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dore qui, amoureux de la pupille de son père, tâche de la violer à la première scène, envie les brutes qui peuvent se satisfaire, puis s'en aller, et fait le propos de les imiter à l'occasion prochaine1. Il n'y a pas jusqu'à ses héroïnes qu'il ne salisse'. Véritablement ce monde fait mal au cœur. Ils croient couvrir toutes ces crudités sous de bonnes métaphores correctes, sous des périodes poétiques nettement terminées, sous un

sits but at the table with one, he'll be making nasty figures in the napkins.

He has such a breath, one kiss of him were enough to cure the fits of the mother; 'tis worse than assa fœtida. Clean linen, he says, is unwholesome; he is continually eating of garlic and chewing tobacco.

1.

Who'd be that sordid foolish thing call'd man,
To cringe thus, fawn, and flatter for a pleasure
Which beasts enjoy so very much above him?
The lusty bull ranges through all the field,
And from the herd singling his female out,
Enjoys her, and abandons her at will.

It shall be so, I'll yet possess my love,

Wait on, and watch her loose unguarded hours.

Then, when her roving thoughts have been abroad,
And brought in wanton wishes to her heart
I' th' very minute when her virtue nods,

I'll rush upon her in a storm of love,

Beat down her guard of honour all before me,
Surfeit on joys, till even desire grow sick;

Then by long absence liberty regain,

And quite forget the pleasure and the pain.

(Orphan, fin du Ier acte.)

Impossible de voir ensemble plus de coquinerie morale et de correction littéraire.

2.

PAGE (à Monimia).

....In the morning when you call me to you,
And by your bed I stand tell you stories,
I am asham'd to see your swelling breasts;
It makes me blush, they are so very white.

MONIMIA.

Oh men, for flattery and deceit renown'd!

appareil de phrases harmonieuses et d'expressions nobles. Ils s'imaginent égaler Racine parce qu'ils contrefont le style de Racine. Ils ne savent pas que dans ce style l'élégance visible cache une justesse admira ble, que s'il est un chef-d'œuvre d'art, il est aussi une peinture des mœurs, que les plus délicats et les plus accomplis entre les gens du monde ont pu seuls le parler et l'entendre, qu'il peint une civilisation comme celui de Shakspeare, que chacun de ces vers, qui semblent compassés, a son inflexion et sa finesse, que toutes les passions et toutes les nuances des passions s'y expriment, non pas à la vérité sauvages et entières comme dans Shakspeare, mais atténuées et affinées par la vie de cour, que c'est là un spectacle aussi unique que l'autre, que la nature parfaitement polie est aussi complexe et aussi difficile à comprendre que la nature parfaitement intacte, que, pour eux, ils restent autant au-dessous de l'une qu'au-dessous de l'autre, et qu'en somme, leurs personnages ressemblent à ceux de Racine comme le suisse de M. de Beauvilliers, ou la cuisinière de Mme de Sévigné, ressemblent à Mme de Sévigné et à M. de Beauvilliers 1.

1. Burns disait que dans son village il était arrivé, au moyen du raisonnement et des livres, à se figurer à peu près exactement tout ce qu'il avait vu plus tard dans les salons, tout, sauf une femme du grand monde.

VI

Laissons donc ce théâtre dans l'oubli qu'il a méritɔ̃, et cherchons ailleurs, dans les écrits de cabinet, un emploi plus heureux d'un talent plus complet.

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C'est ici le véritable domaine de Dryden et de la raison classique des pamphlets et des dissertations en vers, des épîtres, des satires, des traductions et des imitations, tel est le champ où les facultés logiques et l'art d'écrire trouvent leur meilleur emploi. Avant d'y descendre et d'y observer leur œuvre, il est à propos de regarder de plus près l'homme qui les y portait.

