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par M. Moland dans la Correspondance littéraire du 25 août 1864 (p. 294-296), et insérés la même année au tome VII, p. 376-378, de sa rre édition des OEuvres complètes de Molière.

Voyez sur les vers de ces Intermèdes, qu'il y a tout lieu d'attribuer à Molière, la Notice des Poésies diverses, tome IX, p. 574 et 575.

1.

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- Le premier recueil des OEuvres de Molière fut un recueil factice, formé, sous un titre général et à la suite du Remerciement au Roi, par la réunion de pièces déjà tout imprimées et conservant leurs paginations distinctes. Un exemplaire du tome Ier qui est à la Bibliothèque Cousin ainsi qu'un exemplaire complet des tomes I et II qu'a vu M. Fillon1 sont datés de 1664; un tome II mentionné dans la Bibliographie moliéresque (no 264) l'est de 1663; et l'on ne peut guère douter que certains exemplaires des deux tomes factices n'aient été marqués de ce millésime de 1663, car des pièces rassemblées là celles qui avaient été publiées les dernières sont la Critique de l'École des femmes, achevée d'imprimer dès le 7 août 1663, et le Remerciement au Roi, imprimé vraisemblablement avant la Critique, peut-être après, mais au plus tard vers la mi-octobre 1663 (voyez notre tome III, p. 284, note 1). Le tome Ier 1664 de la bibliothèque Cousin et les deux tomes de même date que M. Fillon a eus sous les yeux sont à l'adresse de Charles de Sercy; un autre tome Ier 1664 mentionné sous le numéro 265 de la Bibliographie moliéresque (voyez aussi le numéro 361 du Catalogue Rochebilière) est à l'adresse de Gabriel Quinet; le tome II 1663 (no 264 de la Bibliographie moliéresque) est à l'adresse de Guillaume de Luyne; il se trouvera sans doute des exemplaires à d'autres adresses encore, chacun des libraires (ils sont énumérés ci-après) qui avaient acquis une part au privilège de l'une ou de l'autre des huit comédies composant le recueil ayant dû s'assurer le droit de le débiter en son nom. Aucun de ces privilèges n'était périmé en 1663 ou 1664 le plus ancien en date, celui des Précieuses ridicules, ne devait expirer qu'au 29 janvier 1665, le plus récent, de la Critique, qu'au 7 août 1670.

1. Voyez sa brochure de 1878 intitulée le Blason de Molière, p. 13, note 1. 2. Dans l'imprimé de M. Fillon, probablement par faute, Cercy.

3. D'après la Bibliographie moliéresque, le titre de ce volume 1664 Quinet diffère de celui de Charles de Sercy; il porte : les OEuvres de J.-B. P. Molière. La composition du volume aussi est différente, il comprend (le Remerciement au

Molière semble bien n'avoir pas été étranger à la disposition du recueil; c'est lui sans doute qui a voulu voir placé en tête, comme une sorte de préface, ou plutôt d'hommage, constatant la faveur accordée à l'auteur, le Remerciment au Roi, puis avant toutes les autres comédies, avant l'Étourdi et le Dépit amoureux, les Précieuses ridicules, du grand succès desquelles on peut croire, ainsi que l'a dit Despois (tome II, p. 40), qu'il prenait plaisir à dater sa carrière dramatique.

Le tome Ier de la bibliothèque Cousin est intitulé : « Les OEuvres de Monsieur Molier1. Tome premier. A Paris, chez Charles de Sercy, au Palais..., 1664. Avec Privilège du Roi. » Ce volume, in-douze, ainsi que tous ceux dont il est question dans cet article, comprend :

