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pui avant de poser dessus la masse qu'ils doivent supporter.

D. Est-ce le cavalier qui détermine son cheval?

R. Non, le cavalier donne l'action et la position qui sont le langage; le cheval répond à cette interpellation par le changement d'allure ou de direction qu'avait projeté le cavalier.

D. Est-ce au cavalier ou au cheval que l'on doit imputer la faute d'une mauvaise exécution?

R. Au cavalier, et toujours au cavalier. Comme il dépend de lui d'assouplir et de placer le cheval dans le sens du mouvement, et qu'avec ces deux conditions fidèlement remplies, tout devient régulier, c'est donc au cavalier que doit appartenir le mérite ou le blâme.

D. Quelle espèce de mors convient au cheval? R. Le mors doux.

D. Pourquoi faut-il un mors doux pour tous les chevaux, quelle que soit leur résistance?

R. Parce que le mors dur a toujours pour effet de contraindre et de surprendre le cheval, tandis qu'il faut l'empêcher de faire mal et le mettre à même de bien faire. Or, on ne peut obtenir ces résultats qu'à l'aide d'un mors doux et surtout d'une main savante : car le mors, c'est la main, et une belle main c'est tout le cavalier.

D. Existe-t-il d'autres inconvénients avec les instruments de supplice appelés mors durs?

R. Certainement, car le cheval apprend bientôt

à en éviter la pénible sujétion en forçant les jambes du cavalier, dont la puissance ne peut jamais être égale à celle de ce frein barbare. Il y parvient en cédant du corps et en résistant de l'encolure et de la mâchoire: ce qui manque tout à fait le but qu'on s'était proposé.

D. Comment se fait-il que presque tous les écuyers en renom aient inventé une espèce spéciale de mors?

R. Parce que, manquant de science personnelle, ils cherchent à remplacer leur insuffisance par des secours ou des machines étrangères.

D. Le cheval parfaitement dans la main peut-il se défendre ?

R. Non, car la juste répartition de poids que donne cette position suppose une grande régularité de mouvements, et il faudrait intervertir cet ordre pour qu'il y eût acte de rébellion de la part du cheval.

D. Quelle est l'utilité du filet?

R. Le filet sert à combattre les forces opposantes (latérales) de l'encolure, à faire précéder la tête dans tous les changements de direction quand le cheval n'est pas encore familiarisé avec les effets du mors; il sert aussi à disposer l'encolure et la tête sur une ligne parfaitement droite.

D. Doit-on, pour obtenir le ramener, faire précéder la main par les jambes ou les jambes par la main?

R. Les poignets doivent précéder jusqu'à ce qu'ils aient produit l'effet de donner une grande souplesse à l'encolure (ce qui doit se pratiquer en place); puis les jambes doivent arriver à leur tour pour faire concourir l'arrière-main à l'ensemble des mouvements. La continuelle légèreté du cheval à toutes les allures en sera le résultat.

D. Les jambes ou les poignets doivent-ils se prêter secours ou fonctionner séparément?

R. Il faut toujours que l'une de ces extrémités ait l'autre pour auxiliaire.

D. Doit-on laisser le cheval longtemps aux mêmes allures pour développer ses moyens ?

R. C'est inutile, puisque la régularité des mouvements résulte de la régularité des positions; le cheval qui fait cinquante temps de trot régulièrement est beaucoup plus avancé dans son éducation que s'il en faisait mille avec une position vicieuse. C'est donc à sa position qu'il faut s'attacher, c'est-à-dire à sa légèreté.

D. Dans quelles proportions doit-on user de la force du cheval?

R. Cela ne peut se définir, puisque ces forces varient en raison des sujets : mais il faut en être avare et ne les dépenser qu'avec circonspection, surtout pendant le cours de son éducation. C'est pour cela qu'il faut, pour ainsi dire, leur créer un réservoir pour que le cheval ne les absorbe pas

inutilement, et que le cavalier en fasse un usage utile et d'une plus longue durée.

D. Quel bien resultera-t-il pour le cheval de ce judicieux emploi de ses forces?

R. Comme on ne se servira que de forces utiles pour tel ou tel mouvement, la fatigue ou l'épuisement ne pourra plus être que le résultat du long temps pendant lequel l'animal restera aux allures accélérées, et non l'effet d'une excessive contraction musculaire qui conserverait son intensité, même aux allures lentes.

D. Dans quel moment doit-on chercher à obtenir les premiers temps de reculer du cheval? R. Après l'assouplissement de l'encolure et des hanches.

D. Pourquoi l'assouplissement des hanches doitil précéder celui des reins (le reculer)?

R. Pour maintenir plus facilement le cheval sur une même ligne droite et rendre le flux et le reflux de poids plus facile.

D. Ces premiers mouvements rétrogrades du cheval doivent-ils se prolonger longtemps pendant les premières leçons ?

R. Non; comme ils n'ont pour but que d'annuler les forces instinctives du cheval, il faut attendre qu'il soit parfaitement dans la main pour obtenir une marche en arrière, un vrai reculer.

D. Qu'est-ce qui constitue le vrai reculer?
R. La légèreté du cheval (tête perpendiculaire),

la balance exacte de son corps, et l'élévation à la même hauteur des jambes par la diagonale.

D. A quelle distance l'éperon doit-il être rapproché des flancs du cheval avant l'attaque?

R. La molette ne doit jamais être éloignée de plus de 4 à 5 centimètres des flancs du cheval.

D. Comment doivent se pratiquer les attaques? R. Elles doivent arriver aux flancs du cheval par un mouvement égal à celui d'un coup de lancette, et s'en éloigner aussitôt.

D. Est-il des circonstances où l'attaque doive se pratiquer sans le secours de la main?

R. Jamais, puisqu'elle ne doit avoir d'autre but que de donner l'impulsion qui sert à la main pour renfermer le cheval?

D. Sont-ce les attaques elles-mêmes qui châtient le cheval?

R. Non; le châtiment est dans la position renfermée que les attaques et la main font prendre au cheval. Comme celui-ci se trouve alors dans l'impossibilité de faire usage d'aucune de ses forces, le châtiment a toute son efficacité.

D. En quoi consiste la différence entre les attaques pratiquées d'après les anciens principes et celles que prescrit la nouvelle méthode ?

R. Nos anciens (qu'il faut vénérer) pratiquaient l'éperonade pour jeter le cheval en dehors de luimême; la nouvelle méthode en fait usage pour le

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