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coup d'autres qui rendirent bientôt le nom de Paelinck célèbre à l'étranger.

Il peignit peu de temps après pour l'église cathédrale de S'-Bavon Sainte Colette recevant des mains du magistrat de Gand, le diplôme pour l'établissement de son couvent. Paelinck fit également à Paris le portrait de l'impératrice Joséphine qui se trouve probablement encore au salon de la Société des Beaux-Arts; plusieurs commandes de ce genre lui furent faites immédiatement après qu'il eût achevé ce portrait; Paelinck remplissait les fonctions de professeur à l'Académie de Gand, lorsqu'il éprouva le désir de voir l'Italie; la ville lui accorda une pension de trois ans, afin de subvenir aux frais de ce voyage.

C'est à Rome que Paelinck paraît avoir peint les tableaux les plus remarquables; ce fut en cette ville qu'il acheva, pour le palais Quirinal, les Embellissements de Rome par Auguste, et qu'il peignit son admirable tableau de l'Invention de la Sainte-Croix. Le peintre a saisi dans cette composition le moment où Saint-Macaire, afin de reconnaître la vraie croix de celles qui avaient été trouvées à Jérusalem par l'impératrice Hélène, les présente à une mourante qui se ranime au contact de la véritable. Un grand nombre de figures ornent ce tableau; on y voit la mère de la malade, et plusieurs autres personnes dont la physionomie indique bien l'étonnement qu'elles éprouvent à la vue de ce miracle. L'Invention de la Sainte-Croix se trouve encore dans l'église de S'-Michel à Gand.

Paelinck a fait hommage à l'église d'Oostacker d'un Christà la croix, en présence de la S-Vierge, de S'-Jean, et de la Magdelaine.

On doit encore à ce peintre un grand nombre de tableaux, dont les principaux sont: une sainte Famille, une Madone; un Vieillard romain, qu'il fit pour sa réception à la Société royale des Beaux-Arts: à son retour d'Italie il peignit à Gand une Suzane au bain, qui fut envoyée à Londres.

Les portraits que fit Paelinck de la famille de Nassau, lui valurent la protection du roi des Pays-Bas, qui lui accorda de grands honneurs.

On range encore parmi les tableaux les plus remarquables de Paelinck la Belle Anthia, des Ephesiaques, de Xénophon, pour lequel l'Académie de peinture de Gand lui décerna le grand prix et une médaille d'honneur.

Son tableau les Disciples d'Emaüs, est également considéré comme un des excellents ouvrages de ce peintre.

La préférence que le public semble avoir accordée depuis 1830 à la nouvelle école de peinture, qui se signale toutefois en Belgique par quelques belles œuvres, paraît avoir influé d'une manière fâcheuse sur la santé de Paelinck. Admirateur passioné des anciens maîtres, il ne put voir sans chagrin le peu de cas que le public sembla faire de leurs partisans.

Le roi Léopold se chargea de réparer cette injustice, en nommant Paelinck chevalier de son ordre. Cette distinction honorable ne parvint point cependant à adoucir entièrement son chagrin.

Il se renferma en lui-même et ne lutta que faiblement contre les envahissements de la nouvelle école.

.

Les funérailles du peintre d'Oostacker ont eut lieu dans la petite église d'Ixelles. Les professeurs de l'Académie de peinture de Bruxelles ont rendu les derniers devoirs à leur collègue; plusieurs artistes distingués de la capitale figuraient dans le cortège.

M. Alvin, secrétaire de l'Académie, a rappelé en peu de mots la belle carrière fournie par Paelinck, et ses titres à la gloire.

Ce discours a fortement ému les assistants; chacun d'eux en se retirant se souvenait du malheureux Gros, qui, par suite d'un chagrin semblable à celui de Paelinck, se donna la

mort.

Voici

pour

CONCOURS DE L' L'ACADÉMIE de Bruxelles. la classe des lettres, le programme des questions proposées pour le concours de 1840, par l'Académie royale des sciences et belleslettres de Bruxelles.

Première question. Quels furent les changements apportés par le prince Maximilien-Henri de Bavière (en 1684) à l'ancienne constitution liégeoise; et quels furent les résultats de ces

changements sur l'état social du pays de Liége, jusqu'à l'époque de sa réunion à la France?

L'Académie désire que cet exposé soit précédé, par forme d'introduction, d'un tableau succinct, historique et critique de l'ancien gouvernement liégeois, sans toutefois que l'auteur soit tenu de remonter au-delà du règne d'Albert de Cuick. Deuxième question. Quelles ont été, jusqu'à la fin du règne de Charles-Quint, les relations politiques, commerciales et littéraires des Belges avec les peuples habitant les bords de la Mer Baltique?

