une commission médicale, soit pour y observer le mal, soit pour chercher à en apprécier les causes, le mode de production, les moyens préservatifs, et surtout pour établir le traitement que l'on pourrait y opposer.

Le ministre de l'intérieur nomma d'office Pariset, auquel fut adjoint l'infortuné Mazet; mais le gouvernement confia à l'Académie le soin de désigner trois autres médecins pour partager les travaux de ceux qu'il avait nommés. Le choix de l'Assemblée ne put pas être un moment douteux; le nom de Bally sortit le premier de l'urne du scrutin, et l'ancien médecin en chef de l'armée de Saint-Domingue, se rappelant le zèle et le dévouement de François, le recommanda à ses collègues, qui le nommèrent alors membre de la Compagnieet de la Commission instituée pour étudier à Barcelone le fléau qui menaçait la France.

Les services que rendit cette commission célèbre sont connus de tous les médecins et trop oubliés par le public; mais ce que l'on ignore, et ce que l'on ne peut assez dire, c'est l'immense influence que Bally eut sur les travaux pratiques auxquels elle se livra. Pariset, littérateur émérite, se chargea principalement de la correspondance et de la rédaction des mémoires; Mazet succomba bientôt, emportant avec lui l'estime et les regrets des gens de cœur. Un cinquième médecin faisant partie de cette expédition scientifique, revint en France; mais Bally et son ami François restèrent auprès des malades et ne quittèrent ni les hôpitaux, ni les amphithéâtres; ils ne cessèrent d'entretenir d'honorables et d'utiles rapports avec les médecins espagnols, lesquels ne faillirent pas plus à leur devoir que ne le firent les médecins français.

On s'est demandé si le même homme pouvait être deux fois atteint de la fièvre jaune. Bally en avait été frappé à SaintDomingue, et il n'échappa point à l'épidémie de Barcelone. Les symptômes du mal eurent chez lui de la gravitė. Dės

qu'il fut guéri, il recommença ces rudes travaux cliniques et cadavériques qui achevèrent de mettre en lumière les lésions propres à la dysiloïémie ou peste d'Occident. Ainsi, dans les études de la commission de 1821, les observations, les recherches d'anatomie pathologique sont les œuvres de Bally secondé par le docteur François, tandis que les considérations étiologiques, météorologiques, rédigées d'ailleurs avec talent, appartiennent à Pariset.

De retour à Paris, M. Bally fut nommé membre du conseil supérieur de santé, président de l'Académie de médecine, chevalier de la Légion d'honneur et de Saint-Michel, comme il avait été en Espagne fait chevalier de l'ordre de Charles III. La chambre française vota pour lui et pour les autres membres de la commission une peusion viagère de 3000 francs pour témoigner de l'admiration que leur noble conduite avait inspirée. Combien ne serait-il pas à désirer que toutes les décorations et les récompenses distribuées fussent aussi dignement méritées !

Mais Bally, comme tous les hommes de cœur et de travail, ne croyait jamais avoir assez fait alors que de nouvelles occasions d'être utile se présentaient. La peste de l'Inde, le choléra, vint en 1832 faire dans nos climats une apparition terrible. Bally, devenu médecin de l'Hôtel-Dieu, y fut spécialement chargé du traitement de cette épidémie, plus désastreuse encore que toutes celles qui l'ont suivie. Il s'acquitta de cette honorable et périlleuse tâche avec le courage et l'abnégation dont, à Saint-Domingue et à Barcelone, il avait donné tant de preuves. Bientôt il fit à l'Académie de médecine de nombreuses et importantes communications relatives aux faits qu'il avait observés, et ne tarda pas à parcourir une partie de la France pour mieux suivre la marche du fléau qui désolait l'Europe. Chaque fois que la peste de l'Inde reparut dans nos climats, Bally se consacra de nouveau à son étude. Lorsqu'une nouvelle invasion du mal eut lieu en 1865, et alors que plus de quatre-vingt-dix années s'étaient écoulées depuis sa naissance, ce vénérable vieillard, dont l'intelligence et les sentiments humanitaires n'avaient en rien ressenti T. XXXI. N° 19. 53

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