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un grand nombre de maladies. La recette d'un prétendu remède contre l'hydrophobie. (Commission des remèdes secrets et nouveaux.)

IV. Les tableaux des vaccinations pratiquées dans les départements de l'Allier, des Bouches-du-Rhône et du Puy-deDôme, pendant l'année 1862. (Commission de vaccine.)

CORRESPONDANCE MANUSCRITE.

I. M. le secrétaire de l'Académie de médecine de New-York écrit à l'Académie au sujet des échanges des publications de ces deux sociétés savantes. (Renvoi à M. le bibliothécaire.)

II. M. le docteur HERZOG, de Posen (Prusse), adresse à la Compagnie une note en langue allemande sur la fièvre jaune. (Renvoi à M. Bouvier.)

Ill. Fracture compliquée de l'humérus gauche par écrasement, avec perte de substance osseuse chez un enfant; guérison complète sans difformité, par M. le docteur BINOT DE VILLIERS (Renvoi à l'examen de M. Velpeau.)

IV. M. BENAS, fabricant d'instruments de chirurgie, soumet à l'Académie, pour le concours du prix d'Argenteuil, Des sondes et des bougies en séve de Balata. (Inscrites au concours sous le n° 18.)

V. M. le docteur MARQUEZ adresse à l'Académie un mémoire sur l'uréthrotomie interne, à joindre à ceux qu'il a déjà envoyés pour le concours au prix d'Argenteuil. (Ce mémoire est inscrit sous le n° 7.)

M. le PRÉSIDENT annonce la mort de M. Moquin-Tandon, membre titulaire.

RAPPORTS.

Rapport sur les appareils et expériences cardiographiques de MM. CHAUVEAU et MAREY. (Commissaires: MM. Bouillaud, Grisolle, Béclard et Gavarret, rapporteur.)

Messieurs, déterminer l'ordre de succession, le rhythme,

les caractères et les causes des mouvements du cœur pendant une révolution complète de cet organe, tel est le problème dont MM. Chauveau et Marey ont cherché la solution dans leur travail. Quand on se rappelle tous les moyens d'investigation dont dispose la physiologie expérimentale, quand on sait que le cœur peut être mis à nu sur un grand mammifère, et que la respiration artificielle pratiquée après la section de la moelle permet de maintenir la circulation pendant plusieurs heures, on demeure étonné que tant de recherches exécutées depuis la découverte de Harvey, n'aient pas depuis longtemps fixé irrévocablement la science sur cette question importante. Vous n'attendez sans doute de nous ni un historique, ni même une simple énumération des discussions soulevées par la physiologie du cœur; la cause de ces divergences, jusqu'à un certain point indépendante des observateurs, doit être cherchée dans la complication et la multiplicité des phénomènes, dans la faible durée de la révolution cardiaque, et aussi dans l'insuffisance des procédés employés. Prenons, en effet, un grand mammifère à circulation lente, le cheval. Chez cet animal, à l'état physiologique, le cœur donne environ 40 pulsations, et exécute par conséquent 40 révolutions complètes en une minute. Il en résulte que, dans ce cas, le plus favorable de tous à l'observation, la révolution cardiaque ne dure qu'une seconde et demie.

Dans un intervalle de temps aussi court, le cœur exécute des mouvements et subit des changements de forme très variés les uns, passifs, sont la conséquence nécessaire du relâchement de ses fibres musculaires ou des variations de la tension du sang contenu dans ses cavités; les autres, actifs, sont dus aux contractions des parois musculaires des oreillettes et des ventricules. Aussi, au premier abord, quand le cœur est mis à nu, au milieu de ces mouvements de siéges différents, si nombreux, si rapides, qui empiètent les uns sur les autres, tout paraît confusion.-Sans doute, avec de l'attention, on parvient à distinguer les mouvements passifs des mouvements actifs, à séparer ce qui revient au jeu des oreillettes de ce qui dépend du jeu des ventricules. Par un effort d'ana

lyse, des physiologistes éminents avaient réussi à déterminer l'ordre de succession des principales phases de la révolution cardiaque. Mais, en présence de tant de phénomènes, de leur complication apparente, de leur peu de durée, il restait toujours place pour des interprétations différentes. La démonstration n'était pas assez nette, assez éclatante, pour commander la conviction et couper court à toute controverse.

MM. Chauveau et Marey ont rendu un grand service à la science lorsque, s'écartant de la voie suivie jusqu'à eux, ils ont demandé à des procédés nouveaux la solution de tant de difficultés, lorsque, renonçant à l'intervention directe des sens, ils ont laissé au cœur le soin de tracer lui-même en caractères indélébiles le tableau des diverses phases d'une révolution complète. Dans ce but, ils ont emprunté aux physiciens les appareils enregistreurs à indications continues, dont l'application aux recherches physiologiques avait déjà été tentée en Allemagne et en Amérique.

