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apportait à cette époque a la conservation des monuments, et surtout des monuments chrétiens, furent la cause première de l'état dans lequel se trouve aujourd'hui ces restes précieux.

L'édifice, dans sa plus grande hauteur, a 50 pieds; l'élevation du pourtour de l'abside, est de 40 pieds. La muraille du côté droit renferme un escalier de 2 1/2 pieds de largeur sur une hauteur de 5 1/2 pieds, conduisant à la galerie qui couronne l'abside; cette galerie, qui est d'une hauteur de 7 pieds sur 3 de largeur, est formée de colonnettes de 3 pieds de hauteur sur 3 1/2 pouces de diamètre, qui supportent des petites voûtes à plein-cintre; chaque colonnette est couronnée alternativement des chapiteaux que nous reproduisons ici. Les fenêtres ouvertes à la même hauteur que les colonnettes de l'abside, sont en plein-cintre, supportées par deux colonnettes de chaque côté, et reposent sur une corniche figurée litt. B.

Sept fenêtres de grande dimension forment l'abside; trois d'entr'elles ont seules été ouvertes, les quatre autres n'ont été qu'indiquées; elles sont séparées par de grands pilastres plats, qui se lient entre eux par de fausses voûtes, figurées au-dessus des fenêtres. Ce genre de construction, en ménageant un jour plus favorable et plus en harmonie avec la sainteté du lieu, donne à l'extérieur plus de grâce et de légèreté; celles qui ont été ouvertes sont fermées aujourd'hui par une maConage de briques.

L'intérieur a été tout aussi maltraité que la partie exposée immédiatement à l'action destructive de l'air et du temps; le pavé du temple, qui contenait peutêtre quelques pierres tumulaires curieuses, a été détruit; une seule de ces pierres, d'une assez grande étendue, existe encore; mais elle est enterrée sous

une telle quantité de marchandises dont l'église est remplie, qu'il nous a été impossible d'en apercevoir une seule lettre. M. Grisard, à qui appartiennent ces débris, a bien voulu nous promettre de nous faire savoir quand cette pierre, qu'il croit avoir été consacrée à la mémoire d'un abbé de St-Laurent, serait dégagée des entraves qui la cachent et nous mettre ainsi dans la possibilité de la lire. Les murs latéraux ont été replatrés vers le milieu du siècle dernier; ils ont subi une transformation telle, que le caractère architectural primitif a complètement disparu.

Telles sont les données que nous avons pu recueillir sur ces vieux fragments, si curieux à tant d'égards, surtout pour l'histoire de l'art dans notre pays.

Le propriétaire actuel, M. Grisard, à ce que l'on nous assure, a l'intention de faire réparer ces ruines précieuses; nous formons des vœux sincères pour que l'exécution de cette pensée louable soit réalisée le plus tôt possible, car nous pensons que si l'on tardait quelque temps encore, ce monument serait complètement perdu. Nous ne terminerons pas ces lignes sans remercier M. Grisard de la bonté qu'il a eue de nous laisser visiter sa propriété aussi longuement que nous l'avons voulu, et nous le prions d'agréer ici l'hommage public de notre gratitude.

ED. L. L. L.

Causes de la guerre (1)

DES

GANTOIS CONTRE LE DUC DE BOURGOGNE.

1450-1453.

Quand le système féodal vint à crouler en Flandre, vers la fin du XIIIe siècle, les villes s'élevèrent sur ses ruines et parvinrent à un haut degré de puissance. Égales aux villes libres de l'Allemagne, elles formaient, pour ainsi dire, avec leur ressort, des états indépendants, qui avaient le droit de traiter avec d'autres états.

Ce fut à cette époque que se consolida la division de la Flandre en trois membres. Gand, Bruges et Ypres en étaient les chefs-lieu. L'échevinage de ces villes avaient réuni dans ses mains toutes les branches de l'administration et de la judicature, et servait de ressort aux moindres villes de leur membre respectif. Les échevins réunis de Gand, Bruges et Ypres formaient la cour supérieure et bien souvent la représentation nationale de ce pays.

