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du siège n° 3, traversa le puits naturel (Nord-Ouest rencontra le gisement d'Iguanodons.

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C'est le relevé minutieux de ces bouveaux que reproduisent les coupes de la planche IV (1).

On remarquera qu'à cette profondeur, l'importance des éboulis a beaucoup augmenté et qu'il n'y a plus, sur 80,95 de faille, que 8,60 de paquets wealdiens. Bien que superposés en désordre, comme c'était le cas à 522 mètres, on constate encore ici que chacun de ces paquets a conservé la stratification de l'argile. C'est bien là l'allure générale qu'ont dû prendre des terrains obéissant à l'effondrement que provoque la seconde phase celle des tassements de notre hypo

thèse.

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Mais on remarquera également que si dans ces paquets ainsi stratifiés on a de fait recueilli les ossements et les fossiles in situ, c'est-à-dire entre les feuillets argileux tels que ces fossiles y avaient été déposés, on ne peut aucunement y voir la preuve d'un gisement d'alluvions fluviales, lui-même in situ.

L'empilement désordonné des paquets wealdiens établit à l'évidence l'effondrement postérieur à la sédimentation; et la stratification intime. de chaque paquet tend uniquement à prouver que cet effondrement ne fut pas assez violent pour dissocier entièrement les couches argileuses.

La surface générale du terrain houiller aux abords du puits naturel étant estimée à 150 mètres, ce puits présente une profondeur connue de 206 mètres.

On ne possède aucune donnée directe sur son contenu entre les niveaux de 150 et de 240 mètres, mais on peut affirmer que dans cette section, on rencontrerait des roches appartenant au Crétacé marin, entre autres à la Meule, descendue dans la cavité à la suite des argiles wealdiennes. Nous avons vu que dans le puits naturel du Nord-Ouest, la Meule est arrivée jusqu'à la profondeur d'au moins 160 mètres, c'està-dire qu'elle a subi une descente de 140 mètres.

On ignore absolument à quelle profondeur se termine le puits naturel aux Iguanodons. Il semble, entre les profondeurs de 322 et de

(1) Nous devons à l'obligeance de M. Antoine Sohier, ingénieur aux charbonnages de Bernissart, lors de la découverte des Iguanodons, la communication du brouillon même de ces relevés qu'il avait été chargé de fournir à M. Ed. Dupont. Il est bon de noter que M. Ed. Dupont était donc, dès l'origine, armé mieux que personne pour édifier une théorie en harmonie avec la réalité des faits.

356 mètres, se rétrécir un peu vers le bas, fort à propos pour former le fond de la vallée de M. Dupont, mais on ne peut pas affirmer que ce rétrécissement se continue sous le niveau de 356 mètres, et, nous le répétons, nul ne sait où se trouve le fond de la dépression.

Les seules parties de la paroi latérale du puits naturel qui nous soient connues sont celles qui ont été recoupées par les trois bouveaux cités plus haut. Les documents fournis par ces bouveaux montrent que du côté de l'Est, la paroi est fortement redressée et que, du côté opposé, elle est verticale et même surplombante (1).

Du côté du Sud, nous ne possédons aucune donnée pouvant nous permettre de délimiter le puits.

Du côté du Nord, une voie de niveau Est-Ouest, établie dans la veine Luronne, au niveau de 522 mètres, à la même cote et à environ une trentaine de mètres au Nord du bouveau où les Iguanodons ont été découverts en pleine argile, est arrivée jusqu'au point où devrait passer l'axe de la vallée dans l'hypothèse de M. Dupont et l'a même dépassé. Or, dans cette galerie, on n'a rencontré ni Iguanodons ni argile, mais seulement des débris de roches houillères, suivis, dans la partie orientale de la galerie, d'un massif exploité; ce qui prouve que l'on est là à proximité de la paroi Nord du puits naturel.

Un peu plus au Nord encore, à la même profondeur de 322 mètres, des voies de niveau tracées dans les veines Présidente et Tournaisienne et passant respectivement à 103 et à 155 mètres au Nord du point où ont été trouvés les Iguanodons, n'ont plus trouvé trace ni de puits naturel, ni de vallée. Il en est de même pour une costresse de la veine Luronne au niveau de 280 mètres; il en est de même, enfin, pour les travaux d'exploitation de différentes veines, notamment de la veine Luronne. A peine, au Nord du puits des Iguanodons, constate-t-on l'existence d'une étroite zone failleuse, dirigée Nord-Sud.

La dépression renfermant les argiles à Iguanodons et les éboulis de terrain houiller ne s'étend, au Nord du bouveau de 322 mètres, que sur une distance à peine supérieure à la moitié de sa largeur EstQuest.

Il faut donc renoncer à y voir une vallée, à moins de donner à cette vallée un profil longitudinal absolument invraisemblable.

En supposant même que nous manquions absolument de documents

(1) M. Ed. Dupont lui-même nous en donne la preuve dans le profil géologique qui se trouve à la page 13 de son Guide des collections. A ce propos, nous recommandons à ceux qu'intéresse la théorie de M. Dupont de lire (pp. 18 à 20) son chapitre : Milieu où vivaient les Iguanodons, tout en ayant sous les yeux le susdit profil, reproduit ci-après.

en dehors des faits constatés par les bouveaux qui ont pénétré dans le puits naturel, les observations faites dans ces galeries suffiraient à rendre inadmissible la manière de voir de M. Dupont.

