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de trot. Quelques leçons m'ont toujours suffi pour remettre ces animaux à des allures régulières, et voici par quels moyens :

La difficulté qu'éprouve le cheval pour se conserver uni à l'allure du trot provient presque toujours de l'arrière-main. Soit que cette partie ait une construction faible, ou que les ressources trop supérieures de l'avant-main en paralysent les ressorts, toujours est-il que, comme c'est elle qui reçoit le choc et donne l'élan, ses effets, dans l'un ou l'autre cas, restent impuissants et rendent par suite le mouvement irrégulier (1). Il y a donc faiblesse

(1) Je ne suis pas de l'avis des connaisseurs qui s'imaginent que les qualités du cheval, ainsi que l'accélération de son trot, dépendent principalement de l'élévation du garrot. Je pense que, pour que le cheval soit brillant et régulier dans ses mouvements, il faut que la croupe soit de niveau avec le garrot; telle était la construction des anciens chevaux anglais. Certains chevaux à la mode, appelés steppeurs, sont construits d'une façon tout à fait opposée, ceux-ci bataillent du devant et traînent le derrière; les chevaux à croupe basse ou à garrot trop élevé par rapport à la croupe étaient recherchés de préférence par les anciens écuyers, ils sont encore en faveur de nos jours parmi les amateurs d'équitation. Les écuyers allemands ont également une prédilection marquée pour ces sortes de conformations, bien qu'elles soient contraires à l'énergie de la 'croupe, au parfait équilibre du cheval et au jeu régulier des extrémités. Ce vice de construction (car c'en est un) a été peu remarqué jusqu'à présent; il est cependant capital, car il apporte un retard réel dans l'éducation du cheval. En effet, on est alors obligé, pour rendre ses mouvements uniformes, de baisser l'encolure, afin que l'espèce de bras de levier qu'elle représente serve à dégager le poids dont le derrière se trouve trop surchargé. Je dois dire encore que ce changement de position ou d'équilibre ne s'obtient qu'à l'aide de mes principes; je fais connaître la cause et les effets, et j'indique en même temps les moyens : n'est-ce pas ainsi que tous les auteurs devraient procéder?

dans une extrémité, ou excédant de force dans l'autre. Le remède dans les deux cas sera le même, à savoir: l'affaissement de l'encolure, qui, en diminuant la puissance de l'avant-main, rétablit l'équilibre entre les deux parties. Nous avons pratiqué cet assouplissement à pied, et il sera facile de l'obtenir à cheval. On voit ici quelle est l'utilité de cette flexion perpendiculaire qui permet de placer sur un même niveau les forces des deux extrémités opposées du cheval, pour les harmoniser entre elles, et amener la régularité de leurs fonctions. Le cheval étant ainsi placé, ses extrémités antérieures et postérieures auront le temps de passer de la flexion à l'extension avant que le poids du corps les force à reprendre leur appui.

La pratique bien entendue de ce principe et de quelques autres que je développe dans cet ouvrage permettra de ranger sur la ligne des chevaux de choix des animaux que leur infériorité faisait considérer comme des rosses, et que les anciennes méthodes n'auraient jamais relevés de leur dégradation. Il suffira, pour habituer le cheval à bien trotter, de l'exercer à cette allure cinq minutes seulement pendant chaque leçon. Lorsqu'il aura acquis l'aisance et la légèreté nécessaires, on pourra lui faire exécuter les pirouettes ordinaires, ainsi que le travail de deux pistes au pas et au trot. J'ai dit que cinq minutes de trot suffiraient d'abord, parce que c'est moins la conti

nuité d'un exercice que la rectitude des procédés qui produit sa bonne exécution. D'ailleurs, comme cette allure exige un assez grand déplacement de forces, et que l'animal aura déjà été soumis à un travail assez pénible, il serait dangereux de la prolonger au delà du temps que j'indique. Le cheval se prêtera plus volontiers à des efforts ménagés et de courte durée ; son intelligence elle-même, en se familiarisant avec cette progression efficace, hâtera le succès. Il se soumettra sans répugnance et avec calme à un travail qui n'aura rien de pénible pour lui, et l'on pourra pousser ainsi son éducation jusqu'aux dernières limites, non-seulement en conservant intacte son organisation physique, mais en rétablissant dans leur état normal des organes qu'aurait pu détériorer un travail forcé. Ce développement régulier de tous les organes du cheval lui donnera, avec la grâce, la force et la santé, et prolongera ainsi sa durée, en centuplant les jouissances du véritable écuyer.

VI.

DE LA CONCENTRATION

DES FORCES DU CHEVAL

PAR LE CAVALIER.

Faute de développement des facultés, on ne trouve qu'un esprit ordinaire là où il y avait un génie. (Passe-Temps équestres.)

Le cavalier comprend maintenant que le seul moyen d'obtenir la cadence et la régularité du pas et du trọt est de maintenir le cheval parfaitement léger pendant qu'on l'exerce à ces allures. Lorsqu'on sera sûr de cette légèreté dans la marche en ligne droite, dans les changements de direction et les marches circulaires, il sera facile de la conserver en travaillant sur deux pistes.

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