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SÉANCE DU 4 AOUT 1857.

PRÉSIDENCE DE M. MICHEL LÉVY.

CORRESPONDANCE OFFicielle.

M. le ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics, transmet à l'Académie :

I. Un rapport de M. BERNIER sur une épidémie d'angine couenneuse qui a régné dans l'arrondissement de Romorantin. (Commission des épidémies.)

II. Un mémoire de M. POULET, relatif à une épidémie de variole qui a régné dans la commune de Plancher-les-Mines (Haute-Garonne). (Commission de vaccine.)

III. La recette et l'échantillon d'un prétendu spécifique des cors aux pieds. (Commission des remèdes secrets et nouveaux.)

IV. Tableaux des vaccinations pratiquées en 1856 dans les départements de l'Ariége, du Cantal, des Pyrénées-Orientales et de la Vendée. (Commission de vaccine.)

CORRESPONDANCE MANUSCRITE.

I. Mémoire sur un nouveau traitement de la goutte et du rhumatisme, par M. le docteur LECALVE. (Commissaire: M. Bouillaud.)

II. Note sur l'action comparative du perchlorure et du persulfate de fer considérés comme coagulants du sang, etc., par MM. J. JEANNEL et L. MOUSEL, de Bordeaux. (Commissaires MM. Caventou, Robinet et Poggiale.)

:

III. M. POZNANSKY soumet à l'examen de l'Académie le

sphygmomètre, qui lui a servi, dit-il, à constater et rendre visible le ralentissement du pouls propre à la période de l'imminence du choléra. (Renvoyé à M. Poiseuille.)

IV. M. POUELLIEN, bandagiste, rappelle que, dès le mois d'avril 1855, il avait soumis à l'appréciation de la Compagnie l'irrigateur vaginal à double courant, présenté comme nouveau à la dernière séance par M. MATHIEU.

RAPPORTS.

M. ROBINET, au nom de la commission des remèdes secrets, donne lecture d'une série de rapports sur les remèdes inscrits sous les numéros :

2205, 2218, 2224, 2226, 2235, 2241, 2242, 2244, 2245, 2250, 2254, 2255, 2262, 2263, 2278, 2279, 2284.

Les conclusions négatives de chacun de ces rapports sont successivement adoptées par l'Académie.

LECTURES.

I. Quand on a intercepté les voies pancréatiques connues, restet-il quelques parties accessoires capables de suppléer les premières? par M. BÉRARD, professeur de physiologie à la Faculté de médecine de Paris.

Messieurs, lorsque, le 21 avril dernier, j'eus l'honneur de lire à l'Académie un mémoire sur les fonctions du pancréas, il me vint à la pensée d'y joindre une note sur la signification de ce qu'on nomme le petit conduit du pancréas et sur quelques parties accessoires de cette glande. Je craignis, cependant, de rompre l'unité de mon travail, et de distraire. mal à propos l'attention que je voulais appeler tout entière sur la formation d'un chyle chargé de graisse sans intervention du suc pancréatique; je retranchai donc ma note, et je crois que j'eus raison. Fallait-il en faire ultérieurement l'objet d'une communication spéciale? Une autre considération

ÉTUDE SUR LES VOIES PANCRÉATIQUES. 1101 m'arrêtait. Quel serait le sujet de cette communication? Rechercher si, quand on a intercepté les voies pancréatiques connues, il reste quelques parties accessoires capables de suppléer les premières. Ce titre me plaisait assez. Il fallait cependant, avant de donner suite à mon projet, que je m'assurasse qu'il y avait bien là une question digne de l'Académie.

Je sais combien sont précieux les moments de cette compagnie. Lui en dérober quelques-uns pour l'entretenir de futilités, ç'eût été abuser de la bienveillante indulgence qu'elle a jusqu'à ce moment accordée à mes lectures. J'étudiai donc le sujet avec beaucoup de soin, et le résultat de cet examen fut qu'il n'y avait pas lieu de déranger l'ordre de vos travaux. Vous voyez que je suis peu tyrannisé par le sentiment de la paternité.

Les réflexions que je fis tout bas, je suis amené à les reproduire tout haut devant cette assemblée.

Je m'étais demandé, en premier lieu, si le petit conduit pancréatique, chez les animaux qui le possèdent, pouvait utilement suppléer le conduit principal, et annihiler en quelque sorte les résultats des expériences entreprises sur ce dernier.

Mais, me disais-je, chez les chiens, principales victimes de nos expériences, ce que nous faisons sur le gros conduit, nous avons soin de le répéter sur le petit. Si nous lions le premier, nous entourons ensuite le second d'une ligature; si nous réséquons l'un, nous ne manquons pas de retrancher immédiatement un morceau de l'autre ; si, enfin, nous extirpons tout le corps du pancréas, nous emportons avec lui les deux canaux qui le traversent. Il n'y a donc rien à mettre en discussion devant l'Académie; et si nos expériences sont bien faites, ce dont jugera bientôt votre commission, on pourra en considérer les conclusions comme définitivement acquises à la science.

