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Chronique des Sciences et Arts, et variétés.

MUSEE D'ANTIQUITÉS DE BRUXELLES. - La ci-devant chapelle de Nassau-Orange, fondée en 1846, supprimée au siècle dernier et convertie depuis en magasin de bierres, va bientôt recevoir une plus noble destination. Cet antique oratoire du palais des Nassau et des gouverneurs-généraux des Pays-Bas autrichiens, sera entièrement restauré pour servir de local au nouveau cabinet d'antiquités.

Les armures de nos vieux paladins et nos antiquités nationales seront bien mieux placées sous ces voûtes gothiques que dans une salle basse et rétrécie du palais de l'industrie. La chapelle de Nassau, d'un style d'architecture tout particulier, sera elle-même un petit monument fort curieux, lorsqu'on aura fait disparaître les nombreuses dégradations qu'elle a éprouvées depuis cinquante ans, lorsque sa voûte offrira un ciel azuré, parsemé d'étoiles d'or, et que ses grandes fenêtres en ogive, aujourd'hui muraillées, reparaîtront ornées de magnifiques vitraux peints (1).

Le cabinet d'antiquités, dont la création date à peine de deux ans, contient déjà bon nombre d'objets remarquables, tels que plusieurs armures du moyen-âge et des armes à feu des XV, XVI et XVII° siècles, d'un très-beau travail; des armes de sauvages de l'Amérique; le berceau de Charles-Quint; les chevaux que montaient les archiducs Albert et Isabelle; les fonts baptismaux, dont nous avons donné la description dans

(1) Au moment où nous publions cet article, le Musée d'Antiquités vient d'être ouvert au public, qui peut admirer les changements apportés à cette chapelle.

le Messager des Sciences et des Arts, 1838; un grand bassin de bronze, orné d'un magnifique bas-relief, représentant une marche guerrière, etc. En antiquités romaines, le nouveau musée est très-pauvre encore; le seul objet de cette époque qu'on y voie jusqu'ici, est une grande amphore en terre, trouvée près de Tournai. Lorsque le nouveau local sera arrangé on y transférera sans doute les autres antiquités romaines (1); la pierre sépulcrale de Juste-Lipse, enlevée par les Français à l'ancienne église des Recollets à Louvain; les débris de la fontaine de la porte de Hal, qui datait du règne de CharlesQuint, et le tombeau en pierres bleues qui existait autrefois dans la chapelle de Nassau, le tout presqu'abandonné aujourd'hui dans la cour du musée de Bruxelles.

NOUVEL HÔPITAL CIVIL DE LOUVAIN. Dans la notice sur l'hôpital civil de Louvian, par M. Piot (Messager des Sciences, 1888), il est parlé du projet de rebâtir cet édifice. Ce projet étant aujourd'hui en pleine exécution, nous allons donner, comme complément de la notice de M. Piot, la description des nouvelles constructions qui feront de l'hôpital de Louvain, un des établissements de ce genre les plus beaux et les plus étendus de la Belgique.

Le nouvel hôpital de Louvain ne s'élèvera point sur l'emplacement même de l'ancien, mais à côté de celui-ci, et à cet effet on s'est vu dans la nécessité de détourner le cours de la Dyle, et de démolir un assez grand nombre de maisons,

(1) Ces antiquités consistent en plusieurs inscriptions sépulcrales et en deux petits monuments votifs de la déesse gauloise ou germanique Nehalennia, trouvés avec plusieurs monuments semblables à Dombourg, dans l'ile de Walcheren. Sur l'un des deux premiers, donnés au siècle dernier à l'Académie royale des Sciences et Belles-Lettres de Bruxelles, par un M. Van der Perre, de Zélande, la déesse Nehalennia, qui parait avoir été une divinité protectrice du commerce et de la navigation, est représentée assise, une corbeille de fruits sur les genoux et un chien à ses côtés. Au-dessous on lit: Dea Nehallenniæ S. Calvius secundinus ob meliores actus. (Schayes, les Pays-Bas avant et durant la dom. rom., tom. 2, pag. 269).

appartenant aux hospices, et donnant sur la rue de Bruxelles, à laquelle l'édifice neuf fera face. De l'ancien hôpital on laissera subsister l'église et la grande salle des malades, qui sera convertie en oratoire, derrière lesquel se trouveront les cuisines, qui communiqueront avec les bâtiments principaux de l'établissement, au moyen de galeries couvertes. A la suite de l'oratoire, on placera le bâtiment des bains qui aura au centre une cour, et dont la façade, sur la rue, offrirà un soubassement ou rez-de-chaussée rustique, surmonté d'un étage à fenêtres cintrées. A droite du bâtiment des bains, une longue grille en fer séparera de la rue une cour, en forme de trapèze, à gauche de laquelle on trouvera la pharmacie, à droite les bureaux de l'administration, et au centre une salle de consultations gratuites, et la salle destinée aux malades entrant à l'hôpital.

