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nebleau, doyen de Saint-André de Chartres, et à Me Milon, chanoine de Saint-Étienne de Dreux, de citer l'évêque à comparaître en personne à la cour apostolique dans les trois mois 1.

Sur ces entrefaites, le mercredi de la Pentecôte 1304 (20 mai), Jean de Calais mourut à Viterbe.

Deux lettres qu'il aurait écrites à son lit de mort, le 17 avril, parvinrent alors au roi et à la reine de France : le chanoine reconnaissait que l'évêque de Troyes était innocent de sa fuite; il déclarait n'avoir témoigné contre Guichard que par peur de la prison perpétuelle et sous la pression de l'archidiacre de Vendôme; qu'en réalité il s'était sauvé à l'insu de l'évêque, conseillé et aidé par son neveu, Michelet, et par Herment, chapelain de la reine de Navarre 3, maintenant curé de Bergères :

A tres excellent, tres noble et tres puissent prince nostre seigneur Philippe, par la grace de Dieu roy de France, li vostres sougiez et soumis en toutes choses Jehans de Calès, jadis thresoriers de noble seigneur monseigneur Edmon, jadis conte de Champaigne, lui humblement enclinez a touz voz bons plesirs et servises. Tres chiers sires, comme j'aie dit et tesmoigné contre l'evesque de Troies que je li eusse donné et fet donner par Vanne Nicholas de Pistoie, compaignon des Amanast, et par autres marchans, aucunes sonmes de

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1. « Multa de venerabili fratre nostro Guichardo, episcopo Trecensi, si «dici venerabilis mereatur, sunt nobis insinuata sinistra, que limam apos«tolice correctionis exposcunt; ideoque nos illa nolentes, prout etiam nec « debemus, si veritate nitantur, relinquere incorrecta, discretioni vestre « per apostolica scripta mandamus quatinus vos, vel alter vestrum, per vos « vel alium seu alios, eundem episcopum ex parte nostra peremptorie « citare curetis ut infra trium mensium spatium post citationem hujusmodi apostolico se conspectui personaliter representet, nostris beneplacitis <«<et mandatis in hac parte plenarie pariturus... Dat. Perusii, XV kalen« das junii, anno primo » (Reg. de Benoit XI, no 1268). 2. Dépos., II, 17, Jean de Hancy.

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3. Herment, en 1304, et en 1308, au moment du grand procès, curé de Bergères-les-Vertus (arr. de Châlons-sur-Marne, con de Vertus); il était, d'après son propre témoignage (Dépos., II, 22), chapelain de la reine de Navarre au moment de sa mort.

4. Diminutif de Giovanni.

5. La Cie des Amanast (Societas Amannatorum) était de Pistoie. Voy. Reg. de Boniface VIII, no 2646 et passim. En 1304 la société était tombée et cherchait à se reformer (Reg, de Benoit XI, no 882).

deniers et joiaus pour moi delivrer de sa prison ou je estoie, la quele chose je dis et tesmoignai contre verité, quar je m'en issi de la dite prison par le conseil et par l'aide de monseigneur Herment, prestre de Bergieres, et de Michelet, mon neveu, senz le seu et senz le consentement dou dit evesque, et je m'en soie confessiez a un des confesseurs penitenciers de nostre pere le pape, li quiex m'a enjoint en peneance que toute la verité de ceste chose je revelasse et descovrisse apertement la ou mestiers seroit, et especialement a vous, pour quoi en deschargent et delivrant l'ame de moi de celi pechié, je, qui suis malades griément et croi estre au lit de la mort, denonce a la vostre tres grant hautesce, en verité et sus le peril de l'ame de moi, que tout ce que je dis et tesmoignai contre le dit evesque fu fauceté; et le fis par la force et par la contrainte de l'arcediacre de Vendosme, clers de madame la rayne, vostre fame, qui jura sus sains, moi present, que, se je ne tesmoignoie contre le dit evesque ce que Noffe Dei de Florence me diroit, que il me feroit enprisoner a pepertuité; et avoit ja fet arrester mon hernois a Paris en la rue de la Harpe, chiers Aubert de Senliz. Et, pour paour des dites menaces et d'estre emprisonez, je tesmoignai la chose si come li dit arcediacres et Noffes voudrent, contre raison et contre verité; qar il disoient que madame la rayne le voloit. Si en porroiz bien savoir la verité par le dit Vanne Nicholas de Pistoie, que l'on disoit qui avoit paié l'argent a l'evesque pour moi. Et ceste chose ai je autres foiz certefiée a frere Durant, confesseur de madame la rayne, vostre fame; et sus cette chose, par le commandement dou dit penencier ai je ja fait fere un estrument de main de tabellion publique; mes, pour vous avisier sur ces choses avant que eles soient publiées, et pour delivrer l'ame de moi, je vous certifie la verité par ces presentes lettres pendens, seellées de mon propre seel, douquel je use et ai usé. Donné a Viterbe, le venredi apres Misericordia Domini, l'an de grace mil trois cens et quatre '.