Mais, me disais-je encore, nous n'avons pas borné à l'espèce canine nos recherches sur les conditions de l'absorption des matières grasses. C'est sur un autre ordre de mammifères, c'est sur de grands ruminants que nous avons entrepris

cette série d'expériences que personne avant nous n'avait tentées, que personne ne semble avoir répétées, expériences, enfin, qui attendent un contradicteur. Ne serait-il pas convenable de dissiper le doute qu'on a pu faire naître, dans l'esprit de quelques-uns des membres de l'Académie, sur la légitimité de nos conclusions, l'existence d'un petit canal qui, chez certains sujets de l'espèce bovine, passe du pancréas dans les voies biliaires?

Mais y avait-il réellement matière à doutes? Une explication était-elle nécessaire pour un auditoire aussi éclairé que celui devant lequel j'ai l'honneur de parler? Il ne me fallut pas de longues méditations pour me faire sentir encore une fois que je devais m'abstenir. Je m'étais placé au point de vue des médecins qui nient que les matières grasses puissent être absorbées sans le concours du fluide pancréatique, et j'avais raisonné de la manière suivante :

Une vache, au canal thoracique de laquelle nous établissons une fistule, nous donne, en vingt-quatre heures, 40 litres d'un chyle émulsionné comme celui d'un ruminant. Pour émulsionner ce chyle, le pancréas a fourni son liquide par un conduit excréteur qui, injecté, a le volume du doigt indicateur d'un adulte. Peut-on admettre que, dans le cas où l'on détournerait au dehors le suc que verse cet énorme conduit, le canal filiforme que je vous présente verserait dans l'intestin de quoi émulsionner ces 40 litres de chyle? J'eus à peine posé cette question, que je compris tout le ridicule qui s'attacherait à mes paroles, si je m'avisais de l'agiter devant l'Académie. Demander à être entendu pour prouver, à la tribune, que ce rudiment de canal excréteur ne peut fournir ce qu'il faudrait pour émulsionner 40 litres, c'est-à-dire 80 livres de chyle en vingt-quatre heures! Ne ressemblerais-je pas à ce lourd orateur qui, au dire de Voltaire, prouva très longuement ce qui était clair pour tout le monde ?

Puisque j'ai été conduit pourtant à prendre la parole, je vais vous dire, à l'occasion de ce petit conduit, une chose dont on n'a point encore entretenu l'Académie.

La disposition anatomique qu'il présente est sans analogue,

je crois, dans les appareils excréteurs des mammifères. Quelque habitué que je sois aux descriptions anatomiques, j'éprouve un certain embarras pour faire comprendre la particularité dont il s'agit.

Essayons, cependant.

Le conduit excréteur d'une glande représente, comme vous le savez, un arbre dont le tronc est au lieu d'émergence du conduit, et dont les rameaux, divisés et subdivisés dans le tissu de cette glande, aboutissent enfin aux lobules et aux culs-de-sac glandulaires. S'il y a deux conduits excréteurs, il y a deux arbres communiquant ou ne communiquant pas l'un avec l'autre, et ayant chacun leurs branches, leurs rameaux, leurs lobules et leurs culs-de-sac glandulaires. Eh bien, messieurs, chez les animaux de l'espèce bovine, il y a deux conduits excréteurs (quand le petit existe), et cependant il n'y a qu'un arbre. Les ramifications de cet arbre unique, représenté par le gros conduit, se répandent dans toute la masse du pancréas; mais parmi ces ramifications il s'en trouve une qui, au lieu de prendre naissance, comme les autres, dans les culs-de-sac glandulaires, aboutit au canal cholédoque. Voilà le petit canal qui véritablement ne réunit pas les conditions d'un conduit excréteur. Geci va vous expliquer, messieurs, ce qu'un auteur moderne a écrit sur l'appareil excrêteur du pancréas de l'homme, où l'on trouve aussi un petit canal: « Ce petit conduit se fait remarquer par son » calibre, qui, contrairement à ce qui a lieu dans le canal » pancréatique principal, va en diminuant à mesure qu'il » approche de son insertion intestinale, de telle sorte qu'il » semble prendre naissance dans l'intestin pour se porter par » un trajet récurrent vers le gros canal. Ce petit conduit » pancréatique, que nous désignerons sous le nom de canal » récurrent, n'a évidemment pas le même rôle que le grand, » que nous appellerons canal direct. Tandis que ce dernier porte directement le suc pancréatique dans l'intestin, il » semble, au contraire, que le canal récurrent ait plus de » tendance, ainsi que l'avait déjà observé Santorini, à déver» ser son liquide dans le gros canal pancréatique que dans

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