La position des points où les bouveaux de 322 et 356 mètres ont pénétré dans les éboulis blocailleux fait donner à la paroi occidentale du puits naturel une position, non seulement verticale, mais même assez fortement surplombante, ce qui est visible dans deux coupes dressées d'après celles de M. Sohier, exposées au Musée de Bruxelles, et dont l'une est reproduite par M. Dupont dans sa note sur Le gisement des Iguanodons dans le charbonnage de Bernissart. (Voir fig. 2 ci-dessous.)

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Fig. 2.

REPRODUCTION D'après une figuRE DU « Guide aux collections de Bernissart >>

DE M. Ed. Dupont, DU « PROFIL GEOLOGIQUE DE LA PARTIE DU CHARBONNAGE DE BER

NISSART OÙ LES IGUANODONS ONT ÉTÉ DÉCOUVERTS >>.

La hauteur de cette paroi occidentale surplombante, entre la surface générale du terrain houiller et le niveau de 356 mètres, est donc de 206 mètres. Nous pensons que ce fait suffirait à lui seul à renverser la théorie de la vallée d'érosion. Chacun sait avec quelle rapidité les roches du terrain houiller s'altèrent à l'air, et tout le monde en a pu voir des exemples dans les tranchées de routes et de voies ferrées. Au bout de très peu de temps, les talus les mieux réglés, s'ils dépassent un certain angle, s'éboulent, se ravinent et tendent à prendre une inclinaison qui ne dépasse pas 30°. Les parois des vallées actuelles creusées

dans le terrain houiller, qu'il s'agisse de rivières importantes ou de ruisseaux, n'ont jamais une inclinaison supérieure à 30°. Cependant, la hauteur totale de ces talus ne dépasse jamais quelques dizaines de mètres. Un escarpement vertical de 200 mètres dans des roches houillères est absolument instable; n'eût-il même que 50 mètres, en supposant qu'il puisse exister un instant, l'expérience montre qu'il ne pourrait se maintenir pendant plus d'une année.

La paroi orientale du puits naturel de Bernissart, quoique beaucoup moins escarpée que celle qui lui fait face, est elle-même trop raide pour avoir constitué le versant d'une vallée.

- Le profil transversal de la vallée est donc aussi invraisemblable que le profil longitudinal.

Une rivière, si active soit-elle, ne pourrait creuser dans des schistes une vallée de plus de 200 mètres de profondeur assez rapidement pour permettre le maintien de parois à 90'.

D'ailleurs, une rivière douée d'un pouvoir érosif aussi énergique n'aurait pu remplir sa vallée de 200 mètres d'alluvions. Il faudrait admettre qu'elle soit passée brusquement de la phase d'érosion intense à la phase d'alluvionnement abondant et que le creusement de la vallée, suivi de son remplissage jusqu'au bord par les alluvions, se soient effectués assez rapidement pour ne pas laisser au talus à pic le temps de se désagréger et de s'ébouler. C'est-à-dire que le tout, creusement sur 200 mètres et remplissage sur 200 mètres, aurait dû se passer en quelques mois.

De quelque côté que l'on envisage la question, l'explication de M. Dupont apparaît donc absolument indéfendable.

Disons encore un mot d'un autre fait qui n'est pas non plus en accord avec cette explication. Nous voulons parler de la disposition en fond de bateau, très aigu, des argiles traversées par le bouveau de 322 mètres. Rappelons que, d'après les observations de G. Arnould, ces argiles, du côté occidental du puits naturel, près du contact avec les blocaux, présentent une apparence de stratification avec l'inclinaison, énorme, de 50o à 60o. A 6 mètres au delà, cette pente n'est plus que de 40°, et 10 mètres plus loin, de 20o.

Ce n'est pas là la disposition des alluvions d'un cours d'eau, mais c'est celle que doivent présenter des argiles effondrées dans un puits sous une pression considérable. Cette disposition en fond de bateau se retrouve d'ailleurs dans les autres puits naturels remplis d'argiles wealdiennes (Mariemont, Maurage).

Cette forte inclinaison des couches d'argiles aux deux extrémités du bouveau de 322 mètres n'a pas embarrassé M. Dupont, qui l'attribue à la poussée des terrains, surtout du terrain houiller. Il ajoute : « Une pression énergique se manifeste, en effet, non seulement dans les galeries de recherche, mais principalement dans les galeries d'exploitation où, en peu de mois, les plus forts étançons lui cèdent et ne peuvent empêcher le passage de s'obstruer » (1). Tous les mineurs connaissent cette pression-là c'est tout bonnement l'action de la pesanteur. Mais nous ne comprenons pas comment elle ait pu avoir pour conséquence de comprimer latéralement les argiles à Iguanodons.

Nous croyons qu'il serait superflu de tirer des conclusions de l'exposé que nous venons de faire. L'invraisemblance de la théorie de M. Dupont ressort clairement de ce qui précède.

(1) Loc. cit. (BULL. ACAD.).

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