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Ces deux systèmes des grès feldspathiques, coupés par la vallée d'érosion de la Lukunga, se sont autrefois étendus considérablement vers l'Ouest, à la surface de la zone schisto-calcareuse, et ont probablement atteint la zone cristalline.

Dans les régions du Katanga, les couches du Kundelungu constituent le haut plateau du même nom et le plateau de la Manika, séparés par la large vallée d'érosion de la Lufila et se faisant face, à 100 kilomètres de distance, par des falaises hautes de 100 à 500 mètres.

Au Katanga, on ne retrouve que d'une façon très obscure la division en deux systèmes qui est si remarquable dans la région des Cataractes. Chose assez remarquable, l'élément calcaire joue un grand rôle dans les couches du Kundelungu et de la Manika. D'abord en zones et en lits minces dans la partie supérieure, il forme au sommet de l'étage des bancs d'une grande puissance et très continus.

Le groupe se retrouve avec les mêmes caractères dans la région du bas Luembe. Il existe sur les deux rives du Tanganika, dans le bassin du Malagarazi et vers le point de sortie de la Lukuga. La formation, plus ou moins dénudée, parait s'étendre entre le Kundelungu et le Tanganika jusqu'à la Lukuga; dans cette région, elle se présente en lambeaux interrompus ou en témoins isolés. On la retrouve bien caractérisée aux Stanley - Falls et probablement en amont jusque vers Nyangué. On l'a aussi signalée sur l'Ubangi, sur le haut Kwango et sur le cours supérieur de plusieurs des affluents occidentaux du Kassai.

Le dépôt des couches du Kundelungu a été suivi d'une longue période de dénudation, pendant laquelle elles ont été enlevées sur de grands espaces. Cette émersion semble avoir coïncidé avec la formation du Graben du Tanganika, comme l'indique l'état assez bouleversé dans lequel se présentent sur ses rives les terrains qui nous occupent.

2o Groupe supérieur. Grès tendres du haut Congo.
(Couches du Lubilache.)

Près de Léopoldville, on les voit nettement reposer sur les grès de l'Inkissi, mais ils existent déjà plus à l'Ouest et l'on trouve des vestiges de leur ancienne extension occidentale au moins jusqu'à la crête de Mfumfu.

Ces dépôts consistent essentiellement en grès blancs ou jaunâtres (du moins dans cette région), très purs, tendres, friables sous les doigts, formant des couches épaisses de plusieurs centaines de mètres

et à stratification ondulée et entre-croisée. Au Stanley-Pool, ils reposent sur les grès feldspathiques, par l'intermédiaire de bancs de grès fin, très dur, rouge foncé ou brun.

On trouve, en outre, sur les rives du Pool, du haut Congo jusque vers Bolobo, sur celles du bas Kassai et sur les collines qui les bordent, jusqu'à 50 mètres au moins au-dessus de l'eau, des blocs de roches siliceuses dures, à aspect de quartzite, de jaspe, etc., rouge, brun, etc., atteignant un volume colossal. Ces roches appartiennent à des assises supérieures du système, aujourd'hui enlevées dans ces régions, mais que j'ai trouvées en place dans les parties méridionales du bassin. Elles ont résisté à la destruction et l'entraînement et sont descendues sur les pentes, grâce à leur cohérence et à leur volume.

Ce sont ces blocs qui, répandus en grand nombre à la surface du sol, à l'Ouest du Pool et au moins jusqu'à la crête de Mfumfu, constituent les témoins de l'ancienne extension des grès du haut Congo dans cette direction.

