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LES PLUMES, LEUR VALEUR ET LEUR EMPLOI DANS LES ARTS AU MEXIQUE, AU PÉROU, AU BRÉSIL, DANS LES INDES

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Je vous reviens après une longue absence, et j'espère trouver auprès de vous aujourd'hui, comme autrefois, le charmant accueil dont vous m'aviez donné l'heureuse habitude. Le sujet dont je veux vous entretenir est des plus gracieux; je vais vous parler des plumes.

Vous croyez peut-être, Madame, qu'il s'agit ici des plumes à écrire, et votre esprit pénétrant découvre déjà toutes les fines remarques qu'on pourrait faire à leur propos. Est-il, en effet, quelque chose de plus rempli que ces deux objets vides, une plume et une feuille de papier blanc ? Quand on songe à tous les mots que la plume pourra tracer, l'esprit rêve de science, de poésie, de pamphlets, d'idylles, de chartes et de billets doux. Raconter l'histoire des plumes ne serait-ce pas chose admirable et curieuse! Quelle source vive d'intéressants récits, quelquefois difficiles à dire, mais toujours agréables à écouter, que l'étude de certaines plumes! La plume chercheuse de l'historien, la plume grave du penseur, la plume rêveuse du poëte, la plume alerte du comédien, la plume intéressée du banquier, la plume de Lamartine, celle de Michelet, de Ballanche, de Musset, que sais-je encore! Et puis toutes les plumes de tous les Almavivas et les plumes charmantes de toutes les Rosines! Ce monde de pensées me donne le vertige. Revenons sur la terre. Eh bien! Madame, détrompez-vous; les plumes qui nous intéressent ici ne sont pas celles qui courent sur le papier; je vais parler comme un précieux: foin de leur bec pointu, foin de leurs incessantes rumeurs ; retournons les plumes, laissons aux pédants leur ramage et comtemplons leur chatoyant plumage.

M. Ferdinand Denis, que vous connaissez, Madame, par son ouvrage : le Brahme voyageur, a réuni dans un joli volume, tiré à un (1) Voy. pag. 79 de ce numéro.

fort petit nombre d'exemplaires, une foule de documents instructifs et intéressants sur l'usage et l'emploi du plumage des oiseaux dans certains pays.

Les plumes, chez quelques peuples américains, ont une valeur égale à celle de l'or et des pierreries; les plumes rares et belles paraissent aussi précieuses que les perles; et, à une époque déjà reculée, les plumes servaient aux transactions commerciales, représentaient une véritable valeur monétaire, et, suivant l'expression de M. Denis, étaient devenues des billets de banque. Pour se les procurer on avait recours à deux moyens, la chasse d'abord, et l'élève des oiseaux. A Mexico, de grandes volières renfermaient un nombre considérable d'oiseaux de tous genres, entourés des soins les mieux entendus et les plus minutieux. On les cultivait, pour ainsi dire, avec cet amour intéressé que chacun de nous, hélas! apporte à la prospérité de son capital.

.

Nous nous figurons volontiers que les plumes ne peuvent guère servir qu'à faire des panaches pour les tambours-majors de nos armées et les dais de nos églises; nous sommes dans l'erreur. Avec les plumes on fait des étoffes, des mosaïques, des bouquets, etc. Les Amantecas, ou maltres mosaïstes de Mexico, savaient construire avec des brins de plumes de fort beaux tableaux, de superbe et riche apparence. Torquemada disait d'eux: « Ils peignent mieux que nous, et avec leurs plumes ils font des figures de saints. mosaïque en plumes était arrivée à un tel degré de perfection qu'elle a pu copier de grands tableaux de maîtres. Mais de pareilles œuvres de plumes ne sont pas œuvres qui durent, et si elles ont encore plus d'éclat que le verre, elles en ont la fragilité.

La

Dans les peuplades sauvages les plumes servent à orner le front des guerriers et des chefs, pour l'ignorer il faudrait ne jamais avoir vu les tréteaux d'une foire ou le cortége du boeuf gras; chez quelques peuples en voie de civilisation, on en fait des manteaux de roi, et quels manteaux! On parle d'un manteau offert à dom Pedro 1", manteau fait uniquement avec les plumes éclatantes de l'ivy, d'une valeur de 30,000 francs; et d'un autre manteau fabriqué dans la capitale d'Hawaï, avec les houppes jaunes de l'oo, auquel on a travaillé pendant sept rêgnes consécutifs, et qu'on estime à cinq mil

lions de francs! Ces faits nous étonnent; on les trouve dans les récits de voyageurs qui venaient de très, très loin.

Je vous ai dit, Madame, que les plumes servaient aussi à faire des fleurs artificielles qu'on réunit en bouquets les plus galants du monde. Beau sujet à mettre en vers latins, comme disait Musset: comparer les oiseaux à des fleurs animées, et les fleurs à des colibris immobiles. Un détail attachant à ce propos : les premières fleurs de ce genre paraissent avoir été faites par les coyas, vestales péruviennes cloitrées dans les enceintes sacrées, et par les jeunes filles mexicaines, vierges de grandes familles, réunies dans des maisons ressemblant à nos monastères; et beaucoup plus tard, au Présil, ce même travail aimable occupa les doigts délicats et dévots des dames du couvent de la Soledade, religieuses ursulines. Singulier et gracieux point de ressemblance entre les vierges idolâtres et chrétiennes.

