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RAPPORTS.

I. Rapport sur une nouvelle source découverte à Enghien (Seineet-Oise), fait au nom de la commission des eaux minérales (M. Gobley, rapporteur).

M. Coquil, pharmacien à Paris, a adressé à Son Exc. M. le ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics, une demande d'autorisation pour exploiter, au point de vue médical, une eau sulfureuse découverte dans une propriété qu'il possède à Enghien, près de l'avenue de ceinture du lac. Avec la demande du sieur Coquil, transmise par M. le ministre, l'Académie a reçu :

1° Un échantillon de l'eau minérale ;

2o Un certificat de puisement délivré par le commissaire de police d'Enghein, délégué par le maire de la commune; 3o Une lettre de M. le préfet de Seine-et-Oise ;

4° Un rapport de M. l'ingénieur des mines;

5° Enfin l'avis de M. l'ingénieur en chef.

La source de M. Coquil est située à 150 mètres du groupe des quatre sources connues sous les noms du Roy, Deyeux, Péligot et Bouland. Les travaux de captage exécutés par M. Coquil consistent en un puits distant de 9,50 d'un autre puits très ancien; les deux puits communiquent ensemble par un tuyau de conduite en plomb muni d'un robinet. Le débit est de 2,233 litres par heure ou de 53,592 litres par vingt-quatre heures. La température de l'eau est de 10 degrés.

La source arrive au jour à travers les sables de l'étage tertiaire moyen; elle paraît ne pas différer, quant aux circonstances de son gisement et à la composition, de l'eau des sources nombreuses qui émergent en divers points dans le voisinage du lac ou dans le lit même du lac.

L'eau examinée dans le laboratoire de l'Académie, est limpide, d'une odeur sulfureuse très prononcée; elle noircit fortement les sels d'argent, de plomb et de cuivre; elle précipite en blanc les sels de zinc. Le principe sulfureux est ranidement absorbé par le contact de l'eau avec le sulfate de

plomb ou l'oxyde de zinc. L'eau traversée par un courant d'hydrogène ne perd que très lentement son principe sulfureux, comme cela a été constaté par des essais sulfhydrométriques faits à différents intervalles.

Par son exposition à l'air, l'eau se trouble fortement, caractère qui appartient, comme on le sait, aux eaux d'Enghien.

L'ébullition la trouble également; par la concentration, l'eau prend une teinte jaunâtre; le produit de l'évaporation contient de l'hyposulfite de chaux; fortement chauffé, ce résidu noircit et répand une odeur de matière organique brûlée, en produisant un peu d'ammoniaque.

Le titre sulfhydrométrique de l'eau du puits le plus récent a été trouvé égal à 44 degrés par M. l'ingénieur des mines; l'ancien puits lui a donné 34°,5. Un grand nombre de bouteilles titrées au laboratoire de l'Académie, après un séjour de plusieurs mois, ont fourni de 42° à 44°,5. Le soufre dosé directement à l'état de sulfure d'argent a donné les mêmes résultats, c'est-à-dire 0,054 de soufre par litre.

Aucun essai n'ayant été fait près de la source, il a été impossible de déterminer d'une manière certaine la quantité d'acide sulfhydrique libre existant dans l'eau, proportion qui doit être dans tous les cas très faible; aussi dans l'analyse que nous allons donner, le soufre est-il calculé à l'état de sulfure de calcium.

Au fond des bouteilles on a trouvé un léger dépôt noirâtre qui, convenablement traité, donne les réactions des sels de fer; c'est du sulfure de fer en très faible proportion.

L'analyse de cette eau a fourni à M. Bouis, pour un litre, les résultats suivants :

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La source Coquil est donc, comme nous l'avons dit, analogue aux autres sources connues et exploitées à Enghein, aussi la commission des eaux minérales vient-elle vous proposer de répondre à M. le ministre qu'il y a lieu d'accorder l'autorisation demandée. La commission croit toutefois devoir appeler l'attention sur la forte sulfuration de cette eau, et recommander de n'en faire usage qu'avec ménagement pour la boisson.

