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donne en outre les moyens à employer pour se préparer à tous les mouvements rapides et serrés des évolutions militaires sur un champ de bataille.

<< La nouvelle méthode enseigne encore, ce qui est fort important, les moyens les plus certains pour arriver à ce que le cavalier soit parfaitement d'accord avec son cheval, que tous deux puissent se comprendre et se fier mutuellement l'un à l'autre avec assurance, de facon à ce que le cheval obéisse aussi ponctuellement que le cavalier le guide avec sagesse et habileté. Au lieu d'être obligé de dresser péniblement les chevaux, chacun d'après notre système particulier, nous n'aurons plus, grâce à cette méthode, à nous occuper que d'un seul cheval, car elle a reconnu que les mêmes moyens sont applicables à tous les chevaux. Je n'ai pas besoin d'énumérer les avantages que peut en tirer l'instruction du cavalier, car, grâce à elle, il échappera au martyre qu'il éprouve lorsque les leçons lui sont données sur des chevaux maladroits et mal dressés. Les cavaliers seront plus tôt maîtres de ces chevaux mis, et acquerront en six semaines une position qui arrivera d'elle-même, et leur tact se développera beaucoup plus promptement.

Enfin, les hommes apprennent très-vite à mettre en pratique les moyens qui s'appliquent de pied ferme, et il en rẻsulte pour eux un grand avantage : c'est que leur coup d'œil se forme pour reconnaître le moment où l'encolure devient flexible et la mâchoire sans contraction; d'un autre côté, leur main, sur laquelle ils peuvent fixer toute leur attention, acquiert plus de sentiment qu'elle n'aurait pu en obtenir dans un espace de temps plus long, si l'application avait eu lieu à cheval.

a Jusqu'à présent, les hommes d'un grand talent étaient seuls capables de dresser des chevaux. maintenant, en mettant en pratique cette nouvelle méthode, qui a clairement démontré les moyens de dressage, tout cavalier peut, dans

un espace de temps très-court, acquérir les connaissances nécessaires pour rendre un cheval propre au service.

« Je désire vivement que cet exposé sincère de mon opinion fixe l'attention sur ce livre, et je le recommande particulièrement à l'examen approfondi et sérieux de mes jeunes camarades.

<< Quant au temps fixé par M. Baucher pour obtenir un dressage complet, je pense que ce résultat ne peut avoir lieu aussi promptement qu'il le dit, qu'en sa présence. Son habileté, son jugement, son tact, doivent sûrement, dans le temps prescrit, donner les résultats qu'il annonce; mais celui qui commence à apprendre cette méthode, et qui est obligé de travailler d'après le livre, doit marcher lentement et mettre beaucoup de prudence dans l'application de principes qui lui sont inconnus. Il doit d'abord tâcher de perfectionner les notions qui lui sont familières, et chercher sans relâche à parfaire sa position, son assiette, son tact, l'obéissance et les allures de son cheval; il fera ainsi de grands progrès dans le dressage, et c'est alors qu'il pourra essayer d'appliquer la nouvelle méthode.

« Le lieutenant colonel du 7e cuirassiers, <<< DE WILLISEN. »

Plusieurs essais d'application de ma méthode ont été faits dans la cavalerie étrangère, notamment en Prusse. Sa Majesté le roi de Prusse a daigné m'adresser, comme preuve de sa haute satisfaction, une magnifique tabatière d'or d'un admirable travail. J'ai lieu, assurément, de m'enorgueillir d'avoir obtenu le suffrage d'un monarque aussi éclairé. L'aide de camp de Sa Majesté le roi de Prusse, M. de Willisen, auteur de la lettre dont j'ai parlé

plus haut, est venu dans ces derniers temps à Paris, tout exprès pour étudier et pratiquer mes principes sous ma direction. Il serait bien que les gouvernements étrangers, qui désirent faire l'essai de ma méthode, suivissent cet exemple et envoyassent à Paris des hommes de cheval habiles et instruits (1). Quelques mois d'enseignement et surtout de pratique, suffiraient pour les mettre à même d'approfondir mes théories dans leur entier, pour en suivre exactement la progression et en comprendre l'esprit. Il est, en effet, presque impossible d'écrire dans un ouvrage la manière d'obtenir nombre d'effets de mécanisme; de simples conseils éclaircissent souvent des choses qui paraissent douteuses, et même celles qu'on pourrait être tenté de considé– rer comme offrant des difficultés insurmontables. De quelque part qu'ils viennent, les véritables amis de la science et du progrès équestre seront toujours bien accueillis par moi, et je m'estimerai heureux de pouvoir leur communiquer le fruit de mes travaux et de mes découvertes.

(1) Inutile d'ajouter que ces envoyés devraient apporter en France le désir sincère de s'instruire, qu'ils devraient être disposés à ne juger que d'après leurs propres impressions et leur propre expérience, au lieu de se laisser circonvenir par mes détracteurs désintéressés. C'est ainsi que, l'année dernière, un capitaine hollandais, M. Van Capellan, envoyé par le ministre de la guerre des Pays-Bas pour étudier ma méthode, s'est contenté de causer une heure à peu près avec moi. Puis il s'est rendu à Saumur, et sur la simple nouvelle de l'ordre donné par M. le général de Sparre, M. Van Capellan est reparti pour la Hollande. Voilà comment il a accompli sa mission.

DÉCISION MINISTÉRIELLE.

Mes lecteurs savent sans doute que, par arrêté du Comité supérieur de cavalerie, en date du mois de juillet 1845, il a été décidé que ma méthode cesserait d'être appliquée dans l'armée. Après le résultat des expériences et des nombreux essais qui ont été faits pendant trois ans ; après les témoignages d'approbation que j'ai reçus de la part des officiers les plus compétents, j'avoue que j'étais 'loin de m'attendre à une semblable détermination.

Je crois pouvoir affirmer que, dans le public,

tous ceux qui s'occupent avec confiance et bonne foi de la question équestre, ont partagé à ce sujet ma profonde surprise.

En effet, ma méthode, partout où elle a été essayée, ayant obtenu, ainsi que le prouvent les documents ci-dessus mentionnés, un chiffre d'adhésions immensément supérieur à celui des dissidents, on devait, ce me semble, considérer son triomphe comme assuré, d'autant mieux que nous vivons aujourd'hui sous un régime où la majorité fait loi.

Il m'a été dit que M. le ministre, en notifiant aux chefs de corps la décision du Comité de cavalerie, leur a enjoint de continuer à faire usage des flexions d'encolure seulement, pour soumettre les jeunes chevaux difficiles. Je ne me plaindrai pas de ce qu'il y a de peu équitable à s'approprier ainsi, sans mon aveu et sans m'en témoigner le moindre gré, une partie du fruit de mes travaux mais je dois faire observer que cette réserve dans la décision du Comité supérieur prouve combien ceux qui ont jugé mes principes en dernier ressort, les connaissent peu. Les flexions d'encolure, pratiquées sur un cheval sans y joindre l'assouplissement de l'arrièremain, ne sont propres qu'à augmenter les moyens de résistance de l'animal, et à rendre la main du cavalier aussi impuissante que ses jambes. Il vaut infiniment mieux repousser le système tout entier; et je dois protester d'avance contre des résultats

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