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« A tres excellent, tres noble et tres puissent dame, madame Jehanne, par la grace de Dieu rayne de France, li vostres sougiez et soumis en toutes choses, Jehans de Calès, jadis tresoriers de noble seigneur monseigneur Edme, jadis conte de Champaigne, lui humblement enclinez at touz voz bons plesirs et servises. Tres chiere dame, comme j'ai dit et

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1. Arch. Nat., J. 438, no 1. Orig. scellé, double queue, parchemin. Le sceau, en partie mutilé, porte S. Johis de Calesio canonic... Cf. dépos., II, 17, Jean de Trainel (copie insérée).

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Lettre de Jean de Calais à Philippe IV, roi de France (1304).

(Arch. Nat., J. 438, no 1.)

tesmoigné contre l'evesque de Troies que je li eusse donné et fet donner par Vanne Nicholas de Pistoie, compaignon des Amanast, et par autres marchans, aucunes somes de deniers et joiaus, pour moi delivrer de sa prison ou je estoie, si comme vous savez, la quele chose je dis et tesmoignai contre verité, quar je m'en issi de la dite prison par le conseil et par l'aide de monseigneur Herment, prestre de Bergieres, et de Michelet, mon neveu, senz le seu et senz le consentement dou dit evesque; et je m'en soie confessiez a un des confessors penetencier nostre pere le pape, li quiex m'a enjoint en penitence, que toute la verité de ceste chose je revelasse et descovrisse apertement la ou mestiers seroit, et especialement a vous, pour quoi en deschargent et delivrant l'ame de moi de celi pechié, je, qui suis malades griement et croi estre au lit de la mort, denonce a la vostre tres grant hautece, en verité et sus le peril de l'ame de moi, que tout ce que je dis et tesmoignai contre le dit evesque fu fauceté; et le fis par la force et par la contrainte de l'arcediacre de Vendosme, vostre clerc, qui jura sus sains, moi present, que se je ne tesmoignoie contre le dit evesque tout ce que Noffes Dei de Florence me diroit, que il me feroit emprisoner a perpetuité; et avoit ja fait arrester li diz arcediacres mon hernois a Paris, en la rue de la Harpe, chies Aubert de Senliz, pour ce que je ne voloie tesmoigner cele fauceté. Et pour paor des dites menaces et d'estre emprisonez, je tesmoignai la chose, si comme li dit arcediacres et Noffes voudrent, contre reison et contre verité: qar il disoient que vous le voliés. Et, quant j'oi tesmoigné leur volanté, je m'en vings en ceste partie devers Rome ou je suis, plus tost que je poi, pour la paor d'aus. Et oncques au dit evesque, ne autre pour lui, je ne donnai ne ne fis donner ne prometre joiax ne argent pour ceste chose. Et ceste chose ai je autrefois certefiée a frere Durant, vostre confessor; et se vous volez bien savoir la verité de ceste chose, vous la porroiz savoir par le dit Vanne Nicholas de Pistoie cui l'on disoit qui avoit paié l'argent au dit evesque pour moi. Et sus ces choses, par le commandement dou dit penencier, ai je ja fait fere un estrument de main de tabellion publique; mes, pour vous avisier sus ces choses avant que eles soient publiées, et pour delivrer en l'ame de moi, je vous en certefie la verité par ces presentes lettres pendens seellées de mon propre seel, douquel je use et ai usé. Donné a Viterbe, le venredi apres Misericordia Domini, l'an de grace mil trois cens et quatre '.

1. Arch. Nat., J. 438, no 2. Orig. scellé, double queue, parchemin (traces de sceau). — Cf. dépos., II, 17, Jean de Trainel (copie insérée).

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