C'est un esprit singulièrement solide et judicieux excellent argumentateur, habitué à digérer ses idées, tout nourri de bonnes preuves longuement méditées, ferme dans la discussion, posant des principes, établissant des divisions, apportant des autorités, tirant des conséquences, tellement que, si on lisait ses préfaces sans lire ses pièces, on le prendrait pour un des maîtres du drame. Il atteint naturellement la prose définitive; ses idées se déroulent avec ampleur et clarté; son style est de bon aloi, exact et simple, pur des affectations et des ciselures dont Pope plus tard chargera le sien; sa phrase ressemble à celle de Corneille, périodique et large par la seule vertu du

1. The stage to which my genius never much inclined me. »

1

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raisonnement intérieur qui la déploie et la soutient. On voit qu'il pense, et par lui-même, qu'il lie ses pensées, qu'il les vérifie, que, par-dessus tout cela, naturellement il voit juste, et qu'avec la méthode il a le bon sens. Il a les goûts et les faiblesses qui conviennent à sa forme d'intelligence. Il élève au premier rang « l'admirable Boileau, dont les expressions sont nobles, le rhythme excellent, les pensées justes, le langage pur, dont la satire est perçante et dont les « idées sont serrées, qui, lorsqu'il emprunte aux an« ciens, les paye avec usure de son propre fonds, en « monnaie aussi bonne et de cours presque univer« sel1. » Il a la roideur des poëtes logiciens, trop réguliers et raisonnables, blâmant l'Arioste, « qui n'a << su ni faire un plan proportionné, ni garder quelque << unité d'action, ou quelque limite de temps, ou quel« que mesure dans son énorme fable, dont le style • est exubérant, sans majesté ni décence, et dont les « aventures sortent des bornes du naturel et du possible 2. » Il ne comprend pas mieux ia finesse que

1. I might find in France a living Horace and a Juvenal in the person of the admirable Boileau, whose numbers are excellent, whose expressions are noble, whose thoughts are just, whose language is pure, whose satire is pointed, and whose sense is close. What he borrows from the ancient, he repays with usury of his own, in coin as good and almost as universally valuable. (Dédicace au comte de Dorcet.)

2. «Spenser wanted only to have read the rules of Bossu. » Ailleurs il cite Longin, Boileau, Rapin : « The latter of whom is alone sufficient, were all other criticks lost, to teach anew the rules of writing. >>

Arioste neither designed justly, nor observed any unity of action

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la fantaisie. Parlant d'Horace, il trouve que « son esprit est terne et son sel presque sans goût; celui de Juvénal est plus vigoureux et plus mâle, et me << donne autant de plaisir que j'en puis porter1. » Par la même raison, il rabaisse les délicatesses du style français. La langue française n'est pas munie de « muscles comme notre anglaise; elle a l'agilité d'un « lévrier, mais non la masse et le corps d'un dogue.

Ils ont donné pour règle à leur style la pureté ; la << vigueur virile est celle du nôtre 2. » Deux ou trois mots pareils peignent un homme; Dryden vient de marquer sans le savoir la mesure et la qualité de son esprit.

Cet esprit, on le devine, est Yourd, et particulièrement dans la flatterie. L'art de flatter est le premier dans un âge monarchique. Dryden n'y est guère habile, non plus que ses contemporains. De l'autre côté du détroit, à la même époque, on loue autant, mais sans trop s'avilir, parce qu'on apprête la louange; tantôt on la déguise ou on la relève par la grâce du style; tantôt on a l'air de s'y conformer comme à une mode. Ainsi tempérée, les gens la digèrent. Ici, loin

or compass of time, or moderation in the vastness of his draught. His style is luxurious without majesty or decency, and his adventures without the compass of nature and possibility.

1. His wit is faint, and his salt almost insipid. Juvenal is of a more vigorous and masculine wit; he gives me as much pleasure as I can bear.

2. Their language is not strung with sinews like our English. It has the nimbleness of a grey-hound, but not not the bulk and body of a mastiff. They have set up purity for the standard of their language, and a masculine vigour is that of ours.

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