Nos couches du Lubilache occupent, souvent recouvertes par les alluvions, toutes les parties centrales du bassin du Congo et s'étendent plus ou moins loin dans les régions périphériques. C'est dans les régions méridionales qu'elles présentent le plus beau développement. Ce sont ces couches qui constituent les superbes falaises du Sankuru. Au Sud de 5o 30' latitude Sud, les grès tendres des falaises du Sankuru sont surmontés d'une série d'assises d'argilites et de grès divers, quelquefois feldspathiques, de teinte rouge, toujours très friables, qui manquent dans les régions plus centrales. Entre le Kilubilui et le Luvoi, on trouve, au sein des grès tendres tout à fait supérieurs, d'énormes noyaux ou des bancs discontinus de grès concrétionnés, très compacts, analogues aux roches siliceuses signalées plus haut à l'état de blocs isolés.

Après le dépôt des couches du Lubilache intervint un nouvel asséchement du pays. La sédimentation lacustre cessa et fut remplacée de nouveau par un régime d'érosion subaérienne et fluviale; c'est celui qui règne encore aujourd'hui. A quelle cause faut-il attribuer l'évacuation des eaux du grand lac lubilachien? Cette évacuation ayant été définitive, nous devons admettre qu'elle n'est pas due à une diminution des pluies ou à l'intervention d'un régime désertique, mais plutôt à une évacuation des eaux vers l'océan.

En d'autres termes, elle fut la conséquence de l'établissement d'un déversoir vers la mer, et ce déversoir forma la base du tronc qui

supporte tout l'arbre hydrographique du Congo. C'est donc à travers les massifs anciens de l'Ouest que le lac lubilachien se vida dans l'océan par un chenal qui devint l'amorce du bas Congo actuel.

La question à se poser est maintenant celle-ci : Quelle fut la cause primaire du creusement du chenal en question à travers le massif occidental? Faut-il recourir pour la trouver à des mouvements du sol? Faut-il la voir dans un débordement du lac qui aurait ainsi évacué le trop-plein de ses eaux par le seuil le plus bas de la bordure du bassin et aurait fini, avec le temps, par éroder ce seuil au point d'y établir un déversoir continu? Telle a été longtemps notre interprétation. Mais nous croyons aujourd'hui qu'il faut simplement attribuer l'établissement du déversoir à une sorte de phénomène de capture pratiqué par la partie supérieure d'un petit fleuve côtier qui devint, par ce fait, la portion terminale d'un des plus grands fleuves du monde.

Quant à l'endroit précis où s'opéra la capture du lac par le fleuve côtier, nous croyons qu'il serait difficile de le fixer. L'érosion a, depuis lors, enlevé dans le bas Congo une épaisseur de plusieurs centaines de mètres aux grès tendres du Lubilache et empêche de fixer les limites de leur ancienne extension vers l'Ouest. Or, c'est précisément au voisinage de cette limite qu'a dù s'opérer le phénomène de capture et commencer l'évacuation du lac lubilachien vers la mer.

Mais l'histoire géologique du bassin du Congo ne se termine pas avec la disparition des derniers vestiges du grand lac qui avait déposé les couches du Lubilache.

Le régime d'érosion pluviale et fluviale qui suivit l'évacuation du lac finit par aboutir à une atténuation très avancée du relief du pays et à la régularisation du cours du fleuve et de ses principaux affluents. Il fut un temps où le bassin tout entier présentait l'aspect d'une immense plaine ondulée, parcourue par de vastes cours d'eau aux allures paisibles qui se réunissaient en un tronc commun, le Congo. Celui-ci se jetait tranquillement dans l'Atlantique par un large delta, dont la pointe se trouvait à hauteur de Boma. C'est à cette époque que le lamantin, et avec lui une série de poissons de type marin, purent pénétrer jusque dans les branches les plus élevées des affluents du fleuve. C'est à cette époque aussi que des anastomoses existant entre les rameaux supérieurs des grands fleuves africains, comme aujourd'hui dans l'Amérique du Sud, permirent aux animaux fluviatiles de se répandre d'un bassin à l'autre et amenèrent la remarquable analogie que l'on observe dans les faunes malacologique et ichthyologique du Nil, du Congo, du Zambèze. Un steamer, s'il en eût existé à cette époque, eût pu remonter sans

obstacle de la mer jusqu'au fond du Katanga ou jusqu'aux sources de l'Uellé.