Le cardiographe de MM. Chauveau et Marcy est très simple; c'est une combinaison très heureuse du sphygmographe de M. Marey et de l'appareil à transmission des pressions de M. Buisson. Un tube de caoutchouc se termine par deux ampoules élastiques à parois très minces; le tout est plein d'air. L'une de ces ampoules est introduite dans une des cavités du cœur, ou dans une grosse artère, ou dans l'épaisseur des parois thoraciques dans le lieu même où se fait sentir le choc précordial, nous l'appellerons ampoule exploratrice. L'autre ampoule, que nous appellerons indicatrice, porte sur sa paroi supérieure un petit disque solide muni d'une arête transversale sur laquelle repose un levier très léger et très mobile. Toute pression exercée sur l'ampoule exploratrice est instantanément transmise à l'ampoule indicatrice el refoule nécessairement sa paroi supérieure dont les mouvements amplifiés sont reproduits par l'extrémité libre du levier enregistreur. L'extrémité libre de ce levier porte une plume chargée d'encre en face de laquelle se meut d'une vitesse uniforme une bande de papier entraînée par un mouvement d'horlogerie. La plume du levier trace ainsi sur la bande

de papier mobile une courbe continue qui traduit, avec une netteté et une fidélité remarquables, le sens, l'amplitude et la durée de toutes les variations de pression subies par l'ampoule exploratrice. En réalité, le cardiographe n'accuse que des variations de pression; mais les mouvements du cœur et ces variations de pression sont liés par les rapports intimes de cause à effet et coexistent nécessairement. Il est donc légitime de conclure de l'observation des variations de pression à l'ordre de succession, au rhythme et à la durée des mouvements eux-mêmes.

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L'étude de la courbe des pressions permet de distinguer nettement les mouvements actifs des mouvements passifs du cœur. Tout mouvement actif est le résultat d'une contraction musculaire; l'augmentation de pression qui en résulte est nécessairement brusque comme la contraction elle-même; la plume du levier est brusquement relevée et trace sur le papier une ligne d'ascension presque verticale. Les mouvements passifs dépendent ou d'un relâchement subit des parois musculaires contractées, ou du refoulement de ces parois relâchées par le sang qui passe des veines dans les oreillettes ou des oreillettes dans les ventricules. Le relâchement subit des parois est traduit par une brusque diminution de la pression intérieure et par une descente rapide de l'extrémité libre du levier. Dans le cas du refoulement des parois relâchées par l'afflux du sang, la pression intérieure éprouve nécessairement des accroissements progressifs exactement traduits par le soulèvement graduel de l'extrémité libre du levier et de la ligne d'ascension correspondante. Ajoutons d'ailleurs que le niveau de l'extrémité libre du levier à l'état de repos étant connu ainsi que la vitesse d'entraînement de la bande de papier, une simple inspection de la courbe obtenue permet d'apprécier l'intensité relative et la durée des variations de tension et par suite des mouvements du cœur.

Le cardiographe de MM. Chauveau et Marey est armé de quatre ampoules exploratrices indépendantes les unes des autres. Les deux premières montées sur la même sonde, sont introduites par la jugulaire, l'une dans le ventricule droit,

l'autre dans l'oreillette droite. La troisième est poussée par la carotide dans le ventricule gauche. La quatrième est placée entre les deux plans des muscles intercostaux, dans le quatrième espace intercostal, en face de la partie moyenne. des ventricules.

A chacune de ces ampoules exploratrices répond une ampoule indicatrice munie de son levier enregistreur. Ces leviers de même longueur sont parallèles et disposés dans un même plan vertical; les becs des quatre plumes qui les terminent, sont placés les uns au-dessus des autres sur une même ligne verticale tracée sur la bande de papier.

Votre commission a fait répéter devant elle toutes les expériences et a pu s'assurer que la présence de ces ampoules dans les cavités du cœur ne trouble pas d'une manière appréciable les fonctions de l'animal. Après leur introduction, les chevaux sont debout et tranquilles; ils mangent avec appétit l'avoine qu'on leur présente; la respiration est normale; le nombre et le rhythme des pulsations cardiaques sont les mêmes qu'avant l'opération; les bruits du cœur conservent tous leurs caractères de timbre et de succession. D'ailleurs, il est facile de s'assurer, après la mort des animaux, que les ampoules exploratrices occupaient réellement pendant les expériences les positions que nous avons indiquées, et que leur introduction s'était faite sans lésion appréciable ni de la valvule tricuspide, ni des valvules sigmoïdes.

Au début de l'expérience, les quatre leviers partent en même temps, restent agités de mouvements incessants d'ascension et de descente, et tracent sur la bande de papier quatre courbes indépendantes traduisant chacune les variations de pression éprouvées par l'ampoule exploratrice correspondante. -Les becs des quatre plumes restent, pendant toute la durée de l'observation, sur la même ligne verticale, la bande de papier se meut d'une vitesse uniforme, l'étude des quatre courbes permet donc de déterminer exactement le moment précis où commence et où finit chacun des mouvements correspondant aux variations de pression et la durée de chacun de ces mouvements. Ajoutons que la vitesse de la

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