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ÉPITAPHES ANCIENNES.

Avant que les Iconoclastes de 1566 eussent détruit le couvent des Chartreux, à Roygem, faubourg de Gand, il y avait dans l'église de ce couvent quelques épitaphes fort anciennes; nous en transcrivons ici quelques-unes d'après un recueil d'épitaphes du XVIe siècle, appartenant à M. J. De St-Genois.

1° Sur une tombe en cuivre, on lisait l'inscription suivante de 1321:

Ex digna gente Gandensi stirpe potenti
Simon erat natus Wilhard hic tumulatus.
Prudens, pacificus, morosus et ore pudicus,
Lucens antistes studiose legerat artes.
Scriptura tritus erat ac in jure peritus
Sluse curatus et ibi populo bene gratus,
Plures præbendas habuit quod non reprehendas,
Inde sacerdotes septem capiunt sibi dotes ;
Dotans Gandenses, fundavit Cartusienses
Quos illuc duxit precibus, quorum sibi luxit
M.C. ter, duplex, X. I. (1) quater ipse ceduples (?)
Sit sibi meta vitæ, conceptio sanctæ Mariæ.

2o Hier light begraven Michiel de Cock, cnape was van de camere ende botelier veele jaeren ons edels heeren grave van Vlaenderen Lodewyck van Maele, die starf int jaer 1408, den xiij december.

3° Jacet hic Nicolaus Wyt in tempore domini Ludovici pia memoriæ boni comitis Flandriæ, castellanus de Beveren XXXIV annis, specialis benefactor fratrum istius heremi, qui obiit ao 1412, ultima die mensis augusti. Anima ejus per misericordiam Dei regnat in pace.

4° Hier light begraven Reynier de Kempe, die starf int jaer ons Heeren 1397, den 25 october, bidt voor de siele. Hier light begraven Jo Cecilie van Vaernewyck, Reyniers Kempens wyf was, die starf int jaer 1400.

5o Anno Domini 1331, in octava sanctorum Innocentium, obiit Hugo de Most; anima ejus requiescat in pace.

Dans cette église se trouvaient encore plusieurs épitaphes des familles Steelant, Massemen, Onredene, Halewyn. Les fenêtres étaient en verres peints et portaient les armoiries de beaucoup de nobles Gantois.

(1) Anno 1321.

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Utenhovensteen.

.. Communia Gandaviorum Turritis domibus, gazis, et gente superba

BRITO, Philipp.

Ce ne serait point le chapitre le moins curieux de l'histoire de Gand que celui qui contiendrait la description des anciennes maisons, qui s'élevaient jadis dans l'enceinte de cette ville. Le nombre de ces vastes habitations à créneaux et à tourelles, qu'on désignait sous le nom de steen ou de hof, y était très-grand. Les plus considérables étaient : la grande Ameide, rue aux Vaches; le Serbraemsteen, que Ryhove habitait au XVIe siècle, et dont M. De Saint-Genois a donné une description dans le roman historique d'Hembyse; le Sanderswal, plus tard la Cour du Prince, où naquit Charles-Quint; la maison d'Artevelde; la cour de Ravestein, près l'église de St-Michel; la maison aux tourelles (het huis metten torens), rue des Champs; la cour d'Egmont ou de Fiennes; la cour de Wacken; la maison de Hembyse; le Gerardsteen, qui sert aujourd'hui de caserne aux pompiers, et la maison d'Utenhove (Utenhovensteen), Marché du Vendredi.

De tous ces anciens manoirs, trois seulement ont conservé leur caractère primitif, leur première construction, qui date d'une époque reculée : ce sont la grande Ameide,

le Gerardsteen et la maison d'Utenhove, dont la façade était restée intacte jusqu'à nos jours (1).

Le Marché du Vendredi était autrefois le centre de la cité, le forum de la ville, où les corporations armées s'assemblaient dans les dangers imminents qui menaçaient la patrie, soit que le prince eut méconnu les droits de la nation, ou qu'une armée ennemie approchât des frontières. Là se faisaient aussi les inaugurations des comtes de Flandre, où en présence des magistrats et du peuple, ils juraient le maintien des priviléges, des lois et coutumes établies.

L'aspect de cette place est bien changé depuis l'époque où les nombreuses armées d'Artevelde la couvraient; elle était beaucoup plus grande alors qu'elle n'est aujourd'hui, car le carré de maisons, adossé à l'édifice dit Salle de la Collace (2) (Collatie-solre), n'existait pas, et l'église de SaintJacques dominait cette vaste étendue. Quelques grandes maisons s'élevaient à l'entour, parmi lesquelles M. Diericx, dans la description détaillée qu'il nous a donné de la ville, distingue le Hogerhuis, la Maison des Corroyeurs ( Hudevetterssteen), celle du prélat de St-Bavon, des Marchands de toiles (Lijnmakerssteen), et des Horlogers (Hurmakerssteen).

Là s'élevait aussi la maison d'Utenhove, dont nous donnons ci-joint le dessin. La façade à fenêtres gothiques et à

(1) Au moment où nous imprimons cette notice, nous entendons tomber les derniers vestiges de l'Utenhovensteen. Nous ne savons comment qualifier cet acte de vandalisme qu'on ne saurait trop flétrir. La Commission des Monuments s'était adressée à la régence de Gand pour demander la conservation de ce curieux monument, unique dans son genre en Belgique. Mais quelque facile qu'eût été pour notre administration communale de s'épargner un acte de destruction, indigne de notre siècle, elle n'a rien fait pour arracher l'Utenhovensteen à une démolition certaine. Puissent le Beffroi, la Maison des Bateliers, etc., ne pas éprouver bientôt un sort semblable! Note de la Rédact.

(2) On nommait Collaces, les assemblées générales des corporations et des notables de la ville.

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