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Après avoir longtemps suivi les leçons du professeur Paul Dubois, il était devenu chef de clinique d'accouchements à la Faculté de médecine de Paris. Dès cette époque, M. Chailly s'était livré avec ardeur à cette branche des sciences médicales, et tous ses efforts ont tendu depuis, non-seulement à s'y perfectionner, mais à en vulgariser les préceptes, soit dans ses écrits, soit dans ses cours particuliers, d'où sont sortis beaucoup de jeunes médecins qui ont marqué leur place avec distinction dans le monde médical. Les cours de M. Chailly avaient été en effet très-fréquentés pendant de longues années; et, bien que ce professeur ne possédât pas toutes les qualités nécessaires à l'art oratoire, il savait exposer avec une grande clarté et d'une manière intéressante les sujets qu'il traitait toujours au point de vue des applications réellement pratiques. Toutes ses publications ont présenté le même caractère; c'est ainsi que l'on remarque parmi elles: ses travaux sur les moyens préventifs de l'avortement, sur l'auscultation obstétricale, sur la compression de l'aorte, à l'aide de laquelle il avait obtenu de nombreux succès dans les hémorrhagies utérines; sur les différents modes d'applications du forceps, soit au-dessus du détroit supérieur, soit dans l'excavation du bassin et en particulier dans les positions mentopostérieures de la présentation de la face; sur l'application du céphalotribe, sur les procédés les plus simples à employer dans la version pelvienne. Je citerai enfin ses recherches sur l'accouchement prématuré artificiel et sur l'avortement provoqué, dont il cherchait à faire prévaloir l'usage à une époque où, en France, on hésitait encore à l'adopter.

>> Mais c'est dans son Traité pratique de l'art des accouchements que M. Chailly avait concentré toutes les connaissances dont il avait puisé les meilleurs éléments, soit dans les auteurs, soit dans les leçons de son illustre maître le professeur Paul Dubois, soit enfin dans sa propre expérience. Il y avait classé les matériaux de la manière la plus méthodique et la plus intelligible possible afin de les mettre à la portée des élèves, élaguant une partie des théories qui pouvaient les détourner du point de vue des applications pratiques, et mettant en

relief les notions les plus indispensables à ceux qui se livrent aux accouchements. Habile dans l'art du dessin, M. Chailly avait tracé lui-même les planches très-nombreuses intercalées dans le texte de cet ouvrage dont le succès a été tel, que la première édition publiée en 1842, fut rapidemen épuisée et remplacée par une seconde à laquelle l'auteur avait fait de nombreuses additions et de notables améliorations. Ce traité, arrivé il y a cinq ans à sa quatrième édition, a été adopté par le conseil de l'instruction publique, et a été traduit en plusieurs langues étrangères; c'est assez dire combien il s'est répandu. Lorsque la mort l'a frappé, M. Chailly préparait un nouvel ouvrage sur l'obstétrique, et ce travail, pour lequel il dérobait au sommeil une partie de ses nuits, a contribué, dit-on, à amener sa fin prématurée.

» Si M. Chailly a vu ses publications couronnées d'un plein succès, on peut dire de lui que sa pratique obstétricale a été très-généralement heureuse. On sait quels soins et quelle prudence il y apportait. On sait également quelle fermeté et quelle décision il mettait dans sa conduite lorsque les circonstances l'exigeaient. I possédait à un haut degré cette perfection du tact et cette souplesse de la main qui sont si nécessaires à un accoucheur, et qui faisaient apprécier son talent dans une foule d'opérations pour lesquelles ses confrères réclamaient son intervention.

» M. Chailly était membre de la Société médicale d'émulation, de celle du Temple, de la Société de médecine de Paris, sociétés auxquelles il apportait de temps à autre son tribut scientifique.

» C'est au mois d'août 1851 que ses travaux le firent nommer membre résidant de l'Académie de médecine. Nous nous rappelons tous que l'année suivante il prit part à la discussion sur l'avortement provoqué, dont il s'était déclaré l'un des plus chauds partisans. Si pendant plusieurs années M. Chailly cessa de se mêler aux travaux de l'Académie, c'est qu'un profond chagrin, la mort de sa fille, un enfant unique qu'il adorait, avait jeté sur sa vie un sombre voile que commençait à dissiper, dans ces dernières années, la présence de

sa petite-fille, image heureuse de sa mère. M. Chailly, en effet, sous une enveloppe parfois un peu rude, cachait un cœur tendre et excellent; aimant beaucoup sa famille dans le sein de laquelle il se plaisait à se réfugier, il lui était entièrement dévoué; mais en même temps il savait se montrer serviable, empressé, ardent même pour tous ses amis, libéral envers les malheureux. On s'est étonné que, répandu comme il l'était, M. Chailly n'eût été décoré que tardivement; caractère indépendant, il était resté toujours indifférent à de semblables distinctions, et il fallut le concours de deux circonstances bien connues de tous pour le faire nommer chevalier de l'ordre de la Légion-d'honneur et de celui des SaintsMaurice et Lazare. Si M. Chailly s'est montré quelquefois passionné dans les questions scientifiques, on doit lui rendre cette justice, que dans la science comme dans la vie privée, il a toujours montré une âme souverainement honnête, et qu'aucune considération n'aurait pu le faire dévier de la conduite et des principes qu'il s'était imposés cl qu'il affichait avec la franchise qui formait le fond de son caractère.

