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géologique, physique, chimique, biologique et météorologique qui seraient nécessitées par l'enquête.

L'enquête à faire porterait principalement :

Au point de vue géologique :

A. Sur la constitution de la houille grisouteuse et de ses gaz; étude à faire par les procédés pétrographiques, paléontologiques, radiographiques, chimiques et microscopiques.

B. Sur le mode de répartition du grisou par rapport aux niveaux stratigraphiques, aux conditions régionales, à la nature des charbons et aux allures et irrégularités des veines; sur la répartition de ses différences locales de pression; sur les variations de cette pression; sur les divers modes de dégagements grisouteux dans leurs relations avec les circonstances ambiantes.

C. Sur la détermination précise des conditions spéciales existant au voisinage des failles et dérangements; sur les mouvements de ceux-ci et leur influence sur la teneur en grisou.

Sur la signification, l'origine et le rôle des éboulements et des chutes de houille et des roches encaissantes (cloches, etc.).

D. Sur les conditions de relation des mines grisouteuses avec le régime hydrologique et avec les conditions de perméabilité ou d'imperméabilité des terrains recouvrants. Sur le nombre, l'épaisseur et les caractères des nappes aquifères, et sur les conditions d'infiltration et d'envahissement des eaux provenant des « morts terrains ». Étude des corrélations aquifères avec la profondeur d'apparition des dégagements grisouteux.

E. Sur les variations de débit du grisou, en rapport avec les phénomènes endogènes : sismiques, microsismiques, magnétiques et électriques; sur la corrélation éventuelle des émanations grisouteuses et des phénomènes sismiques avec les coups d'eau et les inondations des mines, ainsi qu'avec les variations des températures souterraines (air, gaz, eaux et roches) et avec les fluctuations, d'origine endogène : 1o du niveau hydrostatique des nappes aquifères régionales, tant profondes que phréatiques, y compris les affleurements (lacs, étangs) de ces dernières; 2o du débit des cours d'eau.

F. Sur les relations pouvant exister entre les phénomènes endogènes grisouteux et microsismiques, des mines et certaines actions

constatées à distance de celles-ci, telles que les modifications de composition, de température et de débit liquide et gazeux des sources thermales, minérales et même ordinaires; les modifications de leur niveau hydrostatique et de celui des puits artésiens s'alimentant, en diverses régions, dans les parties profondes du sol. Sur la corrélation pouvant exister entre les variations du degré et de la nature de la minéralisation des eaux profondes ou artésiennes et les phénomènes endogènes sismiques, magnétiques et grisouteux.

Au point de vue physique :

A. Sur la constitution physique intime des divers types de charbon et sur les relations de leurs caractères avec la teneur et le mode de dégagement grisouteux.

B. Sur les divers états possibles du grisou occlus à haute pression tant dans la houille que dans les roches encaissantes (états gazeux, liquide ou solide et états transitoires); sur les relations de ces divers états physiques avec les conditions ambiantes de profondeur, de pression, de température et autres.

C. Sur les causes diverses pouvant amener les ruptures d'équilibre, les combinaisons ou dissociations chimiques, les changements d'état moléculaire auxquels paraissent pouvoir être attribuées les projections et explosions grisouteuses.

D. Sur l'influence spéciale des chocs, soit d'origine endogène, soit dus à l'action humaine, sur ces modifications d'état moléculaire.

E. Sur le rôle des poussières et de la vapeur d'eau et sur les divers moyens d'en modifier l'influence ou d'en combattre les effets.

F. Sur les données fournies par des recherches électriques et magnétiques, consacrées aux roches, aux charbons, aux gaz et aux eaux des mines grisouteuses.

G. Sur les causes d'explosion et d'inflammation du grisou par la chaleur, par les lampes, par les mines, par les poussières, par l'électricité atmosphérique (état de charge, effluves, etc.), par le choc avec étincelle.

H. Sur les données de la température des roches, des eaux et des gaz dans les mines et sur les variations locales et régionales des rapports de ces températures avec la profondeur, la nature des roches et

l'influence des accidents stratigraphiques et dérangements de couches. 1. Sur l'étude et la comparaison des appareils mis en pratique à l'étranger pour la sismographie, la grisoumétrie de précision, l'utilisation des éléments météorologiques et, en général, pour l'étude et la surveillance du matériel expérimental.

J. Sur l'utilisation de l'air liquide dans les mines grisouteuses.

K. Sur les incendies souterrains, combustions spontanées et phénomènes calorifiques divers, pouvant être mis en relation avec des phénomènes d'activité endogène.

Au point de vue chimique :

A. Sur la composition et l'analyse des gaz de la houille contenus dans les différentes couches, d'après les diverses circonstances de leur gisement.

B. Sur la recherche et l'étude des gaz divers accompagnant ou remplaçant le grisou dans les exploitations minérales de types divers. Sur les relations existant entre ces divers gaz et la constitution intime des roches qui les contiennent.