J'ai eu le meilleur plaisir à lire l'ouvrage de M. Denis; lisez-le à votre tour, Madame, je vous y engage. Mais il faut que je vous raconte ce qui se passait dans mon esprit pendant que je parcourais ses pages. Toutes les images gracieuses qu'on présentait à mes yeux me rappelaient la grâce elle-même, l'éternel féminin, et en même temps je me souvenais d'un méchant dicton qui m'irritait : « Quoi de plus léger que la plume? La poussière. Quoi de plus léger que la poussière ? Le vent. Quoi de plus léger que le vent? La femme. Quoi de plus léger que la femme? Rien. » Vous le connaissez. Celui qui a dit cela le premier est certainement un pédant fanatique de ponctualité, qui rentrant chez lui n'a pas trouvé sa soupe prête et son rôti cuit à point. Il me semble que je le vois disant d'un ton sentencieux ces graves et ridicules paroles. Mais aussi quelle joie pour lui d'avoir donné une leçon bien sentie, et formulé une pensée qu'il croit grande parce qu'elle est plate! Oh! les pédants!

Changeons donc les termes de ce vilain dicton : Quoi de plus charmant que le parfum? La fleur. Quoi de plus charmant que la fleur? L'oiseau. Quoi de plus charmant que l'oiseau? La femme. Quoi de plus charmant que la femme ? Rien.

De votre charme triomphant, Madame, le vaincu respectueux.

D' PICCINATUS.

de

L'Amateur Champen ois

PAR ALEXANDRE ASSIER

Paris, 1858-1876, 12 vol. pet. in-8, papier vergé.

L'Abbaye de Clairvaux en 1517 et en 1709. 1866.

Les Champenois à travers les siècles. 1869.

1.

Foires de Champagne. Ce qu'on apprenait aux Foires de Troyes et de la Champagne au XIIIe siècle, suivi d'une notice historique sur les Foires de Champagne et de la Brie, 1858.

2.50 II. Construction d'une Notre-Dame au XIIIe siècle (Incendie et construction de N.-D. de Chartres), suivie des comptes de l'œuvre de l'Eglise de Troyes au XIVe siècle, 1858.

III.

IV.

V.

2 50

2 »

2 »

Le Diable en Champagne. « Est-il bien vrai que le diable soit mort? » 1869.

2 p

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La Bibliothèque bleue, depuis Jean Oudot 1er jusqu'à M. Baudot, 1600-1863. 1874.

2 »

VII.

Napoléon 1er à l'Ecole royale militaire de Brienne, d'après des documents authentiques et inédits, 1779-1784. 1874.

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Les Nobles de la province de Champagne, suivis de la Liste des familles qui n'ont point été admises par de Caumartin lors de la Recherche, en 1666.

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Le bon vieux Temps en Champagne. 1875.

Académie de province. Mémoires d'une petite Académie de pro

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Les Arts et les Artistes en Champagne, de 1250 a 1680. (Sous

Chaque volume de cette curieuse collection n'a été tiré qu'à 160 exem

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En vente aux prix marqués

A la Librairie d'Auguste
d'Auguste AUBRY

236. AISSÉ (Lettres de Mademoiselle) à Madame C..., qui contiennent plus. anecdotes de l'histoire du temps, dep. l'année 1726 jusqu'en 1733, préc. d'un narré très-court de l'histoire de Mile Aïssé, avec des notes dont qq.-unes sont de Voltaire. Lausanne et Paris, Lagrange, 1788, in-12, d.-rel. Rare.

750 237. ALLEN (William). Traicté politique, composé par W. Allen, Anglois, et trad. nouv. en françois, où il est prouvé par l'exemple de Moyse et par d'autres, tirés hors de l'Ecriture, que: TUER UN TYRAN titulo vel exercitio, n'est pas un meurtre. Lugduni, anno 1658, pet. in-12, sur papier fort de Hollande, maroq. vert, fil., tr. dor., de 172 pag.

15 D

Violent pamphlet dirigé contre Cromwel, publié sous le nom de W. Allen, par le colonel Silas Titus.

238. ANGOUMOIS (l') en l'année 1789, ou documents authentiques qui ont constaté, à cette époque, les assemblées, etc., des trois ordres de la province, etc., par Ch. de Chancel. Angoulême, PerezLecler, 1847, in-8 de xx et 644 pag., br.

6 »

239. ASSIER (Alex.). Construction d'une Notre-Dame au xe siècle. (Incendie et construction de Notre-Dame de Chartres). Suivie des comptes de l'œuvre de l'église de Troyes au xive s. Paris, A. Aubry, 1858, pet. in-8, rel. neuve, percal. anglaise, n. rogné. Epuisé. 5 L'un des 10 ex. sur gr. papier rose.

240. BALZAC. Histoire de l'Empereur, racontée dans une grange par un vieux soldat, et recueillie par M. de Balzac. Paris, Dubochet, 1842, pet. in-12, br. Curieuses illustrations de Lorents. (Rare.) 5 » 241. BANVILLE. Odes funanbulesques, suivies d'un commentaire.

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