Après une réimpression du Remerciment au Roi, dont l'édition originale, in-quarto, avait paru dans l'été de 1663 (voyez plus haut, p. 13 et 14, no 9), 1o Les Précieuses ridicules, de seconde édition, 1663, à l'adresse de Charles de Sercy (associé, avec Claude Barbin, au privilège de Guillaume de Luynes voyez plus haut, p. 1 et p. 2); 2° Sganarelle ou le Cocu imaginaire, avec les Épîtres et les Arguments de chaque scène, de seconde édition, 1662, à l'adresse d'Étienne Loyson (associé au privilège de Molière cédé à Guillaume de Luyne : voyez plus haut, p. 5); 3° l'École des maris, de seconde édition, 1663, à l'adresse de Charles de Sercy (cessionnaire du privilège de Molière voyez plus haut, p. 6 et 7); la pièce est accompagnée de l'estampe gravée pour la première édition et du privilège in extenso constatant la condamnation de Ribou (à ce privilège du 9 juillet 1661 Ch. de Sercy avait associé Guil. de Luyne, Jean Guignard, Cl. Barbin et Gabr. Quinet); 4° les Fâcheux, de seconde édition, 1663, à l'adresse de Charles de Sercy (associé, avec Jean Guignard, Claude Barbin et Gabriel Quinet, au privilège de Molière cédé à Guillaume de Luyne voyez plus haut, p. 7 et p. 10).

Le tome second (il ne semble pas que cette indication même de tome second ait été relevée sur la page de titre) mentionné dans la Bibliographie moliéresque (no 264) est intitulé: Les OEuvres de M. Molier. Paris, Guillaume de Luyne, 1663. Il contient, d'après Paul Lacroix, et le deuxième volume de chez Sercy examiné par M. Fillon contient également, les pièces suivantes, paginées à part, et qui toutes doivent être de première édition : 1o et Roi n'est pas mentionné) l'Étourdi, le Dépit amoureux, les Précieuses ridicules et Sganarelle.

1. Sur cette écriture Molier, voyez plus haut, p. 3, note 2

2o l'Étourdi et le Dépit amoureux : ces deux comédies, achevées d'imprimer à la fin de novembre 1662 et datées de 1663, avaient paru chez Claude Barbin et Gabriel Quinet, cessionnaires du privilège accordé à Molière; voyez plus haut, p. 11 et 12; 3° l'École des femmes; achevée d'imprimer le 17 mars 1663, elle avait paru chez Guillaume de Luyne, acquéreur du privilège, et chez sept autres libraires qu'il y avait associés : Sercy, Joly, Billaine, Loyson, Guignard, Barbin et Quinet; voyez plus haut, p. 12 et 13; 4o la Critique de l'École des femmes; achevée d'imprimer le 7 août 1663, elle avait paru (chez Charles de Sercy, acquéreur du privilège, et chez les sept libraires auxquels il en fit part, Guillaume de Luyne et les autres nommés ci-dessus comme associés au privilège de l'École des femmes : voyez plus haut, p. 14.

2. — Un recueil, composé de deux volumes à pagination suivie, parut en 1666, sous le titre de : Les OEuvres de Monsieur Molière. L'achevé d'imprimer est du 23 mars; il se lit à la fin du premier volume, avec l'extrait d'un privilège, daté du 6 mars, qui permet pour six années1 à Gabriel Quinet l'impression et la vente de ces OEuvres, et avec une déclaration de Quinet associant à son privilège sept autres libraires : Thomas Joly, Charles de Sercy, Louys Bilaine, Guillaume de Luines, Jean Guignard fils, Estienne Loyson et Claude Barbin; l'un ou l'autre de ces noms 1. Dans la brève constatation d'enregistrement qui se lit au Registre de la communauté des libraires, à la date du 24 mars 1666, lendemain de l'achevé d'imprimer du recueil publié par Quinet et ses associés, la durée du privilège est portée, non, comme dans l'extrait imprimé du privilège, à six, mais à « sept ans », donc jusqu'au 23 mars 1673. Où est l'erreur? Elle est moins probable, ce semble, daus l'extrait imprimé, auquel l'éditeur devait donner une assez grande attention, et où il avait un intérêt évident à ne pas abréger le temps de son monopole ; il ne vérifiait pas sans doute la constatation moins publique qui était faite au registre. On a supposé que cette prolongation du terme au registre était frauduleuse, pouvait nuire aux intérêts de Molière, qui n'avait entendu se dessaisir (ou qu'on n'avait à son insu dessaisi) que pour six ans de son bien. Mais en admettant qu'une fausse déclaration de l'éditeur cessionnaire eût été inscrite avec la connivence du syndic ou de son agent chargé de l'enregistrement, elle eût été sans effet, car il n'est pas douteux qu'en cas de contestation avec l'auteur cédant ou avec quelque autre éditeur se prévalant du délai moindre indiqué dans l'extrait, c'eût été à l'original ou à une copie authentique du privilège qu'on s'en fût rapporté, et plutôt encore à l'extrait qu'à la mention succincte du registre syndical des libraires. « Voulons (est-il dit à la fin du privilège du 18 mars 1671, et c'était la formule ordinaire)... qu'en mettant au commencement ou à la fin de chacun desdits exemplaires un Extrait des présentes (lettres de privilège), elles soient tenues pour bien et duement signifiées et que foi y soit ajoutée... comme à l'Original. L'extrait imprimé du privilège ne nomme aucune des neuf comédies composant ce recueil des OEuvres. L'énumération en est faite dans le registre des libraires; seulement les Précieuses ridicules et les Fâcheux y sont omis.