Mais la nature, qui, à travers toute la série du développement géologique, semble avoir cherché à donner à l'Europe, à l'Amérique, à la plus grande partie de l'Asie, tous les caractères physiques requis pour en faire le séjour de prédilection de l'humanité et y établir les foyers de la civilisation, fit faire un pas en arrière à la Terre de Cham.

Le phénomène qui s'était déjà accompli deux fois depuis la fin des temps primaires se répéta. Un affaissement relatif des parties centrales du bassin, accompagné du relèvement en bourrelet des régions périphériques, barra la route au grand fleuve et restitua un régime torrentiel aux affluents supérieurs.

Alors s'établit le lac intérieur qui déposa les vastes nappes d'alluvions qui bordent le fleuve actuel, entre Bolobo et le confluent du Lomami, image atténuée des grandes mers intérieures des époques précédentes. Le nouveau lac s'élevant rapidement, les eaux finirent par reprendre le chemin de leur ancien déversoir.

Un instant arrêtées devant la barrière que le soulèvement avait créé dans l'ancien cours inférieur du fleuve, elles purent réussir à la franchir et s'élancèrent de nouveau vers l'Atlantique. Depuis lors, le fleuve continue son travail de Sisyphe, recreusant sa route entre le Pool et Boma et renouvelant un pénible labeur déjà accompli dans les temps géologiques.

Telle est la seule façon d'interpréter les caractères actuels de l'orographie congolaise, dans laquelle on voit les régions périphériques, d'où descendent tous les cours d'eau qui affluent au Congo, constituer de vraies pénéplaines rabotées par une longue dénudation, tandis que les rivières qui y sont nées gagnent le centre du bassin par des vallées étroites et encaissées dont le rapprochement donne souvent au pays un caractère extraordinairement accidenté et dans lesquelles l'érosion se continue avec activité.

Telle est aussi la seule explication que l'on puisse donner des analogies que présentent entre elles les faunes fluviatiles africaines et de la présence, par-dessus rapides et cataractes, de plusieurs espèces d'animaux de type marin le bassin du Congo, après être arrivé à un régime hydrographique régulier, a vu l'érosion fluviale se raviver, renaître, par suite de mouvements du sol qui en ont relevé les parties périphériques.

M. A. Rutot fait la communication que nous reproduisons ci-après :

ALIMENTATION DE PARIS EN EAU POTABLE.

DÉRIVATION DES SOURCES DE LA VIGNE ET DE VERNEUIL

ÉTUDE GÉOLOGIQUE ET HYDROLOGIQUE

PAR

A. RUTOT.

Parmi les eaux captées pour l'alimentation en eau potable de la ville de Paris, les dernières amenées sont celles des sources de la Vigne et de Verneuil. L'aqueduc qui les conduit à Paris a reçu le nom d'aqueduc de l'Avre.

Actuellement, le captage est opéré, l'aqueduc terminé et l'eau livrée à la consommation; on pourrait donc croire que cette affaire qui a fait beaucoup de bruit en son temps est terminée et qu'il n'y a plus lieu d'en parler.

Il en est cependant toujours question, et, au point de vue géologique et hydrologique, le problème continue à présenter un grand intérêt. La ville de Verneuil est à 110 kilomètres à l'Ouest de Paris.

Au Sud-Est et à l'Est de cette ville existent des fontaines fournissant en tout temps une eau abondante et fraiche, fontaines déversant leurs eaux dans la vallée d'une rivière dont le lit est complètement desséché en amont de Verneuil.

Cette rivière, revivifiée par les fontaines, c'est l'Avre; elle se jette dans l'Eure au Nord de Dreux.

Le groupe de fontaines au Sud-Est de Verneuil est connu sous le nom de Sources de la Vigne; il comprend les fontaines d'Erigny, le Nouvet, les Graviers et Foisy.

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