Troisième question. Quel a été l'état de la population, des fabriques, des manufactures et du commerce dans les provinces des Pays-Bas, depuis Albert et Isabelle jusqu'à la fin du siècle dernier?

Quatrième question. Vers quel temps l'architecture ogivale, appelée improprement gothique, a-t-elle fait son apparition en Belgique? quel caractère spécial cette architecture y a-t-elle pris aux différentes époques? quels sont les artistes les plus célèbres qui l'ont employée, les monuments les plus remarquables qu'ils ont élevés?

Cinquième question. Les anciens Pays-Bas autrichiens ont produit des jurisconsultes distingués, qui ont publié des traités sur l'ancien droit belgique, mais qui sont, pour la plupart, peu connus ou negligés. Ces traités sont non-seulement précieux pour l'histoire de l'ancienne législation nationale, mais contiennent encore des notions intéressantes sur notre ancien droit politique; et, sous ce double rapport, le jurisconsulte et le publiciste y trouveront des documents utiles à l'histoire nationale.

L'Académie demande donc qu'on lui présente une analyse raisonnée et substantielle, par ordre chronologique et de matières, de ce que ces divers ouvrages renferment de plus remarquable pour l'ancien droit civil et politique de la Belgique.

L'Académie propose, dès à présent, pour le concours de 1841, les questions suivantes :

Première question. Quel était l'état des écoles et autres établissements d'instruction publique en Belgique, depuis Charlemagne jusqu'à la fin du XVIIe siècle? Quelles étaient les

matières qu'on y enseignait, les méthodes qu'on y suivait, les livres élémentaires qu'on y employait, et quels professeurs s'y distinguèrent le plus aux différentes époques?

Deuxième question. Faire l'histoire de l'état militaire en Belgique, sous les trois périodes bourguignone, espagnole et autrichienne, jusqu'en 1794, en donnant des détails sur les diverses parties de l'administration de l'armée, en temps de guerre et en temps de paix.

L'Académie désire que le mémoire soit précédé, par forme d'introduction, d'un exposé succinct de l'état militaire en Belgique dans les temps antérieurs, jusqu'à la maison de Bourgogne.

Le prix de chacune de ces questions sera une médaille d'or de la valeur de six cents francs. Les mémoires doivent être écrits lisiblement en latin, français ou flamand, et seront adressés, franc de port, avant le 1er février 1840, à M. Quetelet, secrétaire perpétuel.

L'Académie exige la plus grande exactitude dans les citations; à cet effet, les auteurs auront soin d'indiquer les éditions et les pages des ouvrages qu'ils citeront

Les auteurs ne mettront point leurs noms à leurs ouvrages, mais seulement une devise, qu'ils répèteront dans un billet cacheté, renfermant leur nom et leur adresse. Ceux qui se feront connaître de quelque manière que ce soit, ainsi que ceux dont les mémoires seront remis après le terme prescrit, seront absolument exclus du concours.

L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que, dès que les mémoires ont été soumis à son jugement, ils sont déposés dans ses archives, comme étant devenus sa propriété, sauf aux intéressés à en faire tirer des copies à leurs frais, s'ils le trouvent convenable, en s'adressant à cet effet au secrétaire perpétuel.

Fait à Bruxelles, dans la séance du 7 mai 1839.

Pour l'Académie :

Le secrétaire perpétuel,

QUETELET.

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L'origine de ce vaste dépôt de manuscrits, si précieux pour l'histoire et la littérature de la Belgique, remonte à la fin du XIVe siècle. C'est Philippe-le-Hardi, duc de Bourgogne, qui doit en être regardé comme le véritable fondateur. Ce prince affable et généreux à l'excès, grand protecteur des lettres et des arts, était instruit et curieux de bons livres, pour l'acquisition desquels il fit des dépenses très-considérables: il appela à sa cour, grands clercs, orateurs, translateurs, indiciaires, escripvains, comme on disait alors, pour satisfaire son goût et enrichir sa librairie (1).

M. Peignot, dans son intéressant opuscule où il publie les divers inventaires de Bourgogne, rapporte que Philippe conclut un marché avec les frères Manuels, à vingt sols (2)

(1) C'est ainsi qu'elle se trouve désignée dans les anciens inventaires de Bourgogne.

(2) Le marc d'argent flottait dans ce temps-là entre 5 livres 16 sols et 6 livres 8 sols. Ainsi les 20 sols par jour équivalaient à 9 fr. de notre monnaie actuelle, et les 600 livres données à Durand, à 5,400 fr. Les 400 écus d'or, dont il est question plus loin, valaient à peu près 6000 fr., et les 600 écus, 9000 fr.

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