II. Rapport sur l'eau de Condorcet (Drôme), fait au nom de la commission des eaux minérales (M. Gobley, rapporteur.)

Dans la commune de Condorcet se trouve une source que le propriétaire, M. Camille Grépat, demande à exploiter pour l'usage médical.

Avec les échantillons de l'eau minérale, l'Académie a reçu : 1° Un certificat de puisement délivré par M. le maire de Condorcet ;

2° L'avis de M. le préfet de la Drôme ;

3o Un rapport du conseil d'hygiène et de salubrité de l'arrondissement de Nyons.

La source de Condorcet sort d'un terrain calcaire dans un étroit vallon, au nord et au pied d'une chaîne de collines très riches en carrières à plâtre. Elle forme trois branches et son rendement est d'environ 360 litres par heure; sa température est de 15 degrés. D'après le rapport du conseil d'hygiène

et de salubrité de l'arrondissement de Nyons, elle présenterait de l'analogie avec celle de Propiac; elle produirait des purgations abondantes à la dose de dix à vingt verres.

L'eau, examinée au laboratoire de l'Académie, est limpide; elle est très abondamment troublée par les sels de baryte, et par l'oxalate d'ammoniaque. L'azotate d'argent ne produit qu'un très faible précipité.

Par l'évaporation, l'eau de Condorcet laisse déposer de belles aiguilles de sulfate de chaux, le résidu produit une effervescence très légère lorsqu'on le reprend par l'eau acidulée.

Un litre d'eau laisse 2,220 de résidu chauffé au rouge sombre. Ce résidu analysé par M. Bouis, chef des travaux chimiques, a donné les résultats suivants :

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Il est facile de voir, par cette analyse, que l'eau de Condorcet est simplement une eau très chargée de sulfate de chaux, et comme on n'y a trouvé aucun autre principe qui permette de supposer qu'elle peut être utilement employée en médecine, la commission des eaux minérales a l'honneur de vous proposer de répondre à M. le ministre qu'il n'y a pas lieu d'accorder l'autorisation demandée.

DISCUSSION.

Suite de la discussion sur la vaccine.

M. DEPAUL Messieurs, je remercie M. le président d'avoir bien voulu me réserver la parole pour cette séance. Je n'avais pas été heureux mardi dernier. Absent pendant un quart d'heure seulement, c'est précisément pendant ce temps que M. Bousquet a donné lecture de son travail. J'en ai pris connaissance depuis et il m'est impossible de ne pas y répondre. Toutefois, je n'oublierai pas que l'Académie attend de M. Mêlier une importante communication sur la fièvre jaune et je serai aussi bref que possible.

Je me plais à reconnaître que M. Bousquet est un contradicteur redoutable; nul plus que moi n'admet l'autorité de ses opinions sur toutes les questions qui se rattachent à la vaccine; mais ma déférence ne saurait aller jusqu'à accepter ses affirmations lorsque les faits leur sont contraires. Avec mon collègue on est toujours sûr de marcher de surprise en surprise. Il s'était fait inscrire pour lire un rapport sur un cas de cowpox spontané, observé dans le département du Gard, par MM. les docteurs Auphan et Larguier, et au lieu de cela vous avez entendu une réfutation en trois points du travail que je vous avais soumis au nom de la commission de vaccine. Je suis loin de m'en plaindre, car à plusieurs reprises M. Bousquet m'a accablé de ses éloges et ma modestie e n aurait souffert si tout cela n'avait été largement tempéré par des critiques assez vives. D'un autre côté, M. Bousquet a une manière étrange de conduire les discussions. On fait de vains efforts pour le retenir sur le terrain en litige. Il vous échappe sans cesse et c'est dans ses retraites habilement combinées qu'il veutvous entraîner à tout prix. Il a à son service un style des plus imagés très fait pour éblouir, beaucoup moins pour convaincre. Il a en médecine des principes à lui. Il est grand partisan des théories qu'il fait passer avant les faits, et il est facile de voir que nous n'appartenons pas à la

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