>> Tous ceux qui ont intimement connu M. Chailly ont su apprécier ses qualités, et il laisse parmi eux de vives amitiés, de profonds et de sincères regrets. Reçois-les ici, Chailly, pour la dernière fois au nom de l'Académie de médecine, reçois nos éternels adieux. >>

M. Chailly-Honoré a publié :

Des moyens de prévenir et d'arrêter la fausse couche et l'accouchement prématuré. Thèse, Paris, 1842.- Des pertes d'eau pendant la grossesse. Paris, 1842, in-8, 8 pages (Bulletin général de thérapeutique). Traité pratique de l'art des accouchements, 1re édition. Paris, 1842, in-8; 4o édition. Paris, 1861, in-8, avec 282 figures. Fatus anencéphale d'un volume considérable, engendré par une primipare de quarante-trois ans dont le bassin est rétréci, et extrait au moyen du céphalotribe. Paris, 1843, in-8, 6 pages. De la conversion et de la présentation de la face en présentation du sommet, et de l'application du forceps dans les positions mento-postérieures de la présentation de la face. Paris, 1844, in-8 de 32 pages, avec 8 figures. De l'éducation physique des enfants, depuis la naissance jusqu'au sevrage. Paris, 1844, in-8.

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Des circon

stances qui s'opposent à ce que le pronostic de l'accouchement soil établi d'une manière exacte dans les vices de conformation du bassin. Paris, 1846, in-8 de 12 pages (Bulletin général de thérapeutique). — De l'allénuation de la douleur dans les contractions pathologiques pendant une grande partie du travail de l'accouchement. Paris, 1850, in-8 de 8 pages (Union médicale). — Convient-il, dans les vices de conformation du bassin ou d'excès de volume de l'enfant, de substituer à l'accouchement prématuré artificiel cet ancien procédé à l'aide duquel on cherche à diminuer le volume de l'enfant en soumettant la mère au régime combiné de la restriction des aliments et de la saignée (Bull. de l'Acad. de méd., 18501851, t. XVI, p. 361). De la compression de l'aorte abdominale dans les cas d'hémorrhagie après l'accouchement (Ibid., 1850-1851, t. XVI, p. 731, 800, 1030). De l'accouchement prématuré artificiel et des moyens conseillés pour réduire le volume de l'enfant à terme. Paris, 1851, in-8 de 28 pages (Gazette médicale). — Rapport sur un procédé d'application du forceps et du céphalotribe au détroit supérieur (Bull. de l'Acad., 1851-1852, t. XVII, p. 297). Discussion sur l'avortement provoqué (Ibid., 1851-1852, t. XVII, p. 535). Observations de compression de l'aorte dans l'hémorrhagie grave après l'accouchement. Paris, 1852, in-8 de 14 pages (Union médicale). De l'accouchement

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provoqué avant le terme de la viabilité, et de l'opération césarienne. Paris, 1852, in-8 de 8 pages (Ibid.). ·

Rapport sur les appareils de chirurgie inventés par M. Fléchelle (Bull. de l'Acad. de méd., 1852-1853, t. XVIII, p. 586). De l'éther et du chloroforme dans le travail naturel de l'accouchement. Paris, 1853, in-8, 32 pages (Bulletin général de thérapeutique). — De la compression de l'aorte dans l'hémorrhagie grave après l'accouchement; appréciation des observations publiées contre ce procédé, in-8 de 16 pages (Journal des connaissances médicales). Considérations pratiques sur l'application du forceps et du céphalotribe audessus du détroit supérieur, in-8 de 8 pages, avec 2 figures (Bull. général de thérapeutique). De certains procédés généralement conseillés en obstétrique qui sont ou inutiles, ou inapplicables, ou dangereux, et de ceux qu'on peut leur substituer avec avantage. De l'incision oblique de la vulve comme moyen de prévenir la rupture du périnée, in-8 (Bull. de thérap.).-Cas de monstruosité, in-8 de 4 p. avec 1 fig.

II. Sur le traitement des maladies par l'électricité statique, par M. POGGIOLI.

L'auteur rappelle diverses communications qu'il a adressées sur ce même sujet à l'Académie des sciences et à l'Aca

démie de médecine. Le travail qu'il soumet à l'appréciation de l'Académie comprend six nouveaux faits qui témoignent de l'heureuse influence de la médication qu'il exploite depuis quatorze années. Deux de ces faits ont été recueillis dans le service de M. Briquet. Le premier est relatif à une malade atteinte de myélite chronique et qui a pu quitter l'hôpital après la dix-septième séance d'électrisation, ne conservant qu'un léger engourdissement aux mains et aux reins. Le deuxième se rapporte à une jeune fille qui a été guérie en vingt séances d'une chorée générale datant de huit ans. Les quatre autres observations comprennent les heureux résultats obtenus par l'auteur dans un cas d'ophthalmie rebelle, un cas de coqueluche grave, un autre de perte de la voix, et enfin dans un cas d'hémiplégie récente, suite de congestion cérébrale. (Commissaires: MM. Trousseau, Bouillaud et Cerise.)

-A quatre heures moins un quart l'Académic se forme en comité secret pour entendre la lecture du projet de réponse au ministre de l'agriculture et du commerce, sur l'opportunité de la vaccination animale.

RAPPORTS.

Rapport présenté à S. Exc. M. le ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics, par l'Académie impériale de médecine sur les vaccinations pratiquées en France pendant l'année 1864, M. DEPAUL, rapporteur.

Vaccination animale.

Monsieur le ministre, l'importance de la vaccine est si grande, les services qu'elle a rendus et qu'elle continue à rendre sont si nombreux et si généralement appréciés, qu'il n'y a pas lieu de s'étonner qu'elle ait sans cesse le privilége d'exciter l'émulation des médecins et de leur inspirer des recherches et des travaux qui n'ont d'autre but que d'en mieux faire ressortir l'excellence en la dépouillant de certaines obscurités qui l'enveloppent encore, et qui ont plus

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