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peut en conséquence figurer au bas des titres du recueil; il se rencontre même des exemplaires légèrement dépareillés, dont les volumes sont à des adresses différentes 1.

Chacun des deux volumes, de format in-12, est orné d'un joli frontispice, placé en regard du titre, et que François Chauveau a signé de ses initiales. Pour le premier l'artiste a dessiné, les appuyant à un cartouche que surmonte un buste de la Comédie sans doute, d'un côté le Marquis de Mascarille, affublé d'un costume de la plus curieuse extravagance, de l'autre côté un Sganarelle portant un habit tout semblable à celui que montre l'estampe de Simonin, et dans l'attitude méditative que comportent certains moments de la scène xvii du Cocu imaginaire. Au-dessous une tête fantastique de bouc ou de satyre, deux singes accrochés à des guirlandes et enroulements. L'autre frontispice représente une Renommée assise, d'aspect très moderne, la tête tout empanachée, qui de chaque main (la gauche tient en outre une trompette) suspend une couronne au-dessus de la tête d'Agnès et d'Arnolphe, debout en face l'un de l'autre et séparés par le cartouche; c'était la seconde fois que Chauveau fixait pour nous l'image de ces deux figures qu'avaient revêtues sous ses yeux Mlle de Brie et Molière. Au-dessous un trophée d'instruments et de masques. Voyez plus haut, p. 13, le 2a alinéa du numéro 8, et l'Album joint à la présente édition. Le tome Ier a 391 pages comptées (y compris le feuillet du frontispice et 4 feuillets laissés blancs, un au-devant de chaque comédie), de plus un feuillet dont les deux pages ont été marquées par erreur des mêmes chiffres (119 et 120) que les pages du feuillet précédent, et 3 pages non chiffrées pour l'Extrait du privilège et l'Achevé d'imprimer. Il contient : 1o le Remerciement au Roi, que Molière avait déjà prescrit de mettre ainsi en tête dans le recueil de 1664 et qui y restera dans ceux de 1673 et de 1674; 2o les Précieuses ridicules; 3o Sganarelle ou le Cocu imaginaire, avec les Épîtres et les Arguments de chaque scène; 4° l'Étourdi; 5° le Dépit amoureux. Le tome II, de 480 pages (y compris le frontispice et 4 feuillets blancs; il n'y en a point au-devant des Fácheux) contient : 1o les Fâcheux; 2o l'École des maris; 3o l'École des femmes ; 4o la Critique de l'École des femmes ; 5o la Princesse d'Élide insérée au milieu de toute la Relation des

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1. Le tome Ier de l'exemplaire Cousin est de chez Louis Billaine, le tome II', de chez Estienne Loyson; un autre tome II de la même bibliothèque est de chez Thomas Jolly; le tome premier de l'ancien exemplaire Rochebilière est de chez Estienne Loyson, le second de chez Claude Barbin.

