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gouverneur du Brabant; elle refusa nettement. Dans une nouvelle assemblée, le sire de Cotereau proposa de recevoir une garnison étrangère dans la ville; l'université déclara que cela ne la regardait pas, et pria le magistrat de laisser partir ceux de l'université dans le cas où Louvain receverait une garnison (1).

Malgré cette réponse, deux compagnies d'Ecossais vinrent à Louvain pour y garder les remparts. Cette entrée était favorisée par Cotereau, les deux frères chevaliers Van den Tempele, et par quelques autres bourgeois partisans du prince d'Orange. Cependant la majeure partie des bourgeois, qui avaient repoussé le prince d'Orange lorsqu'il se présenta devant la ville, en 1572 (2), fut trèsmécontente de ce changement. Aussi lorsque les Ecossais apprirent la victoire de Don Juan, ils quittèrent tranquillement la ville, de crainte d'être attaqués par les bourgeois. Don Juan remercia aussi les Louvanistes de leur fidélité, et leur promit les bonnes grâces du roi. Louvain fut dès lors favorisé un nouveau conseil du Brabant y fut établi, ainsi qu'un conseil d'état et une cour féodale. Les Jésuites et les Récollets, chassés d'Anvers parce qu'ils n'avaient pas voulu prêter le serment de fidélité au prince d'Orange, furent envoyés par Don Juan à Louvain. Arrivés aux portes de la ville, ils y furent reçus par le gouverneur avec une escorte de 400 cavaliers et fantassins (3).

(1) Les parents en général n'aimaient pas le voisinage des soldats pour leurs enfants qui étudiaient à l'université de Louvain; ils les retiraient tous, bien que la garnison fut espagnole : « Lovanii vero cum essem, undique ad me de præsidio hispanico querelæ allatæ sunt, et sane non parum inde Academia Lovaniensis jacturam patitur, cum liberos senos parentes, ob militum consortium inde avocent. »(Epist. Viglii ad Hopperum; epis. 88, 6 sept. 1569).

(2) V. Gramaye, Lovanium, p. 4.

(3) Tassis, Coment. de tumult. Belg. 1. 4, § 34; De Thou, 1. 69.

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L'université, à laquelle l'existence de la ville était si intimement liée, fit plus que tout le reste (1): « Sembla»bles roberies et destructions se firent en la ville de Gand, » Malines et a l'entour d'icelles; et desoient les rebelles qu'ils feroient le mesme a Louvain et a Bruxelles a la veue » de son alteze; mais la bonne provision que fut mise par » son alteze a Bruxelles, où elle feit capitaine le comte de » Mansfelt et a Louvain par les docteurs de l'université et » gouverneur de la ville qui empêcheirent qu'ils ne purent » leur intention (2). » Philippe II eut soin aussi de purger la bibliothèque de l'université. Il commanda au frère Barth. Carr. De Miranda, de passer dans les Pays-Bas pour y visiter les bibliothèques et particulièrement celle de Louvain (3).

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Depuis lors Louvain devint la ville la plus catholique, Albert et Isabelle la dotèrent d'un grand nombre de couvents pour stimuler le zèle et la piété de ses habitants; aussi ce n'est pas sans motif que Parival, dans sa Description de Louvain, fait un éloge pompeux de la piété, bonté et dévotion des Louvanistes.

C. PIOT, avocat.

(1) Je traiterai particulièrement de l'influence de ces nouvelles doctrines sur l'université.

(2) J. Hopperus, Recueil et Mém. des troubles des P.-B. du roy, 4e partie, c.3, des pilleries, feux et destruction, etc. Hoynck, t. II, p. 2. (3) Rec. des act. et par. mem. de phil. t, p. 105,

SUR

Lucas de Leyde et Christophe de Cologne.

Un des peintres les plus distingués de notre pays est Lucas de Leyde, né dans la ville dont il porte le nom, en 1494 et mort en 1533; son père s'appelait Huigens Jacobszoon. Il était aussi graveur, et Vasari en dit : Sono le compositioni delle storie di Luca più osservati secondo l'ordine del arte che quelle d'Alberto (Albert Durer). Cet éloge d'un étranger, qui avait sous les yeux tout ce que l'Italie avait produit de mieux, et la comparaison avec les productions si belles du chef de l'Ecole allemande, nous donnent la mesure du mérite réel de Lucas de Leyde. Cependant ses ouvrages en peinture sont tellement rares que nous aurions peine à en citer dans notre pays dont l'authenticité fût hors de contestation. Eu offrant de temps en temps à nos lecteurs les traces de quelques tableaux de notre ancienne Ecole, nous nous attacherons surtout à faire choix de ceux qui peuvent offrir un type ou point certain de comparaison. Le tableau de Lucas de Leyde', dont on voit le dessin ci-contre, se trouve à Cologne et porte le monogramme connu du peintre, qui est la première lettre de son nom. Il est d'une parfaite conservation; le dessin en est correct, aucunement tourmenté, et la couleur, suave, manque cependant un peu de vivacité; mais elle a bien ce ton ivoire et

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