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Si l'on met à nu une branche quelconque des nerfs de la face et du col, on trouve qu'en les irritant, même très vivement, on ne produit pas d'accès. En outre, si l'on dissèque un large morceau de peau de manière à ne le laisser tenir aux centres nerveux que par le nerf so us-orbitaire, on trouve que l'irritation de ce lambeau de peau cause encore des convulsions, tandis que l'irritation du nerf sous-orbitaire lui-même n'en cause pas. Ainsi, c'est donc dans les ramifications cutanées de certains nerfs, que réside la faculté de provoquer des convulsions après certaines lésions de la moelle épinière, chez les animaux d'espèces diverses sur lesquels j'ai expérimenté. Il y a alors, chez ces animaux, quelque chose de comparable à ce qui a lieu chez l'homme dans ces cas d'aura epileptica, où une ligature serrée autour d'un membre faisait avorter les accès.

Il semble que l'affection convulsive qui survient chez les animaux dont la moelle épinière a été lésée profondément, doive être considérée comme une variété de l'épilepsie. Les phénomènes que je vais décrire et que je serais très heureux de montrer tout à l'heure aux membres de l'Académie qui voudront les voir, sont très intéressants. Lorsqu'on pince légèrement la peau de la face ou du col, sur un animal atteint de cette affection convulsive, il y a un léger spasme des paupières, des muscles de la face et du col, seulement du côté correspondant à celui qu'on irrite. L'animal crie alors moins que lorsqu'on irrite d'autres parties sensibles, et ce spasme cesse très vite. Mais si l'irritation sur la face ou le col est très forte, la tête est violemment entraînée du côté de l'irritation, par la convulsion de tous ou presque tous les muscles du col de ce côté, et la bouche s'ouvre par suite d'une contraction énergique des muscles abaisseurs de la mâchoire inférieure. Souvent un cri particulier, en général très ranque, et dû probablement à l'existence simultanée d'une convulsion des muscles expirateurs et de la tension convulsive des cordes vocales, se fait entendre, et aussitôt après l'animal tombe sur le flanc, tantôt sur le côté irrité, tantôt sur l'autre. Des mouvements convulsifs.se montrent

alors dans toutes les parties du corps, excepté dans celles qui sont paralysées du mouvement volontaire. La tête est entraînée alternativement à droite et à gauche; les muscles de la face et des yeux se contractent successivement; les membres non paralysés s'agitent violemment; la respiration s'exécute irrégulièrement et convulsivement; il y a expulsion de matières fécales, souvent aussi d'urine, et quelquefois il y a érection du pénis et même éjaculation de sperme. L'attaque, en général, ne dure pas longtemps, mais elle est souvent suivie d'une ou de plusieurs autres.

Je crois pouvoir résumer dans les propositions suivantes les faits exposés dans cette Note:

1° Que des lésions variées de la moelle épinière peuvent produire une affection convulsive ressemblant beaucoup à l'épilepsie ;

2° Que les accès de convulsions chez les animaux ayant en la moelle épinière coupée, peuvent survenir spontanément ou sous l'influence d'irritations de certaines parties de la peau;

3° Que lorsque la moelle épinière a été lésée d'un côté, c'est l'irritation de la face du côté correspondant qui seule peut produire les accès de convulsions;

4° Que si la lésion de la moelle épinière a atteint profondément ses deux moitiés latérales, les convulsions peuvent être produites par l'irritation des deux côtés de la face et du col.

5° Que ce sont les ramifications cutanées des nerfs de la face et du col, et non leurs troncs, qui ont la faculté de causer des accès quand on les irrite.

M. le docteur JOBERT (de Guyonvelle) dépose un Mémoire sur divers troubles de la vue propres à certaines femmes grosses, dont on a extrait les observations suivantes :

OBS. Ire.

Duvoisin est arrivée au cinquième mois de sa grossesse et elle est fortement gênée.

La face est gonflée et sensiblement vultueuse; la respiration précipitée, le pouls plein et les jambes edématiées ; de plus l'une d'elles est couverte, de haut en bas, par de nombreuses et fortes varices.

Il y a de la céphalalgie et un peu de trouble dans la vue. Une saignée du bras a sensiblement amélioré tous les accidents, ceux de la vue exceptés.

Bientôt, en effet, cette femme s'aperçut qu'elle ne pouvait plus lire; un peu plus tard elle vit les objets qu'elle considérait se multiplier à l'infini.

Ainsi, plusieurs fois dans la campagne, elle voyait trois hommes au travail, là où il n'y en avait qu'un en réalité.

Le plus souvent elle voyait deux objets au lieu d'un. Un certain soir, au moment de se mettre au lit (c'était à quinze jours du terme de sa grossesse), ses yeux s'étant portés sur la chandelle, elle vit de nombreux jets de flamme; elle ne put les compter.

