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SUR LES

Monnoies frappées à Rummen.

SUPPLÉMENT.

Peu de mois se sont écoulés depuis la publication de notre notice sur les monnoies frappées à Rummen, par Jean II de Wesemael, et déjà nous pouvons faire paraître un supplément assez important à notre premier travail.

Le champ de la numismatique du moyen-âge est tellement vaste, et il a été si peu exploité jusqu'ici, qu'on est sûr d'y rencontrer du neuf à chaque pas; mais à peine a-t-on signalé une nouveauté, que cette nouveauté devient partout une chose connue. Les pièces qui étaient regardées naguères comme uniques, se trouvent bientôt dans plusieurs collections; les localités auxquelles on n'avait pu attribuer aucune monnoie, offrent bientôt une suite monétaire nombreuse et variée.

Tel a été le cas pour les monnoies frappées à Rummen. Cette seigneurie, dont il y a peu de temps encore les monnoies étaient inconnues, doit figurer dorénavant parmi les baronnies de Belgique qui, au moyen-âge, ont eu un hôtel de monnoie en grande activité.

Dans notre première notice, nous avons attribué deux pièces frappées à Rummen à Arnoul d'Oreille, et douze autres à Jean II, seigneur de Wesemael; aujourd'hui nous avons déjà plusieurs autres monnoies à faire connaître, et ce qu'il y a d'intéressant, c'est que ces nouvelles découvertes remplissent en partie la lacune qui existe dans

la suite des seigneurs de Rummen depuis Arnoul d'Oreille jusqu'à Jean de Wesemael.

Différentes personnes nous ont aidé de leurs lumières, soit en nous adressant des observations sur ce que nous avions écrit précédemment, soit en nous faisant connaître des pièces inédites. C'est grâce à leurs bienveillantes communications que nous pouvons compléter notre premier travail.

Nous citons les amateurs qui ont bien voulu nous donner des renseignements et nous leur témoignons ici notre reconnaissance.

Ajoutons d'abord quelques mots à différents passages de notre première publication.

M. Groebe, d'Amsterdam (1), nous a fait observer que la monnoie de Rummen était mentionnée, non-seulement dans les deux chartes publiées par Van Mieris, mais encore dans une troisième, éditée par ce même auteur, et notamment dans un acte, en date du 12 décembre 1423, émané de Jean de Bavière. Cette pièce porte défense de recevoir les florins d'or de Rummen. « On introduit, y est-il dit, ou » ou répand dans nos états les florins forgés à Fauquemont, à Rummen, ainsi que ceux fabriqués à Namur, dont » les deux ne valent guères plus qu'une couronne de » France (2). »

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Ce passage vient encore à l'appui de ceux que nous avons déjà cités pour mettre hors de doute l'existence de la monnoie d'or de Rummen.

(1) M. Groebe est connu par une intéressante dissertation sur l'état des monnoies en Belgique, depuis l'année 1500 jusqu'à 1621, ainsi que par différentes publications sur la numismatique. Ce mémoire a été couronné par l'Académie de Bruxelles.

(2) Dat by sommigen personen in onsen lande gebracht, ende onder de luyden gestroeyt en gesteken werden gulden, die men te Valkenburch ende Rummen slaet, ende die Namensche guldens dier vele niet beter en sijn dan die twee een francoisen crone.

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La découverte, faite par M. De Coster, d'un troisième exemplaire du gros d'Arnoul d'Oreille, représenté sur notre première planche sous le n° 8, a fait adopter définitivement la lecture de † MONETA. FRAN. D.

Sur l'exemplaire qui a servi à la gravure, il n'était pas possible de distinguer un petit lion qui se trouve dans la bordure au-dessus de la croix, à la place d'un fleuron. On sait que sur les gros de Flandre, la bordure est également disposée de cette manière.

En parlant du Kromsteert de Jean de Wesemael, figuré sur la pl. I, sous le n° 3, nous avons dit que ce seigneur avait copié pour ce type la monnoie des grands seigneurs de Belgique. Notre honorable confrère M. Chalon, nous a fait observer que pour cette pièce on ne s'était pas contenté d'imiter la monnoie de Philippe-le-Bon, mais qu'on l'avait copiée de la manière la plus servile, en disposant même la légende d'une manière contraire à l'usage général. En effet, l'inscription, ne commence pas ici au haut de la pièce, au-dessus de la tête du lion. On a eu soin de la reculer un peu, afin de faire correspondre les mots Z PHAL, avec ceux de † PHS, qui se trouvent sur la monnoie de Philippe-le-Bon.

C'est le même motif sans doute qui a fait adopter ici l'orthographe de PHAL (Phalesium) Fallais, par ph, tandis que le même mot entre les bras de la croix, est écrit par f. FALeSium. Mais ici il devait correspondre aux lettres F. L. A. D. que portent la monnoie de Flandre.

Tous les moyens étaient bons aux barons pour faire confondre leur monnoie avec celles des grands seigneurs. Dans leur imitation du type, ils allaient, pour ainsi dire, jusqu'à la supercherie.

Voici maintenant les pièces nouvelles que nous avons à faire connaître et que nous avons fait graver sur une seconde planche :

I. Une troisième monnoie d'argent d'Arnoul d'Oreille. A l'avers, † ARNLD: DNS: ··· QAECBEHE.

....

Ce qui veut dire, Arnoldus dominus de Quaecbehe. Il faudra donc lire Quaechehe ou Quaecbeke, au lieu de Quaetbeke, comme nous l'avions écrit précédemment. Au reste, cette inscription prouve que nous avions bien expliqué les lettres QVC', qui se trouvent sur le gros représenté sur la première planche sous le N° 7.

Au milieu, croix patée, reposant sur quatre globules. Dans les quatre angles de la croix, il y a eu quatre lettres, dont une seule R est encore visible. Peut-être y a-t-il eu RVME.

Au revers, † MONETA NOVA RVM-NCIS.

Au milieu, écusson dont il n'est plus possible de distinguer les armoiries.

L'état un peu fruste de cette pièce nous empêche de pouvoir la décrire entièrement.

L'exemplaire qui a servi à la gravure appartient à la riche collection de M. Van der Meer, à Tongres, qui a bien voulu nous envoyer un dessin très-soigné de cette pièce, ainsi que des n° 3, 4 et 5 de la planche.

Cette monnoie est évidemment une imitation de celle que la duchesse Jeanne de Brabant a fait frapper à Vilvorde et dont il existe trois dimensions différentes. Il est donc probable que Arnoul d'Oreille ne se sera pas borné à frapper la seule pièce que nous publions.

II. HENRIC: DNS: DE: RIVIA: Z: RVM.

C'est-à-dire, Henri seigneur de Riviere et de Rummen. Trois fleurs de lys, surmontées d'une couronne.

Au revers, SIT: NOME: DNI: BENEDICTV.

Au milieu, croix fleurdelisée.

Cette pièce a une ressemblance frappante avec celles des rois de France, ce sont les dernières qui ont sans doute servi de modèle.

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