2. Voyez l'Album.

Plaisirs de l'Ile enchantée et autres fêtes qui furent données à Versailles du 7 mai 1664 au 13 inclusivement (voyez plus haut, p. 16 et 17, n° 13).

Molière a-t-il pris quelque part à la préparation de ce recueil de ses OEuvres ? Il parait bien que non, et que c'est principalement au contraire de celui-là qu'il se plaignit dans les considérants qu'il fit insérer au privilège du 18 mars 1671, reproduit plus haut (p. 39-41 voyez particulièrement le dernier alinéa de la page 39). On le pourrait presque conclure de l'état seul du texte. Il a déjà été remarqué, p. vII de notre tome Ier, et l'on a pu constater dans les notes, que ces réimpressions n'offraient que des variantes la plupart involontaires probablement et fortuites ». Si peu d'attention que Molière y eût donné, il en eût certainement, de lui-même ou sur l'avis de quelque ami moins occupé, fait disparaître plus d'une leçon fautive conservée ou ajoutée par le nouvel imprimeur. On le conclura encore de ce fait que, et d'après l'extrait du privilège du 6 mars 1666 qui accompagne le recueil, et d'après la constatation d'enregistrement qui se trouve, au 24 mars suivant, dans le registre de la communauté des libraires, c'est non à Molière ou à un libraire donné comme représentant, mais directement à Quinet que le privilège est attribué.

son

Le poète n'avait donc signé aucune requête, n'avait fait aucun transport, n'avait, comme il est encore dit dans le document cité du 18 mars 1671 (ci-dessous, dernier alinéa), donné aucun consentement. On peut croire aussi qu'il ne forma aucune opposition, qu'il laissa faire d'abord, n'étant peut-être pas bien exactement renseigné sur ses droits; ils étaient pourtant, ce semble, incontestables.

Le 23 mars 1666, en effet, jour de l'achevé d'imprimer à partir duquel devaient se compter les six années du privilège que les huit libraires se proposaient de faire valoir de concert, ils ne pouvaient plus appuyer que de ce titre même, surpris par eux, leur mainmise sur les Précieuses ridicules et sur Sganarelle, comédies dont les privilèges, autrefois cédés par Molière, étaient expirés depuis le 29 janvier et le 12 août 1665, et dont la propriété devait en bonne justice faire retour à l'auteur, pour lesquelles du moins, suivant les idées, les usages du temps, il appartenait à l'auteur, non aux anciens exploiteurs, de demander à l'autorité royale, sous forme de continuation de privilège, une nouvelle reconnaissance de propriété. Par le même titre, la Compagnie des huit libraires faisait étendre à six années la durée de privilèges, et partant de cessions consenties par Molière, qui n'étaient plus valables: 1o le privilège de l'École des maris, que pour deux ans et cinq mois; 2o celui des Fâcheux, que pour onze mois; 3° et 4° ceux de l'Étourdi et du Dépit amoureux, que pour huit mois; 5° celui de l'École des femmes, que pour trois ans ; 6o celui de la Critique, que pour quatre ans et cinq mois. Le privilège de la Princesse d'Élide était à peine prolongé, de deux mois seulement; mais il n'avait jamais appartenu à Molière, et n'avait pu être transféré par lui; il l'avait été par un éditeur de musique au profit de deux des huit confrères associés1.

Molière ne disait donc rien que de rigoureusement exact en motivant ainsi, vers le mois de mars 1671, sa demande d'un privilège général: « La plupart desdits privilèges (particuliers) étant expirés, et les autres prêts d'expirer, plusieurs desdites pièces ont été réimprimées en vertu de lettres obtenues par surprise en la grande chancellerie, portant permission d'imprimer... les OEuvres

1. Confondue dans la grande relation officielle des Plaisirs de l'Ile enchantée, la comédie de la Princesse d'Elide se trouvait en quelque sorte confisquée au profit de Robert Ballard, imprimeur du Roi, qu'on avait gratifié du privilège de réimprimer la relation. Voyez plus haut, p. 17, 4o alinéa.

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