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IV. Décollements traumatiques de la peau et des couches Sous-jacentes; deuxième mémoire, par M. MOREL-LAVALLÉE.

V. M. PONS Soumet à l'Académie quelques réflexions sur les aphorismes d'Hippocrate.

VI. M. LANDOUZY, membre correspondant de l'Académie à Reims, adresse à l'Académie la lettre suivante :

Monsieur le président,

Dans les réflexions dont il a fait suivre la lecture de ma dernière note à l'Académie, mon très savant maître M. Gibert me prête plusieurs erreurs contre lesquelles je tiens à protester, car elles pourraient faire croire à une témérité bien peu en rapport avec la discrétion habituelle des vrais obser

vateurs.

M. Gibert me reproche de prétendre qu'on n'a pas vu, avant moi, la manie pellagreuse aiguë; or, je n'ai jamais dit rien de semblable. On a tout vu avant moi, comme avant M. Gibert, comme avant Hippocrate, mais on n'a pas tout décrit, et je maintiens que la manie pellagreuse aiguë ou foudroyante n'est décrite spécialement dans aucun auteur, quoiqu'elle soit assez fréquente.

M. Gibert me reproche aussi d'avoir prétendu qu'on n'a pas vu, avant moi, le typhus pellagreux. Or, j'ai précisément établi le contraire, en rappelant que les Italiens nomment typhus pellagreux, pellagre typhoïde, une affection qui ressemble grossièrement au typhus, et qui, d'après mes observations personnelles, mérite le nom de pellagre aiguë.

M. Gibert me reproche, enfin, et même avec une certaine vivacité, d'avoir déclaré que cette dernière forme est fréquente. Or, voici la phrase textuelle de ma dernière leçon : «< D'après les médecins italiens, ces cas de typhus pellagreux sont >> rares; mais je suis convaincu qu'il en existe plus qu'on n'en >> voit, et que les cas où la pellagre aiguë a été confondue avec la fièvre typhoïde, pour être rares, ne sont pas ex»ceptionnels.>>

Ce que disent du haut de la tribunç de l'Académie les mem

T. XXVIII. N° 2.

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bres titulaires a trop d'autorité pour que la Compagnie ne m'excuse pas de réclamer contre les réflexions qu'une audition imparfaite de ma note a pu seule susciter.

J'apprends, du reste, avec une vive satisfaction que mon savant maître a vu à Saint-Louis les faits de manie pellagreuse foudroyante et de pellagre aiguë que j'ai vus à Reims, à Milan, à Padoue, à Venise, et qui doivent se voir partout. Mais je n'en ai trouvé aucune trace dans les annales de la médecine.

Ces faits ne sont mentionnés ni dans les recueils périodiques, ni dans la remarquable relation de M. Brierre de Boismont, ni dans l'excellent traité de M. Roussel, ni dans la lumineuse monographie de Bouchard, ni dans les précieux travaux de Strambio, de Zanet et de Baillarger.

Morelli, Boud et Lussana, dans leurs récentes études, ont bien dit quelques mAR 899oso, de la pellagra tifosa, mais en les considérant plutôt comme une complication par la fièvre typhoide ou par la forse entéritique, que comme une forme particulière, et on y insistant d'ailleurs si peu que dans aucun écrit français il n'y a été fait allusion.

Pour moi, au contraire, la pellagre aigue est une forme parfaitement déterminée, distincte de la manie pellagreuse, distincte de la forme abdominale, distincte à fortiori de la forme chronique, et trop différente, pendant la vie et après la mort, des affections typhiques, pour recevoir le nom de pellagra typhoidea.

En résumé, monsieur le président, M. Gibert a mal entendu la lecture de ma note, et de là les erreurs toutes gratuites qu'il m'attribue. Il a entendu le mot vu au lieu du mot consigné, le mot fréquent au lieu du mot rare, et quoique je l'aie cité parmi les premiers cliniciens qui aient appelé l'attention sur la pellagre, il faut reconnaître qu'il a négligé d'inscrire dans la science les faits importants que sa longue pratique des hôpitaux lui a fournis, et qui, à l'exception de sa première observation, ne se trouvent relatés nulle part.

Veuillez agréer, monsieur le président, l'hommage de mes sentiments respectueux.

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LECTURES.

I. M. PIORRY donne connaissance à l'Académie de la lettre qui suit:

A M. le président et à MM. les membres de l'Académ ieimpériale de médecine.

Au moment de soumettre à l'Académie un mémoire sur la nomenclature médicale, et lorsque naguère elle a bien voulu entendre deux discours que j'ai prononcés sur le goître exophthalmique, je crois qu'il est convenable de choisir la forme épistolaire, pour faire part à l'assemblée d'un fait nouveau de plessimétrisme dont la portée thérapeutique me paraît assez grande. Ce fait, le voici :

Depuis plusieurs années, limitant exactement et dessinant, par la médio-percussion et par le crayon, la vésicule du fiel, et trouvant presque toujours, dans l'ictère ou cholémie eet organe volumineux, j'avais proposé, dans ces cas, d'exéenter des pressions avec la main sur les points où le plessimétrisme permettait de reconnaître le fond du réservoir de la bile. Il m'avait semblé que sous l'influence de cette compression extérieure l'état du malade s'était promptement amélioré.