Elle se préoccupa vivement de ce fait qu'elle raconta aussitôt à son mari. Malgré les efforts de celui-ci pour dissiper les préoccupations de sa femme, celle-ci se prit à pleurer. Elle pleura ainsi toute la nuit, éteignant et rallumant plusieurs fois la chandelle; elle pleura de même pendant toute la journée du lendemain et les jours suivants.

Enfin le mari s'émut à son tour, et vint me parler de la position de sa femme.

Quelques jours plus tard, le terme de la grossesse étant arrivé, elle accoucha de deux enfants; et, dès le soir même, au moment où elle alluma la chandelle, elle s'écria : « Mes amis, je ne vois plus trouble, je ne vois plus qu'une seule flamme. (Je cite textuellement.)

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OBS. II. Defferrières arrive sans accident au huitième mois de sa grossesse.

Un soir, qu'elle revenait des champs, elle se lava les pieds à la fontaine; presque aussitôt elle fut prise de douleurs vers la tête et particulièrement vers le front; les yeux lui firent mal. Il lui semblait, je cite textuellement, qu'avec une ficelle, ou les lui tirait au loin vers le fond de l'orbite.

Dès le lendemain, elle vit les objets qu'elle regardait se multiplier. Tantôt ils étaient peu nombreux, elle voyait double ou triple; tantôt elle n'aurait pu les compter, elle en voyait plusieurs centaines. Enfin, elle vit très fréquemment les objets renversés.

Ce phénomène, plusieurs fois, lui causa des frayeurs atroces, que suivirent des secousses nerveuses très inquiétantes dans la position de cette femme.

Elle accoucha de trois enfants; la vue se remit parfaitement.

OBS. III.

Quillot, charbonnière, habitant dans les bois, au milieu d'une plaine humide et marécageuse, est enceinte de sept mois, pendant lesquels elle a subi plusieurs épistaxis, mais peu abondantes.

Après plusieurs nuits passées à surveiller les fourneaux en feu, et sous l'influence d'un vent nord-ouest frais et violent, elle est prise d'une ophthalmie des plus douloureuses.

Cette ophthalmie fut attaquée par les moyens les plus actifs et les plus directs à la fois; elle céda promptement. Mais, après quelques jours, cette femme s'aperçut qu'elle n'y voyait plus et que tous les objets, qu'elle ne distinguait d'ailleurs que très imparfaitement, dansaient devant elle.

Je la vis; elle avait la pupille dilatée comme à la suite de l'usage d'une pommade ou d'un collyre belladonés; l'iris était comme immobile et à peine influencé même par une 'lumière vive. Les yeux demeurèrent ainsi jusqu'au terme de la grossesse.

Cependant, bientôt elle vit double; peu à peu les objets grandirent démesurément à ses yeux, ils revêtirent en même temps la forme et les couleurs les plus variées.

Tout disparut avec la parturition.

Nota. Cette femme eut deux enfants qui restèrent muets jusqu'à l'âge de huit ans, et qui tous deux, en naissant, furent atteints d'une amaurose qui persista dans la suite.

OBS. IV. Madame B... est d'un tempérament lymphaticonerveux des plus prononcés; elle a trente-cinq ans. La première menstruation eut lieu à dix-sept ans ; depuis cette

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époque, elle est atteinte d'une leucorrhée abondante et qui dure d'une époque à l'autre.

Mariée, il y a trois ans environ, elle devint bientôt enceinte. Jusqu'au sixième mois aucun accident ni aucun malaise ne vinrent troubler cette grossesse.

Après cette époque et sans cause bien appréciable que la lecture d'une lettre de famille qui lui causa une assez vive émotion, elle vit sa vue se troubler.

Les objets, dès ce moment, lui parurent se multiplier et s'agiter avec une mobilité étourdissante.

Elle ne pouvait plus regarder, sans éprouver dans les yeux une fatigue profonde; quelques jours plus tard, elle voyait double.

Cette duplication dans la vue persista jusqu'au terme de la grossesse.

Quand cette dame fermait un œil, l'autre voyait beaucoup plus distinctement.

Ces changements s'opéraient également quel que fût, d'ailleurs, l'œil qu'elle fermât.

Enfin, il arriva un moment, où, après une faible et courte attention, elle n'y voyait plus du tout.

L'accouchement eut lieu et la vue se rétablit. Elle n'eut qu'un enfant.

Il y a quelques mois elle redevint enceinte, et les accidents du côté de la vue reparurent les mêmes que pendant la première grossesse.

La pupille est large; l'iris à peu près immobile est presque complétement insensible à la lumière.

Cette fois, la diplopie persiste qu'elle ferme ou non l'un ou l'autre des yeux.

Elle vient d'accoucher de deux enfants; la diplopie a disparu depuis quinze jours environ, mais il lui reste un peu de trouble dans la vue: elle dit voir les objets comme s'ils étaient voilés.

OBS. V.-Madame P... a déjà eu deux grossesses à un seul enfant ; une troisième grossesse se déclare et avec elle, presque dès le commencement, surgissent du côté de la vue,

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