(1) Cette guerre est connue dans nos annales sous le nom de Guerre de Gavre.

Dès l'avènement de la maison de Bourgogne au comté de Flandre, celle-ci tâcha de changer la forme administrative établie, afin d'étendre son pouvoir. Durant de longues années elle persista dans ce système, et parvint enfin à son but quand la Flandre, exténuée par des guerres sans cesse renaissantes, avait perdu ses relations commerciales et en même temps ses richesses.

A peine Philippe le Hardi avait-il été reconnu comte, après la mort de Louis de Male, qu'il s'empressa d'établir un conseil permanent à Lille, à l'instar de celui établi en Bourgogne. Cette institution fut la première atteinte portée à l'ancienne constitution du pays, elle bouleversait toute la hiérarchie des tribunaux. En vain les États de Flandre firent-ils des démarches à ce sujet, le conseil fut maintenu.

La seconde atteinte fut l'érection du quatrième membre de Flandre (le Franc de Bruges), et les changements apportés dans l'administration de la ville de Bruges, en 1439.

Jusqu'alors les ducs de Bourgogne avaient dû respecter l'ancienne constitution de Gand; mais vers le milieu du XVe siècle, quand le duc Philippe, qui possédait déjà la Picardie et l'Artois, eut réuni à ses possessions le Hainaut, le Brabant et la Hollande, il résolut d'abattre, à quelque prix que ce fut, ce dernier boulevard des libertés du pays.

A l'occasion d'une gabelle que le duc voulut établir sur le sel et que les États de Flandre refusèrent, Philippe se brouilla avec la ville de Gand, croyant que c'était par l'influence du membre de Gand, que le subside avait été rejeté (1447), et afin de diminuer le pouvoir des Gantois, il résolut de changer le mode de choisir les échevins et prétendit que la charte octroyée par Philippe le Bel, en 1301, fut exécutée à la lettre, sans égard aux changements introduits depuis des siècles et reconnus par les comtes ses dévanciers.

Selon la charte de 1301, l'échevinage de Gand devait

être annuellement renouvelé. Le comte, ou des commissaires délégués par lui, choisissaient quatre électeurs, et les échevins en nommaient également quatre au nom de la ville. Si le comte n'envoyait point ses commissaires en temps utile, les échevins avaient droit de nommer les huit électeurs. Ces derniers choisissaient les vingt-six échevins, divisés en deux Bancs, les échevins de la Keure et les échevins des Parchons.

Mais de grands changements s'étaient introduits dans l'administration de la ville de Gand et de toute la Flandre sous la régence de Jacques Van Artevelde. A cette époque, Gand se composait de trois membres : le membre des bourgeois, celui des cinquante-deux métiers et celui des tisserands. Chaque membre avait à sa tête un doyen, et ces représentants des corporations jouissaient du même pouvoir que les échevins; ils siégeaient avec eux. Le membre des bourgeois avait droit d'élire trois échevins pour chaque banc; le membre des métiers, ainsi que celui des tisserands, en choisissaient cinq, et ces candidats étaient présentés aux électeurs par les doyens de chaque membre.

Les tribunaux des villes d'Audenarde, de Courtrai d'Alost, du pays de Waes, des quatre Métiers, de Biervliet et de Termonde avaient pour ressort l'échevinage de la Keure, de Gand; les bourgeois forains (haechpoorters) étaient pareillement placés sous leur jurisdiction.

Les bourgeois forains étaient des habitants de la campagne qui, inscrits dans l'une ou l'autre corporation de Gand, choisissaient Gand pour domicile et n'étaient justiciables que du magistrat de cette ville. Un grand nombre de ces bourgeois étaient disséminés par tout le pays.

Les échevins de Gand entretenaient un corps d'officiers, appelés Chaperons blancs (1) (witte caproenen), pour exécuter leurs jugements et maintenir la police.

(1) A cause de leur costume.

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