C. Sur la composition, les caractères et les effets des hydrocarbures liquides que laisse parfois suinter la houille grisouteuse.

D. Sur la distribution, la composition et le rôle des matières volatiles étudiées corrélativement aux phénomènes grisouteux et à leur répartition.

E. Sur la constitution chimique intime des divers types de charbon et sur les relations de leurs caractères avec la teneur et le mode de dégagement grisouteux.

F. Sur la nature et les propriétés des gaz résultant de la combustion du grisou et particulièrement de l'oxyde de carbone.

Au point de vue biologique et physiologique :

A. Sur les analogies que, à l'autopsie des victimes, on pourrait découvrir entre les lésions anatomiques produites par les explosions grisouteuses et celles dues à la foudre.

B. Sur la distinction à établir, au point de vue de la précision des enquêtes, entre des lésions de cette nature et celles produites par l'asphyxie et par les brûlures ordinaires.

C. Sur les phénomènes et sensations, d'ordre physiologique, constatés avant et pendant les manifestations des phénomènes et accidents grisouteux, et sur leurs analogies avec les influences physiologiques constatées lors des orages, tremblements de terre et autres manifestations de la météorologie endogène et atmosphérique.

Au point de vue météorologique :

A. Sur les relations des phénomènes de la météorologie atmosphérique et spécialement des phénomènes magnétiques et électriques aériens, avec ceux de la météorologie endogène.

B. Sur les indications spéciales du thermomètre, étudié à la surface et au fond, dans ses rapports avec les variations des courants telluriques, et avec les modifications et accentuations des émanations grisouteuses.

C. Sur le rôle du baromètre dans ses rapports avec les phénomènes endogènes et spécialement avec les dégagements grisouteux.

D. Sur les procédés nouveaux d'étude (par les dispositifs à radioconducteurs, etc.) de l'électricité atmosphérique et de ses manifestations, et sur leurs applications aux actions et phénomènes telluriques des parties profondes et grisouteuses des exploitations minières.

Le comité directeur du laboratoire central préconisé aura une lourde tâche à remplir pour collationner d'abord tous les éléments d'observation recueillis dans les commissions similaires qui, comme la Commission du grisou organisée par le Gouvernement prussien, ont réuni déjà grand nombre de faits et étudié certains appareils, notamment pour la grisoumétrie.

Cette partie bibliographique du programme représente à elle seule un travail considérable, qu'il importera au plus haut point de faire sans délai, et qui devra servir de base.

Quant au travail matériel de l'installation des premières stations, si simples qu'elles puissent paraître, il ne demandera pas moins de travail de la part de ceux qui auront la charge du laboratoire central que des observateurs bénévoles au concours desquels il sera fait appel.

Ce n'est que par le concours simultané du Gouvernement, des associations charbonnières, des exploitants, des observateurs volontaires et d'un personnel dirigeant que l'on peut espérer faire méthodiquement aboutir une enquête portant sur ces points essentiels :

Quelles relations y a-t-il entre les dégagements normaux et anormaux du grisou et les phénomènes météorologiques de pression atmosphérique, de magnétisme, de manifestations sismiques, d'état électrique, d'affaissements produits par des causes naturelles ou accidentelles? Y a-t-il des lois empiriques ou naturelles permettant de prévoir ces dégagements et d'en annihiler les effets?

Discussion générale du programme.

A la suite de la lecture qui précède, M. E. Harze demande la parole sur la discussion générale du programme et donne lecture de la communication suivante :

Note de M. Harze, directeur général des mines, au sujet du projet de programme de recherches sur le grisou présenté par MM. L. Gerard et E. Van den Broeck.

Par ma communication du 14 juin, j'ai cru devoir rectifier ce que, dans l'Exposé des motifs de notre honorable Secrétaire général, je considérais comme trop hasardé, sinon comme erroné, et éclaircir aussi ce qui était de nature à faire naître des malentendus sur le degré d'efficacité de l'action des exploitants, combinée avec celle de l'Administration des mines, dans la lutte contre le grisou.

En ce qui concerne ce dernier point, mon intervention m'a valu de précieux remerciements.

Il semblait, d'après l'esprit de nos premiers entretiens, que la Société belge de Géologie n'avait à ajouter au programme d'études élaboré par l'ancienne Commission officielle du grisou, que la recherche d'une corrélation non impossible entre les manifestations de ce gaz dans les travaux miniers et les phénomènes de météorologie endogène. Il semblait que nous n'avions qu'à reprendre et à poursuivre l'œuvre de M. l'inspecteur général Chesneau.

Aujourd'hui le programme prendrait une ampleur considérable, qui vient encore de grandir dans la deuxième édition du projet, alors que la première seule nous a été préalablement communiquée.

A part quatre observatoires bien outillés répartis le long de notre vallée houillère, plus une cinquième installation de même nature à Quenast, sur le massif porphyrique, et une sixième dans la région maritime, «< vers la direction de la grande faille houillère » (il serait 6

1898. PROC.-VERB. SÉANCES SPÉCIALES.

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