Les expériences suivantes ont confirmé l'exactitude de ce jugement.

Dans le courant de 1861 et 1862 j'ai constaté que dans la cyrrhose, le foie étant devenu beaucoup moins vasculaire que normalement et ne sécrétant que très peu de bile, il arrive que cet organe, à l'opposé de ce qui a lieu en santé, augmente fort peu de volume, alors que le malade retient sa respiration, et qu'il diminue à peine lorsque le patient exécute des soupirs profonds et répétés. En outre, dans la cyrrhose la vésicule biliaire est presque vide et par conséquent fort pea développée. De plus, j'avais vu que le plessimétrisme pratiqué dans la direction du grand axe de la vésicule donne une telle matité de liquide qu'il est impossible de ne pas reconnaître par ce moyen la présence de ce réservoir.

Il y a peu de jours qu'ayant reconnu et démontré la coexistence chez un maladé atteint d'hydropéritonie, des caractères . précédents de la cyrrhose, qu'ayant en outre constaté que l'urine prenait une teinte acajou par l'acide azotique (signe précieux de cyrrhose dû à M. le docteur A. Becquerel - de très regrettable mémoire), je voulus comparer l'état des voies biliaires chez ce malade, à celui que présentaient des hommes dont l'appareil sécréteur de la bile était dans des conditions normales.

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Or, sur trois hommes de la salle Saint-Charles chez lesquels il en était ainsi, je limitai avec un soin extrême le foie et la vésicule biliaire, et chez ces individus la glande hépatique augmenta et diminua énormément de volume à l'occasion de la suspension ou de l'accélération des mouvements respiratoires, et chez eux aussi le fond de la vésicule biliaire appliqué contre les parois abdominales présentait près de 3 centimètres dans les diamètres de la circonférence.

Je voulus alors savoir si par des pressions extérieures, par les contractions du diaphragme et des muscles abdominaux tels qu'ils ont lieu dans le vomissement, l'effort, la toux, je pourrais faire évacuer la bile contenue dans la poche biliaire et je vis bientôt qu'après ces manœuvres et ces actions, le son obscur et la matité tactile du réservoir biliaire étaient complétement disparus et avaient fait place à de la sonorité et à de l'élasticité dues au tube digestif plein de gaz.

De ces faits, qui ont eu pour témoins plusieurs médecins ou élèves français et étrangers, on peut déduire les conclusions suivantes;

1o Le défaut de variation dans le volume du foie sous l'influence de l'augmentation ou de la diminution de l'acte respirateur, la vacuité de la vésicule du fiel sont des signes de cyrrhose qui ne doivent pas être négligés.

2o Des frictions sur le fond de la vésicule du fiel dont la présence est reconnue au moyen du plessimétrisme, et la pression de cet organe par le diaphragme et les muscles abdominaux sont, dans l'ictère, des moyens utiles pour vider la poche biliaire du liquide qu'elle contient.

3. Ces moyens peuvent forcer la résistance des conduits. eystiques et cholédoques rétrécis et faire évacuer bien plus que la potion de Jurande, les calculs engagés dans ces canaux.

4° Les manœuvres dont il s'agit peuvent avoir dans la cholémie et peut-être dans la fièvre jaune de nombreuses applications.

5° La vacuité de la vésicule du fiel à la suite des efforts de Tomissement démontre que les évacuations de bile auxquelles ces efforts donnent lieu ne prouvent en rien que le malade soit atteint d'affections dites bilieuses. Veuillez m'excuser, messieurs, de l'étendue de cette communication et agréer l'expression de ma déférence complète au jugement de l'Académie sur les travaux qui lui sont soumis.

Le 20 octobre 1862.

P. A. PIORRY.

II. Observations pratiques sur l'usage et l'abus du cidre et des liqueurs alcooliques, la colique végétale et le tremblement des buceurs, par M. le docteur HOUSSARD, membre correspondant de l'Académie à Avranches (Manche).

Scribo Roma et in aere romano.
(BAGLIVI.)

Il y a plus de quarante années, je fus appelé en consultation pour traiter M. L. B.., cultivateur aisé à la campagne. 11 éprouvait des coliques vives et incessantes, des vomissements souvent répétés, et ne pouvait prendre aucun aliment. Le ventre était médiocrement tendu et sensible à la pression, la langue blanchâtre, la constipation absolue, le pouls assez peu fréquent. Les boissons étaient mal supportées, les potions les plus calmantes n'avaient apporté aucun soulagement; les lavements émollients et laxatifs n'avaient produit aucun effet; les bains entiers d'eau tiède avaient été complétement inutiles. Je craignis que le malade ne fût atteint d'un de ces étranglements internes que j'avais souvent observés à la clinique de Dupuytren lorsque j'étais interne à l'Hôtel-Dieu, et, dans cette pensée, je conseillai un doux purgatif, l'huile

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