Les bâtiments qui borderont trois faces de cette cour, se composeront d'un rez-de-chaussée, d'un entresol, destiné aux élèves internes et d'un étage éclairé de croisées cintrées. La façade du bâtiment central sera ornée d'un avant-corps, percée d'une porte cintrée, flanquée de quatre colonnes isolées, de l'ordre dorique grec, qui s'élèveront jusqu'à l'imposte où prendra naissance l'archivolte de la porte. Les tympans du cintre de la porte seront décorés de deux bustes, placés dans des encadrements ronds. Au-dessus de cette partie régnera un balcon, auquel communiqueront les croisées de l'étage, couronnées de corniches; le tout sera terminé par un fronton. Aux quatre coins de la cour, seront quatre pavillons, par lesquels on entrera aux salles des malades, au nombre de quatre, et séparées chacune par un préau, destiné aux promenades des convalescents.

Derrière cette cour se trouvera une seconde cour, dont les bâtiments latéraux formeront avant-corps sur la première. Les bâtiments de cette cour auront un rez-de-chaussée et un étage à fenêtres cintrées. La façade centrale aura un avant, corps, composé de trois arcades, surmonté d'un étage à fenêtres cintrées et couronné par un fronton. Ces bâtiments serviront à la clinique et au traitement des ophthalmiques. On y établira un amphithéâtre de dissection et un oratoire pour les convalescents.

Toutes les constructions nouvelles couvriront une surface de 96 mètres de longueur sur 90 de largueur : il y aura place pour 250 malades. Les distributions intérieures sont arrangées on ne peut plus commodément. Les malades auront des salles aérées de quatre côtés; leurs lits seront placés de manière à permettre une libre circulation autour de chacun d'eux.

C'est M. Van Aerenberg, de Louvain, architecte de beaucoup de mérite et professeur à l'Académie de cette ville, qui a donné les plans du nouvel hôpital et qui est chargé de la direction des travaux.

STATUE EN BRONZE DE RUBENS. M. Buckens, professeur de sculpture et de ciselure à l'Académie de peinture de Liége, chargé du moulage et de la fonte de la statue colossale de Rubens pour la ville d'Anvers, vient de couler à la fonderie de canons de Liége, en présence du directeur et des officiers de cet établissement, les principales parties de cette statue. Cet habile artiste a jeté en moule, de la manière la plus heureuse, les parties les plus difficiles de l'œuvre de Geefs. Bientôt la ville d'Anvers pourra montrer avec d'autant plus d'orgueil un monument digne du grand peintre, à la gloire duquel il aura été élevé, que ce monument sera exécuté par deux Anversois, élèves de son Académie.

M. Buckens, statuaire, ciseleur et fondeur, qui, avant d'arriver à Liége, était attaché à la fonderie royale de Munich, où il a exécuté plusieurs ouvrages en bronze remarquables, entre autres le magnifique monument colossal du roi Maximilien, promet à la Belgique un artiste digne de marcher sur les traces des Keller, des Bouchardon et des Girardon.

M. Buckens doit aussi couler, à la fonderie de canons, la statue colossale en bronze de Grétry.

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A. S.

BIBLIOGRAPHIE. Un nouveau journal périodique, ayant pour but la connaissance des livres, vient d'être fondé à Paris, sous le titre de Revue Bibliographique, dirigé par le savant M. Querard; cette revue est destinée surtout à faire connaî

tre tout ce qui se publie en langue française en Europe. Nous voyons avec plaisir que la Belgique n'y est point négligée, et que la plupart de nos nouveaux livres de science y sont mentionnés. Nous ferons remarquer que les directeurs de ce recueil tirent principalement leurs notes bibliographiques du Messager des Sciences historiques et de la Revue de Bruxelles.

- M. Hennebert, archiviste de la ville de Tournai, connu par plusieurs publications intéressantes, a aussi fait paraître le 1er numéro d'un recueil bibliographique, intitulé le Bibliologue de la Belgique et du Nord de la France. Il se propose d'y insérer des notices sur les livres rares. A cet effet, il demande la collaboration de tous ceux qui s'occupent de bibliographie ou de bibliologie. Nous désirerions que cette entreprise réussit jamais on a autant senti l'utilité de cette science toute neuve, qui a pour but la connaissance des livres.

DIPLÔME DE CHARLES-LE-GROS. Il existe au greffe du tribunal de première instance de Namur, une pièce fort curieuse, que nous croyons inédite jusqu'aujourd'hui. Charles-le-Gros, qui obtint l'Empire en 881 et fut déposé en 887, confirme le 5 des kalendes, de novembre (26 octobre) de cette dernière année une donnation faite à Sanction, père de St-Gérard, et qualifié dans l'acte de Vir vitæ venerabiles. Cette charte est parfaitement conservée, seulement le sceau qui était plaqué sur le parchemin, est détruit. C'est une des pièces les plus anciennes qui renferment nos dépôts d'Archives.

DÉCOUVERTES NUMISMATIQUES. On a fait, dans les premiers jours du mois de juillet dernier, dans un village du Brabant septentrional, aux confins de la province d'Anvers, une trouvaille numismatique qui n'est pas sans intérêt. Elle consiste en 118 anciennes monnoies belgiques, toutes en argent. Ce petit trésor, après avoir été vendu à Bruxelles, a été apporté ensuite à Gand.

Voici l'indication des pièces qui le composaient

1 Double patard (ou double sol) de Philippe-le-Bon, connu sous le nom de Vierlander, frappé pour le Brabant. Cette

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